Le FBI adopte un radar pour voir à travers les murs. Mis au point par la société Maxentric Technologies, en collaboration avec le Département de la Sécurité intérieure, il est capable de détecter une silhouette humaine, même immobile ou allongée. Le système, nommé DepLife, pour “Detect Presence of Life”, se compose du boîtier-radar proprement dit (un système MIMO UWB-IR 8 GHz, qui émet des impulsions électromagnétiques à des fréquences spécifiques pour créer une scène de l’emplacement des réflecteurs)  et d’un smartphone pour le contrôler. L’opérateur peut ainsi obtenir un rendu 3D des environs, avec les silhouettes des êtres humains présents mises en évidence sur une carte couleur multi-portées en vue aérienne, avec des icônes annotant les résultats de l’algorithme. Quatre visualisation différentes sont disponibles, affichant des résultats filtrés différents des données radar brutes. Le système pourrait intéresser le service fédéral pour sa capacité à détecter une personne cachée, dans un faux plafond par exemple ou pour servir d’outil de surveillance passive. Ce n’est pas le premier outil de la sorte (voir notre article) mais la technologie progresse spectaculairement.

Ce mardi 20 mai, la section de lutte contre la cybercriminalité de la JUNALCO (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée ) a déclenché l’opération baptisée « Prison break » visant à perquisitionner simultanément près de 500 cellules dans 66 lieux de détention sur l’ensemble du territoire français, afin de saisir les téléphones miniatures mis en circulation par une société chinoise et revendus en France par le fournisseur « OPORTIK ». Cette enquête a été confiée conjointement à la BL2C (Brigade de Lutte Contre la Cybercriminalité de la Police judiciaire de la préfecture de police de Paris) et à l’UNC (Unité Nationale Cyber de la gendarmerie nationale). L’UNC a été chargée d’identifier les clients utilisant ces téléphones.

De la taille d’un briquet et paramétrés de façon spécifique, ces téléphones étaient vendus comme indétectables aux portiques d’entrée dans les lieux de détention. La participation du Service national de renseignement pénitentiaire (SNRP) a contribué à identifier les utilisateurs. Ce même 20 mai, le nom de domaine de la société « OPORTIK » a été saisi. Trois fournisseurs sur le territoire français ont été interpellés. Des téléphones seront expertisés par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) afin de vérifier l’éventuelle aspiration de données vers l’étranger par des backdoors.

Actuellement, les caméras de surveillance individuelles (bodycams) ne font pas partie de l’équipement de base fourni à chaque agent de police, chaque unité doit financer l’acquisition de ce matériel sur son propre budget, en fonction de ses priorités opérationnelles et de son contexte local. Le gouvernement a décidé d’acheter 3.000 bodycams. Les serveurs, où parviendront les images, font actuellement l’objet de tests approfondis, avec une mise en service prévue d’ici à la fin de cette année. 

La police et les agences fédérales ont trouvé un nouveau moyen de contourner les lois limitant l’usage de la reconnaissance faciale : un modèle d’IA qui peut suivre les personnes à l’aide d’attributs tels que la taille du corps, le sexe, la couleur et la coupe de cheveux, les vêtements et les accessoires. L’outil, appelé Track et développé par la société Veritone, est utilisé par 400 clients, dont des services de police d’État et locaux et des universités partout aux États-Unis. Le système est également en pleine expansion au niveau fédéral : les procureurs américains du ministère de la Justice ont commencé à utiliser Track pour les enquêtes criminelles en août dernier.

Ryan Steelberg, PDG de Veritone, explique franco l’origine de Track : « Si nous ne sommes pas autorisés à suivre les visages des gens, comment pouvons-nous contribuer à identifier potentiellement des criminels ou des comportements ou activités malveillants ? » En plus de suivre les individus là où la reconnaissance faciale n’est pas légalement autorisée, explique Steelberg, Track permet de suivre les personnes lorsque les visages sont masqués ou non visibles. C’est le premier exemple d’un système de suivi non biométrique utilisé à grande échelle aux États-Unis.

À l’été 2025, la gendarmerie française va déployer le DT46, un drone à voilure fixe de moyenne endurance. Le drone est encore en cours d’expérimentation par la Section expérimentation drone moyenne endurance (SEDAME) des Forces aériennes de la gendarmerie nationale (FAGN). Conçu par la société française DELAIR, il viendra compléter la gamme de drones en dotation, en apportant une capacité de surveillance prolongée, performante et modulable. Le DT46 peut voler 6 heures durant pour un rayon d’action maximum de 100 kilomètres. Il a un double mode de mise en œuvre : décollage vertical ou lancement en mode avion, et peut emmener jusqu’à 5 kilos de charge utile, permettant l’intégration de capteurs optiques ou d’autres dispositifs embarqués selon les besoins.

