Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Après de longs mois d’enquête, le parquet de Munich a demandé, ce lundi 24 mars, le renvoi en procès de 5 militants écologistes du collectif «Letzte Generation» (Dernière Génération), un groupe rompu aux actions spectaculaires en faveur de la protection du climat. Le parquet les accuse d’avoir formé «une organisation criminelle». Les procureurs n’ont pas donné de précisions sur les poursuites dont les cinq activistes font l’objet. Les militants ont mené depuis 2022 de nombreuses actions de protestation dans toute l’Allemagne en bloquant des routes, en ciblant des œuvres d’art dans les musées ou en pénétrant sur des pistes d’aéroports, pour dénoncer les insuffisances des politiques face au changement climatique ( voir article ici et ici ). Des plaintes ont été déposées après chacune de ces actions et cela a donné lieu à de nombreuses procédures pénales. Le collectif a récemment annoncé un changement de nom et de mode d’action, désormais, il se nomme «Neue Generationen» (Nouvelles Générations).

Pour faire face à une hausse des sabotages ciblant les véhicules Tesla, la firme tente de renforcer la sécurité embarquée du Cybertruck. Le nouvel objectif : rendre les tentatives de destruction aussi désagréables que bruyantes. Sans communiqué officiel, une nouvelle fonctionnalité a récemment été repérée sur la page «produit» du véhicule. Actuellement, le mode sentinelle (Sentry Mode) permet à l’aide de caméras externes, d’enregistrer les comportements suspects, de déclencher une alarme, de faire clignoter les phares et d’envoyer une notification à distance via l’application mobile. Désormais, si une menace est détectée, le Cybertruck pourra diffuser de la musique à volume maximal pour faire fuir le saboteur. Cette nouveauté pourrait exploiter les puissants haut-parleurs extérieurs du véhicule, Tesla ne précise pas quel niveau sonore sera atteint. La totalité du parc automobile devrait par la suite être équipé de cette «arme» inédite. Elon Musk a aussi récemment ordonné l’activation du mode sentinelle sur tous les véhicules exposés dans les magasins de la marque. Certains actes de destruction ont suscité des réactions vives, allant jusqu’à être qualifiés de “terrorisme” par le président américain qui a proféré des menaces à l’encontre des saboteurs ( notre article ici ).

Le maire d’Istanbul et rival d’Erdogan, Ekrem İmamoglu, a été officiellement arrêté et mis en détention provisoire ce matin pour « corruption » et sera détenu à la prison de Silivri. Des millions de personnes sont descendues dans les rues de Turquie, des affrontements ont eu lieu à Saraçhane, à Istanbul et marquent la cinquième nuit de manifestations antigouvernementales massives. Le quartier de Saraçhane est devenu un haut lieu de protestation, situé à quelques kilomètres de la place Taksim que les manifestants tentent toujours d’atteindre, mais ils restent bloqués par d’importants barrages policiers maintenus 24 heures sur 24. Les forces de l’ordre ont violemment réprimé les contestataires, les frappant à coups de matraque et coups de pied, tout en essayant d’empêcher les personnes de filmer, ils ont fait abondamment usage de gaz lacrymogènes. Tout au long de la nuit, des appels invitant la police à joindre les rangs des manifestants anti-Erdogan ont été scandé : «Policier, révolte-toi aussi !» Les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs centaines d’arrestations dans au moins neuf villes du pays, les autorités ont demandé au réseau social X la fermeture de plus de 700 comptes d’opposants, la plateforme s’est opposée à cette demande.

Des journalistes frappés. Des personnes âgées plaquées au sol. Des manifestants agressés alors qu’ils brandissaient des drapeaux antifascistes, une banderole mentionnant «Tant qu’il le faudra» arrachée en tête de cortège. Voici la réaction de la police lors d’une marche nationale contre le racisme et l’extrême droite ce samedi 22 mars à Paris. La marche était organisée par plus de 550 syndicats et groupes de gauche, elle a rassemblé 90 900 personnes dans les rues pour résister à la montée du fascisme. 21 500 à Paris, deux personnes ont été interpellées et trois ont été blessées, dont un CRS. Marseille, 3300 manifestants brandissant des pancartes « contre l’islamophobie d’État », « Tesla is the new swastika (croix gammée) ». Dans les cortèges, de nombreux drapeaux palestiniens sont portés par les manifestants. 2 600 manifestants à Lille, 2000 à Strasbourg, 6000 à Lyon. Le chiffre des arrestations sur la totalité des 180 rassemblements sur tout le territoire français n’est pas communiqué.

Naples, des affrontements ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre dans le quartier de Bagnoli suite à la venue de Salvini et 2 ministres du gouvernement fascistes italiens. Les habitants protestent contre la crise bradysismique touchant les Campi Flegrei (région volcanique), caractérisée par de fréquents tremblements de terre et qui mettent en danger la sécurité des populations locales.

