Le 30 novembre 2010, à Colombes, des policiers avaient fait usage de leur Taser lors de l’interpellation de Mahamadou Marega, un homme sans-papier d’origine malienne. Pour le ‘maîtriser’, ils avaient utilisé des gaz lacrymogènes, puis leurs Tasers, causant la mort immédiate de Marega. Ce 4 mai, le Défenseur des droits (ex Commission nationale de déontologie de la sécurité) a annoncé, après enquête, ‘des manquements à la déontologie de la sécurité’ et a recommandé des poursuites disciplinaires à l’encontre des deux policiers pour avoir fait un usage abusif de leur pistolet à impulsion électrique. Par ailleurs, le Défenseur des droits a décidé ‘de mener une réflexion sur l’usage du pistolet électrique à impulsion, au regard des problèmes soulevés par l’utilisation de cette arme par les forces de l’ordre. Enfin, il recommande d’ores et déjà l’interdiction des Taser X26 de couleur orange, qui ne sont pas munis d’un dispositif d’enregistrement audio et vidéo. Il va également mener une réflexion semblable pour les flashballs.

Dès le mois de septembre, la commune d’Etterbeek va procéder au remplacement de toutes ses caméras de surveillance par des installations plus performantes et plus perfectionnées. Ces nouvelles caméras permettront, notamment, de faire des zooms. Cette initiative, justifiée par les autorités par le grand nombre de manifestations dans le quartier européen, est soutenue financièrement par les autorités européennes. Par ailleurs, le traitement des images de toutes ces caméras sera directement confié à la zone de police Montgomery.

Caméras de surveillance (archive)

Le SPF Justice veut lancer d’ici la fin 2012, un système de surveillance de justiciables par GPS. L’objectif serait de couvrir, via ce système, entre 5 et 10% des détentions préventives et de réduire ainsi la surpopulation carcérale. Un budget d’un million d’euros a été programmé pour couvrir les frais de monitoring et de personnel ainsi que 500.000 euros pour l’achat d’un nouveau logiciel, qui doit permettre d’améliorer la gestion de la surveillance électronique classique.

Le principe de cette surveillance: le prévenu est équipé d’un boîtier inviolable et est surveillé en permanence grâce au système GPS/ antennes GSM. Au 1er mars dernier, près d’un détenu sur trois (31,7%) était en détention préventive soit 3.525 personnes sur un total de 11.109 détenus.

Le Taser, présenté depuis 2000 comme une arme non-léthale, est un engin qui utilise des courants électriques pou interrompre le contrôle musculaire à distance, permettant ainsi de maîtriser la personne visée sans nécessité d’une confrontation physique. Le Taser est utilisé par plus de 16000 organes en charge de faire respecter la loi dans plus de 100 pays à travers le monde. Malgré son caractère non-léthal revendiqué, aux Etats-Unis, entre 2000 et 2006, le Taser a fait 160 victimes, décédées des suite d’un choc électrique en provenance d’une telle arme.

La American Medical Association vient de publier une étude affirmant que le Taser n’a rien de non-léthal. D’après les résultat de l’enquête, le choc en provenance d’un Taser peut causer un arrêt cardiaque entraînant la mort. Selon cette étude, le Taser tire des piques qui se fixent aux vêtements et à la peau, envoyant un choc électrique à travers le corps, choc pouvant causer des pulsations cardiaques irrégulières et un arrêt cardiaques, conditions dans lesquelles le coeur ne peut pas se contracter correctement. Cette étude est la première étude académique et scientifique à trouver la preuve que les Tasers peuvent causer des arrêts cardiaques.

EADS, le géant européen de l’aéronautique et la défense a annoncé vendredi la création d’une nouvelle unité en son sein. Celle-ci, nommée Cassidian Cybersecurity, regroupera toutes les activités d’EADS dans le domaine de la cybersécurité. Elle visera les marchés d’Europe et du Moyen-Orient, mais se concentrera sur l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France pour un chiffre d’affaire espéré de 500 millions d’euros en 2017. Dans le monde, la cybersécurité est un secteur qui croît de 10% par an.

