Mariam Abudaqa était venue en France, à l’invitation de plusieurs organisations et collectifs, pour une tournée de conférences sur son combat féministe et la situation à Gaza. Alors qu’elle était entrée en France avec un visa parfaitement régulier délivré par les autorités françaises, elle s’était vue signifier un arrêté d’expulsion en plein milieu de sa tournée, un arrêté que le tribunal administratif avait suspendu par une ordonnance le 20 octobre (voir notre article). Le gouvernement français s’était acharné contre elle en faisant appel de cette décision devant le Conseil d’Etat : celui-ci avait finalement, dans la journée du 8 novembre, annulé la décision du Tribunal administratif (voir notre article). Mariam Abudaqa a été interpellée pendant la nuit de mercredi à jeudi à Paris, quelques heure après cette décision. Jeudi soir, un manifestation de solidarité avait eu près de la préfecture de police à Paris pour réclamer sa libération et dénoncer les conditions de son interpellation. Mariam Abudaqa  a été expulsée vers l’Egypte vendredi soir.

 

 

Mariam Abudaqa, 71 ans, arrivée en France de Gaza en septembre, avait fait l’objet d’un arrêté d’expulsion de France en raison de son appartenance au FPLP, et pour sa participation à une tournée de conférences en France sur les conditions de vie des Palestiniens de Gaza et/ou l’apartheid israélien (voir notre article). Une décision du tribunal administratif de Paris  avait suspendu l’arrêté d’expulsion du ministère de l’Intérieur, mais le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française, a donné son feu vert mercredi à l’expulsion. Mariam Abudaqa, née dans le village de Bani Suheila à l’est de Khan Younis (dans la bande de Gaza), a un doctorat en philosophie. Résistante à l’occupation israélienne, elle est une combattante pour les droits des femmes et un soutien aux prisonnières politiques palestiniennes. Elle vit habituellement à Gaza et y préside le conseil d’administration de l’association féministe : Palestinian Development Women Studies Association.

Le bilan des Palestiniens tués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza s’élève à 9 227 morts, dont 3 826 enfants et 2 405 femmes, et plus de 23 500 Palestiniens ont été blessés. Mais les forces israéliennes tuent aussi en Cirsjordanie. 177 Palestiniens tués depuis le 7 octobre, essentiellement des manifestants s’opposant aux raids des forces de l’occupation.

Au moins sept Palestiniens ont ainsi été tués vendredi lors de divers affrontements avec larmée israélienne en Cisjordanie. Deux ont été tués dans une frappe aérienne dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, deux par des tirs israéliens dans la ville de Jénine, et deux dans des affrontements dans le camp dAlFawwar, au sud de la ville dHébron, tandis quun autre a été tué par balle lors de lassaut des forces israéliennes sur le camp de réfugiés de Qalandiya, au nord de JérusalemEst. En outre, plus de 14 autres personnes ont été blessées lors daffrontements avec les forces israéliennes dans divers endroits. Vendredi, le camp de réfugiés de Jénine a été le théâtre d’un raid massif de dizaines de véhicules militaires et de bulldozers israéliens, qui ont poursuivi leurs opérations pendant plus de dix heures d’affilée.

 

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La ministre allemande de l’Intérieur Faeser a interdit ce jeudi matin l’activité de plusieurs organisations palestiniennes parmi lesquelles le réseau Samidoun en Allemagne. Les conséquences sont la confiscation des biens éventuels, l’interdiction des sites Internet et de toute activité (y compris sur les médias sociaux). Les personnes qui continuent à travailler pour ces organisations sont passibles de poursuites.

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Le nombre de Palestiniens emprisonnés a doublé depuis l’attaque du 7 octobre, et les mauvais traitements ont également augmenté de manière spectaculaires. Des vidéos circulent montrant des prisonniers palestiniens dénudés, les yeux bandés, subissant des mauvais traitements. Les prisonniers subissent des simulacres d’exécution, des passages à tabac, et on utilise contre eux des chiens policiers. Les visites des familles et avocats ont été interdites, ainsi que les possibilité d’acquérir de la nourriture, et l’électricité a été coupée dans les cellules. Des raids sont menés brutalement dans les cellules, les prisonnières détenues à Damoud ont été gazées. Plusieurs prisonniers dont Amhad Saadat ont « disparus », transférés vers des lieux de détention inconnus.

prisonniers palestiniens (archive)

 

 

Malgré l’interdiction du rassemblement, des milliers de personnes se sont retrouvées à Paris ce samedi 28 octobre pour exprimer leur soutien au peuple palestinien. Les forces de l’ordre ont nassé 3 000 à 4 000 manifestants place du Châtelet. 1 359 personnes auraient écopé d’une amende de 135 euros pour participation à une manifestation interdite. 21 personnes ont également été interpellées. Les tentatives de partir en manifestation ont été réprimées par les forces de l’ordre qui ont fait usage notamment de grenades lacrymogènes. Le rassemblement avait été interdit à Paris en raison d’un risque de troubles à l’ordre public, décision validée par le tribunal administratif ce samedi matin. À Nice, Lyon et Montpellier, plusieurs centaines de personnes sont aussi descendues dans les rues alors que les manifestations avaient cette fois été interdits par la préfecture. A Londres, 100 000 personnes ont manifesté pour la Palestine.