Voici le quatrième épisode de la série d’articles tirés de la remarquable brochure « Technologie et prison » (ici le pdf)  réalisée par Carapatage que nous livrons en feuilleton. Aujourd’hui, la réalité virtuelle.

Aux États-Unis, les casques de réalité virtuelle sont utilisés pour préparer la sortie des prisonniers de longue peine. Au Colorado, des personnes, qui ont été enfermées mineures dans les années 80-90, ont passé 3 ans à porter régulièrement des casques de réalité virtuelle pour découvrir une version numérique du monde qui les attend dehors. On simule d’abord des décors, des rues, des intérieurs, pour qu’elles puissent constater à quel point le monde a changé. Puis, on leur apprend à utiliser les outils informatiques, internet ou le téléphone. Non pas en leur filant un ordi ou un téléphone, ce serait trop simple, mais plutôt en simulant dans le casque de réalité virtuelle un ordi et un téléphone. On leur apprend à gérer leur budget ou encore, on les met dans un bar où un type menace de se bagarrer avec elles et on leur demande comment réagir. En Californie, il est aussi utilité comme alternative aux permissions de sortie : les prisonniers peuvent « visiter » Paris ou la Thaïlande en VR (photo).

Ce casque est aussi utilisé dans l’État de Washington pour faire suivre à moindre coût aux prisonnières des ateliers virtuels de formation à la mécanique auto. Le géant de la sous-traitance carcérale, Global Tel Link (GTL), veut étendre le concept, notamment pour organiser des visites virtuelles dont on imagine facilement qu’elles pourraient remplacer des visites réelles. La visioconférence a d’ailleurs été permise à des détenu·es pour remplacer les parloirs qui avaient été supprimés lors de l’épidémie de Covid.

Cette technologie est aussi promue comme un moyen de lutter contre la récidive. Parmi les récentes expérimentations, on trouve des casques de réalité virtuelle destinés à des auteurs de violences conjugales où le spectateur se met tour à tour dans la peau du conjoint violent, de sa compagne et de leur petit garçon. Une phase test d’un an a débuté en octobre dernier avec une trentaine de détenus à Lyon, Meaux (avec des personnes condamnées et suivies en milieu ouvert) et Villepinte (en milieu fermé).

Voici le troisième épisode de la série d’articles tirés de la remarquable brochure « Technologie et prison » (ici le pdf)  réalisée par  Carapatage  que nous livrons en feuilleton. Aujourd’hui, la vidéosurveillance.

Suite à l’arrestation de Salah Abdeslam, impliqué dans les attentats du 13 novembre, l’usage de la vidéosurveillance en cellule 24h/24 et 7j/7 (auparavant réservée aux cellules de protection d’urgence, dites « anti-suicides ») a été étendu en France par un arrêté de juin 2016, validé par la CNIL puis par le Conseil d’état. Les images peuvent être regardées en direct et le chef de l’établissement pénitentiaire peut les consulter pendant un délai de sept jours à compter de l’enregistrement. Au-delà, les données ne peuvent être visionnées que dans le cadre d’une enquête judiciaire ou administrative. L’apparition des caméras piéton dans les prisons françaises date de 2020 dans le cadre d’une expérimentation et se généralise à partir de 2023. Elles n’enregistrent pas en permanence, indiquent par un signal qu’elles filment, et elles enregistrent aussi le son. Les données sont conservées trois mois, les agents ont interdiction de les déclencher pendant les fouilles.

Les logiciels de vidéosurveillance algorithmique (VSA) détectent automatiquement différents types de situations qui donnent lieu à une alarme au poste de surveillance : bruits suspects, rassemblements de personnes, mouvements brusques, franchissements de lignes, détection de mouvement associée à des horaires, détection de feu ou fumée, de vandalisme, de mouvements de panique, de présence d’armes, de violence, comptage des détenu·es et du personnel dans des zones précises, inventaire automatique de matériel, audétection de l’état des caméras (pannes ou tentatives de sabotages), suivi automatique d’une personne… Une partie de ces solutions de VSA concerne la détection de problèmes de santé, tels que les crises d’épilepsie, l’automutilation ou les épidémies : détection d’effondrement, d’agenouillement, de recroquevillement, mesures de température, analyse de l’état émotionnel. En Allemagne dans les lands de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de Basse-Saxe la VSA est expérimentée « afin de prévenir le suicide et d’améliorer la sécurité dans les prisons ».