EADS

EADS

La machine de guerre « anti-terroriste » américaine ne cesse de grandir. Environ 45 agences de sécurité nationales (dotées d’un budget officiel annuel de 75 milliards de dollars), 1.270 organisations gouvernementales ainsi que 1.970 sociétés privées travaillent à des tâches de renseignement militaire et de contre-terrorisme, dans près de 10.000 sites confidentiels, répartis sur l’ensemble du territoire. Les effectifs de l’agence de renseignement du Pentagone (Defense Intelligence Agency) seraient passés de 7.500 à 16.500 en dix ans. Le FBI, qui ne comptait qu’une trentaine d’unités antiterroristes en 2001, en dispose désormais de 106. Et la CIA, à l’étroit dans son immense siège de Langley, fait bâtir deux annexes imposantes à Washington, qui permettront d’augmenter d’un tiers sa surface de bureaux.

Pourtant, la multiplication (et la rivalité) des services, et la masse d’informations à traiter entraîne de nombreuses défaillances. L’homme qui, le 25 décembre 2009, avait échouer à faire exploser sa bombe dans un avion de Northwest Airlines figurait depuis des mois dans un fichier de 550.000 « personnes d’intérêt » compilé par les services antiterroristes US (son passage au Yémen, dans un camp d’Al-Qaeda était documenté par la CIA). Il a pourtant suffi d’une faute d’orthographe lors de la saisie de son nom, et d’un bug du moteur de recherche, pour que la machine anti-terroriste devienne sourde et aveugle. Incapable, en particulier, de repérer que l’homme disposait d’un visa pour les USA.

Le 1er mai 2010, une personne a pu garer une voiture piégée au milieu de la foule de Times Square. Là encore, le détonateur a cafouillé, épargnant le coeur touristique de Manhattan. Les services disposaient des éléments prouvant les liens de cet homme avec la mouvance Al-Qaeda au Pakistan et au Yémen, mais là non plus, ils services n’avaient rien vu venir, les informations était enfouies dans les milliards d’autres livrées aux analystes.

Le problème ne s’améliorera pas avec la décision d’Obama d’étendre de six mois à cinq ans la période pendant laquelle les spécialistes de l’antiterrorisme peuvent garder des informations glanées sur des citoyens sans l’accord d’un juge – écoutes téléphoniques ou relevés de navigation Internet, par exemple. Obama a d’ailleurs reconduit presque toutes les décisions de son prédécesseur. En témoigne un chantier gigantesque, près de Salt Lake City où des milliers d’ouvriers achèvent la construction du plus grand centre de stockage de données de la planète, à l’usage exclusif du renseignement américain. A partir de 2013, les analystes du Utah Data Center y traiteront une partie du milliard et demi d’informations recueillies chaque jour par la National Security Agency (NSA), chargée de la surveillance téléphonique et informatique. Le siège principal de la NSA, situé à Fort Meade, près de Washington, offre, pour seule indication de ses effectifs, un parking d’une vingtaine de milliers de places. Cette institution a vu son budget doubler depuis 2001. Ses dispositifs d’écoute, disséminées dans 18 lieux différents de la planète, permettraient de suivre les quelque 2,7 milliards d’internautes que le monde devrait compter en 2015.

USA: Le gigantisme de l’anti-terrorisme et ses couacs

Cela fait maintenant plusieurs années que les données des voyageurs européens sont transmises aux autorités américaines en vertu d’un accord provisoire. Ce jeudi, le parlement européen a validé cet accord entre Bruxelles et Washington qui autorise durablement le transfert des données PNR des 48 millions de passagers qui voyagent chaque année entre les deux continents, et ce au nom de la lutte contre le terrorisme. Ces données PNR, pour Passenger Name Record, sont fournies par les passagers eux-mêmes aux compagnies aériennes. Il s’agit notamment de leur nom, de leurs coordonnées, des dates et itinéraire de leur voyage, du numéro de leur carte de crédit, des informations sur leurs bagages, du menu commandé dans l’avion,… Le nouveau texte ne prévoit que quelques garanties minimes en terme de protection de la vie privée. Les données ne seront utiliser que pour lutter contre le terrorisme et les crimes graves (à la libre évaluation des Etats-Unis en ce qui concerne les termes), ne pourront être conservées que pendant dix ans pour les crimes graves et quinze ans pour le terrorisme, devront être rendues anonymes au bout de six mois (noms accessibles sous certaines conditions) et transférées au bout de cinq ans dans des banques de données ‘dormantes’ (accessibles après contrôles stricts).

