Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Jeudi dès 18h, les Algérois se sont regroupés aux alentours de la place de la Grande-Poste, en scandant des slogans hostiles au régime et à la tenue de l’élection présidentielle. Ne s’attendant probablement pas à une mobilisation forte, dès lors que les entrées de la capitale avaient été quadrillées par des barrages filtrants, aucun dispositif de sécurité n’était encore mis en place à l’heure du départ de la manifestation.  Des policiers, en uniforme et en civil, ont procédé, néanmoins, à des dizaines d’interpellations, ciblant les gens ne résidant pas à Alger. La tentative sera vaine, les manifestants ne quitteront pas les lieux.

À 20h30, les forces anti-émeutes repousseront brutalement les manifestants, les empêchant d’occuper la place de la Grande-Poste, mais les manifestants resteront malgré tout jusque tard dans la nuit en scandant « Les martyrs l’ont arrachée (l’indépendance du pays), les traîtres l’ont vendue » en déployant l’emblème amazigh (interdit) aux côtés du drapeau national.

La manifestation de jeudi à Alger

Israël est sur le point d’achever la construction de nouveaux ouvrages militaires autour de Gaza en réponse aux manifestations frontalières hebdomadaires et aux attaques de la résistance. Le projet comprend des défenses contre les missiles et des postes de sniper améliorés, qui ont été mieux fortifiés, placés plus haut et à des endroits plus stratégiques.De larges bermes protégeront également le personnel des Forces de sécurité israéliennes et dissimuleront les mouvements des troupes, ce qui permettra aux soldats de se déplacer plus librement. Les nouvelles défenses ont été construites le long des barrières souterraines qui barrent la route aux tunnels de la résistance et d’une haute clôture qui devrait être achevée à la mi-2020.

Un poste de tireur d’élite au sommet d’un mur de sable à la frontière de Gaza

 

 

Au moins 42 personnes sont mortes, dont 19 ont été tuées par la police, depuis mi-septembre en Haïti, pays secoué par une nouvelle vague de protestation populaire contre le président corrompu. Ces 42 personnes sont mortes lors de l’escalade des tensions depuis le début de la dernière vague de manifestations, le 15 septembre. 86 personnes ont été blessées, la grande majorité d’entre elles par balle. Des policiers, équipés d’armes semi-automatiques, ont tiré à balles réelles pendant des manifestations, ils ont aussi procédé à des tirs répétés, à bout portant, de balles dites à létalité réduite.

Manifestation à Port-au-Prince le 30 octobre

Protesters, medical professionals, and political opponents demonstrate during a demonstration demanding the resignation of President Jovenel Moise in the Haitian capital in Port-au-Prince on October 30, 2019. Over the past year, Haiti has sunk deeper into political crisis amid anti-corruption protests demanding President Jovenel Moise’s resignation. / AFP / Valerie Baeriswyl

 

WhatsApp, l’une des applications de messagerie les plus populaires au monde, propriété de Facebook depuis 2014, a annoncé, mardi 29 octobre, avoir déposé plainte contre NSO Group, une société israélienne spécialisée dans les logiciels d’espionnage (voir notre précédent article sur NSO). WhatsApp l’accuse d’avoir contribué au piratage, à des fins d’espionnage, d’une centaine d’utilisateurs de son application.

WhatsApp avait admis en mai avoir été infectée par un logiciel espion donnant accès au contenu des smartphones, et accuse NSO d’avoir ciblé « 100 défenseurs des droits humains, journalistes et autres membres de la société civile dans le monde ». En tout, 1.400 appareils ont été infectés du 29 avril au 10 mai, dans différents pays dont le royaume de Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Mexique, d’après la plainte déposée devant une cour fédérale. Le logiciel espion pouvait être installé à l’insu de l’utilisateur de l’application grâce à un appel vocal infecté par un pirate : le logiciel espion était installé même si l’utilisateur ne décrochait pas. Une fois installé, ce logiciel permettait de collecter la géolocalisation de sa cible, de lire ses messages et e-mails, et de déclencher à son insu le micro et la caméra de son téléphone. WhatsApp avait annoncé avoir corrigé cette faille le 13 mai.

Le siège de NSO Group

 

 

L’organisation Amnesty International a récemment dénoncé l’utilisation de grenades lacrymogènes «brise-crâne» contre les manifestant·e·s irakien·ne·es qui  seraient jusqu’à dix fois plus lourdes que la normale. Ces cinq derniers jours, plusieurs manifestant·e·s ont été tué·e·s à Bagdad par ce type de grenade et on recense tous les jours plusieurs blessé·e·s suite à l’utilisation de ces engins à tir tendu. Ces grenades de type militaires de 40 millimètre, d’origine serbe et bulgare seraient utilisées pour la première fois dans le monde.

Des analyses par imagerie médicale authentifiées par Amnesty montrent des grenades entièrement encastrées dans le crâne de manifestant·e·s tué·e·s. Les grenades lacrymogènes de 37 millimètres habituellement utilisées par la police à travers le monde « pèsent entre 25 et 50 grammes », d’après Amnesty, mais celles utilisées à Bagdad « pèsent entre 220 et 250 grammes » et leur force est « multipliée par dix » lorsqu’elles sont tirées. De plus, les grenades généralement utilisées sont constituées de plusieurs cartouches plus petites qui se séparent et s’étendent sur une zone donnée. En revanche, les grenades « brise-crâne » à Bagdad consistent en une seule cartouche lourde.

