Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Mercredi 6 mai, une technologie de reconnaissance faciale permettant de détecter les personnes portant un masque a été déployée à Paris dans la station Châtelet-Les Halles. Le dispositif va servir à mesurer en temps réel le taux d’adoption de la protection faciale dans cette station centrale durant 3 mois. Châtelet-Les Halles, station géante au cœur du laboratoire d’Intelligence artificielle de la RATP, disposait déjà des 6 premières caméras HD nécessaires pour quantifier les passagers masqués à intervalles réguliers. Le sous-traitant, la start-up DatakaLab, n’a eu qu’à brancher ses six boîtiers dans une salle de contrôle. Ils contiennent un puissant processeur doté d’un algorithme qui analyse en continu le flux vidéo et comptabilise les personnes portant un masque. Ce logiciel détecte différents points du visage en temps réel et l’intelligence artificielle les compare avec un modèle qu’elle connaît qui est sans masque. Cela donne ensuite un score de 0 à 1 sur l’étendue de la couverture du visage. D’ici le mois d’août à six caméras supplémentaires, toujours à Châtelet-Les-Halles. Le logiciel de détection sera aussi bientôt capable de mesurer le respect de la distanciation.

La détection automatique du port du masque testée dans le métro parisien

La détection automatique du port du masque testée dans le métro parisien

Lundi 11 mai en région parisienne ont eu lieu des manifestations toutes réprimées par la police. Une tentative de rassemblement devant le ministère de la santé par des gilets jaunes a eu lieu et a été rapidement empêchée par les forces de l’ordre qui ont reconduit les protagonistes après quelques minutes à une bouche de métro. Place de la République, arrestations et amendes ont été réalisés à l’encontre d’une vingtaine de gilets jaunes également. Enfin, à l’Île Saint Denis, à l’appel de différentes associations, un rassemblement de 300 personnes pour dénoncer les violences policières dans les quartiers populaires a vu se déployer un dispositif policier massif pour ensuite être nassé devant la mairie empêchant la distanciation sociale.

Quatre combattantes maoïstes, dont une cadre dirigeante du PCI (maoïste), ainsi qu’un sous-inspecteur de police ont été tués lors d’une fusillade dans le district de Rajnandgaon, dans le Chhattisgarh vendredi soir. La rencontre a eu lieu vers 22h30 dans la jungle proche du village de Pardhoni. Les forces de sécurité traquaient un groupe de guérilleros et les ont accrochés. Un policier a été tué ainsi que quatre femmes de la guérilla maoïste dont Ashok, membre du comité divisionnaire, et Krishna, membre du comité régional du CPI (maoïste). Les forces de sécurité ont récupéré deux fusils d’assaut (un AK-47 et un SLR) et deux fusils artisanaux. Lundi, un paramilitaire du 170e bataillon de la CRPF a été tué lundi lors d’une fusillade avec des combattants maoïstes dans le district de Bijapur, dans la région de Bastar. La fusillade a eu lieu vers 14 h 15 près des jungles du village d’Uripal.

près du village de Pardhoniprès du village de PardhoniLes armes retrouvées près du village de Pardhoni

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Depuis le 8 mai, un robot à quatre pattes patrouille dans le parc de Bishan-Ang Mo Kio, à Singapour, pour rappeler aux gens les mesures de distance de sécurité. Baptisé Spot, il diffuse un message enregistré rappelant aux visiteurs des parcs d’observer les mesures de distance de sécurité. Il est équipé de caméras, rendues possibles grâce à un système d’analyse vidéo développé par le gouvernement, pour l’aider à estimer le nombre de visiteurs dans les parcs. Les caméras, cependant, ne pourront pas suivre ou reconnaître des individus spécifiques, ni collecter des données personnelles. Spot est déployé dans le cadre d’essai pilote de deux semaines, mené conjointement par NParks et le Smart Nation and Digital Government Group (SNDGG). Si l’essai s’avère concluant, son utilisation sera élargie. Développé à l’origine par la société américaine Boston Dynamics, le robot a déjà utilisé par la police du Massachusetts dans le cadre d’opérations de déminage (voir notre article).

