Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

L’imam Jamil Al-Amin, figure du mouvement des droits civiques et leader musulman américain, est décédé en détention. Ancien président du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) et ministre de la Justice du Black Panther Party, il purgeait une peine de prison à vie depuis 2002. Atteint d’un très grave cancer qui s’est développé en raison de la politique de négligence médicale de l’administration pénitentiaire, ses soutiens appelaient récemment à intensifier la solidarité (voir notre article). Dimanche 23 novembre 2025, ses proches ont annoncé son décès et mis en avant son engagement de toute une vie au service des communautés africaine-américaines.

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 2025 à Ixelles, une personne nommée T. a été interpellée et accusée d’avoir tenté d’incendier trois véhicules de police (voir notre article). Un juge d’instruction l’a mise en examen pour incendie volontaire nocturne, et une perquisition à son domicile a conduit à la saisie de matériel numérique ainsi que de divers documents. T. a été placée sous mandat d’arrêt et transférée à la prison de Haren le 12 novembre, puis sa détention préventive a été confirmée par la chambre du conseil le 14 novembre, tandis que l’enquête se poursuit.

Un second échange international antimilitariste s’est tenu à Hambourg en novembre 2025, réunissant des militants de plusieurs pays pour réfléchir aux luttes contre la militarisation et le service militaire. Vendredi 21 novembre, cinq militant·e·s anarchistes arrivant de Milan ont été arrêtés par la police fédérale allemande dès leur sortie de l’avion à l’aéroport de Hambourg. Ils ont été contrôlés, interrogés sur la rencontre et sur leurs activités anarchistes. Face à leur refus de coopérer, et après plusieurs heures, il leur a été notifié qu’ils seraient refoulés. Après avoir passé la nuit au poste de police, la police fédérale a modifié leur réservation de vol pour le lendemain matin. Leurs documents ont été remis au pilote et ils ont été renvoyés en Italie, où ils ont été accueillis par la police italienne et relâchés. Les documents remis aux militants justifiaient leur interpellation par leur échange contre un service militaire et leur rejet du militarisme au cours de l’année précédente.

Après avoir obtenu le statut de réfugié en Belgique, Husam a été libéré après environ 50 jours passés en centre fermé, où il avait été placé à la suite de son arrestation le 29 septembre lors d’une manifestation à la Bourse. Son cas s’inscrit dans une série d’interpellations visant des personnes participant à des actions de solidarité avec la Palestine, au cours desquelles onze Palestiniens ont été arrêtés et huit envoyés en centres fermés malgré des procédures d’asile en cours. Parmi ces huit personnes, seuls Fathi Alhams, Ali Abu Taha et Mahmoud Abu Hadayed y sont encore détenus, tandis que deux ont été renvoyées en Grèce et qu’une autre, Mahmoud Faraj Allah, est décédée au centre 127bis (voir notre article).

Ahmad Salem, Palestinien de 24 ans né dans le camp de réfugiés d’al-Baddawi au Liban, est emprisonné en Italie depuis plus de six mois après avoir appelé, dans une vidéo de huit minutes, à la mobilisation contre le génocide à Gaza, à un soulèvement en Cisjordanie et à des manifestations au Liban. Arrivé en Italie pour demander l’asile, son téléphone a été saisi lors de son audition, et il a été accusé d’« incitation à commettre un crime » et d’« auto-formation en vue du terrorisme ». Les autorités italiennes l’ont présenté comme un « jihadiste », en s’appuyant sur quelques phrases sorties de leur contexte et sur des vidéos de la résistance palestinienne déjà largement diffusées par les médias italiens et ne contenant aucun contenu technique. Malgré cela, Ahmad est détenu en régime de haute sécurité à Rossano Calabro dans l’attente de son procès ; ses avocats ont saisi la Cour de cassation et contestent la constitutionnalité de l’article 270 qui étend la criminalisation des discours. Ce cas n’est pas isolé, comme en témoigne la situation d’Anan Yaeesh, Ali Irar et Mansour Doghmosh (voir notre article).

