Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

À l’aube du 20 juin 2024, Jennifer Kowalski, 29 ans, et Cole Macdonald, 23 ans, du groupe Just Stop Oil, ont cisaillé le grillage de l’aéroport de Stansted, au nord-est de Londres, pour accéder à la zone de stationnement des avions privés, armées d’extincteurs remplis de peinture orange. Elles espéraient attirer l’attention sur le bilan carbone de Taylor Swift, à l’occasion de sa tournée dans la capitale britannique. Avant même sa monumentale tournée des “Eras”, qui s’est échelonnée en 2023 et 2024 dans le monde entier, Taylor Swift avait été classée “célébrité la plus pollueuse de l’année” par l’agence de marketing Yard, avec 170 vols en sept mois. Mais le jet privé de Taylor Swift ne s’y trouvait pas à ce moment-là et les deux militantes ont aspergé de peinture deux avions appartenant respectivement à une compagnie d’assurances et à un groupe d’investissement. Elles ont été condamnées lundi à des peines de prison avec sursis : cinq mois pour Jennifer Kowalski, déjà condamnée pour des manifestations en Écosse, assortis d’une amende de 480 livres (550 euros), et six semaines pour Cole Macdonald. Le groupe Just Stop Oil a annoncé en mars l’arrêt de ses actions-choc (voir notre article) qui ont régulièrement valu des peines de prison à ses militant·es.

Stéphane Ori est sorti de la prison de la Santé à Paris, ce jeudi 23 octobre. Placé en détention depuis 19 mois, militant du parti indépendantiste Core in fronte, il avait été arrêté le 26 mars 2024. Mis en examen pour «  association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs actes de terrorisme » concernant une conférence de presse clandestine armée du Front de libération nationale de la Corse du 5 mai 2021. Il a été libéré mais, reste sous contrôle judiciaire avec bracelet électronique. Il est assigné à résidence dans la ville d’Aix-en-Provence avec l’interdiction de se rendre en Corse. Stephane Ori devra respecter des horaires de sortie, et un pointage au service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP).

La ville de Hanovre qualifiant d’« acte de soutien » à une « organisation terroriste » a interdit sans préavis une cérémonie commémorant les martyrs de la guérilla kurde. La ville a justifié cette décision par une possible violation de l’interdiction du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en vigueur en Allemagne depuis 1993. L’ordre de police soutien également que de tels événements commémoratifs contribuent à « renforcer la cohésion interne du PKK » et pourraient avoir un effet mobilisateur, notamment auprès des jeunes participants. La communauté kurde a critiqué cette action, la jugeant disproportionnée et motivée par des considérations politiques. Elle a qualifié cette interdiction de manifestation d’une « criminalisation systématique de la vie des Kurdes en Allemagne ». Elle a aussi souligné que le PKK avait déjà déclaré la fin de sa lutte armée et s’était dissous en mai (lire notre article ici).

Le mécontentement croissant de la population du Ladakh, une région au nord de l’Inde, couve depuis au moins 2019, date à laquelle cette région a été séparée de l’ancien État indien du Jammu-et-Cachemire et a perdu son statut semi-autonome en passant sous le contrôle administratif direct de l’Inde. À l’époque, de nombreux Ladakhis, dont l’activiste écologiste Soman Wangchuk, ont accepté la nouvelle administration, contrairement au Cachemire voisin qui a connu une vague de violence et de répression à l’encontre de toute dissidence. Avec le temps, les Ladakhis ont réalisé que la perte totale de leur autonomie était un problème. Outre le chômage généralisé qui touche la région, l’une des questions les plus urgentes concerne la manière dont les terres et les écosystèmes fragiles du Ladakh sont gérés. Depuis qu’il a pris le contrôle du Ladakh, le gouvernement a annoncé des projets touristiques, solaires et industriels à grande échelle dans la région, nécessitant des milliers d’hectares de terres.

Soman Wangchuk a entamé une grève de la faim avec ses partisans, refusant de s’alimenter jusqu’à ce que les revendications des Ladakhis soient satisfaites. Les manifestations sont restées pacifiques jusqu’au 24 septembre, 14e jour de la grève de la faim, quand les jeunes sont massivement descendus dans la rue ont jeté des pierres, incendié un véhicule de police, puis se sont rendus au bureau du parti au pouvoir BJP et l’ont brûlé. La police a ouvert le feu, quatre personnes sont mortes et des dizaines d’autres ont été blessées. Le ministère indien de l’Intérieur a déclaré que la police avait tiré en « légitime défense » et a imputé la responsabilité des violences aux « discours provocateurs » de Sonam Wangchuk qui a été emprisonnés en vertu de la loi sur la sécurité nationale. Depuis la situation s’est apaisées mais les mobilisations continuent jusqu’à la libération de Sonam Wangchuk. Jeudi, le gouvernement a libéré 26 personnes arrêtées lors des manifestations en signe d’apaisement, mais Sonam Wangchuk reste détenu.

