À la mi-juin, des centaines de militants internationaux s’étaient donné rendez-vous au Caire (photo), avec l’objectif de former une caravane vers le désert du Sinaï, jusqu’à la frontière avec l’enclave palestinienne, pour tenter de briser le blocus israélien en place depuis mars. Mais l’initiative a tourné court : les autorités égyptiennes ont refusé de donner leur feu vert. De nombreux étrangers ont été expulsés dès leur arrivée sur le sol égyptien (voir notre article). Plus grave, sept sympathisants égyptiens ont été arrêtés (voir notre article) et sont à ce jour toujours détenus.

Ils sont accusés d’appartenance à groupe terroriste, propagation de fausses informations nuisant à la sureté nationale et financement du terrorisme. Bien sûr, ce sont de fausses accusations. Le gouvernement égyptien et le pouvoir judiciaire utilisent ces accusations sur la base des lois antiterroristes pour étouffer toute opposition.

Parmi les sept détenus, au moins l’un d’entre eux, un infirmier de 25 ans, aurait été victime de mauvais traitements. Son nom est Mohamad Gamal. Il a été torturé pendant sa détention dans les locaux de la sûreté d’État pour s’être mis en liaison avec des activistes du monde entier ou pour avoir songé à se joindre à leur marche pour Gaza. Environ une centaine d’autres militants égyptiens sont toujours détenus depuis près d’un an et demi sur les mêmes chefs d’accusation et toujours pour avoir manifesté en solidarité avec la cause palestinienne.

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Samedi 13 juillet à Londres, 41 personnes ont été arrêtées après avoir participé à un rassemblement pour dénoncer la récente interdiction de Palestine Action en vertu des lois antiterroristes (voir notre article). Ils ont brandi des pancartes blanches sur lesquelles était inscrit : « Je m’oppose au génocide. Je soutiens Palestine Action ». Déjà la semaine dernière, 29 personnes avaient été arrêtées pour avoir participé à une manifestation similaire (voir notre article).

L’engagement social des fans de K-Pop a commencé dès 2013, par des collectes de fonds ou de nourriture au profit d’organisations caritatives. En mars 2018, le mouvement connait un tournant sous l’impulsion des fans du groupe star BTS : le collectif One In An ARMY lance chaque mois une nouvelle campagne de micro-dons pour soutenir une ONG. En 2020, One In An ARMY collecte un million de dollars en 24 heures au profit de Black Lives Matter.

iWatch Dallas était l’application via laquelle la police de Dallas a demandé le 31 mai 2020 de transmettre des vidéos permettant d’identifier les manifestants ayant des comportements jugés répréhensibles lors des rassemblements BLM. Les fans ont immédiatement inondé l’application de fancams de stars de la K-Pop, les dénonçant à la police « pour avoir volé leur cœur ». Le lendemain, l’application était hors service…

Les fandoms ont noyé de la même manière le hashtag #WhiteLivesLatter du mouvement suprématiste blanc américain à coup de GIFs et clips vidéo, et organisé une vaste initiative de trolling contre un meeting de Trump. En se coordonnant pour réserver des milliers de billets, ils ont fait en sorte qu’une bonne partie des 19 000 places de la salle restent vides, transformant le meeting en flop. Les fandoms de K-pop vont aussi massivement soutenir les manifestants en Thaïlande, au Myanmar, en Indonésie et à Hong Kong. Actuellement, les fandoms soutiennent activement les populations de Gaza par des collectes au bénéfice de l’aide humanitaire et par des appels au boycott (notamment culturel) d’Israël.

C’est ainsi que le mois passé, la BTS army a enjoint le conglomérat multinational sud-coréen du divertissement Hybe Corporation (qui est à la fois une maison de disques, une agence artistique, une société de production musicale, une société de gestion d’événements et de concerts, et une maison d’édition musicale) de boycotter Israël en s’expliquant ainsi : « Les BTS ARMY, l’un des fandoms les plus influents au monde, ne supportent pas l’oppression systémique du peuple palestinien. Nous sommes un groupe de personnes du monde entier qui a appris de BTS et d’autres fans de BTS l’importance de la justice sociale en temps de crise. »

Différentes institutions pénitentiaires palestiniennes viennent d’annoncer que le nombre de prisonniers palestiniens était d’environ 10 800 au début du mois de juillet 2025. Ce chiffre représente le nombre le plus élevé de prisonniers depuis l’Intifada Al-Aqsa en 2000. Parmi eux, 450 mineurs et 50 femmes ainsi que 3629 en détention administrative (un emprisonnement sans charge ni procès). Par ailleurs, il faut ajouter à ce décompte qu’au moins 2 454 palestiniens de Gaza sont actuellement détenus comme « combattants illégaux », un chiffre qui n’inclut pas toutes les personnes incarcérées dans des camps militaires israéliens.

Un équipe propagandiste d’Israël, « Israël Premier Tech », participe au Tour de France. Sylvan Adams, le patron de cette équipe, qui soutient ouvertement l’expulsion des Palestiniens de leurs terres, s’est félicité de n’avoir vu aucun drapeau palestinien sur le Tour de France. Et pour cause : la police française y veille. Depuis le départ du Tour, le 5 juillet, les militantes et militants présents sur le parcours en arborant simplement le drapeau palestinien sont la cible de violences policières. À Lille le 5 juillet, les manifestants ont été nassé·es, contrôlé·es et fouillé·es et les drapeaux saisis. À Caen le 9 juillet, d’autres ont été gazés et jetés à terre. Une banderole a été lacérée de coups de couteaux et détruite, des drapeaux palestiniens ont été volés. Des policiers ont affirmé qu’ils avaient reçu la consigne qu’aucun drapeau ou marque de soutien à la Palestine ne soit visible sur le parcours du Tour de France. À Flers le 10 juillet, une dizaine de militant·es ont été interpellés et là aussi des drapeaux palestiniens ont été saisis.