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Le conseiller socialiste molenbeekois, Rachid Ben Salah, a plaidé le mardi 18 novembre au conseil de police de la zone Bruxelles-Ouest pour l’installation de dashcams dans les véhicules de police. Les dashcams (ou caméras embarquées) sont de petites caméras fixées généralement sur le tableau de bord ou le pare-brise d’un véhicule. Elles enregistrent en continu ce qui se passe devant — et parfois derrière — la voiture.

Apprécié par les forces de l’ordre et les procureurs, ce dispositif ne renforce ni la transparence ni la responsabilité de la police. Au contraire, il contribue plutôt à accroître son influence et son impunité, mais aussi à augmenter les ressources qui lui sont allouées. À ce sujet, le Secours Rouge Toulouse a postfacé le livre « La bureaucratie de la punition : à propos des caméras-piétons au service du pouvoir policier » de l’avocat et militant Alec Karakatsanis (voir ici).

À la suite d’un article du Parisien présentant GrapheneOS comme un outil prisé des narcotrafiquants, les développeurs du système d’exploitation sécurisé ont annoncé leur retrait immédiat de France et la migration de leurs serveurs auparavant hébergés chez OVH vers le Canada et l’Allemagne. Il dénonce un climat hostile aux initiatives open source de protection de la vie privée, alimenté par des amalgames techniques : l’article confondrait en effet GrapheneOS, un Android renforcé et open source, avec des versions piratées et modifiées par des revendeurs criminels. Dans ce contexte, et face aux débats français sur la surveillance des communications ou au discours sécuritaire visant le chiffrement, les développeurs affirment ne plus se sentir en sécurité pour opérer dans l’Hexagone. Cette décision n’a aucune incidence pour les utilisateurs en France.

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Les forces armées allemandes, notamment le Bataillon de la garde de la Bundeswehr habituellement dédié aux cérémonies, ont lancé un exercice de cinq jours dans le métro de Berlin pour s’entraîner à des scénarios de combat urbain, simulant une attaque souterraine menée par une force étrangère. Ce choix s’explique par la configuration de la capitale, avec ses rues étroites et ses immeubles élevés, qui imposent une préparation spécifique en cas de déploiement rapide. Les entraînements, centrés sur des échanges de tirs dans les tunnels et la protection du gouvernement fédéral en situation de crise, incluent aussi l’extraction de blessés dans des conditions réalistes. L’armée allemande justifie par ailleurs cet entraînement renforcé par la nécessité d’améliorer sa préparation défensive depuis l’invasion russe de l’Ukraine.

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À Tunis, plusieurs milliers de personnes ont défilé le 22 novembre à l’appel du comité de défense d’Ahmed Souab, avocat condamné à cinq ans de prison pour ses critiques du système judiciaire (voir notre article), afin de dénoncer les injustices et réclamer la libération de journalistes, d’opposants et d’acteurs humanitaires détenus. La marche, l’une des plus importantes de ces derniers mois, a fait halte devant le Groupe chimique tunisien, accusé de pollution à Gabès, puis devant le syndicat des journalistes SNJT, qui dénonce une répression accrue.

À Bologne le 21 novembre dernier, une manifestation pro-palestinienne était organisée pour dénoncer la tenue du match d’Euroligue Virtus Bologna–Maccabi Tel-Aviv dénoncé comme une opération de sportwhashing d’Israël et de son opération génocidaire à Gaza. Environ 5 000 manifestants ont tenté de se rendre vers le stade PalaDozza malgré un important dispositif policier. Des pétards et feux d’artifice ont été lancés sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué par des canons à eau et du gaz lacrymogène, tandis que certains manifestants érigeaient des barricades et jetaient pavés et autres matériels urbains. Les affrontements ont duré plusieurs dizaines de minutes avant que la police ne disperse la foule, alors que le match s’est finalement tenu.

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