Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Lundi 15 juin, le tribunal correctionnel 3 de Lleida a condamné, à deux ans et demi de prison et à une amende de 2400 euros, le rappeur communiste Pablo Hasél. Il été accusé d’avoir attaqué un collaborateur de la police qui avait témoigné d’une prétendue agression contre un garde de sécurité qui avait lui-même agressé un militant en 2017. Ce collaborateur s’était rendu au domicile de Pablo Hasél, où une bagarre aurait eu lieu. Il s’agit de la troisième condamnation prononcé par le système judiciaire espagnol contre Pablo Hasél en moins de 10 jours (voir notre article).

Le rappeur Pablo Hasel

Le rappeur Pablo Hasel

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Delbert Africa, ancien prisonnier politique des Move9, est mort mardi 16 juin. Il avait passé 42 ans en prison et n’avait été libéré qu’en janvier 2020 (voir notre article). Il faisait partie des neuf personnes qui ont été arrêtées et condamnées à une peine allant de 30 ans à perpétuité, à la suite du siège d’une maison communautaire de Move, le 8 août 1978 à Philadelphie, par une centaine de policiers. Dans la fusillade, un policier avait été tué, probablement d’un tir ami. Plus tard, lors d’un autre raid de la police contre une maison communautaire de Move, 11 habitants donc 5 enfants ont été tué par l’action de la police (un hélicoptère ayant lâché une bombe sur le bâtiment).

Delbert Orr Africa à sa libération

Müslüm Elma est emprisonné en Allemagne et accusé d’être un dirigeant du TKP/ML (organisation interdite en Turquie). Il a été arrêté en 2015 avec 9 autres membres de l’ATIK (Confédération des Travailleurs de Turquie en Europe) et poursuivi dans le cadre des paragraphes 129a/b du code pénal allemand qui permettent de poursuivre des personnes pour des activités qui ne sont pas interdites en Allemagne mais dans un autre pays, en l’occurrence la Turquie (voir notre article). Alors que cette affaire doit se conclure dans quelques semaines, Müslüm Elma risque d’être condamné à plusieurs années de prison tout comme ses camarades. Un rassemblement a eu lieu ce matin à Munich devant le tribunal où se déroule les différentes audiences. De nombreuses affiches et banderoles étaient brandies pour exiger sa libération mais aussi celles de Georges Abdallah, Ahmad Sa’adat, Dr Saibaba et Gonzalo. Parallèlement, différents rassemblements étaient organisés le même jour devant plusieurs consulats et ambassades d’Allemagne dans différents pays européens.

 

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Des affrontements entre les forces de sécurité tunisiennes et des manifestants se sont déroulés samedi soir et dimanche dans la ville de Meknessi (gouvernorat de Sidi Bouzid, centre-ouest de la Tunisie). Ces affrontements surviennent en réaction à l’intervention des forces de sécurité pour mettre fin au sit-in des travailleurs des mines de phosphate. Les ouvriers, en sit-in depuis le 4 mai dernier, réclament l’intégration de 164 employés au sein de la Compagnie des Phosphates de Gafsa. Ils avaient organisé une série de manifestations, auparavant, depuis l’annonce de la fin de leurs contrats de travail, le 30 avril dernier. Les manifestants de ce week-end réclament un retrait des forces de sécurité de la ville et appellent à ne pas engager de poursuites judiciaires contre des travailleurs de la mine, à la remettre en service et à régulariser la situation des ouvriers dans ce site minier.

Les affrontements de Meknassy

À Béjaïa, dans le nord-est du pays, la police a empêché des manifestants de se rassembler vendredi en soutien aux dizaines de prisonnier du Hirak, le mouvement populaire de contestation qui a commencé en février 2019 (voir notre article). Près d’une vingtaine de personnes ont été arrêtées, dont deux qui sont en garde à vue dans un commissariat. Ils devait être présenté aujourd’hui devant un juge. La veille, une manifestation s’est tenue à Tigzirt en solidarité avec les prisonniers du Hirak.

Manifestation du Hirak, le 20 décembre à Alger

Des documents déclassifiés de la CIA confirment que Felipe González, président socialiste du gouvernement espagnol de 1982 à 1996 a approuvé la création des « Groupes antiterroristes de libération » (GAL). Il s’agissait d’un escadron de la mort constitué pour combattre ETA en dehors de tout cadre légal, essentiellement en assassinant des militants suspectés d’en faire partie. Le rapport déclassifié de la CIA indique que le gouvernement espagnol « semble déterminé à adopter une stratégie peu orthodoxe vis-à-vis de l’ETA ». Après une phrase censurée, l’agence écrit que « González a accepté la formation d’un groupe de mercenaires, contrôlé par l’armée, pour lutter contre les terroristes en dehors de la loi ». Après une autre phrase censurée, il a ajouté que « les mercenaires ne seraient pas nécessairement espagnols et auraient pour mission d’assassiner les dirigeants de ETA en Espagne et en France ». Plus d’infos ici.