Un système de VSA va être mis en place dans la prison de sécurité maximale de Csenger en Hongrie (photo), actuellement en construction : une technologie permettant un contrôle complet des mouvements des détenus, et une intelligence artificielle pour analyser leur comportement et leurs expressions faciales. Si leur comportement s’écarte de leur routine habituelle, le système enverra un signal aux gardiens.

Le système de vidéosurveillance connaît plusieurs problèmes techniques à cause de sa saturation. Les autorités avouent une impossibilité d’exploiter pleinement une partie des caméras installées en Belgique. Depuis mai 2023, le système de reconnaissance automatique de plaques minéralogiques (ANPR), surchargé, ne supporte plus les images de nouvelles caméras, ni les nouvelles demandes d’accès provenant des zones de police. Entre 2018 et 2023, 70 caméras des zones de police locales ont été connectées à la plateforme. Le système est progressivement à saturation, il est devenu instable. Afin de prévenir tout risque d’arrêt complet, plus aucune caméra supplémentaires n’a été acceptée à partir de mai 2023. Ces dernières années, le dispositif a connu plusieurs avaries techniques, ce qui l’a rendu indisponible une quinzaine de jours au total. Lors de panne ou lors d’une mise à jour, les images enregistrées par les caméras locales ne peuvent être envoyées vers la plateforme centrale de la police fédérale, elles alors sont conservées temporairement pour être versées au système national une fois celui-ci rétabli.

Voici le deuxième épisode de la série d’articles tirés de la remarquable brochure « Technologie et prison » (ici le pdf)  réalisée par  Carapatage  que nous livrons en feuillton. Aujourd’hui, la lutte anti-drone.

Ces dernières années de plus en plus de gens utilisent des drones en les faisant voler jusqu’aux cours de promenade voire jusqu’aux fenêtres des cellules. Avec un drone dans les premiers prix, on peut déjà transporter un colis d’environ 500 grammes et le faire voler à plusieurs centaines de mètres de distance. Pour celui ou celle qui le commande, ça limite les risques de se faire arrêter en étant plus loin du mur d’enceinte. Les drones font entrer drogue, téléphone, carte sim. Ils peuvent aussi servir à préparer voire provoquer une évasion. Par exemple en faisant entrer des outils, des armes, ou en filmant la prison depuis les airs. En septembre dernier dans la prison de haute sécurité de Guayaquil en Équateur, un drone a fait exploser un toit et permis une évasion. Le 25 février, un puissant drone a survolé la cour de la prison de Nivelles avec corde et harnais dans le but d’aider à l’évasion d’un détenu.

Dès 2019, les prisons françaises ont  commencé à s’équiper de brouilleurs antidrones. Ces dispositifs brouillent les ondes radio qui relient le drone à sa télécommande. Une fois les ondes interceptées le drone revient là d’où il a décollé. Ce sont les entreprises Cerbair et Keas qui ont équipé les prisons françaises, avec une antenne capable de détecter les drones à 360 degrés dans un rayon de 2 km et d’un brouilleur qui neutralise les drones dans les gammes de radiofréquences 2,4 et 5,58 Ghz et la bande de fréquence L/433. 49 prisons françaises ont été équipées de brouilleurs en novembre 2024, 90 devraient être équipées d’ici à 2025. En Belgique, plutôt qu’un brouilleur, c’est un système de détection qui a été installé sur la prison de Haren.

Malgré un rapport de forces incroyablement inégal, la résistance palestinienne se poursuit dans les ruines de Gaza. Vendredi après-midi, un sergent de l’unité des forces spéciales de la police « Yaman »  a été tué lors d’affrontements dans le quartier de Shejaiya de la ville de Gaza. Des renforts iqraéliens ont été dépêchés pour extraire les soldats pris dans l’embuscade mais 15 minutes plus tard, un Humvee de l’armée qui tentait d’atteindre la zone a été touché par un tir de RPG ( lance roquettes portable), blessant un soldat. Près d’une heure plus tard, plusieurs chars qui participaient aux opérations de sauvetage, ont été pris pour cible par des tirs de RPG. L’une des roquettes a tué un capitaine de la 401e brigade blindé mécanisée et légèrement blessé un autre soldat. Une heure plus tard, deux réservistes du 7007ᵉ bataillon de la brigade de Jérusalem ont été blessés par des tirs de roquettes RPG et d’armes légères dans la même zone.

L’armée israélienne a commencé à utiliser des outils robotisés il y a plus d’une décennie mais en très petit nombre. Face à la résistance de Gaza et pour éviter les pertes, ils sont désormais déployés à grande échelle, à commencer par le « robdozer » est la version téléopérée du B9 (photo),  un mastodonte blindé que les troupes israéliennes utilisent au quotidien.