Les autorités n’ont pas tardé à réagir à l’action menée ce mercredi par les guérilleros du PKK. Celle-ci avait entraîné la mort de huit soldats de l’armée turque. Vers 15h, le gouvernement turc a pris la décision de mener une offensive aérienne contre les bases de guérilleros retranchés à la frontière turco-irakienne. Suite à cette décision, un drone a survolé la zone afin de localiser les cibles. Vers 20h, quatorze F-16 ont décollé de la base aérienne de Diyarbakir. Ils ont pris pour cible les installations électriques du PKK avant de se concentrer sur d’autres objectifs, dont les supposés camps de plusieurs dirigeants de la guérilla. La première vague de frappes aériennes s’est terminée vers 23h. La seconde a été déclenchée vers 2h45 et s’est à nouveau focalisée sur les camps. Par ailleurs, les autorités ont annoncé que 168 cibles supplémentaires avaient été frappées par d’intenses tirs d’artillerie depuis la frontière turque. A l’heure qu’il est, aucun bilan n’a été communiqué. Mais les autorités ont publiquement annoncé que de telles opérations seraient reconduites, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Mercredi, des guérilleros du PKK ont pris un convoi de l’armée turque en embuscade à Cukurca (province de Hakkari). Sept soldats et un officier sont décédés, alors que onze soldats supplémentaires ont été grièvement blessés. Selon les autorités, deux IED auraient explosé simultanément au passage de la colonne de véhicules. S’en serait suivi une fusillade de plus de deux heures entre les deux camps. Des forces supplémentaires ont été envoyées dans la zone pour tenter de mener une offensive contre les guérilleros qui intensifient leurs actions depuis plusieurs semaine.

Déploiement de l'armée turque

A cinq heures du matin ce lundi, trois soldats circulant dans un véhicule militaire à 15 kilomètres de la frontière iranienne ont été blessés dans l’explosion d’un IED. Celui-ci a été déclenché au passage de la jeep sur la route reliant les villages de Kecikayasi et Orenbuç dans la province de Van par des guérilleros du PKK. Plus tard dans la journée, un soldat a été tué dans une fusillade à proximité des montagnes de Zorkun dans la province d’Oosmaniye. Un groupe de guérilleros a pris d’assaut une unité de l’armée qui était déployée sur le terrain dans le cadre d’une opération de ratissage. Un soldat a été tué et un autre blessé dans l’affrontement. Enfin, dans la province de Sirnak, des militants du PKK ont attaqué deux postes avancés des forces de sécurité. Ces derniers ont battu en retraite vers le nord de l’Irak après une fusillade qui a duré plus d’une heure et demi. Des membres de l’armée les ont pris en chasse et des hélicoptères de combat Cobra ont bombardé les routes leur permettant de s’échapper. Néanmoins, aucun guérilléro n’a été repris.

Jeudi, nous vous annoncions la décision prise par les autorités turques de procéder à l’exhumation d’une fosse commune suite à la lutte acharnée de Hüsnü Yildiz dont le frère, combattant d’une unité de propagande du DHKP-C a disparu depuis de longues années. Les fouilles ont commencé vendredi à trois endroits différents autour de la ville de Cemisgezek. Samedi matin, les restes de quinze corps, dont probablement celui d’Ali Yildiz, ont été exhumés. Les autorités vont maintenant procéder au prélèvement d’échantillons d’ADN pour les identifier. Hüsnü Yildiz devrait annoncer la fin de la grève de la faim qu’il menait depuis plus de septante jours ce dimanche.

Fouilles d'un charnier en Turquie
Fouilles d'un charnier en Turquie

Les fouilles du charnier dans lequel gisent le corps d’Ali Yildiz ainsi que ceux de 18 autres maquisards assassinés par des tirs de tank en avril 1997 commenceront ce vendredi 12 août au matin. Cet engagement pris par les autorités turques est une victoire importante car il est une reconnaissance implicite des crimes commis par l’Etat et ouvre la voie à l’exhumation d’autres fosses communes. C’est le fruit d’une lutte de longue haleine de Hüsnü Yildiz, grand frère de la victime qui mène une grève de la faim depuis 63 jours et qui la poursuivra jusqu’à ce que les ossements de son frère lui soient restitués.
La famille Yildiz ainsi que de nombreux sympathisants issus de divers mouvements politiques, syndicaux et culturels se sont donnés rendez-vous demain matin à 9h30 à l’endroit exact où se situe le charnier dans lequel se trouve Ali Yildiz, aux abords de la caserne de la gendarmerie de Cemizgezek.

