Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le 12 novembre, des émeutes ont éclaté dans le centre d’accueil de migrants du village grec de Klidi, près de la frontière bulgare, après une montée des tensions et des tentatives d’évasion. Un groupe de résidents a tenté d’ouvrir la clôture du camp, en réaction au refus des autorités d’approuver leurs demandes d’asile. La police est violemment intervenue pour interrompre la mobilisation. Vingt-neuf migrants — principalement égyptiens — ont été arrêtés, dont trois accusés de tentative d’évasion.

Dossier(s): Grèce Tags: ,

En janvier 2019, six jeunes (quatre majeurs et deux mineurs) ont été arrêtés à Saragosse lors d’une manifestation antifasciste contre un meeting de Vox. Ils ont été accusés de trouble à l’ordre public et d’atteinte à l’autorité. La justice leur a infligé des peines sévères : quatre ans et neuf mois de prison chacun, des amendes et des frais de justice pour un total de 200 000€, et de la probation pour les mineurs. Grâce à l’importante mobilisation, le gouvernement espagnol a amnistié deux d’entre eux le 23 septembre 2025 : Francisco Javier Aijón (« Javitxu ») et Adrián Latorre qui avaient déjà passé respectivement 491 et 526 jours en prison. Les deux autres prisonniers politiques antifascistes, Imad et Daniel, restent incarcérés sans qu’aucune explication ne justifie pourquoi la même mesure ne leur a pas été appliquée. Samedi 1er novembre, environ 1 000 personnes ont défilé pour leur libération dans le centre de Saragosse, répondant à l’appel de la plateforme « Liberté 6 de Saragosse », alors qu’une nouvelle manifestation est organisée le 20 novembre prochain par la Coordination antifasciste de la capitale aragonaise à l’occasion des 50 ans après la mort de Franco.

Dossier(s): Espagne Tags: ,

La police métropolitaine de Londres a annoncé qu’elle allait intensifier l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale en temps réel (Live Facial Recognition, RFL), n’ayant signalé aucune arrestation suite à une fausse alerte au cours des douze derniers mois. Entre septembre 2024 et septembre 2025, 962 personnes ont été arrêtées après le déploiement de la RFL, a indiqué la police. Bien qu’aucune arrestation n’ait eu lieu suite à une fausse alerte, dix personnes – dont huit personnes noires – ont été identifiées à tort par le système. Quatre d’entre elles n’ont pas été interpellées et les autres ont été interrogées par les agents pendant moins de cinq minutes. La police métropolitaine affirme que le déploiement de la RFL avait conduit à plus de 1 400 arrestations au total, dont plus de 1 000 personnes ont été inculpées ou ont reçu un avertissement. Parmi ces personnes figuraient celles recherchées par la police ou les tribunaux, ainsi que les personnes ayant enfreint les conditions imposées par un tribunal.

La répression autour de l’affaire dite du « complexe de Budapest » se poursuit. Le 13 janvier 2026 doit s’ouvrir devant la cour d’appel de Düsseldorf un troisième procès, où six militant·es antifascistes sont accusé·es de violences contre des néonazis lors des mobilisations contre le rassemblement fasciste du « Jour de l’honneur » à Budapest en 2023. Dans le procès en cours devant la Cour régionale supérieure de Düsseldorf contre Paula, Nele, Emi, Moritz, Clara et Luca, 72 jours d’audience sont prévus à ce jour. Les six accusé·es sont en détention provisoire depuis qu’ils et elles se sont rendus volontairement aux autorités en février et mars 2025.

Depuis la mobilisation de Budapest, une chasse conjointe germano-hongroise vise les antifascistes : arrestations, menaces d’extradition et procédures multiples. Par ailleurs, les autorités tentent à nouveau de construire l’accusation de « tentative de meurtre » pour alourdir les peines. Cela fait suite à la condamnation de Hanna à cinq ans de prison, à la menace d’extradition de Zaid, à l’extradition de Maja et à un nouveau méga-procès à Dresde (voir notre article).

