Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Édit 13 août 2020 : Nous annoncions la mort d’un manifestant à Minsk. Il avait été écrasé par un véhicule de police. Il semble cependant qu’il ait survécu à ses blessures.

Suite à la tenue de la présidentielle, des émeutes nocturnes ont éclaté dimanche soir dans plusieurs villes de Biélorussie. Les chiffres officiels, créditent Loukachenko de 81,35% des voix, ce que conteste la candidate de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa. Dans le centre de la capitale, Minsk, les protestataires ont érigé des barricades. Pour déloger les manifestants, la police a eu recours à du gaz lacrymogène, à des canons à eau et à des grenades assourdissantes. Les heurts ont fait un mort et plusieurs personnes ont dû être hospitalisées. Ce lundi soir 11 août, les manifestations et les interpellations ont repris. Des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes ont à nouveau été utilisées à Minsk.  Dans d’autres villes du pays, des manifestations se tiennent également.

Les affrontements à Minsk

Sept personnes ont été tuées lors d’un combat entre les troupes gouvernementales et la guérilla maoïste samedi 8 août, dans l’après-midi,  à Barangay Suagayan (Ilocos Sur). Un militaire de la 702e brigade d’infanterie, un civil, et cinq maoïstes, dont une femme médecin, ont été tués. Cinq soldats gouvernementaux ont également été blessés. Le civil tué est un agriculteur qui plantait du riz et qui a été pris dans les tirs croisés. C’est la troisième fusillade entre l’armée et la guérilla dans l’Ilocos Sur en un mois.

Combattants de la NPA

Combattants de la NPA

Hier, les manifestants ont affronté pour une deuxième journée d’affilée les forces de sécurité libanaises à Beyrouth, afin d’exprimer leur colère contre le régime corrompu du pays dont la négligence a mené aux explosions survenues dans la capitale mardi. Des centaines de personnes se sont rassemblées en soirée devant l’une des entrées du parlement, qui a été incendiée. D’autres groupes de manifestant·es se sont rendus devant l’hôtel Le Grey et sur la place des Martyrs. Certains sont entrés dans les bâtiments des ministères des Travaux et des Déplacés, dans le même secteur, au centre-ville, tandis que d’autres pénétraient dans ceux du Logement et des Transports. Les forces de sécurité ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes contre les manifestant·es, qui ont répliqué avec des jets de pierres et des projectiles. Les affrontements se sont poursuivis aujourd’hui, ce qui a conduit le premier ministre, Hassan Diab, à démissionner suivant ainsi l’exemple de plusieurs autres ministres avant lui.

Nouveaux affrontements avec les forces de sécurité et démission du gouvernement au Liban

Nouveaux affrontements avec les forces de sécurité et démission du gouvernement libanais

Dans la soirée du dimanche 9 août, Çağdaş Kaplan et Berçem Mordeniz, deux journalistes kurdes de nationalité turque, ont été arrêtés par la police alors qu’ils filmaient l’arrestation d’une personne sur la place Syntagma à Athènes. Ceux-ci avaient informé les policiers qu’ils étaient journalistes et présentés leur carte de presse. Avant d’être arrêtés, les deux journalistes ont été frappés à plusieurs reprises par la police. Ils sont actuellement au poste de police de l’Acropole et seront présentés devant la justice ce lundi 10 août. Au poste de police, les témoins de l’arrestation n’ont pas été autorisés à entrer pour faire une déposition sur ce qui s’était passé.

Berçem Mordeniz et Çağdaş Kaplan

Berçem Mordeniz et Çağdaş Kaplan

Depuis le lundi 3 août, la Bolivie fait face à plus d’une centaine de barrages routiers dans les neuf départements du pays, initiés par des syndicats paysans et renforcés dans les dernières heures par des mineurs et des organisations de quartiers urbains ainsi que la Centrale ouvrière bolivienne (COB, principale centrale syndicale de Bolivie). Ces blocages et grèves ont été lancés suite au énième report des élections. La COB exige des élections à court terme, et non en octobre, comme l’a établi le Tribunal suprême électoral (TSE). Le gouvernement provisoire de Jeanine Áñez, mis en place de facto et auto-proclamé après la démission forcée l’an dernier de l’ancien président Evo Morales, avait prévu des élections dans les 3 mois (voir nos articles ici et ici) et annoncées pour le 22 janvier. Celles-ci ont été reportées par « manque de temps » au 3 mai et depuis le début de la pandémie, la date des élections a été changée à 3 reprises au 2 août, au 6 septembre et enfin au 18 octobre.

