Après bientôt six mois de mobilisation, l’acte 26 du mouvement des «gilets jaunes» avait pour épicentre Lyon et Nantes. Plusieurs milliers de manifestants ont défilés dans ces villes et des affrontements ont eu lieu avec la police. À Nantes, un journaliste de la chaîne d’information CNews a dit avoir été touché par un tir de LBD. Quelque 26 manifestants ont été interpellés. A Lyon, À Lyon, gendarmes mobiles et CRS ont fait un usage massif de gaz lacrymogènes. Les heurts ont fait plusieurs blessés et ont conduit à 9 interpellations. Les mobilisations ont été cependant inférieurs à celles des actes précédents

A Lyon ce samedi

A Lyon ce samedi

Le samedi 11 mai, Tuna Altinel, professeur de mathématiques à l’université Lyon 1, a été arrêté et est actuellement en garde à vue à Balikesir (région de Marmara, Turquie). Il est accusé de terrorisme pour avoir signé en 2016 une pétition appelant à une solution pacifique au conflit militaire opposant les forces de sécurité turques au PKK. Plus de 1000 universitaires tuques avaient signés cette pétition. Tuna Altinel a été arrêté alors qu’il se rendait à un poste de police de Balikeskir pour obtenir des informations sur une restriction de voyage imposée à son passeport. Il a été arrêté pour propagande d’une organisation illégale. Son avocat a déclaré qu’il était accusé d’avoir fait de la propagande pour le PKK lors d’une table ronde en France, alors qu’il n’était pas présent ce soir-là. Jusqu’à présent, 121 universitaires ayant signé la pétition ont été condamnés à des peines de prison. Ils font tous face à des accusations de diffusion de propagande terroriste.

Tuna Altinel

Le 25 octobre 2014 au soir, Rémi Fraisse, militant écologiste âgé de 21 ans mourrait sous les tirs des grenades policières à la ZAD de Sivens. Cette nuit-là, au cours d’un festival organisé en soutien à la lutte contre le projet de barrage de Sivens, et alors qu’une requête de la préfecture avait certifié qu’il n’y aurait pas de présence policière, ce sont des dizaines de camions de la gendarmerie qui font irruption. Au cours de la nuit, la répression s’intensifie et Rémi décède. La police tente dans un premier temps d’étouffer l’affaire, prétextant que le jeune militant serait décédé à la suite d’une overdose, avant d’avouer, face à la mobilisation qui prenait forme, que c’est bien une grenade policière qui a tué Rémi (voir notre article).

Ce mardi 7 mai, la Cour de Cassation a confirmé le non-lieu qu’avait prononcé le parquet de Toulouse (voir notre article) en faveur du gendarme responsable de la mort du militant âgé de seulement 21 ans.

Remi Fraisse

Remi Fraisse

Le délégué du procureur de la République recevait le secrétaire général de la CGT du Lot au palais de justice de Cahors, suite à une opération de tractage et de levée de barrières menée le 28 juin 2018 sur la gare de péage de Gignac. Jérôme Delmas a donc été reconnu coupable d’«occupation du domaine public routier non autorisée et non conforme à sa destination», conformément au Code de la voirie routière. Il a été condamné à verser 500 € d’amende pour cette infraction. Il dispose de 45 jours pour faire appel de cette décision. Un rassemblement de soutien à Jérôme Delmas, il était présent devant le palais de justice de Cahors dès 8 h 30.

Au palais de justice de Cahors

Au palais de justice de Cahors

Des heurts ont éclaté lors de la manifestation des « gilets jaunes ce mercredi 8 mai à Toulon. Plus de 2000 personnes ont défilé et la situation s’est tendue en arrivant dans le quartier du Mourillon. Un groupe de manifestants masqués a voulu quitter le parcours officiel et s’est faufilé dans les petites rues. C’est là que les affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre. Un pavé a été jeté sur les policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogène. Une personne a été interpellée pour jet de projectile.

La manifestation de toulon

La manifestation de toulon

Lundi 6 mai, Thomas, un Gilet Jaune incarcéré à Fleury-Mérogis, a revendiqué dans une lettre « un usage juste de la violence ». Il est en prison depuis février, accusé d’avoir participé à des dégradations sur des voiture de luxe et de police ainsi que d’avoir lancé des projectiles sur la police durant l’acte XIII du mouvement (voir notre article).

Dans sa lettre, il rappelle les nombreux emprisonnements de Gilets Jaunes ainsi que les nombreuses brutalités et mutilations policières subies par ses camarades. Il admet également que « dans certaines situations, le conflit est nécessaire ». Il assume une partie des actes qui lui sont reprochés en étant pleinement conscient que cela lui vaudra de rester plus longtemps en prison.

