Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le week-end dernier, à Brême, ont eu lieu les Journées anarchistes sur le thème « Perspectives insurrectionnelles sur la crise climatique ». Le vendredi, peu après le début des événements, une camionnette blanche avec les vitres teintées a été découverte garée à environ 100 mètres, avec une bonne vue sur le secteur de l’entrée du lieu. Un coup d’œil à l’arrière de la voiture, avec une lampe de poche, a révélé une boîte (photo) dans laquelle était cachée une caméra. Déjà en 2023 une boite similaire avait été démasquée comme étant une cachette pour une caméra. Après la découverte du véhicule avec la caméra, le vendredi, ses vitres ont été recouvertes d’autocollants, pour empêcher toute surveillance ultérieure des Journées anarchistes. Environs deux heures plus tard, quelqu’un est venu chercher la camionnette.

Nous avons perdu une amie et une camarade. Suzanne Le Manceau, cofondatrice du Collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah (CLGIA) et militante infatigable pour la libération de la Palestine est décédée hier 14 septembre. Suzanne a été la cheville ouvrière depuis 15 ans la solidarité avec Georges Abdallah et la visiteuse régulière de Georges à la prison de Lannemezan. Bien qu’affaiblie par la maladie, elle livre pour la dernière fois ce message adressé par Georges le 6 avril dernier aux milliers de personnes rassemblées devant la prison. Le Secours Rouge avait appris connaître Suzanne lors des manifestations commune pour la libération des prisonniers et prisonnières d’Action Directe. Suzanne animait alors le comité Ne Laissons Pas Faire. Durant ces deux décennies de lutte commune sans une ombre, a apprécier ses qualités personnelles, sa détermination militante, et son sens de l’unité.

« Je n’ai mordu personne ». Ce mardi, tribunal judiciaire de Castres, une jeune femme interpellée à Saïx, le 18 février 2024, comparaissait pour des faits qui ont eu lieu lors d’un rassemblement des opposants à l’autoroute A 69. Un rassemblement pacifique qui avait fini en affrontement quand un groupe de personnes vêtues de noir et cagoulées ont jeté des projectiles sur les gendarmes. Six personnes avaient été interpellées. C’est l’une d’elles qui était jugée ce mardi. Une militante comparaissait non pas pour des jets de projectiles, mais pour être suspectée d’avoir mordu un gendarme lors de son interpellation. À la barre, la jeune femme conteste tout. Elle n’a jeté aucun projectile, n’a mordu personne et décrit au contraire une arrestation musclée. Le jour de l’interpellation, cette dernière était tout de noir vêtue et cagoulée afin de se protéger de la repression.

Pour le procureur, « il faut envoyer un signal », un « avertissement », la défense rappelle que ce sont des militants écologistes et qu’ils se mobilisent pour la planète. Le tribunal condamne la jeune femme à 5 mois de prison avec sursis, ainsi qu’une amende de 400€ avec sursis. Elle devra indemniser le gendarme mordu à hauteur de 600€.

Le prisonnier politique kurde Abdülmelik Okyay, qui était détenu à la prison de type H d’Erzurum, a soudainement eu une crise cardiaque en prison quelques heures avant sa libération. Transporté à l’hôpital d’Erzurum, il y est décédé peu après. Abdulmelik Okyay s’est familiarisé avec les mouvements politiques kurdes au cours de sa vie étudiante dans les années 1980 et a consacré sa vie à la lutte du peuple kurde pour ses droits. Il a poursuivi sa lutte politique, commencée avec le Parti du travail (HEP), l’un des partis politiques du Mouvement pour la liberté du peuple kurde qui s’est développé dans les années 1990, à différents niveaux de la politique kurde. Okyay qui était membre de l’assemblée du Parti démocratique des peuples (HDP),  a dû faire face à de nombreuses arrestations et détentions en raison de son engagement pour la cause kurde.

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Suite aux manifestations pro-palestiniennes qui ont gagné les universités américaines ce printemps, puis les campus du monde entier, les universités américaines ont renforcé la sécurité avant le début de la session d’automne. Elles interdisent les occupations de soutien au peuple palestinien. Des milliers d’étudiants avaient dénoncé le soutien financier de leurs universités aux entreprises qui soutiennent l’occupation israélienne, installant des campements sur les campus malgré l’intervention de la police. Ces manifestations ont duré du mois d’avril jusqu’à la remise des diplômes en juin.

