Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Les exactions en Cisjordanie, menés en parallèle du génocide à Gaza, se poursuivent toujours avec intensité élevée (voir notre article). Voici quelques exemples plus récents :

Captures

Dans le gouvernorat d’al-Khalil, au sud de la Cisjordanie, les troupes d’occupation ont effectué une série de raids et arrêté neuf Palestiniens. À Naplouse et dans la ville voisine d’Urif, six personnes ont été capturées après que l’armée israélienne ait pris d’assaut leurs maisons. Deux anciens prisonniers palestiniens et un étudiant de l’université An-Najah figurent parmi les captifs.

Tirs sur les civils

Les soldats israéliens ont ouvert le feu et réprimé une marche dans le camp de réfugiés d’al-Arroub, au nord de la ville d’al-Khalil, où des manifestant·es protestaient contre l’assassinat de Haniyeh (chef du bureau politique du Hamas assassiné mercredi à Téhéran). Un autre jeune qui ne manifestait pas mais, circulait en vélo a été grièvement blessé au dos par un tir israélien. En réponse, de jeunes Palestiniens ont visé les soldats avec des feux d’artifice. D’autres civils ont été blessés par des tirs de colons dans la zone de Khallat an-Nahla, près du village de Wadi Rahal, au sud de Bethléem.

Les forces d’occupation israéliennes ont également mené des raids sur plusieurs villes faisant usage de gaz lacrymogène, de grenades assourdissante et tirant à balles réelles sur la population :

Dans la ville de Qusra un jeune homme a été blessé par balle au pied tandis qu’à Qalqilya un jeune homme et un enfant ont été blessé. Ce dernier a, par la suite, été capturé par les soldats. Un autre enfant de neuf ans a quant à lui été écrasé par un véhicule israélien.

Les colons pris pour cible en réponse

Dans la ville de Tarqumiyah, à l’ouest d’al-Khalil, un incendie s’est déclaré après que des Palestiniens aient jeté des cocktails Molotov sur un véhicule de colons. D’autres voitures de colons ont été ciblés par des jets de pierre dans la ville de Huwara, au sud de Naplouse ainsi qu’à Tuqu’ twon, au sud-est de Bethléem. Deux autres colons ont également été blessés lorsque des Palestiniens les ont attaqués avec des pierres et ont fermé des routes près de la colonie d’Efrat.

Le camp de réfugiés de Shu’fat à al-Quds et la ville de Qalqilya, ainsi que les villes d’Anabta, Burqa et Dayr Istiya ont également été le théâtre d’échauffourées.

Répression en Palestine (archive)

Répression en Palestine (archive)

La Chambre des représentants a adopté jeudi un amendement interdisant au département d’État de citer les statistiques du ministère de la santé de Gaza sur le nombre de tués par l’armée dans le génocide à Gaza (environ 39 500 à ce jour). Ce projet a été voté par groupe bipartisan de législateurs (démocrates et républicains). Il doit encore passer devant le Sénat pour être effectif. Le ministère de la santé de Gaza est cité par le département d’État et les agences de presse depuis des décennies.

Des Palestiniens évacuent une personne décédée d'un site touché par un bombardement israélien à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le samedi 13 juillet 2024

Des Palestiniens évacuent une personne décédée d’un site touché par un bombardement israélien à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le samedi 13 juillet 2024

Depuis le jeudi 1er août, une série de manifestations contre la vie chère ont éclaté au Nigeria. Celles-ci sont menées principalement par des jeunes qui protestent contre le manque de nourriture et réclament notamment la remise en place de certains subsides pour le gaz et l’électricité ainsi que l’annulation de certaines économiques.

Elles ont donné lieu à des affrontements avec la police. Plus de 400 manifestants ont été arrêtés et des couvre-feux ont été imposés dans cinq États du nord du pays après le pillage de biens publics et gouvernementaux. L’armée a par ailleurs menacé d’intervenir si les pillages devaient continuer.

Les affrontements du vendredi 2 août ont été particulièrement intenses dans la capitale où les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes dès le début du rassemblement. Ceux-ci ont ensuite tué 9 manifestants qui ont répondu, causant la mort d’un policier.

Les forces de sécurité tuent 9 manifestants contre la faim et la vie chère au Nigeria

Les forces de sécurité tuent 9 manifestants contre la faim et la vie chère au Nigeria

De nouvelles manifestations ont eu lieu au Bangladesh après les prières du vendredi. La libération de six meneurs n’ayant pas suffi à calmer la colère des étudiants. Le pouvoir a de nouveau limité l’internet mobile utilisé par les manifestants, les réseaux sociaux et les plateformes Facebook, Whatsapp et Telegram ont à nouveau été restreints.

Au moins 206 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation en juillet, victimes pour la plupart de tirs des forces de l’ordre, au moins 32 mineurs figurent parmi les victimes. Au total, plus de 10.000 personnes auraient été arrêtées. Dans ce pays de 170 millions d’habitants comptant de nombreux diplômés au chômage, les étudiants exigent l’abolition d’un système de discrimination positive accusé de favoriser l’embauche de proches du pouvoir dans l’administration (voir article ici)

Parmi les leaders libérés figure le leader du mouvement étudiant , Nahid Islam, arrêté le 26 juillet, ainsi que deux autres  étudiants, ils avaient été sortis de force d’un hôpital de Dacca où ils étaient hospitalisés et emmenés dans un lieu inconnu. Des milliers d’étudiants en colère  se sont rassemblés pour protestés contre les violences des forces de répression, ils exigent la libération de tous les étudiants et personnes arrêtées, la réouverture des écoles et des universités fermées mi-juillet.

