Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Lundi 17 mars au soir, sur son exploitation près d’Ajaccio, Pierre Alessandri, syndicaliste agricole engagé, figure incontournable du monde paysan corse, a été abattu. Victime de plusieurs tirs dans le dos, il est mort dans la nuit à l’hôpital d’Ajaccio. Membre depuis plus de 20 ans du syndicat « Via Campagnola », Il en avait été le secrétaire général pour la Corse-du-Sud. En avril 2019, sa distillerie avait été détruite par un incendie criminel en réaction à ces positions syndicales. Passé par le Rinnovu (Renouveau de la Corse), il était de tous les combats du mouvement nationaliste. Une enquête est ouverte pour déterminer les causes et trouver les auteurs du meurtre du syndicaliste.

Mardi 18 mars à 5h40, des centaines de policiers ont encerclé la Gaîté Lyrique pour expulser les mineur·es isolé·es qui s’y réfugiaient. Drones, charges, matraques et gaz lacrymogènes, l’opération a pris des allures de démonstration de force. Malgré leur sortie volontaire pour éviter les violences, les jeunes migrant.e.s ont été pourchassé·es, s’en est suivi une soixante interpellations. 27 d’entre eux écopent d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), une mesure illégale, les mineur·es en recours ne peuvent être expulsé·es. Un homme majeur, qui s’était réfugié pour une nuit, finit en Centre de Rétention Administrative (CRA) avec une interdiction de retour sur le territoire. On dénombre des dizaines de blessé·es par des matraquages, gazages, en résulte des fractures et traumatismes.Certain·es jeunes migrant.e.s sont en état de choc et ont dormi dans la rue sous la traque policière. Depuis, la répression continue, les tentes ont été détruites, il y a eut des arrestations sur les quais, dans le métro et les cafés des alentours.

Suite de la rupture du cessez-le-feu par Israël et la reprise des bombardements génocidaires sur la bande de Gaza, un appel a se rendre devant l’ambassade israélienne a été lancé ce mardi 18 mars pour une  manifestation de soutien au peuple palestinien. Environ 300 personnes ont répondu à l’appel. Au bout d’une heure de rassemblement, un cortège spontané s’est élancé de l’ambassade israélienne vers Ixelles. Un important dispositif policier a alors été déployé, autopompe, brigade canine et policiers anti-émeutes afin de stopper la manifestation. Les forces de l’ordre sont violemment intervenues, elles ont arrêté un bus STIB (Société des Transports Interurbains de Bruxelles) et ont expulsé plusieurs personnes hors de ce bus. 2 personnes auraient été interpellés suite à cette intervention policière.

Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Istanbul, Ankara, Izmir, Trabzon et de nombreuses autres villes, ce mercredi et jeudi, pour exprimer leur colère face à l’interpellation à son domicile par une centaine de policiers ce mercredi 19 mars, d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et principal rival du président Erdogan aux élections présidentielles de 2028, au motif de ses «liens présumés avec le PKK» (Parti des Travailleurs du Kurdistan).

Sur ordre du ministre de l’Intérieur, les rassemblements, les manifestations ont été interdits jusqu’au 23 mars, malgré cela, ils se sont multipliés. L’accès à plusieurs réseaux sociaux et messageries était toujours restreint ce jeudi à Istanbul. 37 internautes ont été arrêtés pour des «messages provocateurs». Tentant de bloquer un groupe de jeunes manifestants qui se dirigeaient vers la place Taksim, lieu emblématique de contestation, barricadé depuis deux jours, la police a fait usage de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes. Aucun blessé n’était immédiatement rapporté. Lors de la manifestation à Izmir Bornova, des manifestants ont poursuivi les forces de police, forçant les agents à quitter les lieux, quelques policiers ont été blessés lors de ces affrontements.

Leyla Pashaei, Soheyla Motaei, Soma Mohammad-Rezaei et Baran Saedi ont été arrêtées par des agents du ministère du Renseignement à Sanandaj et Dehgolan ces derniers jours. Malgré les demandes répétées de leurs familles, les autorités sécuritaires et judiciaires n’ont fourni aucune précision sur les conditions de détention ni sur le lieu de détention. Mohammad-Rezaei et Saedi ont été arrêtées le 9 mars à Sanandaj, tandis que Pashaei et Motaei ont été arrêtées le lendemain à Sanandaj et Dehgolan. Les quatre femmes auraient été transférées au centre de détention du ministère du Renseignement à Sanandaj. Leur arrestation est intervenue peu après leur participation aux manifestations organisées à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes à Sanandaj, le 8 mars.