L’université Columbia de New York a clôturé les pelouses où les étudiants avaient établi leur campement. Un e-mail leur a été adressé en juillet, informant son intention d’instaurer un système de code couleur afin de restreindre l’accès aux activités de l’établissement. L’université va faire appel à des agents de la paix dotés de pouvoirs d’arrestation pour renforcer ses effectifs de sécurité.

Les mesures prises à l’université de Virginie comprennent l’interdiction des événements en plein air entre 2 et 6 heures du matin. L’université a également décidé qu’aucune tente ne pouvait rester sur le campus pendant plus de 18 heures et qu’il était  interdit de dormir sur les terrains du campus entre minuit et 6 heures du matin. Les étudiants portant des masques sur le campus doivent présenter une pièce d’identité à la demande des responsables. L’université de Pennsylvanie a interdit le camping et les évènements nocturnes. Toutes les manifestations dans les locaux universitaires, les bibliothèques et les musées sont également interdites. Les actions doivent être enregistrées au moins 48 heures à l’avance, les sons amplifiés sont interdits entre 17 et 22 heures en semaine. Université Case Western Reserve de l’Ohio, les manifestations de plus de 20 participants ou d’une durée supérieure à deux heures doivent désormais faire l’objet d’une autorisation écrite. Les actions ne sont autorisées qu’entre 8 heures et 20 heures, les feux d’artifice, les tentes et le matériel de projection sont interdits.

80e anniversaire de Leonard Peltier, militant des droits des Amérindiens et prisonnier politique. Arrêté en 1976, il a été condamné le 2 juin 1977 pour avoir aidé et encouragé le meurtre de deux agents du FBI dans la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Il a été condamné à deux peines consécutives d’emprisonnement à perpétuité et reste incarcéré 48 ans plus tard, ce qui fait de lui l’un des plus anciens prisonniers politiques au monde. Les preuves utilisées pour condamner Leonard Peltier ont été remises en question plusieurs fois. Trois témoins qui avaient affirmé avoir vu Leonard Peltier près de la scène du crime se sont rétractés, déclarant que le FBI les avait menacés. Dans ses mémoires de 1999, Leonard Peltier a admis qu’il avait participé à la fusillade, mais a nié avoir tué les agents du FBI. Avant d’être emprisonné, Leonard Peltier était un membre actif de l’American Indian Movement (AIM), un groupe de défense des droits des autochtones qui lutte contre le racisme et la violence policière vécue par les Amérindiens.

Éligible à la libération conditionnelle en 1993, la justice américaine à refusé sa libération. Il a présenté une nouvelle demande de mise en liberté lors de la réélection à la présidence des États-Unis de George W Bush en 2004, nouveau refus. En 2017, le président Barack Obama lui a refusé la clémence. En 2020, Leonard Peltier a formulé une nouvelle demande mais l’a retirée pour des raisons de santé. Le 2 juillet 2024, il s’est à nouveau vu refuser sa libération conditionnelle et ne sera pas éligible à une autre audience avant juin 2026. Compte tenu de l’âge de Leonard Peltier et de son état de santé déclinant, l’État réussira probablement à le tuer par incarcération.

En cette journée d’anniversaire, auront lieu des veillées, des lectures, des conférences, des concerts et d’autres actions à Milan, Venise, Gênes, Rome, Berlin, Düsseldorf, Francfort-sur-le-Main, Leipzig, Stade, Brétigny-sur-Orge près de Paris et probablement à bien d’autres endroits.

« La seule chose dont je suis coupable, c’est de lutter pour mon peuple » Leonard Peltier

Le Centre de Coordination Civilo-Militaire des Opérations Aériennes (C3MOA), spécialement créé pour les Jeux olympiques et paralympique, a coordonné les différentes autorités et moyens déployés, qu’ils soient civils ou militaires. Ce sont au total 178 interceptions aériennes qui ont été effectuées. 149 télé-pilotes, pour la plupart des touristes ignorant les règles en vigueur, ont été interpellés. Le 4 septembre, le dispositif de l’Armée de l’Air et de l’Espace déployé sur Paris détectait un drone s’approchant d’une prison parisienne. Deux télé-pilotes ont été interpellés ; ils tentaient de livrer du matériel interdit dans la prison. Le drone et le matériel ont été saisis.

