Des manifestants pro-palestiniens sont descendus avant-hier dans les rues de Londres et des affrontements ont eu lieu entre les manifestants et la police métropolitaine sur le pont de Westminster. Bloqués par la police, les manifestants ont fait un sit-in sur le pont. Les manifestants exigeaient la fin du génocide en cours depuis trois mois à Gaza et un cessez-le-feu immédiat. La manifestation n’était autorisée que dans une zone restreinte et jusqu’à 15 heures seulement.

Une vague d’interdiction et de répression de la solidarité avec la Palestine traverse l’Europe depuis l’offensive du Hamas contre Israël : interdiction de Samidoun en Allemagne et interdiction de rassemblement et de manifestations en France, comme à Nantes ou à Toulouse. Au Royaume-Unis, la ministre de l’intérieur, suella Braveman, a décrété qu’arborer un drappeau palestinien serait considéré par la police comme une « offense criminelle ». Face à cette pression, par pusillanimité ou par opportunisme, plusieurs forces de gauche se sont désolidarisées de la Palestine ou des forces soutenant la résistance palestinienne.

EDIT: A Paris, malgré l’interdiction, des milliers de manifestants se sont rassemblés en soutien à la Palestine place de la République. La police est intervenue en lançant des grenades lacrymogènes et en utilisant une autopompe contre les manifestants qui ont lancé des projectiles et ont dressé des barricades. Il y a eu une dizaine d’interpellations.

 

Toby Shone est un anarchiste qui a été incarcéré pendant presque deux ans, car accusé d’être l’administrateur du projet de contre-information 325.nostate.net (voir notre article). Après que les poursuites pour des raisons politiques soient tombées, Toby a été condamné à 3 ans et 9 mois pour la possession de cannabis et de LSD (voir notre article). Il a été libéré le 28 décembre dernier, avec des restrictions importantes, sous la surveillance d’une équipe multi-forces qui comprenait la National Security Division (anti-terrorisme) et il a été obligé de vivre pendant 9 mois au centre d’hébergement de Gloucester.

Il avait déménagé depuis à peine 9 jours dans un appartement quand, le matin 19 septembre,  il a été arrêté alors qu’il se rendait en voiture à un rendez-vous avec son conseiller de probation. Il serait accusé d’avoir enfreint deux des conditions de sa semi-liberté (avoir été en possession d’un téléphone et avoir participé à une réunion à Bristol en août). On peut lui écrire à cette adresse : Toby Shone / prisoner’s number : A7645EP / HMP Bristol / 19 Cambridge Road / Bishopston / Bristol BS7 8PS (Royaume-Uni).

La police métropolitaine de Londres a annoncé dimanche prendre des mesures de sécurité après « un accès non autorisé au système informatique de l’un de ses fournisseurs » et la violation de données de sécurité. L’entreprise en question avait les noms, grades, photos, niveaux de salaire et de contrôle des policiers et des équipes, mais pas leurs adresses, numéros de téléphone ou données financières, a précisé la police dans un communiqué. Cette entreprise imprime les cartes d’identité et les passes pour la police londonienne, la plus grande force de police du Royaume-Uni.

Cette annonce survient quelques semaines après une fuite de données au sein de la police en Irlande du Nord. Début août, des données concernant environ 10.000 agents de police et personnels avaient fuité, dont le lieu de travail, les noms de famille et les premières initiales des employés, le grade, le lieu où ils étaient affectés et l’unité dans laquelle ils travaillaient. Cette fuite survient quelques mois après que le niveau d’alerte terroriste dans la province a été porté à « sévère » en réponse à une tentative d’assassinat d’un officier supérieur par des républicains dissidents.

À la Mold Crown Court, le juge Rowlands a condamné trois militants de Palestine Action à une peine de 23 mois, et un autre à 27 mois, après que les quatre ont été reconnus coupables de « conspiration en vue de commettre des dommages criminels » contre une usine d’armement américaine basée au Pays de Galles, Teledyne Labtech. Lors de l’action qui s’est déroulée le 9 décembre 2022 (voir nos articles), deux des quatre personnes ont démantelé des équipements militaires à l’intérieur de l’usine, tandis que les autres occupaient le toit. Au total, il y aurait eu pour 1,2 million de livres sterling de dégâts, perturbant la production d’armes. La moitié de leur peine devrait être purgée en prison, et ils ont déjà purgé près de 7 mois, puisqu’ils ont été placés en détention provisoire depuis que l’action a eu lieu.