Un véhicule de police incendié par les manifestants

L’opération visait à expulser environ 70 personnes sans papiers occupant un ancien bâtiment syndical depuis mars. Ce 17 octobre a été marquée par “des violences physiques et symboliques”, la destruction d’effets personnels et “l’absence totale de dialogue” dénonce le collectif Zone Neutre. Lors de cette expulsion, la police avait fait usage de violences pour évacuer les soutiens présents, au moins douze personnes ont été blessées alors que les forces de l’ordre annonçaient le bilan bien moins élevé de 2 blessés . “Plusieurs personnes ont dû être hospitalisées pour des fractures, commotions ou brûlures provoquées par les gaz lacrymogènes. D’autres gardent encore des bleus et des traumatismes psychologiques”, écrit le collectif. Zone Neutre dénonce l’attitude de la commune et celle de la la police, des familles ont été mises en danger alors qu’une convention d’occupation temporaire dans un autre bâtiment était “sur le point d’aboutir”.

À Bruxelles, le samedi 18 octobre, des habitant·es d’un espace de co-housing situé rue des Tanneurs ont reçu la visite de la police locale, cette dernière est venue leur demander de retirer les drapeaux palestiniens accrochés aux fenêtres du bâtiment. L’intervention des agents, s’inscrit dans le cadre d’un « règlement communal interdisant tout affichage extérieur sans autorisation ». Le texte invoqué est celui de l’article 55 paragraphe 3 du Règlement général de police (RGP) applicable dans les 19 communes de la capitale. Ce règlement stipule qu’il est « défendu de placer sur les façades de bâtiments ou de suspendre à travers la voie publique des banderoles, drapeaux, guirlandes lumineuses ou calicots sans autorisation préalable ». Les communes peuvent infliger des sanctions administratives communales (SAC) pour certains types d’affichages.

Dix-huit hommes et sept femmes ont été placés en garde à vue. La police religieuse les a arrêtés et les a soupçonnés d’avoir préparé un mariage homosexuel dans le nord du Nigeria. La police de la charia a agis sur une dénonciation d’habitants, elle a fait irruption dans un centre événementiel à Kano, où le mariage devait avoir lieu. Dans la loi, l’homosexualité est passible de la peine de mort, bien que cette sentence n’ait jamais été appliquée. En 2014, le Nigeria a adopté une nouvelle législation fédérale interdisant les mariages homosexuels. Toute personne enfreignant cette loi risque jusqu’à 14 ans de prison.

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La LGV (Ligne à Grande Vitesse) Toulouse-Bordeaux-Dax est un projet écocidaire avec un impact équivalent à douze A69. Afin de s’y opposer, la ZAD de la Guinguette Vaillante s’est montée à Saint-Jory il y a un an. Malgré le froid, la pluie et la police, les zadistes ont bataillé sans relâche contre les travaux en cours sur le tracé de la future voie, permettant de visibiliser la lutte et d’empêcher des défrichages illégaux. Aujourd’hui, iels ont besoin de soutien pour payer les procès et continuer la lutte. Une soirée de soutien est organisée le 31 octobre à l’Impasse à Toulouse (1 bis impasse Lapujade) à partir de 18h.

Ce vendredi 24 octobre à Rome, une manifestation de soutien à la Palestine a été violemment réprimée. Alors que la mobilisation avait commencé par un sit-in, les organisateurs ont tenté de se rendre en cortège à l’Auditorium où se déroule la Fête du Cinéma afin de sensibiliser sur le rôle de la culture dans la lutte contre le génocide. Les autorités ont exigé des manifestants qu’ils replient les drapeaux palestiniens et les drapeaux des organisations présentes. Suite au refus des organisateurs, des affrontements ont eu lieu. La police, lors de charges violentes, a utilisé des matraques et des canons à eau pour disperser la foule.

La « direction du Mouvement pour la liberté du Kurdistan » a annoncé qu’elle avait retiré toutes ses forces de guérilla de Turquie vers les zones de défense de Medya (Kurdistan irakien) afin de faire passer « le processus de paix et de société démocratique à la deuxième étape ». L’annonce a été faite par Sabri Ok, membre du conseil exécutif du KCK, en présence de guérilleros comme Vejîn Dersîm, membre du commandement de la province de YJA Star Serhat, et Devrim Palu, membre du conseil de commandement du HPG. Voilà huit mois que le mouvement kurde multiplie les gestes en direction du régime fasciste turc, suite à l’appel d’Ocalan (voir notre article), dans l’espoir d’amener les fascistes à créer avec eux « une vie libre, démocratique et fraternelle pour les siècles à venir ». Il y a déjà eu un cessez-le-feu (unilatéral) le 1er mars 2025, l’auto-dissolution du PKK à la demande d’Ocalan lors du 12e congrès du PKK qui s’est tenu du 5 au 7 mai 2025 avec l’annonce de la fin de sa stratégie de lutte armée (voir notre article), une cérémonie de destruction d’armes de la guérilla (voir notre article). Depuis huit mois, le régime fasciste turc encaisse les bénéfices de ces concessions sans en faire, sinon d’avoir levé l’isolement d’Ocalan (ce que l’on pourrait considérer moins comme une concession qu’une manière de favoriser cette avalanche de renonciations).

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