Le 7 mai 2025, le Palestinien Tarek Bazrouk, âgé de 20 ans, a été pris pour cible, arrêté et détenu par le FBI. Les agents fédéraux ont perquisitionné son domicile pendant plus de huit heures avant de l’inculper de délits fédéraux de « crime de haine ». Ces accusations font suite à sa participation aux manifestations de 2024 contre le génocide en cours à Gaza. Bazrouk risque maintenant jusqu’à 5 ans de prison fédérale. Depuis son arrestation, Bazrouk a fait l’objet d’une diffamation acharnée, de doxxing et de calomnies. Malgré son absence de casier judiciaire et ses liens étroits avec la ville de New York, Bazrouk s’est vu refuser une libération sous caution et reste détenu au Metropolitan Detention Center de Brooklyn. Il est actuellement dans l’attente de son procès, prévu pour le mois d’octobre.

Participer à la collecte de soutien

Ce mardi 8 juillet, le tribunal de Nanterre a prononcé la relaxe des sept activistes poursuivis pour une action initiée par Palestine Action France en février 2024, devant les locaux de Thalès à Gennevilliers (voir notre article). Durant le procès, ils ont assumé la légitimité de leurs actes et dénoncé la complicité du géant industriel français avec le génocide en cours en Palestine. 16e vendeur d’armes au monde, cette entreprise coopère avec la principale entreprise israélienne de l’armement Elbit Systems, notamment en fabriquant conjointement le drone Watchkeeper WK450 qui est utilisé pour surveiller et bombarder Gaza. Cette relaxe intervient alors que l’antenne britannique de Palestine Action vient d’être classée « organisation terroriste » et que 22 activistes du mouvement sont toujours emprisonnés en Grande-Bretagne (voir notre article).

Plusieurs dizaines d’organisations toulousaines appellent à se rassembler ce lundi 14 juillet à 19H à la sortie du métro Jeanne d’Arc à Toulouse en soutien à Georges Abdallah (lire l’appel). Communiste libanais et combattant de la résistance palestinienne, il est emprisonné en France depuis plus de 40 ans alors qu’il est libérable depuis 1999. Devenu le plus ancien prisonnier politique d’Europe, il est la cible d’un acharnement politico-judiciaire alors même qu’il refuse de céder au chantage au reniement et demeure fidèle à son engagement révolutionnaire.

Cette mobilisation intervient alors que la décision sera rendue le 17 juillet à propos de sa dernière demande de libération. Dans ce cadre, la Campagne unitaire pour la libération de Georges Abdallah appelle à se mobiliser, notamment le mercredi 16 juillet à la veille du rendu.

Le mercredi 2 juillet, une loi dite “contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur” a été adoptée à l’Assemblée Nationale. Utilisant une définition assimilant l’antisionisme à de l’antisémitisme, l’objectif est en réalité de donner plus de moyens aux présidences d’universités dans leur politique de répression des voix pro-palestiniennes. En effet, la loi prévoit la mise en place de sections disciplinaires au niveau de l’académie pour contourner les sections disciplinaires internes composées à moitié d’étudiant·es et jugées trop laxistes. Ces sections seront présidées par le recteur, permettant au ministre de réprimer directement les étudiant·es et pourront être directement saisies par les présidences d’universités. Ainsi, l’arbitraire des procédures judiciaires est accentué.

Le texte permet également d’interdire l’accès aux locaux à un·e étudiant·e poursuivi·e avant même qu’une décision disciplinaire ne soit rendue. En plus de tout cela, des mobilisations ou conférences pourront être interdites sous motif de “lutte contre la haine”, tout acte ou propos considéré comme “incitation à la haine” pourra être sanctionné disciplinairement même si commis ou prononcé en dehors de la fac. Évidemment, les notions de haine et de violence ne sont jamais définies dans ce texte pour laisser les présidences réprimer le plus largement possible.

Depuis plus d’un an, un grand mouvement de soutien au peuple palestinien et à sa résistance s’est organisé sur les facs françaises pour dénoncer la complicité du monde universitaire dans le génocide en cours en Palestine. Dans le même temps, une féroce répression a vu le jour avec des interdictions de mobilisation et des exclusions d’étudiant·es. Cependant, jusque-là, les sanctions, notamment celles concernant des comportements extérieurs à l’établissement, s’appuyaient sur des interprétations floues sans véritable base légale et donc facilement contestables. Cette nouvelle loi légalise ainsi la possibilité d’exclure un·e étudiant·e pour une action militante extérieure, si elle est liée à la fac.

Les 9 et 10 juillet 2025 à la Cour d’assises de L’Aquila en Italie, les deux audiences les plus décisives de la procédure judiciaire d’Anan Yaeesh auront lieu. Fin janvier 2024, il est arrêté par la police italienne puis transféré en détention pour collaboration avec les Brigades de Tulkarem, organisation liée aux Brigades des Martyrs d’Al Aqsa (un des groupes armés du Fatah). Il est aujourd’hui jugé pour sa participation à la résistance contre la colonisation en Cisjordanie occupée. Déjà en 2006, il a été gravement blessé et détenu 4 ans par l’occupation israélienne. Aujourd’hui, cette procédure vise en réalité à remettre en cause la légitimité de la résistance palestinienne et criminaliser le mouvement de solidarité.

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