Trois membres présumés de la Nouvelle Armée populaire (NPA) ont été tués par les forces gouvernementales dans les montagnes du village de Pange, à Jaro (Leyte), ce lundi matin. La fusillade a éclaté peu après 6 heures du matin lorsque des soldats du 93e bataillon d’infanterie de l’armée philippine ont ouvert le feu sur un groupe de six guérilleros qui appartiendraient à l’escouade 2 du Comité insulaire Levox de la NPA, dépendant du Comité régional du Parti communiste des Philippines pour les Visayas orientales.

Combattants de la NPA

Combattants de la NPA

Les soutiens états-uniens à Mumia Abu Jamal organisent une marche de 160km en 13 étapes du 28 novembre au 9 décembre (jour du 44ᵉ anniversaire de son arrestation). À chaque étape du parcours, seront organisées des conférences de presse et des rencontres entre les marcheurs et la population. Cette initiative a pour objectif de sensibiliser les habitants de Pennsylvanie sur les conditions de vie des prisonniers et l’état de leur santé. À ce propos, Mumia n’a toujours pas de rendez-vous pour les traitements dont il a absolument besoin pour retrouver une vue normale (voir notre article). Cette marche sera l’occasion de dénoncer cette politique négligence médicale.

Dans une interview au Monde le 7 novembre dernier, le sociologue Sébastian Roché, ancien expert auprès du ministère de l’Intérieur, rappelle que les forces de l’ordre tirent plus de 10 000 munitions de LBD et de grenades explosives par an depuis 2018, contre moins de 500 avant 2015. Depuis les Gilets jaunes, ce niveau de violence n’est jamais redescendu : entre 15 000 et 20 000 tirs sont effectués chaque année, auxquels s’ajoutent des dizaines de milliers de grenades. Ces pratiques sont soutenues par des achats massifs d’armes et de munitions, faisant de la France un laboratoire de la militarisation policière, illustré notamment par le salon Milipol (voir notre article).

Dossier(s): France - Autres sujets Tags: ,

Le 15 novembre à Mexico, une manifestation massive contre la politique de sécurité du gouvernement face aux cartels a viré en affrontements, faisant une centaine de blessés parmi les policiers et une vingtaine chez les manifestants. Le rassemblement, organisé notamment par le « Mouvement du Sombrero » après l’assassinat d’un maire engagé contre le crime organisé et rejoint par de nombreux jeunes, a basculé lorsque des participants encagoulés ont renversé les barrières protégeant le palais présidentiel et lancé des projectiles. Les forces anti-émeutes ont répliqué par des gaz lacrymogènes.

Du 4 au 18 novembre se tient à Paris le procès de dix personnes accusées d’avoir participé à l’organisation d’une traversée de la Manche ayant causé la mort de sept exilé·es afghans en août 2023, dans un contexte où la militarisation croissante de la frontière franco-britannique pousse les candidat·es à l’exil à emprunter des routes toujours plus dangereuses. Parmi les prévenus figure Ibrahim A., un jeune Soudanais, originaire du Darfour qui est en détention provisoire depuis août 2023. Survivant du naufrage, il est accusé d’être un des passeurs de la traversée. Lui clame son innocence depuis deux ans.

Depuis des années, drones, hélicoptères, contrôles routiers et présence policière massive sur les plages rendent les départs plus rares, plus éloignés et plus risqués, entraînant surcharges des bateaux, matériel fragile et naufrages meurtriers — au moins 89 morts en 2024 et déjà 38 en 2025. Plutôt que de reconnaître le rôle direct de ces politiques dans les drames, les autorités criminalisent un nombre toujours plus large de personnes, y compris des exilé·es eux-mêmes contraints de piloter des embarcations faute de pouvoir payer leur passage.

Un étudiant, interpellé pour des slogans lors de la manifestation du 2 octobre et placé 27 heures en garde à vue, a comparu en procès le 10 novembre dernier. À l’occasion de cette audience au tribunal judiciaire de Nancy, son interdiction de manifester a été levée, mais l’examen de l’affaire sur le fond a été reporté au 26 septembre 2026.