Depuis la prison de Trente, l’anarchiste italien Massimo Passamani a annoncé qu’il renonçait volontairement pendant une semaine à sa permission de sortie pour travailler. Un geste destiné à exprimer sa solidarité avec les membres de Palestine Action détenus au Royaume-Uni, actuellement en grève de la faim, ainsi qu’avec Luca Dolce, lui aussi engagé dans cette lutte collective (voir notre article). Passamani explique que cette décision n’est pas adressée à l’administration pénitentiaire, mais à toutes celles et ceux qui, dans le monde, se mobilisent contre le génocide du peuple palestinien. Dans une déclaration (lire en entier), il évoque la force qu’il puise dans les luttes menées par les prisonniers palestiniens et les militants incarcérés en Grande-Bretagne, soumis à une répression féroce.

[…] La force qui me parvient depuis les prisons britanniques — et qui reflète à son tour la ténacité de cette résistance que les prisons sionistes et les centres de détention administrative ne parviennent pas à briser, malgré l’isolement, la torture et les viols — prend non seulement la forme d’une communauté d’éthique et d’idéaux, mais aussi celle de l’intensité des émotions que je ressens en lisant les déclarations des grévistes de la faim.

Je suis convaincu, parce que je le sens dans chaque fibre de mon être : l’élan mondial contre le génocide à Gaza et contre le système global qui le rend possible est un nouveau départ, un commencement.

En plus de ce qui s’est passé dans les rues, dans les ports, dans les universités ; en plus des sabotages menés jour et nuit, les protestations qui relient les prisonniers par-delà les barreaux, les pays et les continents en sont également un signe important.

Avant tout parce que la relation qui se tisse entre « dedans » et « dehors » est une relation de réciprocité et de circularité, et non un simple soutien allant de « l’extérieur » vers « l’intérieur ». Le fait que la fermeture de tous les établissements d’Elbit Systems au Royaume-Uni fasse partie des revendications des Prisoners for Palestine montre la volonté de ne pas séparer son propre destin de la libération de la Palestine — un objectif qui exige rien de moins que la subversion mondiale des rapports de pouvoir et d’exploitation, dont le colonialisme de peuplement sioniste est un élément essentiel. […]

Suite à une action militante contre le principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems à Ulm début septembre, cinq militants ont été placés en détention provisoire (voir notre article). Outre les accusations d’intrusion et de dégradation de biens, ils sont également accusés d’appartenance à une organisation criminelle. Daniel, Leandra, Vi, Walt et Zo ont été répartis dans différentes prisons du sud-ouest de l’Allemagne et subissent diverses formes de harcèlement. Afin de les soutenir, le Rote Hilfe Stuttgart organise une campagne pour leur écrire et leur distribuer leurs courriers.

Nom des prisonniers : Daniel (iel/aucun pronom, écrire en anglais), Leandra (elle, écrire en anglais/espagnol), Vi (iel/aucun pronom, écrire en allemand/anglais), Walt (iel/aucun pronom, écrire en anglais) et Zo (iel/aucun pronom, écrire en anglais)

Adresse : Rote Hilfe eV · Böblinger Straße 105 · 70199 Stuttgart

Enseignant en LLCER arabe à la Sorbonne Nouvelle, Maamoun Hamad est convoqué devant un conseil de discipline pour avoir apposé un drapeau palestinien sur son sac. Après plusieurs mois de tensions avec la présidence de l’université Paris-3 à ce sujet, cette menace de sanction illustre les atteintes portées à la liberté académique dans le contexte du génocide à Gaza au sein des universités françaises, comme l’a montré récemment l’interdiction d’un colloque sur la Palestine au Collège de France (voir notre article).

Afin de soutenir les prisonniers pro-palestiniens en grève de la faim depuis le 2 novembre (voir notre article), Prisoners For Palestine appelle à se rassembler devant plusieurs prisons britanniques ce weekend. Actuellement, 6 prisonniers mettent leur vie en danger et exigent que le Royaume-Uni rompe ses liens avec Elbit Systems, mette fin à l’interdiction de Palestine Action, garantisse la libération sous caution immédiate des 33 prisonniers britanniques pour leur engagement pro-palestinien et la fin de la censure en détention.