Le verdict est intervenu après que la majorité de leurs moyens de défense ont été rejetés par le juge, notamment le fait d’avoir empêché un crime plus grave et d’avoir agi par nécessité pour sauver des vies. Bien que le juge n’ait pas permis que les preuves des crimes de guerre commis par Israël soient entendues au tribunal, le directrice de Teledyne a été entendue et a admis que leurs produits étaient notamment utilisés pour des missiles. Teledyne fournit des drones armés à Israël depuis au moins 1973 et est le plus grand exportateur d’armes de Grande-Bretagne vers l’État d’apartheid d’Israël.

Philip O’Keeffe a été arrêté par la police britannique alors qu’il transitait par l’aéroport d’Heathrow à Londres pour se rendre en Irlande. Il s’y rendait pour assister la famille d’un autre internationaliste, l’irlandais Finbar Cafferkey, qui a été tué récemment en Ukraine.  Philip O’Keeffe et Finbar Cafferkey se connaissaient bien, ils avaient combattu ensemble contre l’État islamique en Syrie dans les rangs des YPG. C’est pour cet engagement avec les Kurdes que Philip a été détenu pendant environ six heures en vertu de l’article 7 de la loi de 2000 sur le terrorisme, une loi qui permet à la police d’interroger les voyageurs jusqu’à six heures sans motif pour déterminer s’ils peuvent être un terroriste. En vertu de la loi, les détenus n’ont pas le droit de garder le silence et sont tenus de répondre aux questions. Ils sont également tenus de remettre les éventuels mots de passe de leurs appareils électroniques.

Philip a refusé de remettre les mots de passe de ses appareils, ce qui a conduit la police à l’accuser d’entrave à la justice et à prolonger sa détention du jour au lendemain. Il a ensuite été libéré sous caution avant une audience à Londres la semaine prochaine où il apprendra s’il sera poursuivi. La police métropolitaine a conservé le téléphone et d’autres appareils de M. O’Keeffe. L’avocat de M. O’Keeffe  a déclaré que son client avait été interrogé lors de sa détention initiale sans aucune représentation légale, la police ayant déclaré ne pas pouvoir trouver d’avocat. L’article 7 a fait l’objet de critiques répétées, notamment pour son utilisation contre des militants de gauche. Le mois dernier, la police métropolitaine a utilisé la loi pour arrêter un éditeur français, Ernest Moret, alors qu’il arrivait à Londres avant de le détenir lorsqu’il refusait de remettre ses mots de passe. Ernest Moret aurait été arrêté pour son implication dans les manifestations contre la loi sur l’âge de la retraite en France.

Le 17 octobre au petit matin, Morgan Trowland et Marcus Decker avaient grimpé sur une des tours du Queen Elizabeth II Bridge, un pont emprunté par environ 160.000 véhicules par jour à l’est de Londres, afin de demander au gouvernement de mettre fin à l’exploitation des hydrocarbures dans le pays. Le trafic avait dû être interrompu à partir de 04H00 du matin jusqu’au lendemain 21H00. Les deux militants de Just Stop Oil ont été condamnés à trois ans de prison pour l’un, et deux ans et sept mois de prison pour l’autre. Il s’agit de la plus lourde condamnation pour une action pacifique sur le climat au Royaume-Uni. “Vous avez été punis pour le chaos que vous avez causé et pour dissuader d’autres de vous copier”, a déclaré le juge Shane Collery, du tribunal de Southend, dans l’est de l’Angleterre. Il a souligné que l’action avait affecté “plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont certaines de manière significative”. Morgan Trowland, 40 ans, a déjà été condamné six fois pour de précédentes manifestations. Marcus Decker, 34 ans, a lui déjà été condamné une fois. Depuis que Just Stop Oil a commencé ses actions, en avril 2022, il y a eu plus de 2.000 arrestations et 138 personnes ont été emprisonnées.

