Mark Kennedy est entré dans la police vers 1994. Début 2003, il travaille pour la nouvelle National Public Order Intelligence Unit (NPOIU), chargée de surveiller les “extrémistes de l’intérieur”, et reçoit un permis de conduire, un passeport établissant sa nouvelle identité (Mark Stone) et une histoire crédible pour expliquer ses absences : alpiniste professionnel, il part souvent à l’étranger pour des contrats bien rémunérés.

C’est en août 2003 que Kennedy est arrivé avec ses cheveux longs, ses tatouages et la passion de grimper aux arbres dans une ferme reconvertie en base militante, dans le Yorkshire, pour assister à une réunion du mouvement Earth First. Il a deux atouts qui vont bientôt le rendre indispensable au sein du mouvement. D’une part, il conduit et posséde un pick-up ; ensuite, il sait se montrer généreux, acceptant de payer l’impression de documents, louant des véhicules et payant les amendes infligées par les tribunaux.

Il obtient rapidement la confiance des militants. En 2004, il devient membre de Dissent !, un réseau chargé de préparer des manifestations liées au sommet du G8, prévu pour l’année suivante en Ecosse. En 2005, il grimpe aux arbres de la capitale pour accrocher des bannières contre BP, puis Il se rend ensuite au campement de Stirling. Après le G8, Kennedy file en Islande pour manifester contre la construction d’un barrage. Conscients d’être surveillés par la police, les militants limitent au maximum le nombre de personnes informées des détails logistiques de l’opération. Pour des raisons pratiques, les personnes chargées du transport en font généralement partie.

A l’été 2006, Mark Kennedy est un militant à part entière. Il rejoint le cercle des organisateurs du premier Camp climat et participe à son installation près de la centrale à charbon de Drax, dans le Yorkshire (organisés par le groupe militant Camp action climat (CAC), une dizaine de campements se sont installés depuis sur des sites jugés stratégiques, principalement au Royaume-Uni). Lors du Camp climat de l’année suivante à l’aéroport de Heathrow, il se voit confier l’organisation des transports.

En 7 ans, Mark Kennedy s’est tellement bien intégré à la communauté des militants que près de deux cents personnes étaient là pour fêter ses 40 ans. Il a été de presque toutes les grandes manifestations écologistes du Royaume-Uni depuis 2003. Avec son faux passeport, il s’est rendu dans plus de vingt-deux pays, manifestant contre la construction d’un barrage en Islande, rejoignant des militants verts espagnols, pénétrant les réseaux anarchistes d’Allemagne et d’Italie, menant des actions illégales au besoin.

Ce n’est que le 12 avril 2009, que Kennedy commence à être soupçonné. La police avait appris – probablement par Kennedy lui-même – que des militants prévoyaient d’entrer sur le site de la centrale de Ratcliffe-on-Soar, une centrale à charbon située à proximité. Lorsque les militants furent avertis de la présence de nombreux policiers à l’extérieur de la centrale, il fut question d’abandonner le plan. On chargea toutefois Kennedy d’aller vérifier la gravité du problème. A son retour, il déclara [faussement] qu’il n’y avait aucun policier. Les forces de police débarquèrent peu de temps après.

Au cours d’un vaste coup de filet, la police prend d’assaut le bâtiment de l’école dans la banlieue de Nottingham, où les militants se sont rassemblése. A l’intérieur, ils trouvent cent quatorze personnes, dont Kennedy. Le 5 janvier 2011, vingt militants seront finalement condamnés pour le délit mineur de préparation à une effraction après avoir reconnu qu’ils avaient prévu d’occuper la centrale pendant une semaine afin d’empêcher l’émission de 150.000 tonnes de carbone.

Les soupçons contre Kennedy s’aggravèrent lorsque celui-ci, inculpé en même temps que vingt-sept autres personnes, décida de faire appel à un autre cabinet d’avocats. Lui seul fut relaxé. Ce n’est toutefois qu’après avoir découvert par hasard son véritable passeport, des mois plus tard, que les militants finirent par apprendre sa véritable identité. Le 21 octobre 2010, six de ses amis proches le pressèrent de questions. Il finit par avouer et exprimer, en larmes, ses regrets. Kennedy vit à présent à l’étranger.

