L’Office fédéral de la protection de la Constitution (BfV), responsable du renseignement, a publié un rapport sur l’activité de l’extrême gauche turque en Allemagne.
Le rapport de 38 pages comprend l’histoire de ces groupes, leurs objectifs et leur fonctionnement dans le pays. Les services secrets ont également allégué que 2550 personnes sont membres de ces organisations en Allemagne. Le rapport fournit des comptes détaillés sur la structure et les activités du DHKP-C, du TKP/ML et du MLKP.
Le rapport conclut : « Les organisations en question opèrent sans violence en Allemagne, et en solidarité pour soutenir leurs camarades en Turquie, mais elles constituent toujours une menace pour la sécurité de la Turquie ».

Couverture du rapport des renseignements allemands

Une trentaine de manifestants se sont réunis devant l’ambassade de Grèce à Bruxelles ce 11 juillet en solidarité avec les militants révolutionnaires incarcérés, à l’appel du Secours Rouge, du Front Populaire, de Upotudak et du Collectif Anarchiste de Leuven. Des textes présentant la situation de plusieurs collectifs de prisonniers ont été lus : Rouvikonas, Nikos Maziotis et Pola Roupa (Lutte Révolutionnaire), les prisonniers du Front Populaire (Halk Cephesi), Turgut Kaya, ainsi qu’un texte général sur la situation répressive et les nombreux autres prisonniers (17 novembre, Cellules de Feu). Les manifestants ont scandé « AKP assassin, Syriza complice », « Liberté pour tous les prisonniers révolutionnaires », et d’autres slogans anticapitalistes.

Communiqué du Secours Rouge International

Manifestation devant l'ambassade de Grèce

L’arrivée au pouvoir de la gauche réformiste et légaliste en Grèce, incarnée par la coalition Syriza, est un nouvel exemple du camp dans lequel cette gauche se positionne sur tous les enjeux essentiels :
– la Grèce est toujours un membre actif de l’OTAN,
– le gouvernement grec applique scrupuleusement les mémorandum de la Troïka en continuant le processus de paupérisation du peuple grec au profit de créditeurs,
– police et justice continuent à persécuter les prisonnier.e.s de la gauche révolutionnaire.

Des mesures exceptionnelles : refus de congé, transferts punitifs, et régime d’isolement

Pour s’opposer à leur transfert vers des prisons impliquant l’isolement, les prisonnier.e.s doivent mener des grèves de la faim et de la soif, ainsi Dinos Yigtzoglou, membres de la Conspiration des Cellules de Feu, qui a résisté à son transfert vers la prison de Larissa. Dimitri Koufodinas, membre de l’organisation « 17 Novembre » a mené lui une grève de la faim pour que lui soit appliquée les règles d’octroi des congés pénitentiaires. L’année passée, Pola Roupa et Nikos Maziotis, membres de l’organisation « Lutte Révolutionnaire », ont dû mener une grève de la faim pour que Nikos sorte de l’isolement et pour qu’ils puissent avoir des visites de leur enfant de six ans (lui-même enfermé quatre jours lors de l’arrestation de sa mère) dans des conditions dignes.

Persécution systématique des membres de la gauche révolutionnaire turque

Turgut Kaya est un révolutionnaire turc qui a été arrêté, torturé et emprisonné à plusieurs reprises en Turquie sous l’accusation d’appartenance au TKP/ML. En avril 2018, il a été arrêté en Grèce à la suite d’un mandat d’arrêt lancé par Interpol. Son extradition a été décidée lors d’une audience du tribunal à Athènes le 30 mai. Turgut Kaya a immédiatement entamé une grève de la faim pour protester contre les menaces d’extradition vers la Turquie. Hıdır Gönek avait également été arrêté en Grèce et est accusé d’avoir facilité l’entrée de Turgut Kazya dans le pays, est également en grève de la faim.
Ce ne sont pas les autres membres de la gauche révolutionnaire turque éprouvé.e.s par la justice grecque : 9 militant.e.s ont été arrêté.e.s le 28 novembre en Grèce, ils sont accusés d’appartenance au DHKP-C et d’avoir planifié une action contre le président Erdogan. Parmi ces prisonnier.e.s citons Ali Ercan Gokoglou, membre actif de Tayad (une organisation de soutien aux prisonniers politiques en Turquie), qui a finalement échappé au danger d’extradition mais qui reste en prison.

Des offensives policières et judiciaires tous azimut

Citons aussi :
– Les attaques policières contre les squats (ainsi la grande offensive de 2016 contre les squats à Thessalonique : le squat “Orfanotrofio”, la communauté “Hurriya” et les squats situés sur l’avenue Nikis, avec un total de 74 arrestations).
– La détention de militant.e.s et sympathisant.e.s du mouvement de libération du Kurdistan.
– Les nombreuses procédures judiciaires contre les anarchistes membres du groupe Rouvikonas. 12 doivent encore passer en procès pour diverses actions militant.e.s du groupe, et 20 pour une manifestation dans l’enceinte du Ministère de l’Intérieur en soutien à la grève de la faim de Dimitris Koufodinas.