Le 16 juillet 2025, le Tour de France faisait étape dans le centre-ville de Toulouse. À cette occasion, plusieurs militants ont mené des actions de protestation contre la participation de l’équipe Israel Premier Tech, accusée de servir d’outil de softpower et de sportwashing au profit de l’État génocidaire israélien (voir notre article). Parmi eux, le militant Amine Messal a été placé 24 heures en garde à vue pour avoir simplement porté, pendant treize secondes, un t-shirt affichant le slogan “Israel out of the Tour” sur la route. Il sera jugé le 19 novembre prochain. Ce même jour, un rassemblement de soutien est prévu à partir de 13h, devant le tribunal judiciaire de Toulouse (métro Palais de Justice), afin d’exiger sa relaxe.

Tarek Bazrouk est un Palestinien de 20 ans originaire de New York qui était en détention provisoire depuis plusieurs mois (voir notre article). Le 28 octobre dernier, il a été condamné à 17 mois de prison fédérale, assortis de trois ans de mise à l’épreuve, suite à des accusations fédérales liées à des manifestations en faveur de la Palestine. Selon la défense, le temps déjà passé en détention pourrait ramener la peine effective à environ 11 mois. Ses avocats ont demandé son transfert vers la prison de Fort Dix (New Jersey), afin qu’il puisse rester proche de sa famille et bénéficier d’un suivi psychiatrique adapté. Le parquet fédéral avait réclamé une peine de 36 mois, mais cette demande a été rejetée après une forte mobilisation des soutiens venus en nombre assister à l’audience au tribunal fédéral de Pearl Street, à New York.

Âgé de 33 ans et militant du mouvement Palestine Action, Sean Middlebrough est actuellement en fuite après avoir bénéficié d’une libération conditionnelle de quatre jours le 23 octobre à l’occasion du mariage de son frère. Il était en détention provisoire en lien avec une action menée en août 2024 contre le site du principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems à Filton, près de Bristol (voir notre article). Cela a notamment entraîné la destruction de drones largement utilisés par l’armée israélienne lors de son agression génocidaire à Gaza. Dans une déclaration publique, il a affirmé :

« Je ne suis pas en fuite. J’agis simplement avec bon sens, refusant d’être détenu comme un prisonnier de guerre d’Israël dans une prison britannique. […] Vingt-trois de mes coaccusés, héroïques et honorables, restent enfermés après notre enlèvement par la police antiterroriste. »

Ce dimanche 9 novembre, Thomas Römer, administrateur du Collège de France, a annoncé dans un communiqué l’annulation du colloque « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », initialement prévu les 13 et 14 novembre. L’événement était organisé par l’historien Henry Laurens, en partenariat avec le Centre arabe de recherche et d’études politiques de Paris (Carep Paris). Cette annulation intervient à la suite d’une campagne menée par plusieurs organisations proches de la droite pro-israélienne, notamment la LICRA, qui avait indiqué saisir le ministère de l’Enseignement supérieur pour contester la participation de certaines personnalités, dont Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens. Officiellement motivée par des « risques de trouble à l’ordre public », cette interdiction constitue une première au Collège de France depuis le Second Empire.

Dimanche 9 novembre, les autorités israéliennes ont renouvelé la détention administrative de Wael Jaghoub pour six mois supplémentaires. Il avait été libéré lors de l’accord d’échange entre les organisations palestiniennes de Gaza et Israël en janvier 2025, puis arrêté à nouveau le 6 mai dernier à Naplouse (voir notre article). Wael Jaghoub est un dirigeant de premier plan du FPLP, il a notamment été secrétaire adjoint de la branche des prisonniers du FPLP pendant plusieurs années et il a publié de nombreux articles et textes en détention.

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