Grèves et blocages en Bolivie

“Vengeance, vengeance, jusqu’à la chute du régime”, scandaient les manifestants massés dimanche 8 août  Place des Martyrs, dont certains brandissaient des potences ou les noms des personnes tuées dans l’explosion qui a dévasté le port de Beyrouth. L’explosion au port de Beyrouth a fait 158 morts et plus de 6.000 blessés, selon un nouveau bilan samedi du ministère de la Santé.  La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc contre des groupes de jeunes manifestants qui ont lancé des pierres. L’attention des forces de sécurité se concentrant sur les heurts, environ 200 manifestants en ont profité pour prendre d’assaut le siège du ministère des Affaires étrangères, le proclamant «quartier général de la Révolution». Des manifestants ont aussi tenté de prendre le quartier général de l’Association des banques, y mettant le feu avant d’être délogés par l’armée. Des protestataires ont également investi les ministères de l’Économie et celui de l’Énergie, symboles de la gabegie des services publics, les coupures de courant alimentant la gronde. Un membre des Forces de sécurité intérieure est décédé d’une chute, les autorités accusent les manifestants d’avoir provoqué cette chute.

Les affrontements de Beyrouth

Une Palestinienne de 23 ans a été tuée par balles vendredi 8 août en Cisjordanie lors d’un accrochage entre l’armée israélienne et des Palestiniens. La victime a été tuée alors qu’elle essayait de fermer la fenêtre de sa maison de Jénine pour se protéger du gaz lacrymogène. Des affrontements avaient lieu dans la ville alors que des centaines d’habitants s’opposaient à un raid lancé par l’armée d’occupation pour procéder à des arrestations ciblées. Les responsables palestiniens ont accusé l’armée israélienne d’avoir tué la jeune femme. Un porte-parole de l’armée d’occupation prétend que les soldats n’avaient pas tiré à balles réelles lors de l’accrochageUne Palestinienne tuée le 7 août à Jénine.

Il y a eu de nombreux accrochages entre manifestants BLM et policiers à Portland (Oregon), mercredi 5 et jeudi 6 août. Mercredi, des incidents ont eu lieu devant la commissariat principal de Portland avec jets de peinture et de projectiles, bris de vitres et feux de poubelles. Les affrontements entre la police et les manifestants se sont poursuivis pendant plus de trois heures dans le quartier commercial et résidentiel environnant. La police a utilisé des grenades assourdissantes et des lacrymogènes. Manifestations et affrontements ont repris hier soir.

Charge de police jeudi 6 août à Portland

Hier, lors de la visite du président français, Emmanuel Macron à Beyrouth, plusieurs groupes de plusieurs dizaines de personnes ont chanté le nom de George Abdallah pour réclamer sa libération. Cette visite se déroule suite à la double explosion survenue dans la ville mardi 4 août. Emmanuel Macron prétend être venu apporter une aide humanitaire. Mais de nombreuses personnalités libanaises ont dénoncé un double discours néo-colonial soulignant que l’objectif de Macron est avant tout d’imposer des réformes structurelles au pays selon les besoins et les exigences du FMI. Le meilleur exemple de ce double discours est le maintien en prison par la France de Georges Abdallah. Plus d’infos ici.

Macron interpellé par la population de Beyrouth qui réclame la libération de George Abdallah

Macron interpellé par la population de Beyrouth qui réclame la libération de George Abdallah

Mardi 4 juillet, des manifestations se sont déroulées à Lumaco, contre le racisme et en soutien aux prisonniers politiques Mapuche qui sont en grève de la faim depuis plus de 90 jours. Les quelques dizaines de manifestant·es ont brièvement occupé le pont de Lumaco. Les forces spéciales des Carabineros sont rapidement intervenues blessant au moins cinq personnes en leur tirant dessus à bout portant avec des plombs. La communauté mapuche ne cesse de manifester pour exiger la libération du « Machi » (autorité traditionnelle) Celestino Cordova et d’autres prisonniers politiques (voir notre article).

Les forces spéciales des Carabineros ont tiré sur les manifestant·es avec du plombs

Les forces spéciales des Carabineros ont tiré sur les manifestant·es avec du plombs