La Cour d’appel de Lituanie a confirmé la décision d’un tribunal de première instance d’abandonner les accusations de « terrorisme » contre Liam Campbell en raison de l’expiration du délai de prescription. Ce militant républicain connu avait été extradé d’Irlande vers la Lituanie en mai dernier pour faire face à des accusations liées à la contrebande d’armes pour l’IRA véritable, après plus de dix ans de contestations judiciaires. Le tribunal de district de Vilnius a mis fin aux poursuites pénales à son encontre en septembre après avoir accepté les arguments de la défense selon lesquels le délai de prescription avait expiré en janvier 2018 (voir notre article). Le délai de prescription de l’infraction était passé de 10 à 15 ans dans la période qui s’est écoulée depuis que le crime a été commis. Les procureurs ont fait valoir que le délai de prescription aurait dû être de 15 ans et ont fait appel de la décision devant la cour d’appel. Campbell, qui avait été autorisé à rentrer en Irlande après le verdict du tribunal de district, s’est rendu en Lituanie pour la décision de la cour d’appel vendredi dernier. La cour d’appel a approuvé la décision du tribunal de première instance selon laquelle le délai de prescription était de 10 ans et avait expiré en 2018.

 

Le gouvernement britannique veut durcir les règles entourant le droit de manifester. La police sera, notamment, autorisée à faire stopper les manifestations si elles troublent l’ordre public. Le premier ministre Rishi Sunak a déclaré ne pas accepter « que les protestations d’une petite minorité puissent nuire au reste de la population ». Ces nouvelles mesures visent principalement des groupes comme Extinction Rebellion ou Just Stop Oil, qui ont paralysé à plusieurs reprises la circulation sur les autoroutes ou le centre de Londres à la suite de blocages. L’année dernière, le gouvernement britannique avait déjà restreint le droit de manifester et octroyé à la police davantage de pouvoir pour disperser les manifestations. En mettant encore en place de nouvelles mesures, les autorités britanniques ont notamment en ligne de mire les récentes protestations internationales de la part des activistes pour le climat. Par exemple, le fait de s’attacher ou de se coller à quelque chose en guise de protestation sera interdit à l’avenir, sous peine de sanctions.

 

Quatre militants de Palestine Action ont été placés en détention provisoire après avoir mené une action directe contre l’usine Teledyne Labtech à Presteigne, au Pays de Galles. Selon la justice britannique, le groupe a causé plus de 500 000 £ de dommages à l’usine. Les manifestants ont envahi des bureaux, cassé des ordinateurs, brisé des machines, recouvert le bâtiment de peinture rouge et occupé le toit afin de forcer l’usine à suspendre ses activités.  Teledyne Labtech, fabrique des technologies intégrées  dans les systèmes radar, de guerre électronique, de guidage de de missiles, de communications militaires etc. Cette entreprise américaine exporte en Israël et en Inde des systèmes de surveillance et de ciblage sont utilisés pour réprimer et tuer les Palestiniens et les Cachemiris. Teledyne produit également des capteurs d’images pour des applications militaires, ainsi que des technologies radar autour des frontières de la Cisjordanie et de Gaza occupées. La flotte de drones armés d’Israël, déployée lors des assauts successifs sur Gaza depuis l’attaque de 51 jours en 2014, est également équipée de systèmes de ciblage Teledyne. Les produits de Teledyne Technologies sont donc directement imputables à la surveillance et au meurtre de milliers de Palestiniens.

La détention provisoire des militants intervient après que la cible principale de Palestine Action, Elbit Systems, ait été contrainte de renoncer à un ensemble de contrats d’une valeur de 280 millions de livres sterling avec la Royal Navy. L’État britannique réagit à une série de victoires de Palestine Action, notamment la fermeture d’une usine d’armement d’Elbit à Oldham et de son siège social à Londres. Elbit Systems est confronté à une crise de confiance de la part du gouvernement britannique. Les activistes ont déclaré que ce n’est qu’une question de temps avant que l’entreprise ne soit forcée de quitter la Grande-Bretagne.