Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Les attaques turques contre les zones tenues par le PKK dans les régions montagneuses du Nord du Kurdisan irakiens se sont intensifiées depuis l’annonce du cessez-le-feu unilatéral par le PKK. Ce cessez-le-feu faisait suite à l’appel d’Abdullah Öcalan (voir notre article) et ne concernait pas les actions d’auto-défenses, et se voulait une ouverture vers une solution négociée. Mais depuis le début de ce cessez-le-feu, l’armée d’occupation turque a intensifié son action et bombardé les zones de guérilla 14 fois avec des avions de combat, 9 fois avec des hélicoptères d’attaque et 692 fois avec de l’artillerie. L’armée turque pilonne ainsi tout périmètre où elle croit déceler la présence d’une unité de guérilla, en fonction des informations recueillies par les drones, par des postes militaires, et par des caméras camouflées dans les montagnes et opérées à disstance.

Plusieurs centaines de militants et sympathisants de l’organisation Jewish Voice for Peace (La voix juive pour la paix) en faveur de la cause palestinienne ont mené ce jeudi 13 mars une opération coup de poing dans la Trump Tower. Vêtus de T-shirt rouges aux inscriptions blanches, ils ont investi en fin de matinée le gratte-ciel ultra-sécurisé de Manhattan. “Combattez les nazis pas les étudiants”, ont-ils chanté en chœur. “Libérez Mahmoud, Palestine Libre”, pouvait-on aussi lire sur une banderole de soutien à Mahmoud Khalil, porte-parole d’un mouvement étudiant pro-palestinien à l’Université de Columbia, arrêté le 9 mars et menacé d’expulsion ( voir notre article ). La police New-yorkaise a procédé à 98 arrestations.

Pour museler la colère qui s’organise face aux coupes budgétaires, la suppression de 500 postes, l’exécutif PS (Parti Socialiste ) du Conseil départemental de Haute-Garonne a coupé la possibilité pour les syndicats d’envoyer des mails au personnel. Une censure inédite et annoncée par la direction comme étant une mesure de « protection de la santé et la sécurité des agents de la multiplication de messages anxiogènes transmis à l’ensemble des agents de la collectivité par les organisations syndicales » cela après le suicide d’une agente ayant subi une suppression de poste. Les syndicats dénoncent cette mesure qui fait suite à la publication par la CFDT ( Confédération française démocratique du travail ) d’un message dénonçant un dialogue social inexistant et une critique de la direction. Depuis novembre 2024, suite à une grève d’environ 3000 travailleurs, trois grévistes, parmi lesquels des représentants syndicaux, ont été sanctionnés. Les syndicats Solidaires et Force Ouvrière ont connu une première mesure de censure en se voyant retirer l’accès à leur messagerie, vient ensuite la censure de l’ensemble des organisations syndicales, ces dernières sont privées de contact par mail avec le personnel.

 

Deux combattants de la Nouvelle Armée du Peuple (NPA) ont été tués par les militaires de la de la 403e Brigade d’infanterie à Cabanglasan, dans le Bukidnon. Les militaires mènent une opération antiguérilla depuis plusieurs jours contre ce groupe de maoïste: c’est dans le cadre de ces opérations que l’aviation philippines avait perdu un avions de combat qui fournissait un appui aérien aux troupes au sol (voir notre article). Les deux maoïstes, connus sous les noms de guerre de « Gali » et de « Joel », étaient actif dans le Bukidnon et le Caraga. Les militaires ont récupéré armes et équipements (photo).

Rexhino Abazaj, dit Gino, militant antifasciste albanais, est incarcéré à la prison de Fresnes depuis 4 mois et menacé d’extradition vers la Hongrie ( voir article ici ), où il encourt jusqu’à 24 ans de prison. Il est poursuivi dans le cadre de l’affaire dites des « Antifascistes de Budapest » pour des violences lors d’une contre-manifestation face à des néonazis. Ce 12 mars, se tenait une audience pour statuer sur son sort. À la demande de garanties faites par la justice française, les autorités hongroises ont répondu mais de manière incomplète et vague, notamment sur le lieu de détention et les conditions de son procès. La défense met l’accent sur la disproportion des accusations et des moyens déployés contre leur client, soulignant que l’extradition vers la Hongrie exposerait Gino à des conditions de détention « inhumaines et dégradantes ». L’isolement carcéral proposé par la Hongrie pour garantir la sécurité de Gino a été aussi vivement critiqué par la défense, qui y voit un traitement punitif. Après deux heures d’audience, le président de la cour, a annoncé que le délibéré serait rendu le 9 avril. Concernant la demande de mise en liberté de Gino, après deux refus, la cour a jugé la requête recevable et a ordonné une enquête de faisabilité. La décision sur une éventuelle mise en semi-liberté, assortie d’un placement sous bracelet électronique, sera rendue le 26 mars.