Solidarité avec les prisonnier.e.s révolutionnaires en Grèce !
Pas d’isolement ! Pas de mesure d’exception ! Pas d’extradition !

Rassemblement mercredi 11 juillet de 17h à 18h devant l’Ambassade de Grèce à Bruxelles

Après 17 ans d’attente et 70 jours de sit-in devant le Conseil du Contentieux des Étrangers, Cahit Zorel vient d’être régularisé. Ce militant révolutionnaire turc s’est vu refusé d’être régularisé à plusieurs reprises depuis son arrivée en Belgique il y a plus de 17 ans. Même son mariage (avec une personne de nationalité belge) n’avait pas eu d’incidence, les autorités allant jusqu’à conseillé à sa femme de le suivre en Turquie. Le motif de ses refus, c’est que Cahit Zorel est un révolutionnaire et un antifasciste en Turquie, la Belgique l’accuse même d’être membre du DHKP-C. Après un passage au Conseil du Contentieux le 14 juin dernier, où des dizaines de solidaires étaient venus le soutenir, Cahit vient finalement d’être régularisé.

Solidarité avec Cahit

Une trentaine de personnes étaient présentes samedi 3 février pour soutenir Erdal Gokoglu, prisonnier révolutionnaire arrêté le 13 novembre en Belgique et extradé vers l’Allemagne le mois suivant. Pour rappel Erdal Gokoglu vivait en Belgique depuis 2002. Il avait reçu le statut de réfugié politique en 2007. Lorsqu’il était emprisonné en Turquie de 1995 à 2001 il avait été torturé et avait participé à une grève de la faim, ce qui lui a laissé de graves séquelles physiques.

La soirée a commencé avec une prise de contact avec trois prisonniers révolutionnaires turcs actuellement détenus en Grèce qui risquaient une extradition vers la Turquie. Ensuite une vidéo expliquant l’histoire de Erdal, a été projetée. Cette présentation a été suivie par un exposé expliquant la législation allemande en matière « d’anti-terrorisme » (lois 129A et B) et de son utilisation pour réprimer les militant-e-s révolutionnaires notamment étrangerèr.e.s. Enfin la soirée s’est terminée par un repas solidaire qui a permis de réunir des fonds pour soutenir les frais de justice de Erdal et d’échanger des pistes sur les manière de continuer le soutien.

Solidarité avec Erdal Gokoglu

Gulaferit Unsal est une militante d’origine turque qui menait une activité syndicale à Ankara jusqu’en 1992. Après avoir été persécutée et emprisonnée, avec son mari, en Turquie, elle avait quitté le pays et fait une demande d’asile en Allemagne en 1999. De 2001 à 2011, elle a vécu à Thessalonique en Grèce avant d’y être arrêtée en juillet 2011 sur base d’un mandat d’arrêt émis par l’Allemagne, l’accusant d’appartenir au DHKP-C. Le mois suivant, elle avait été déportée vers l’Allemagne (voir l’article que nous avions écrit à l’époque) et condamnée à une peine de prison ferme. Après sept années de résistance (Gulaferit a mené plusieurs grèves de la faim dont une en 2015 (voir notre article) contre la censure de son courrier) et d’emprisonnement, elle vient d’être libérée.

Gulaferit Unsal

Erdal Gokoglu, qui était emprisonné à Liège depuis le 13 novembre a été extradé ce matin vers Aix-la-Chapelle (Aachen). Ni son avocat ni ses proches n’étaient au courant, et le dernier recours en cassation n’a pas même été possible. Depuis son arrestation il y a 38 jours, Erdal avait été soumis à un régime d’exception : interdit de droit de visite, de droit de cantiner et même d’échanger du courrier et d’obtenir des timbres. L’Allemagne l’accuse d’appartenance au DHKP-C avec pour « preuves » qu’il a distribué des revues, organisé des concerts du groupe de musique Grup Yorum et participé à une conférence à l’Université de Berlin.

Liberté pour Erdal Gokoglu !

Erdal Gokoglu ne s’est pas présenté à l’audience de ce matin, selon son avocate il a été choqué par les mesures de sécurité qui lui ont été imposées. La juge a répondu que de telles mesures étaient normales « dans un dossier pareil ». L’avocate a alors relevé que le dossier ne contenait pour l’essentiel qu’une conférence à Berlin, un concert en Allemagne et la distribution de journaux, ainsi que le fait de connaître personnellement Musa Asoglu. Aucun de ces faits ni la réunion de ceux-ci ne constituent d’infraction. La procureure a rétorqué que « le DHKP-C attaque des commissariats en Turquie », mais il n’est question nulle part dans le dossier d’attaques de commissariats. Une quinzaine de personnes se sont rassemblé devant le Palais de Justice, pour l’essentiel à l’appel du Front Populaire, mais aussi des solidaires liégeois, des immigrés politiques chiliens et une délégation du Secours Rouge de Bruxelles. Le résultat de l’audience sera connu ce soir.

Rassemblement pour Erdal

Un rassemblement aura lieu devant le Palais de Justice de Liège à 9h demain matin, mardi, en solidarité avec Erdal Gokoglu, un antifasciste turc, réfugié politique en Belgique, menacé d’extradition vers l’Allemagne.

Voir notre article précédent.