Le rassemblement de ce vendredi 12 août à 15h devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles pour demander l’ouverture du charnier est suspendu.

Gulaferit Unsal, 42 ans, est un des membres fondateurs d’une organisation syndicale à Ankara où elle a été active jusqu’en 1992. Poursuivie par les autorités turques, et après avoir été emprisonnée avec son mari, elle demande l’asile politique en Allemagne en septembre 1999. Depuis une dizaine d’années, elle vit à Salonique. C’est là qu’elle a été arrêtée début juillet en compagnie d’un de ses compatriotes dans le cadre d’une opération de police antiterroriste sur base de renseignements faisant état de trafic d’armes. La police a indiqué avoir découvert de faux passeports et a saisi du matériel informatique. Gulaferit Unsal était visée par un MAE émis par Berlin, qui l’accuse de militer pour le DHKP-C, pour ‘participation à activité extrémiste’. Ce mercredi, la cour d’appel de Salonique a décidé de l’extradition de la présumée militante vers l’Allemagne. Son compatriote a quant à lui été acquitté et libéré.

Dans la matinée de vendredi, un véhicule militaire a été détruit dans l’explosion d’un bombe placée par des guérilleros du PKK. L’action s’est déroulée dans le district de Yuksekova (province de Hakkari). Aucun des soldats présent n’a été blessé. Une seconde opération a eu lieu dans la province de Bingöl. Un groupe de guérilleros a pris une colonne de véhicules militaires d’assaut, blessant trois soldats. En raison de la multiplication des actions de guérilla, les autorités turques ont annoncé qu’elles envisagent de déclencher une vaste opération contre le PKK à l’automne. Elle prévoient notamment de mener des frappes ciblées contre les leaders de l’organisation.

Cela fait maintenant 56 jours que Hüsnü Yildiz poursuit sa grève de la faim à Dersim pour exiger que les autorités turques procèdent à l’ouverture d’une fosse commune où, selon diverses sources d’informations, serait enterré son frère Ali, combattant d’une unité de propagande du DHKP-C, ainsi que 18 autres guérilleros. Tous auraient été tués en avril 1997 par des tirs de tanks de l’armée gouvernementale. Depuis six mois, les autorités turques n’ont entrepris aucune démarche allant dans le sens d’une ouverture de la fosse, malgré le fait que l’état reconnaisse son existence car officiellement, les 19 hommes sont toujours ‘vivants’. Face à cette inertie, l’avocat de la famille Yildiz a recruté une équipe d’archéologues, d’anthropologues, d’avocats et de médecins légistes afin d’entamer les fouilles. Ils commenceront leur action le 20 août si d’ici là, les autorités n’ont toujours rien fait.

Ali Yildiz

Un tribunal de Diyarbakir a décidé de porter plainte contre 300 avocats ainsi que contre la Diyarbakir Bar Association pour entrave à la justice. Ces 300 avocats représentent les 152 politiciens kurdes poursuivis dans l’affaire KCK (Kurdish Communities Union) actuellement en cours. La KCK est accusée d’être l’aile urbaine du PKK. Depuis plusieurs jours, les défenseurs boycottent les audiences car ils refusent la décision du tribunal d’empêcher les accusés de témoigner en kurde. Le tribunal a donc réagit à ce boycott en saisissant une instance supérieure contre les 300 avocats concernés.

Par ailleurs, un procureur a annoncé hier que 106 politiciens kurdes supplémentaires seraient bientôt jugés. Il les accusent d’avoir fait de la propagande pour une organisation terroriste, ceux-ci ayant exigé de meilleures conditions de détention pour Abdullah Ocalan, le dirigeant du PKK qui se trouve derrière les barreaux depuis 1999. Un tribunal d’Ankara a décidé hier que ce procès aurait également lieu à Diyarbakir. Les 102 politiciens risquent vingt ans d’emprisonnement. La date de début du procès n’a pas encore été communiquée.