Ce 12 février, afin d’empêcher les manifestants anti-austérité d’accéder au Congrès, le gouvernement de Milei a déclenché une répression policière brutale. Des supporters de football organisés ont rejoint les retraités pour leur manifestation hebdomadaire contre les coupes dans les retraites (voir article ici ) c’est l’une des plus grandes mobilisations contre l’austérité jamais organisées dans le pays. Au moins 150 manifestants ont été arrêtés, on dénombre 20 blessés dont un grave. La ministre de l’Intérieur d’extrême droite, Patricia Bullrich, a annoncé que les détenus encouraient jusqu’à 20 ans de prison. Les lois anti-mafia sont utilisées par le gouvernement pour inculper les manifestants de l’opposition, il considère les groupes de supporters de football de gauche comme des organisations criminelles.

Le samedi 15 mars marque la Journée internationale contre les violences et répressions policières. Comme chaque année, à cette occasion, des manifestations sont organisées dans plusieurs villes.

A Bruxelles: Manifestation contre les violences et répressions policières, 14 h place du Luxembourg (et non place Fernand Coq comme annoncé dans un premier temps).
A Paris: Commémoration nationale de toutes les personnes tué(e)s par la police en France, de 14H à 18h30, Place du Trocadero.
A Montreal: Manifestation annuelle contre la brutalité policière, à 13h12 à la station Lionel-Groulx (pour qui n’a pas suivi et s’interroge sur l’heure, voir ici).
A Toulouse: Manifestation contre le racisme d’État et la montée du fascisme, 14H place Belfort
A Bordeaux: Marche contre le racisme systémique, les crimes et les violences d’Etat. 14H place de la Bourse
A Lille: Marche contre les violences policières, le racisme et fascisme d’Etat, 12H à Pérenchies (lieu exact à venir)
Et très certainement d’autres…

Le 18 février, la cour d’appel de Bruxelles a reconnu la responsabilité de l’État dans la surpopulation carcérale à Haren et Saint-Gilles. Elle reconnaît l’existence de traitements inhumains et dégradants, fait état de cellules sans chauffage, de problèmes d’insalubrité ou de cuisines fermées plusieurs semaines à Saint-Gilles. L’état a été condamné à verser 2.000 euros par jour et par détenu en excès de la capacité maximale de la prison de Haren et 1.000 euros par constat de traitement dégradant à Saint-Gilles. Malgré les amendes infligées, le mal-être des détenus, lors d’une séance à la Chambre, La ministre de la Justice Annelies Verlinden (CD&V) a indiqué qu’aucune décision n’avait été prise concernant la date de fermeture de la prison de Saint-Gilles, pourtant prévue pour la fin 2024.

À Kiel et à Lübeck, des policiers se sont présentés aux domiciles de ressortissants kurdes et au centre communautaire kurde de Kiel vers 5h30 du matin ce mercredi 12 mars, ils étaient accompagnés de chiens policiers. Une intervention policière impitoyable, ils ont enfoncé les portes des appartements, saccagé des logements et confisqué les  téléphones portables et des documents écrits. Plusieurs personnes ont été arrêtées, les détenus sont accusés, en vertu des articles 129a et 129b du Code pénal allemand, d’avoir soutenu et agi en faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation reconnue comme « criminelle » en Allemagne. Les accusations portent sur des activités militantes légales, telles que l’appel à manifester, l’organisation d’événements culturels ou la collecte de dons. Le principal interpellé est accusé d’avoir agi en tant que dirigeant régional du PKK.

Après 30 ans de cavale, Peter Krauth et Thomas Walter du K.O.M.I.T.E.E. sont de retour en Allemagne. Le K.O.M.I.T.E.E. était une organisation clandestine de la gauche révolutionnaire qui avait incendié un bâtiment de l’Armée allemande à Bad Freienwalde en raison de la complicité de l’Allemagne dans le génocide au Kurdistan. En 1995, une patrouille de police avait surpris plusieurs militants du groupe en train de placer une charge de 120kg d’explosif dans un centre de détention pour sans-papier en construction à Berlin-Grünau. Les militants parviennent à s’échapper mais laissent des traces permettant d’identifier trois d’entre eux. Après une longue chasse à l’homme, Ils trouvent refuge au Venezuela où les enquêteurs allemands retrouvent leur trace mais le pays, au lieu de les livrer à l’Allemagne, leur a accordé l’asile politique (voir notre article).

Bernhard Heidbreder est mort d’un cancer en exil (voir notre article) Kauth et Walter, âgés de 65 et 62 ans,  sont rentrés en Allemagne via l’Espagne cette semaine. Ils ont largement dépassé le délai de prescription de 20 ans qui s’applique à  ce dont ils sont été accusés, mais une manœuvre du parquet fédéral a porté leur délai de prescription à 40 ans. Un membre de leur équipe de défense prévoit une peine légère, étant donné que les faits reprochés ont eu lieu il y a très longtemps et que l’explosion n’a pas eu lieu. Les deux militants semblent plus disposés à purger une courte peine de prison qu’à s’engager dans une longue procédure judiciaire.