Il conclut, en parlant du mouvement Gilet Jaune que « Ni la matraque, ni la prison ne semble arrêter ce mouvement. Je suis de tout cœur avec ceux qui continuent. »

Le restaurant de luxe Le Fouquet’s en train de bruler durant l’acte XIII des Gilets Jaunes

Le restaurant de luxe Le Fouquet's en train de bruler durant l'acte XIII des Gilets Jaunes

Lundi 6 mai, quatre Gilets Jaunes ont été condamnés à deux ans de prison (dont 12 mois avec sursis) pour avoir incendier la barrière d’un péage dans la nuit le 15 décembre 2018 à Narbonne. Trois d’entre eux étaient jugés pour «détérioration ou dégradation du bien d’autrui par un moyen dangereux». Le quatrième comparaissait pour complicité, suspecté d’avoir fourni l’essence de sa moto pour l’incendie.

Le juge leur a signifié une interdiction de manifestation et de port d’arme pendant trois ans. Il les a en outre condamné à payer solidairement 288.000 euros à Vinci Autoroutes la et a ordonné leur maintien en détention.

Les quatre Gilets Jaunes avaient été arrêtés mi-février et devaient être alors jugés en comparution immédiate. Mais trois d’entre eux avaient demandé un délai pour préparer leur défense. Les quatre militants avaient alors été placés en détention provisoire en attendant leur procès.

L’incendie avait eu lieu le 15 décembre lors de l’acte VII des «gilets jaunes». Cet incendie était intervenu deux semaines après un autre feu plus important qui avait endommagé la même barrière de péage ainsi que des locaux de Vinci Autoroutes et ceux du peloton autoroutier de la gendarmerie. Au total 14 personnes avaient été arrêtées en janvier suite à ce premier incendie (voir notre article).

La préfecture de Haute-Loire, à Puy-en-Velay, incendiée par les Gilets Jaunes (archive)

La préfecture de Haute-Loire, à Puy-en-Velay, incendiée par les Gilets Jaunes (archive)

Voici quelques nouvelles de la répressions en France dans le cadre du mouvement des Gilets Jaunes et du 1er mai. Samedi 4 mai, se tenait l’acte XXV des Gilets Jaunes. On signale notamment des affrontements à La-Roche-sur-Yon qui ont fait 5 blessés et une dizaines d’arrestations ainsi que des affrontements à Toulouse affrontements qui ont mené à 6 arrestations.

Le mercredi 1er mai, une militante espagnole enceinte qui manifestait à Paris en portant une protection ventrale a été arrêtée au motif qu’elle représenterait « menace pour l’ordre public ». Sa protection ventrale a été qualifiée d’arme par destination par la police qui l’a placé en garde à vue. La militante portait également une pancarte en carton attachée par des ficelles. Ces ficelles ont été considérées comme des frondes.

Elle a été relaxée jeudi soir mais transférée à sa sortie de garde à vue vers un centre de rétention administrative et menacée d’expulsion vers l’Espagne et d’interdiction d’entrer sur le territoire français pendant deux ans. Plus d’infos ici.

Enfin, le 29 avril trois Gilets Jaunes passaient au tribunal pour avoir scandé “Castaner assassin” lors de l’inauguration par le ministre d’un commissariat à Besançon le 13 mars. Les Gilets Jaunes étaient plus d’une centaine pour soutenir leurs camarades au Tribunal, en chantant “on est là !” devant ses portes et forçant l’entrée pour assister à la délibération. Les trois Gilets Jaunes ont écopé de 2 mois de prison avec sursis. Plus d’infos ici.

Arrestations de Gilets jaunes à Bordeaux (archive)

Arrestations de Gilets jaunes à Bordeaux (archive)

A l’occasion du 1er Mai, des comités de soutien à la libération de Georges Abdallah ont organisé plusieurs initiatives de solidarité avec ce communiste arabe enfermé en France depuis 1984. Ainsi à Tunis, Paris et Bordeaux des cortèges ont été constitués dans les manifestations. A Beyrouth, un stand a été tenu à la fin de la manifestation du Parti Communiste Libanais. A Toulouse, une large banderole a été déployée au dessus de la manifestation et des milliers de flyers ont été distribués.

A Bordeaux, durant le 1er mai 2019.

A Bordeaux, durant le 1er mai 2019.

Lundi 29 avril, un Gilet Jaune de Montpellier a été condamné à trois ans de prison. Il était accusé de dégradation lors de six manifestations de gilets jaunes (entre le 16 février et le 23 mars) et de rebellion (lors d’une arrestation ratée le 16 mars). Il aurait été reconnu à cause de sa présence récurrente sur les images des caméras de surveillance. Il portait, en effet, le même matériel (dont des gants rouges) lors des six manifestations au cours desquelles il aurait participé à des attaques de grandes enseignes et de panneaux publicitaires.

Le 16 mars, une première tentative d’arrestation, par un policier en civil sans brassard, échoue grâce à l’intervention d’autres manifestant·e·s. Il est cependant arrêté le 23 mars, après une filature. Le tribunal l’a relaxé pour la rébellion du 16 mars, et pour la dégradation d’une banque mais l’a reconnu coupable pour le reste et condamné à trois ans de prison avec mandat de dépôt et à verser des dommages et intérêts à l’agence propriétaires des panneaux publicitaires. À l’extérieur du tribunal, un rassemblement de soutien était présent.

Les gilets jaunes à Paris (archive)