Kennedy en eco-warrior

En avril 2009, le sommet du G20 s’est tenu à Londres. De nombreuses manifestations avaient émaillé le sommet, avec leur lot de répression policière habituel. Un passant était même décédé après avoir été violemment poussé au sol par un policier. Une commission d’enquête parlementaire a été mise en place pour analyser les événements. Hier, la police londonienne s’est vue obligé d’admettre qu’un de ses commandants haut placés avait menti à cette commission. Le 19 mai, le commandant Broadhurst avait affirmé qu’aucun policier en civil n’était présent dans la foule rassemblée pour protester contre le G20, ajoutant ‘Les seuls officiers que nous déployons à des fins de renseignements dans ces situations sont des officiers de l’équipe de renseignements qui portent l’uniforme de police complet et une veste jaune et bleue. Il n’y avait absolument aucun officier en civil déployé’. Après enquête, la commission a révélé que la déclaration de Broadhurst n’est pas exacte. ‘Des officiers ont été déployés en secret dans les manifestations anti-G20 pour identifier les individus qui pourraient être impliqués dans l’organisation d’activité criminelle et pour donner en direct des informations de renseignements et de preuves concernant les activités des manifestants’. Elle ajoute que contrairement à ce que Broadhurst avait déclaré en 2009, elle a découvert qu’il se pourrait que certains policiers auraient peut-être été utilisés comme agents provocateurs. Le commandant Broadhurst a été convoqué mardi prochain par la commission d’enquête pour s’expliquer quant à son faux témoignage et aux actions policières menées durant le sommet.

Pour la cinquième fois en un mois, les étudiants britanniques sont descendus dans la rue ce jeudi, journée au cours de laquelle la proposition de loi concernant l’augmentation des droits d’entrée à l’université devait être votée. Dès le début de l’après-midi, des milliers de personnes s’étaient rassemblées dans le centre de Londres. Cinq manifestants sont parvenus à pénétrer dans la partie du Parlement réservée au public d’où ils ont scandés des slogans avant d’être expulsé sans ménagement. Pendant toute l’après-midi, les manifestants se sont opposés aux forces de l’ordre qui les empêchaient de s’approcher du Parlement. Des policiers à cheval n’ont pas hésité à charger plusieurs fois la foule afin de la contenir. Selon les médias britanniques, il y aurait eu des dizaines de blessés de part et d’autres, et 22 jeunes auraient été interpellés. A l’annonce de l’adoption de la loi, vers 18h30, plusieurs groupes de quelques centaines d’étudiants sont parvenus à passer à travers le cordon policier pour se disperser dans la capitale. Un de ces groupes est tombé sur la voiture qui transportait le prince Charles et l’ont arrosée de peinture, d’oeufs et d’objets divers. Les vitres du Ministère des Finances ont été brisées et la façade du bâtiment de la Cour Suprême a été maculée. Des manifestations ont également eu lieu à travers tout le pays.

Affrontements à la manifestation estudiantine à Londres
La police montée charge la manifestation estudiantine à Londres

Pour le troisième jour consécutif, plusieurs milliers d’étudiants sont sortis dans les rues à travers toute la Grande-Bretagne. Ils protestent contre l’augmentation des frais de scolarité dans les universités. Une nouvelle loi fixant des frais pouvant s’élever jusqu’à 11000 euros doit être votée avant Noël. Des manifestations ont eu lieu à Londres, et dans de nombreuses villes, grandes et moins grandes. Au moins huit universités ont été occupées et à Birmingham, une trentaine de jeunes ont occupé les bureaux du conseil municipal. A Londres, plusieurs centaines de manifestants ont défilé dans la ville, tentant d’éviter de se faire encercler par les lignes policières comme cela c’était passé la semaine dernière lorsque que des milliers d’entre eux ont été retenus dans un ‘kessel’. Finalement, la police est parvenue à cerner 200 personnes à Trafalgar Square, où des feux ont été allumés, des statues taguées et des objets lancés sur les policiers anti-émeute. Au total, 139 personnes ont été interpellées pour trouble de l’ordre public, et sept avec la qualification de désordre violent. Dans toutes les autres villes, des affrontements entre les forces de l’ordre et les étudiants ont eu lieu. Dix d’entre eux ont également été arrêtés à Bristol.

Manifestation estudiantine à Londres
Manifestation estudiantine à Londres

Les étudiants britanniques sont de nouveau descendus dans les rues ce mercredi, pour manifester contre la hausse des frais de scolarité universitaires. Des milliers de personnes ont manifesté, dès 11 heures à Londres et dans toutes les grandes villes du pays. Des collégiens et lycéens se sont joints à cette journée d’action. Les incidents ont commencé vers 13 heures. Dans le centre de Londres, alors que des milliers d’étudiants étaient contenus par la police, des manifestants sont montés sur un fourgon de police, en ont détruit le pare-brise, et l’ont tagué. Des pancartes en feu ont aussi été jetées vers les agents de police.