Pashaei avait déjà été arrêtée à Sanandaj le 23 septembre 2022 lors des manifestations antigouvernementales « Femmes, Vie, Liberté », puis libérée sous caution le 4 octobre 2022. Motaei a également été arrêtée à deux reprises lors des mêmes manifestations, le 1er octobre et le 12 novembre 2022. Le 5 décembre 2022, elle avait été condamnée à 18 mois de prison pour « trouble à l’ordre public », 15 mois pour « propagande contre l’État », 13 mois pour « diffusion de fausses informations visant à troubler l’opinion publique », neuf mois pour « propagande en faveur de groupes et d’organisations hostiles à l’État » et cinq mois pour « résistance aux forces de l’ordre ». Elle a été de nouveau arrêtée le 22 janvier 2025 lors d’une grève générale pour protester contre les condamnations à mort prononcées contre les prisonnières politiques kurdes.Par ailleurs, Saedi avait déjà été arrêtée le 20 septembre 2023 lors du soulèvement antigouvernemental « Femme, Vie, Liberté » à Sanandaj et avait été libérée sous caution après environ deux mois de détention.

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags: ,

Mercredi 19 mars, suite à la violation du cessez-le-feu lors de la reprise des bombardements sur Gaza, un rassemblement de soutien au peuple palestinien en présence d’Amnesty International était prévu à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Les organisateurs ont demandé une confirmation écrite des consignes imposées. L’université a envoyé un mail confirmant l’interdiction du mot « génocide », tout en restant silencieuse sur la question des drapeaux palestiniens. Les autorités avaient interdit ces derniers lors de discussions verbales. Amnesty International les avait, quant à elle, interdit invoquant leur caractère international. L’ULB a menacé les étudiants impliqués dans cette action d’un retrait de diplôme, une intimidation qui démontre la volonté des autorités universitaires de dissuader toute contestation par des moyens disciplinaires. Depuis plusieurs mois, les autorités de l’ULB prennent des mesures de plus en plus autoritaires sur le campus, menant une répression active contre l’occupation par l’Université Populaire de Bruxelles du bâtiment B qui dénonçait les liens entre l’université et Israël en mai dernier et son expulsion violente par la police en juin ( voir notre article ici ) à la suite de laquelle, l’ULB a décidé de poursuivre plusieurs étudiants en interne les menaçant d’exclusion.

La plus haute cour allemande (BGH) vient de confirmer, ce mercredi 19 mars, la peine de cinq ans de prison pour la militante antifasciste Lina E. Reconnue coupable par le parquet fédéral d’avoir mis en œuvre et participé à des attaques contre 6 néo-nazis à Leipzig, Eisenach et Wurzen entre 2018 et 2020. Elle avait été condamnée en mai 2023 par le tribunal régional supérieur (OLG) de Dresde à une peine d’emprisonnement de cinq ans et trois mois, le ministère public fédéral et la défense avaient fait appel du jugement ( voir notre article ici ). Lina E. est actuellement en liberté, après plus de deux ans et demi de détention provisoire, E. a été libéré le jour du jugement. Après le jugement définitif de ce mercredi, elle devra à nouveau aller en prison. La période de détention provisoire est prise en compte, généralement, une peine résiduelle est suspendue pour probation lorsque les deux tiers de la peine sont purgés. Plusieurs rassemblements de soutien ont eu lieu dans toute l’Allemagne, certains ont été interdits par les autorités.

Belgrade, samedi 15 mars, plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté contre le pouvoir, les autorités auraient employé un canon sonique, une arme de dissuasion. Cette arme déjà testée en Grèce pour chasser les migrants (notre article ici), achetée par les Etats-Unis à l’occasion du Sommet de l’Otan à Chicago en 2012 (article ici) et acquérie par plusieurs pays pour doter leurs forces de l’ordre, émet des sons de plus de 160 décibels. Alors que les manifestants observent 15 minutes de silence en hommage aux victimes de Novi Sad, une ville serbe touchée par l’effondrement d’un toit dans une gare, la foule panique et se rabat sur les bords de la chaussée, fuyant une explosion, suivie d’un souffle chaud. Selon l’avocat Ivan Ninic, l’implication du régime ne fait aucun doute : « Cette arme spéciale n’a pu être utilisée que par l’armée ou la police. Il s’agit d’un canon à son importé d’Israël en 2022. Cette arme est interdite en Serbie. Elle est non létale mais émet des fréquences qui peuvent provoquer d’importants problèmes de santé ». De nombreuses personnes se sont rendues aux urgences depuis samedi pour des malaises, des brûlures, des problèmes de migraines ou d’audition. Certains pour signaler des dysfonctionnements de leurs pacemakers, d’autres pour des blessures, jusqu’ici 700 personnes ont contacté les urgences.

Photo illustration: canon sonique déployé par la police canadienne.

Dans le cadre de l’Opération Catatumbo, les militaires colombiens continuent à procéder à des opérations anti-guérilla. ils ont ainsi découvert un ensemble de mortiers artisanaux de l’ELN dans municipalité de Tibú, département de Norte de Santander. Il s’agit de huit tubes permettant le tir parabolique d’engins explosifs également artisanaux surnommé « tatuco ». 64 de ces projectiles ont été trouvés, ainsi qu’une grande quantité de munitions, d’explosifs, des radios etc. Ces équipements appartenaient au Front Luis Enrique León Guerra de l’ELN. La semaine passée, les commandants Silvana Guerrero et Ricardo de l’ELN se disent prêts à la confrontation face à toute action militaire de Bogota qui, selon eux, est passé d’une politique de paix à une « guerre totale ».

Dossier(s): Non classé Tags: , ,