Spot déployé dans le cadre des mesures de confinement à Singapour

Dans la nuit du 10 au 11 mai, les forces israéliennes ont démoli la maison familiale du prisonnier Qassam Barghouthi. Ce jeune palestinien de 25 ans a été arrêté et emprisonné en septembre 2019. Il est accusé d’avoir participé à une action armée du FPLP (voir notre article). La démolition des maisons de prisonniers en Cisjordanie occupée fait partie d’une politique de double peine et d’intimidation pratiquée par l’occupation israélienne.

La maison détruite habillée de drapeaux palestinien et du FPLP.

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags: ,

Samedi 9 mai, les autorités bahreïnites ont empêché la tenue d’un webinaire à propos de la normalisation des relations des Pays du Golfe avec l’État sioniste. Le webinaire se déroulait normalement et était diffusé sur les réseaux sociaux quand les autorités ont appelé les différents organisateurs afin d’exiger qu’ils arrêtent cette activité. Le prétexte invoqué est qu’ils n’avaient pas d’autorisation et qu’il y avait la présence d’organisations étrangères (en particulier un représentant du FPLP).

Capture d'écran du webinaire avant son interdiction.

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags: ,

Des anarchistes ont incendié une camionnette d’Amazon dans le comté de Los Angeles pour dénoncer la collaboration de l’entreprise avec la répression des migrants aux USA. Amazon fournit les serveurs cloud qui hébergent la base de données utilisée par l’U.S. Immigration and Customs Enforcement’s (ICE). Ces données  publiques et privées sont compilées et croisées pour suivre et expulser les migrants. Les serveurs d’Amazon hébergent aussi le système de gestion des enquêtes de l’ICE.  C’est Palantir – un logiciel cofondé par Peter Thiel, milliardaire et conseiller de Trump – qui permet aux agents de l’ICE sur le terrain d’accéder facilement à des données sur les personnes ciblées, incluant des photos du permis de conduire, les relations familiales et l’historique de leur parcours d’immigration.

L’ICE est une agence particulière agressive et répressive, contournant les lois pour expulser en masse les migrants, quitte à séparer les familles. Un mandat d’expulsion délivré par l’ICE ne suffit pas aux agents pour pénétrer chez quelqu’un sans son consentement, afin de l’arrêter. Pour contourner la loi, les agents de l’ICE procèdent à des descentes aux aurores, en s’identifiant mensongèrement sur le palier au cri de « police ! » et en portant de vestes et de tee-shirts similaires à ceux des forces de l’ordre pour nourrir la confusion… Les agents font aussi usage de diverses ruses (montrer la photo d’une personne inconnue au migrant ciblé en prétendant devoir vérifier que personne ne correspond à cette description à l’intérieur du domicile, se faire passer pour un membre d’un cabinet de procureur pour convenir d’un rendez-vous dans un lieu public, prétendre au téléphone vouloir rendre une pièce d’identité perdue pour attirer la personne ciblée, etc.).

Le tracing sera complètement opérationnel demain lundi. Il sera confié à des call-center privés ou semi-privés qui auront pour mission de contacter les personnes infectées et d’identifier avec qui elles ont été en contact dans les 48h précédant le diagnostic et pendant les 7 jours suivants. Les personnes contactées ne sont légalement obligées de répondre aux questions. N-Allo, filiale d’Engie, se chargera du contact tracing à Bruxelles et en Flandre. En Flandre, N-Allo fait partie d’un consortium de centres d’appels (outre Yource, Call Excell et les centres d’appels filiales du groupe Koramic2Engage) qui se chargera de la répartition des appels entre eux. En Wallonie un autre consortium se chargera du tracing. Il s’agit du Groupement Autonome des Mutualités, composé de iKanbi, CallExcell, ENTRA et LEM Intérim. Une bonne partie des travailleuses et travailleurs seront sous contrat d’intérim.

Formation des travailleuses et travailleurs d'un call-center au tracing

Vendredi, les manifestants ont envahi les rues du quartier de Kariobangi à Nairobi, incendiant des voitures et érigeant des barricades. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles réelles, qui ont blessé au moins un civil. Les affrontements ont eu lieu après que les autorités de la ville aient démoli des maisons et des magasins construits sur des terrains appartenant au gouvernement. De nombreux habitants vivaient sur ces terrains depuis plus d’une décennie. Un tribunal avait statué quelques jours auparavant en faveur des habitants pour arrêter les démolitions, mais les autorités ont quand même procédé aux démolitions. Au moins 5.000 personnes se sont retrouvés sans abri après l’opération gouvernementale.

Les forces de sécurité dans Kariobangi insurgé

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