Au total, onze personnes ont été blessées dans la capitale, trois ayant été hospitalisées pour des blessures mineures, selon le London Ambulance Service. La police métropolitaine a en outre indiqué au quotidien britannique que deux agents avaient été blessés dans la capitale, l’un deux avec un bras cassé, l’autre ayant perdu conscience. Le porte-parole a ajouté que quinze personnes avaient été arrêtées pour vol et atteinte à l’ordre public durant la manifestation. Mercredi soir, la situation était toujours tendue, avec des milliers de manifestants bloqués dans le centre de Londres par des cordons de police. Des échauffourées entre manifestants et policiers ont également éclaté à Bristol, après que des manifestants ont forcé un cordon de sécurité visant à éloigner le cortège du centre-ville

manifestation étudiante à Londres

Il y a une semaine Amnesty International publiait un rapport intitulé Europe : « Open Secret : Mounting evidence of Europe’s complicity in rendition and secret detention » concernant les détentions secrètes menées par la CIA avec la complicité de certains gouvernements européens. Ces détentions secrètes sont couplées à des disparitions et des actes de torture.

Certaines de ces personnes kidnappées et maintenues secrètement en détention par la CIA, ne sont toujours pas réapparues et on est toujours sans nouvelles de ces disparus. D’autres anciens « kidnappés » ont tous affirmés avoir subi des tortures ou d’autres mauvais traitements.

Déjà les premières enquêtes menées sur le sujet et des procédures judiciaires visant à établir les responsabilités individuelles ou celles d’états ont mis à jours quelques dossiers, parmi lesquels (liste non exhaustive) :

L’Allemagne s’est rendue complice de la détention secrète de Muhammad Zammar, interrogé par des agents allemands alors qu’il était maintenu en détention secrète en Syrie. Les responsables allemands ont reconnu le recours à la torture. Zammar n’a toujours pas obtenu justice, malgré la tenue d’une enquête parlementaire allemande.

L’Italie a inculpé des agents américains et italiens pour l’enlèvement d’Abou Omar à Milan et son transfert illégal vers l’Egypte, où il a été maintenu en détention secrète et torturé. Mais ces affaires, impliquant de hauts responsables américains et italiens ont été classées sans suite, en raison du secret d’Etat ainsi que de l’immunité diplomatique. A l’heure actuelle le gouvernement Berlusconi continue d’utiliser le secret d’Etat pour faire obstruction aux injonctions du Parquet.

La Lituanie a reconnu l’existence de deux prisons secrètes de la CIA sur son territoire. L’action en justice suit son cours.

La Macédoine a participé à la détention illégale, puis à la livraison orchestrée par la CIA vers l’Afghanistan du ressortissant allemand Khaled el Masri, qui a déposé une plainte devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Une première dans l’histoire : c’est en effet la première fois que cette cour devra examiner la complicité de l’un des Etats membres du Conseil de l’Europe dans les programmes de la CIA.

La Pologne : la police des frontières a révélé mi-2010 que sept avions de la CIA, transportant des « passagers » ont atterri à l’aéroport de Szymany, près du site d’une prison secrète à Stare Kiejkuty. En septembre 2010, Abd al Rahim al Nasiri s’est vu accordé par le bureau du procureur le statut de « victime », c’est qui est une première dans toute cette affaire.

La Roumanie a hébergé une prison secrète, mais décline fermement toute implication et ce malgré que de nouveaux éléments mis à jour prouve sa participation à ce programme de la CIA.

La Suède est accusée de ne pas avoir enquêter comme il se devait sur sa complicité avec le programme de kidnapping de la CIA concernant Ahmed Agiza et Mohammed al Zari envoyés en Egypte, où ils ont été torturés. Malgré cela, ces hommes ont obtenu de la Suède des indemnisations, sans que celles-ci à l’heure actuelle soient pleines et entières.

Le Royaume-Uni a également mi-2010 reconnu l’implication de responsables britanniques dans le programme de la CIA. Le gouvernement a promis de diligenter une enquête sur ces responsables de mauvais traitements à des personnes qui auraient été détenues à l’étranger aux mains de services secrets étrangers. Le gouvernement britannique a également admis que les Etats-Unis avaient utilisé le territoire britannique pour ces opérations.

Pour accéder au rapport complet (.pdf, en anglais), cliquer ici

Un nouveau système de surveillance, surnommé Sigard, a été installé dans plusieurs villes hollandaises, et récemment également anglaises. Sigard est un dispositif qui permet d’enregistrer les conversations en public. Selon son fabriquant, Sound Intelligence, il fonctionne en détectant les hausses de ton dans les schémas de conversation. Aux Pays-Bas, des micros ont ainsi été placés dans les centres villes, dans des bureaux du gouvernement, dans des prisons, des gares,… Ce système donne donc la capacité à la police d’écouter les conversations privées tenues dans les lieux publics. Sound Intelligence affirme que les agressions physiques sont régulièrement précédées de violences verbales, et que donc la détection de ces mouvements d’humeur par Sigard permet une intervention policière plus rapide où il pourrait y avoir un problème. Et par la même occasion, permettre une surveillance encore plus intrusive…