C’est sous les slogans de « Nous ne voulons pas compter les morts » que les habitants demandent une intervention du gouvernement pour faire face à l’urgence sismique et pour garantir un avenir sûr à leurs familles. Les forces de police déployées en tenue anti-émeute, ont tenté de contenir l’avancée du cortège, ils ont utilisé des matraques et d’autres moyens de répression pour disperser les manifestants, qui ont répondu en lançant des œufs et des bombes fumigènes, plusieurs blessés sont à dénombrer, dont le chef adjoint de la police de Naples.

Pour cette quatrième nuit de mobilisation, la foule est apparue encore plus dense et plus nombreuse, prenant d’assaut les abords de l’hôtel de Ville, congestionnés, en agitant des drapeaux et des pancartes exprimant sa colère, on pouvait y lire:« Les dictateurs sont des lâches ! », « L’AKP (Parti de la Justice et du Développement) ne nous fera pas taire ». Le maire Ekrem Imamoglu, qui est le principal rival du président, a été amené en début de soirée avec 90 de ses co-accusés au palais de justice protégé par des dizaines de fourgons anti-émeutes et un cordon de policiers, afin d’être présenté à un procureur. Malgré les restrictions d’accès, au moins mille personnes, s’étaient pressées aux abords du tribunal. Les forces de l’ordre ont donné la charge peu après minuit (22 h en Belgique ), usant de gaz lacrymogènes en grandes quantités, obligeant ceux qui le pouvaient à se réfugier dans l’hôtel de ville, de nombreuses personnes ont été arrêtées, mais aucune donnée officielle n’est disponible. À Ankara, les manifestants ont été repoussés par des sprays de gaz poivré et les canons à eau, à Izmir, la police a bloqué des étudiants qui tentaient de marcher sur les locaux du parti AKP au pouvoir. Le gouvernorat d’Istanbul a prolongé jusqu’au 26 mars l’interdiction de rassemblement en vigueur depuis mercredi.

Les forces de sécurité pakistanaises ont violemment dispersé, ce samedi 22 mars, un sit-in pacifique organisé à Quetta, la capitale du Baloutchistan. Le rassemblement dénonçait les disparitions forcées, les violences et la marginalisation de la communauté baloutche. Trois manifestants ont été tués et au moins 18 personnes ont été arrêtées, dont Mahrang Baloch, militante au sein du Comité de l’unité baloutche, dont elle a pris désormais la tête, organisatrice de ce sit-in et figure de la cause baloutche au Pakistan. Gaz lacrymogènes, coup de matraques et tirs à balles réelles au motif de troubles à l’ordre public ou des liens avec des groupes séparatistes, le déferlement d’une « violence d’État » et d’une volonté d’étouffer des voix dissidentes dans cette région où ont lieu attaques et affrontements entre la rébellion armée, principalement emmenée par l’Armée de libération du Baloutchistan (BLA), et les forces de sécurité.

L’université de Columbia va se plier aux exigences de l’administration Trump dans l’espoir de « peut-être » récupérer les centaines de millions de dollars de subventions gelées. Le président avait fait de l’institution une cible critiquant sa gestion du mouvement étudiant pro-palestinien après l’arrestation de Mahmoud Khalil, un des responsables des manifestations étudiantes pro-palestiniennes ( lire notre article ici ). Il lui aura suffi de couper 400 millions de dollars à Columbia pour que l’Université dise oui aux réformes telles que : la création d’une force de sécurité interne, 35 agents spéciaux seront chargés de faire régner l’ordre sur le campus, réforme des règles de manifestation étudiantes avec notamment l’interdiction du port du masque, adoption d’une définition précise de l’antisémitisme. Vient ensuite, la nomination d’un « surveillant » à la tête du département d’études sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud-Est et l’Afrique que le gouvernement souhaitait placer sous tutelle académique. Ces concessions sont dénoncées par une partie des professeurs et certaines organisations de défense des libertés académiques. D’autres universités pourraient céder face aux menaces de coupes budgétaires.

La police turque a arrêté 343 personnes lors d’opérations matinales dans plusieurs villes après les manifestations d’hier soir (voir article ici ). Les opérations ont principalement visé des étudiants et des membres de groupes de gauche. L’Association des avocats progressistes (ÇHD) a signalé que plusieurs étudiants avaient été arrêtés par la police antiterroriste lors d’opérations à Ankara, ainsi qu’un de ses membres, un avocat. L’organisation de jeunesse « Sol Genç » (Jeunesse de gauche) annonce que trois de ses membres ont également été arrêtés. Des groupes de jeunes affiliés aux « Maisons du Peuple », l’un des plus anciens mouvements de gauche turcs, ont elles aussi déclaré que plusieurs personnes avaient été arrêtées à Istanbul, à la suite d’affrontements avec la police lors des manifestations de la nuit dernière. Le Parti des travailleurs de Turquie (TIP), a rapporté que les domiciles de plusieurs de ses membres ont été perquisitionnés à Ankara, Istanbul, Izmir et Çanakkale. À Ankara, un rassemblement organisé par le Parti républicain du peuple (CHP) a été stoppé par la police hier soir.