Tandis que l’armée israélienne poursuit ses crimes de guerre à Gaza, des soldats israéliens ont tué quatre jeunes Palestiniens et en ont blessé au moins douze hier vendredi, dans la partie nord de la Cisjordanie. Plus de 40 véhicules militaires israéliens blindés ont envahi la ville de Jénine et les zones entourant le camp de réfugiés de Jénine, tandis que des hélicoptères et des drones militaires survolaient la ville. Abdullah Bassam Abu Al-Haija, 28 ans, originaire de la ville d’Al-Yamoun, a été touché de plusieurs balles réelles, avant qu’il ne soit transporté à l’hôpital où il a succombé à ses blessures. Ayser Mohammad Al-Amer, 25 ans, du camp de réfugiés de Jénine, a été blessé par balle. Les militaires ont a ouvert le feu sur une ambulance pour empêcher qu’il soit secouru, ce qui a conduit à sa mort par hémorragie. Jawad Abdul-Salam Turki, 22 ans, a été tué près d’une école de l’UNRWA dans le camp de réfugiés de Jénine. Jawad Abdulsalam Turki Qatban, 16 ans, a été tué par un sniper près du camp de réfugié d’Al-Awda. Au moins douze autres jeunes hommes ont été blessés par balles réelles.

Les bulldozers de l’armée israélienne ont détruit des rues, endommagé des biens et des infrastructures, et endommagé la principale canalisation d’eau qui alimente le camp de réfugiés de Jénine. Les soldats ont installé des barricades dans les rues menant au camp de réfugiés afin de l’isoler de la ville de Jénine et de la région environnante. 103 Palestiniennes ont été tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre, dont 32 enfants, et l’on décompte déjà plus de 1956 blessés. Parmi ces Palestiniens, 97, dont 30 enfants, ont été tués par les forces occupantes et six, dont un enfant, par des colons israéliens.

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L’offensive dite “Déluge d’Al Aqsa” lancée à partir de Gaza, la contre-offensive israélienne sur Gaza, et l’offensive propagandiste et répressive réactionnaire en Europe se combinent en une situation complexe qui a posé plusieurs interrogations dans la gauche révolutionnaire.
La gauche révolutionnaire doit avoir un positionnement propre, inscrit dans sa situation, dans ses conditions historiques et sociales, lié à ses propres perspectives révolutionnaires. Nous devons pour cela éviter deux écueils:
– porter des jugements, accorder des bons ou des mauvais points selon des critères européocentrés,
– renoncer à toute analyse propre et se contenter d’une posture de soutien inconditionnel.
L’internationalisme, c’est d’abord la capacité à lier des situations différentes dans une perspective commune.
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Les interdictions continuent de tomber pour les manifestations en soutien avec la lutte du peuple palestinien, comme à Lille et  à Montpellier. Vendredi, les meetings en faveur de la libération de Georges Ibrahim Abdallah prévus à Paris et à Toulouse ont également été interdits. Par contre, ce samedi 21 octobre, la manifestation prévue en faveur de la libération de Georges Ibrahim Abdallah a pu se dérouler à Lannemezan (photo), malgré une interdiction émise par la préfecture des Hautes-Pyrénées. En début d’après-midi, le jour même donc, le tribunal administratif de Pau a suspendu l’exécution de l’arrêté d’interdiction. L’annonce de l’interdiction a naturerellement causé un grand tort à la mobilisation.

Le tribunal administratif de Bordeaux a suspendu l’interdiction de la Préfecture de Gironde du rassemblement « pour la liberté d’expression et le droit de manifester pour la libération de Georges Abdallah ». Vendredi, le secrétaire général, Jean-Paul Delescaut et une secrétaire administrative de l’UD CGT 59 ont été placés en garde à vue pour un communiqué de soutien à la Palestine. Un rassemblement s’est tenu devant le commissariat central de Lille, quelques heures avant leur libération. Le secrétaire général de la CGT Nord 59 avait été interpellé dans la matinée à son domicile pour « apologie du terrorisme » suite à la publication d’un communiqué de l’UD en solidarité avec la Palestine, qui titrait : « La fin de l’occupation est la condition de la paix en Palestine ».

La répression de l’expression de la solidarité avec les Palestiniens ne diminue pas en Europe. En Belgique, les deux propositions  de manifestation du Secours Rouge (une à 1000 Bruxelles, une à Ixelles) ont été interdites, et le meeting de Samidoun (à Jette) est « sous enquête ». En Allemagne, la brutale répression d’une manifestation interdite a tourné à l’affrontement : 174 personnes ont été interpellées, dont 65 font l’objet d’une enquête pénale pour avoir résisté aux forces de l’ordre. Il y a eu des dizaines de blessés. En Suisse alémanique, aucune manifestation relative au Moyen-Orient sera autorisée les prochains jours. C’est en France où la répression est la plus forte: les plus petites initiatives organisées dans les plus petites localités et jusqu’à l’intérieur de locaux sont interdites et interrompues par la police. Et comme toujours dans ce genre de situation, le zèle mène au ridicule: La police municipale de Valence est intervenue mercredi soir pour faire éteindre l’enseigne du restaurant « Chamas Tacos ». En raison d’une panne d’éclairage de la première lettre, elle affichait « Hamas Tacos »…

En France cependant, le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française s’est prononcée mercredi contre l’interdiction systématique des rassemblements propalestiniens décidée par Gérald Darmanin. Le Conseil d’État a estimé qu’il revenait aux seuls préfets d’apprécier s’il y avait localement un risque que de telles manifestation constituent des troubles à l’ordre public. Le Conseil d’Etat avait été saisi en urgence par le Comité action Palestine.