Jeudi dernier, les autorités marseillaises ont inauguré le nouveau CPU (centre de supervision urbaine) qui constitue la première étape d’un vaste programme de vidéosurveillance de la ville. Le centre contrôle actuellement les 54 caméras disséminées dans le centre-ville, nombre amené à décupler. En effet, fin 2014, 1800 caméras auront été installées dans l’ensemble des arrondissements de Marseille. Le CPU est exploité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 par 38 agents répartis en six équipes.

CPU de Marseille

CPU de Marseille

La commission pour la protection de la vie privée a recensé 18041 nouvelles caméras de surveillance sur le territoire belge depuis 2010. Elle a par ailleurs relevé de nombreuses pratiques illégales, tant du côté des entreprises et des particuliers que du côté des autorités. Une loi adoptée en 2007 défini l’utilisation de ces dispositifs mais il semblerait qu’elle soit mal ou peu suivie. La police utilise des caméras dans des voitures de patrouilles ou des hélicoptères alors que celles-ci doivent être fixes. Elle se connecte aux caméras de particuliers ou d’entreprises, ce qui est interdit. Par ailleurs, certains policiers portent des caméras intégrées dans leurs képis, leurs uniformes, les boutons de leurs uniformes, leurs lunettes alors que la loi le proscrit également.

Marc Trévidic est juge d’instruction au pôle antiterroriste à Paris, président de l’Association française des magistrats instructeurs. Auditionné au Sénat par la Commission pour le contrôle de l’application des lois, il ne s’est pas montré favorable au projet de loi pénalisant la consultation habituelle de sites « pro-terroristes »: « Les gens qu’on arrête, dans la plupart de nos dossiers, c’est grâce à Internet. C’est parce qu’ils vont sur Internet, et qu’on les surveille sur Internet, et qu’ils communiquent entre eux, qu’on voit ce qu’ils préparent. Si jamais on les empêche d’aller sur Internet, on risque d’avoir du mal à les détecter. Ca peut paraître contradictoire mais je ne connais pas un dossier depuis 2007 à peu près où on n’a pas arrêté les gens grâce à leur imprudence sur Internet.
Attention : des gens qui ne sont plus sur Internet mais qui ont une volonté de se radicaliser vont peut-être se radicaliser autrement, et on va encore moins les repérer. Je parle de technique, de ressenti des dossiers : combien de fois c’est parce qu’il y a des policiers qui surveillent Internet qu’on voit qu’il y a des gens qui préparent quelque chose… Ce sera peut-être utile pour limiter une forme de propagande : le fait de subir un prosélytisme sur Internet est mauvais, ça crée des vocations, d’un autre côté, c’est par le biais de ces sites-là qu’ils prennent contact entre eux, qu’ils fixent des rendez-vous, qu’il y a des recrutements, des contacts, et c’est comme ça qu’on sait ce qu’ils veulent faire, donc je suis assez partagé. »

Si Marc Trévidic estime que l’anti-terrorisme manque d’effectifs, il ne se plaint pas du manque de pouvoirs: « Je suis aussi obligé de dire qu’on ne peut pas vraiment avoir beaucoup plus de pouvoirs qu’on en a : on peut à peu près tout faire en terme de pouvoirs d’investigation. Un juge d’instruction antiterroriste peut sonoriser un appartement, une voiture, faire des écoutes téléphoniques, renouvelées tous les 4 mois, il peut très bien écouter des gens pendant 3 ans si ça lui chante, il fait des perquisitions où il veut quand il veut, peut mettre quelqu’un pendant 4 jours en garde à vue, voire 6 dans certaines conditions particulières… La loi LOPPSI 2 nous permet d’envoyer des espions dans les ordinateurs pour suivre en direct tout ce qu’il s’y passe… ce sont vraiment des pouvoirs d’investigation qui sont maximum. Je ne vois pas ce que l’on pourrait donner d’autres comme pouvoirs que nous n’ayons déjà. « 

France: « Les gens qu’on arrête, c’est grâce à Internet »