Le dispositif était très lourd. Dans les airs opéraient des avions PC-21 et SR22, des avions-radar E-3F Sentry, des drones MQ-9 Reaper et  des ravitailleurs, l’interception étant confiée à des avions de combat Rafale et Mirage ainsi qu’à des hélicoptères Fennec. Au sol, des systèmes anti-drone Bassalt (photo), les batteries missiles antiaériens Mamba, Crotale NG et Mistral étaient déployées. Deux radars G1X ont été déployés sur Paris et Marseille pour renforcer les moyens de détection anti-drones.

Plus de 1 000 agents ont été déployés pour réprimer environ 25 000 manifestants anti-guerre ce jeudi à Melbourne, ce qui a donné lieu à de violents affrontements. Un événement international de trois jours, ” Forces terrestres 2024 “, permet aux gouvernements et à l’industrie mondiale de l’armement de conclure des accords. Parmi les exposants figurait l’entreprise publique israélienne Aerospace Industries, un fournisseur d’armes clé pour les forces Israéliennes. Des manifestants ont jeté des projectiles sur les agents, des pierres, tomates ou excréments. Certains visiteurs ont été pris à partie par les militants. La police a procédé à des lancés de gaz lacrymogène et de gaz au poivre, des balles non létales ont été tirées, des unités de police montées à cheval ont chargé pour dispersé quelques groupes d’activistes. De nombreux manifestants portaient des drapeaux palestiniens et des slogans pro-palestiniens résonnaient dans les rues.

Plusieurs arrestations d’activistes ont eu lieu sans qu’un bilan formel soit encore dressé.

Claudio Lavazza a été libéré le 7 septembre aprés avoir purgé sa condamnation après presque 28 ans de prison entre l’Espagne et la France (voir notre article). Claudio a pris part au combat révolutionnaire armé à la fin des annés 70 en Italie dans les rangs des Proletari Armati per il Comunismo. En cavale depuis le début des années 80, il se rapproche des idées anarchistes. Il sera arrêté seulement en 1996, en Espagne, à la suite d’un braquage qui finit par un échange de tirs avec la police (deux policiers trouveront la mort). En ce qui concerne la France (où il avait été transféré en juillet 2018), Claudio était accusé d’avoir participé au braquage du 4 juillet 1986 à Saint-Nazaire (88 milions de francs sousrtrait de la Banque de France).

Entre juillet et août, toutes les mesures de contrôle judiciaire qui restaient à la charge de huit inculpés et inculpées de l’opération Scripta Scelera déclenchée le 8 août 2023 contre le bimensuel anarchiste Bezmotivny ont été révoquées. Le procureur Manotti, de la Direction anti-mafia et antiterrorisme du district de Gênes, avait demandé dix mesures de détention préventive pour dix prévenus et obtenu, de la part du Juge des libertés, neuf mesures de contrôle judiciaire : les arrestations domiciliaires avec toutes les restrictions pour quatre d’entre eux et l’interdiction de sortie de la commune de résidence, avec interdictions de sortir de chez soi la nuit, pour cinq autres (pour l’un d’entre eux, cette mesure a déjà pris fin le 29 mars, car sa durée maximale avait été atteinte). De plus, pendant cette procédure, il y a eu plusieurs durcissements de ces mesures, ainsi que, récemment, des atténuations.

Avec une ordonnance du 10 juillet, le juge d’instruction du tribunal de Gênes a levé de l’obligation de pointer chez les policiers, pour trois inculpés et ensuite, début août, l’obligation de pointer pour une autre inculpée, a été levée aussi. Ces quatre mesures avaient été imposées par le juge en mai, en remplacement des précédentes. Les 22 et 23 août, le juge du tribunal de Massa, a ordonne la levée de l’interdiction de sortir de la commune de résidence, assortie à l’obligation de pointer tous les jours, pour les quatre derniers inculpés encore soumis à des mesures de contrôle judiciaire (les quatre inculpé.e.s dans le procès en cours à Massa). La prochaine audience du procès est fixée pour mardi 8 octobre, au tribunal de Massa.

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