Le 17 janvier 2009, alors que les massacres de la population de Gaza se poursuivaient, 5 militants anti-guerre, qui manifestent depuis des années contre le fabricant d’engins de mort EDO-MBM, s’étaient introduits dans son établissement de Brighton Hove (Sussex), non sans avoir préalablement enregistré des vidéos dans lesquelles ils revendiquaient l’action à venir. Dans la place, ils avaient fracassé le plus grand nombre possible d’ordinateurs, jetés par les fenêtres, et détruit ce qu’ils pouvaient de classeurs et fichiers, avant de se laisser tranquillement arrêter par la police au petit matin. Quand les dommages furent chiffrés, à 200.000 € en l’occurrence, l’un des participants répondit avec flegme : « 200.000 seulement ? On croyait en avoir fait un peu plus ! ».

EDO-MBM est une filiale du conglomérat américain ITT Corporation, un groupe industriel dont le passé criminel est l’un des plus sordides, sinon le plus sordide, de l’histoire du XXème siècle. On doit entre autres à ITT ses subventions à Hitler et à son chef des camps de la mort Heinrich Himmler, ses investissements dans l’aviation militaire du régime nazi, sa participation au coup d’Etat du général Pinochet au Chili, et d’innombrables coups tordus en Afrique. Sa filiale EDO-MBM, régulièrement touchée par des scandales de corruption au sein du complexe militaro-industriel, a développé un système de bombardement vertical exclusivement utilisé par les F-16 de l’armée israélienne, principal instrument de terreur aérienne contre les populations du Liban et de Palestine.

Au procès, qui vient de se dérouler à Brighton, les accusés (Robert Nicholls, 52 ans ; Ornella Saibene, 50 ans ; Tom Woodhead, 25 ans ; Harvey Tadman, 25 ans, et Simon Levin, 35 ans) ont déclaré que leur action n’était pas seulement légitime, mais qu’elle était légale. Entre autres, parce que le Statut de Rome fondant la Cour Pénale Internationale (CPI), désormais ratifié par le Royaume-Uni, fait obligation à tout citoyen ou tout institution témoin de crimes de guerre –ce qui est bien le cas de l’aviation israélienne contre le peuple palestinien, avec les matériels fournis par EDO-MBM- de s’y opposer.
Après avoir entendu également le plaignant, le patron de l’usine EDO-MBM qui fut rapidement confondu pour une série de mensonges, le jury a déclaré les cinq accusés non coupables. Le cas de deux autres prévenus doit être examiné ultérieurement.

Selon des chiffres publiés récemment, l’automobiliste anglais moyen aurait plus de 200 de ses trajets répertoriés dans la base de données de surveillance des véhicules du gouvernement. Il y aurait également 7,6 milliards d’inscriptions de plaques minéralogiques actuellement mémorisées grâce au fichier de reconnaissance automatique de plaques de la police. Cette base de données est continuellement nourrie d’images et de détails des voyages des 38 millions d’automobilistes qui croisent les milliers de caméras de surveillance à travers le pays. Ce système développé au début des années ’90 était initialement prévu pour détecter les voitures volées, les taxes routières non-payées,… Mais depuis lors, les milliers de caméras routières et CCTV des centres-villes, des aéroports et d’ailleurs ont été reliées au réseau de la police, dont les hélicoptères sont également équipés. Au départ, on pensait que la plupart des données étaient détruites après un mois et qu’aucune n’était conservée plus de cinq ans. Mais il apparaît qu’en fait, les enregistrements sont conservés ‘aussi longtemps que c’est opérationnellement nécessaire’. Enfin, en 2008, le Ministre de l’Intérieur a signé un ‘certificat spécial’ autorisant que les données soient envoyées à l’extérieur de la zone économique européenne aux autorités antiterroristes américaines ou ailleurs. Le système de gestion du trafic britannique est clairement devenu un outil répressif et un dispositif de sécurité national.

Le syndicat britannique Unite a gagné l’appel qu’il avait introduit contre une décision interdisant à ses affiliés de faire grève chez British Airways.

La justice avait interdit, le 17 mai, un mouvement de grève du personnel de cabine de la compagnie aérienne, qui devait débuter le lendemain. Selon British Airways, le syndicat aurait failli dans ses obligations légales d’information. Dans un premier temps, le juge de la Haute Cour de Londres avait interdit la grève, au motif qu’il n’était pas en mesure de dire s’il est suffisamment clair que le syndicat a effectué tous les actes requis par la loi au moment où ils étaient nécessaires.

Le syndicat a cependant pu saisir la Cour d’appel pour faire lever cette interdiction. Ce qui fut fait jeudi. Et ce qui l’autorise en principe à reprendre le mouvement. Le conflit porte sur des suppressions de coûts parmi le personnel de cabine, la direction ayant l’intention, entre autre, d’ôter un membre par équipage.