En grève depuis le 24 mai, les femmes de chambre de l’entreprise Acqua à Marseille (sous-traitant pour des hôtels de luxe) ont tenu pendant plus de 60 jours. Les revendications portaient sur le 13e mois de salaire, les échelons et la réduction de la charge de travail, une limitation dans la clause de mobilité qui permettait à l’employeur d’envoyer, en dernière minutes, les femmes de chambres dans d’autres hôtels gérés par Acqua.

La grève a eu pour principale forme de lutte l’organisation de piquets devant les hôtels Radisson Blue et NH. Le mardi 30 juillet, les travailleur.euses et le syndicat à l’origine de la mobilisation (CNT-SO) ont trouvé un accord avec la direction d’Acqua. Moins d’un jour plus tard, la direction de l’un des hôtels concernés par la mobilisation (Radisson Blue) a porté plainte à la police pour « dégradations ». Plusieurs travailleuses ont été convoquées jeudi et vendredi. La direction de l’hôtel avait obtenu les noms et les adresses des travailleuses directement par la société Aqua.

Betta Lazagna, militante communiste et membre fondatrice du Secours Rouge International (SRI) est décédée la semaine passée à Rome. Un hommage du SRI a été lu lors d’une cérémonie le dimanche 28 juillet. Le texte est accessible sur le site du Secours Rouge International (lire le texte ici).

Les 25 et 26 juillet, des étudiant·es de l’Universidad Nacional de Bogota se sont affrontés avec la police anti-émeute au cours de deux manifestations.

Au cours d’un des affrontements, le 25 juillet, un groupe d’étudiant·es a lancé une série de cocktails molotov (éteints) sur un véhicule de police. Ses occupants ont répliqué en tirant plusieurs coups de feux sans atteindre les manifestant·es. Le lendemain, d’autres affrontements ont fait au moins 4 blessés.

Ces manifestations se déroulent dans le cadre d’un mouvement qui dure depuis plusieurs mois (voir notre article).

Suite aux derniers affrontements, les responsables de l’université ont proposé d’ouvrir des négociations pour mettre fin aux manifestations et discuter de la perspective de mettre en place une aide sociale et sanitaire généralisée ainsi que de délais plus souples pour le payement des frais d’inscriptions.

Un policier tire contre des manfestant·es étudiant·es en Colombie

Un policier tire contre des manfestant·es étudiant·es en Colombie

Le journal d’investigation Reflets a récemment publié un article sur le laboratoire Anatox qui propose des techniques innovantes de maintient de l’ordre.

Parmi ces dispositifs, les PMC déjà bien connus. Pour rappel, il s’agit de marqueurs chimiques incolores et inodores pouvant être mêlés à des gaz lacrymogènes ou à l’eau des autopompes et être pulvérisés, sans que les cibles ne s’en aperçoivent, sur les habits et sur la peau. Il n’y a plus qu’à faire passer les individus soupçonnés sous une lampe à ultraviolet (ce qui est même possible depuis un hélicoptère) qui fait apparaître les traces éventuelles de PMC qu’ils portent sur eux (voir notre article).

Plus surprenant, le laboratoire propose des techniques de marquage codé par l’odeur qui peuvent être pulvérisé via des bombes lacrymogènes ou intégrés à des munition de LBD-40. Les suspects peuvent ensuite être reconnus par des chiens entrainés pour l’occasion.

Anatox propose également des « solutions olfactives sidérantes ». Concrètement, ces produits pulvérisés à l’aide d’une autopompe ou de gaz lacrymogènes, propagent une odeur nauséabonde censé disperser les foules. Une technique déjà utilisée de manière artisanale lors de la manifestation du 1er Mai 2018 à Paris (voir notre article).

Marquage au PMC

Marquage au PMC

Fin 2022, Jordan Robichon, technicien gaz à GRDF et militant CGT, accompagnait sa collègue Aminata, technicienne gaz, qui avait demandé une audition auprès de la direction pour dénoncer le racisme et le sexisme dont elle était victime. Suite à cette audition, Aminata et Jordan seront licencié.es.

En novembre 2023, l’inspection du travail avait rejeté le licenciement de Jordan Robichon et ce 30 juillet, le Ministère du Travail a confirmé en rejetant également son licenciement. Actuellement, Aminata doit encore passer devant les prud’hommes.

Le samedi 27 juillet, des prisonnières politiques de la prison d’Evin ont organisé un seat-in pour protester contre la peine de mort et les condamnations à l’exécution. Ce sit-in s’organise suite à la condamnation à mort de Pakhshan Azizi (voir notre article ici) prononcé le 23 juillet. Lors du seat-in les prisonnières ont scandé « Mort au régime d’exécution », « Mort au dictateur », « Non à l’exécution », « Liberté pour les prisonniers politiques », « Le quartier des femmes d’Evin est uni, debout ensemble jusqu’à ce que la peine de mort soit annulée ». Le seat-in s’est poursuivi jusqu’aux au dimanche matin, les prisonnières refusant de quitter la cour de la prison.

Après avoir été interrompu dans la période des élections, les exécutions ont repris et au moins 18 prisonnier.ères ont été exécuté.es en quatre jours, du 21 au 24 juillet. Ce mardi 30 juillet, les prisonnières de la prison d’Evin participeront, avec une quinzaine d’autres prisons, à la campagne « Non aux mardis de l’exécution » en menant une grève de la faim. Cette campagne s’organise pour la 27ème semaine dans une quinzaine de prison du pays.

Dossier(s): Monde arabe et Iran