Entre décembre 1983 et juillet 1987, une trentaine d’assassinats sont commis en France. La nouvelle coopération « antiterroriste » entre la France et l’Espagne, suivi d’une vague d’expulsions de militants basques réfugiés en France, va accélérer la disparition des GAL. Au cours des années suivantes, tout est fait pour éviter le grand déballage sur cette «guerre sale». De Bayonne à Bordeaux, la plupart des enquêtes judiciaires s’enlisent, quand elles ne sont pas directement freinées par le pouvoir politique. Les rares procès qui ont finalement lieu en France aboutissent uniquement à la condamnation de lampistes, malgré la mise au jour de complicités au sein de l’appareil policier français. «La raison d’Etat prime sur tout», justifie alors le procureur de Bayonne.

25 septembre 1985, quatre militants basques sont assassinés à l'hôtel Monbal, à Bayonne

Un appel déclencher une émeute aujourd’hui avait circuler ces derniers jours sur les réseaux sociaux. La police était présente en nombre à divers endroits de la capitale, notamment tout près de la rue Neuve, lieu indiqué dans l’appel. La police a contrôlé l’identité d’une centaine de personnes, en a arrêté 22 administrativement et a saisi quelques objets comme des pétards. Une autre personne a été arrêtée judiciairement.

Pétards saisis ce dimanche

 

Vendredi 12 juin, quatre militants du HDP ont été arrêtés dans le district de Ceyhan, dans la province d’Adana. Ils sont accusés d’avoir transmis des colis d’aide aux guérilleros dans les montagnes d’Amanos dans le cadre de la campagne d’aide alimentaire lancée pour aider familles qui en ont besoin suite à la crise du coronavirus. Aujourd’hui, la police turque a perquisitionné plusieurs appartements à Adana et arrêté dix personnes. Les personnes concernées ont été amenées au siège de la police à Adana. L’enquête est menée par le parquet général. On ne sait pas de quoi les personnes arrêtées sont accusées.

Arrestation d'une membre du HDP (archive)

Arrestation d’une membre du HDP (archive)

Le mouvement “La santé en lutte” avait appelé les travailleurs et travailleurs de la santé et la population à former dimanche une haie de déshonneur dans plusieurs villes en Belgique. Le bourgmestre de Bruxelles a interdit le rassemblement qui fut néanmoins maintenu par les organisateurs (voir notre article). La santé en lutte avait introduit samedi 13 juin un recours en extrême urgence auprès du Conseil d’État afin de permettre l’organisation de ses actions ce dimanche après-midi. Ce matin Le Conseil d’État avait confirmé l’interdiction du bourgmestre. Environ 500 personnes étaient présentes. Des policiers ont été signalés à la sortie du métro Botanique ainsi qu’un nombre important de camionnettes de police au Boulevard Pachéco. Une colonne de policier est intervenue depuis Botanique. Les policiers ont ordonné la dislocation de la manifestation, ce à quoi les manifestants ont obtempéré. Des rassemblements ont également eu lieu à Charleroi, Liège et Namur.

Manifestation des travailleurs de la santé

Manifestation des travailleurs de la santé

Le mouvement « La santé en lutte » avait appelé les travailleurs et travailleurs de la santé et la population à former dimanche une haie de déshonneur dans plusieurs villes en Belgique:  « Ce monde politique et ses ambitions financières ne nous représentent pas ! Contre le retour à l’anormal renversons la table de monde marchand pour construire un « après » plus juste, plus humain, plus démocratique, plus égalitaire. Luttons pour un accès à des soins de qualités pour toutes et tous. Luttons pour un renforcement de nos métiers et de nos salaires, pour une révision des normes d’encadrement, pour une démocratie dans nos institutions de soins, pour plus d’effectifs, pour des contrats stables, pour une santé basée sur l’humain plutôt que sur les chiffres, pour une sécurité sociale forte, … »

Le bourgmestre de Bruxelles a interdit le rassemblement qui est néanmoins maintenu par les organisateurs. « La santé en lutte » invite les manifestants à se rassembler tout en respectant les règles de distanciation ainsi que les gestes barrières, dimanche à 14H00, aux endroits suivants: A Bruxelles, dos au cabinet De Block et au ministère de la Santé (Boulevard du Jardin Botanique 50, 1000 Bruxelles) ; à Charleroi, dos au ministère de la Finance (Rue Jean Monnet 14, 6000 Charleroi) ; à Liège, Place Saint Lambert. Le rassemblement prévu à Namur est annulé. Voir le site de « la santé en lutte »