Lors du premier épisode de manifestations, du 1er au 6 octobre, 70% des personnes décédées avaient été touchées à la tête ou au torse par des tirs de snipers que l’état irakien affirme toujours ne pas pouvoir identifier. Depuis la reprise le 24 octobre du mouvement, aucun tir à balle réelle des forces de l’ordre n’a été recensé dans la capitale, mais une quarantaine de manifestant·e·s y ont été tué·e·s. Au total, au moins 250 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement il y a un mois.

Plus d’infos ici.

Imagerie médicale d'un patient décédé suite à l'utilisation d'une grenade brise crâne

Imagerie médicale d’un patient décédé suite à l’utilisation d’une grenade brise crâne

Ce samedi 2 novembre est une journée internationale d’action en soutien à la résistance du Rojava.
Dates des manifestations en France:
Bordeaux: 13H, Maison Citoyen
Lyon: 16H, Place Guichard
Marseille: 13H, Canabiere
Nîmes: 14H, Maison Carrée
Paris: 15H, Place de la République
Rennes: 13H, Place Colombier
Strasbourg: 14H, Place de la République
Toulouse: 14H, Metro Capitole
En Belgique:
Bruxelles: 16H, Place Victor Horta,

L'affiche de la mobilisation

La direction du centre de détention de haute sécurité Şakran dans la province occidentale de la Turquie, İzmir, a imposé des sanctions disciplinaires à 57 prisonniers politiques pour avoir protesté contre l’invasion de la Turquie au Rojava. Les prisonniers ont été condamnés à l’isolement pendant onze jours suite à leur résistance. La direction de la prison a également ouvert des enquêtes contre les prisonniers accusés de « propagande en faveur d’une organisation terroriste ». Ces sanctions ont été rendues publiques par Fatma Cığ, mère du prisonnier Hüseyin Cığ, qui est détenue sur Şakran. Elle déclare que les prisonniers politiques kurdes, ont fait l’objet de sanctions disciplinaires arbitraires de manière continue, particulièrement  depuis la grève de la faim très suivie, qui protestait au printemps contre l’isolement du représentant kurde Abdullah Öcalan.

sansctions pour des prisonniers kurdes accusés de soutenir le Rojava

sansctions pour des prisonniers kurdes accusés de soutenir le Rojava

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Esman Bakhshi a été libéré contre une lourde caution, de la prison d’Evin à Téhéran, capitale de l’Iran. Porte parole d’une série de grève, son engagement lui a valu une arrestation en novembre 2018. Le militant syndical et représentant des travailleurs de la canne à sucre dans le Sud Ouest de l’Iran a été transféré à la prison d’Evin après avoir été condamné à 14 ans de prison et 74 coups de fouet. Il est accusé de « répandre des mensonges », « d’insulte au Guide suprême » ou encore d’organiser des « rassemblement en vue de commettre des crimes contre la sécurité naitonale. » Il a actuellement fait appel de ce jugement et est en attente d’un nouveau verdict.

 

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Le militant syndical iranien Esman Bakshki sortant de prison à Téhéran.

 

 

La CGT a annoncé cet après-midi l’interpellation de Hervé Ossant responsable départemental du syndicat alors qu’il était présent à un rassemblement lors de la venue de ministres en Seine-Saint-Denis. Ce rassemblement visait à dénoncer la casse des services publiques et à fait l’objet d’attaques de la part de la police. Au cours d’une charge, Hervé Ossant a été interpellé et emmené au poste de police. Plusieurs sections de la CGT ont dénoncé cette criminalisation de l’activité syndicale et demandent que toute forme de poursuite soient abandonnées à l’égard de leur responsable.

Hervé Ossant responsable syndical prenant la parole

Hervé Ossant responsable syndical prenant CGT en France la parole

Ce jeudi 31 octobre, à l’aube, les forces de l’occupation israélienne ont pris d’assaut le domicile de Khalida Jarrar, dirigeante palestinienne de gauche et féministe à Ramallah. Ils ont saisi Jarrar dans sa maison familiale à 3 heures du matin, avec plus de 70 soldats et 12 véhicules militaires armés lors d’une incursion forcée. Cette arrestation intervient à peine huit mois après la dernière libération de Jarrar après son emprisonnement de 20 mois en Israël, sans inculpation ni procès sous le régime de la détention administrative. Ce n’était pas la seule fois où Jarrar était emprisonnée par l’occupation israélienne; son arrestation en 2017 intervient seulement 13 mois après sa libération des prisons israéliennes après avoir purgé une peine de 15 mois de prison. Après avoir été arrêtée en 2015, elle a été placée en détention administrative. Au cours des 20 derniers mois de sa détention, elle est restée en prison sans inculpation ni procès pendant tout le temps.

Jarrar est une défenseure de longue date de la liberté des prisonniers palestiniens. Elle a été vice-présidente et directrice exécutive de l’association Addameer. Membre du Conseil législatif palestinien, élu au sein du bloc de gauche Abu Ali Mustafa (associé au FPLP), elle a présidé le Comité des prisonniers du PLC. Elle est également une dirigeante déclarée dans la lutte pour que les dirigeants israéliens soient tenus pour responsables des crimes de guerre devant la Cour pénale internationale. Elle est membre d’une commission palestinienne chargée de porter plainte devant la cour internationale et de porter plainte devant le tribunal international concernant les crimes en cours contre le peuple palestinien par Israël, des attaques sur Gaza à la confiscation de terres et à la construction de colonies en passant par les arrestations et les emprisonnements en masse.

Khalida Jarrar

Nos précédents articles sur Khalida Jarrar