Le PKK a tenu son 12e congrès extraordinaire à la demande d’Abdullah Ocalan. Conformément aux demandes de ce dernier (voir notre article), il a annoncé sa dissolution et l’arrêt de la lutte armée. Ocalan multiplie depuis plusieurs mois les ouvertures pour un « processus pacifique et démocratique ». Aucune de ses ouvertures n’a pour l’instant reçu une réponse concrète du gouvernement turc. Au contraire : l’armée turque profite de la liberté de mouvement que lui assure le cessez-le-feu unilatéral du PKK au Kurdistan Irakien pour redoubler ses bombardements et attaques contre les bases du PKK dans la région. En avril, les bombardements et attaques des forces armées turques ont même augmenté de 78 % par rapport au mois précédent ! Depuis le 1er avril, au moins 210 bombardements ont été recensés au Kurdistan irakien, dont 42 frappes aériennes, 153 tirs d’artillerie et 14 attaques d’hélicoptères. Et alors que la direction du PKK espère la libération de 50 000 prisonniers au Kurdistan turc, la répression s’y est au contraire intensifiée, arrestations et condamnations se multipliant.

Dans un premier temps, le comité central du PKK avait annoncé que la présence d’Ocalan était nécessaire pour des discussions avec un enjeu aussi important, mais les autorités turques n’ont pas envisagé une telle libération et le 12e congrès de dissolution s’est donc tenu sous les bombardements et alors qu’Ocalan est toujours détenu. On ne sait où s’arrêtera la surenchère de concessions de la part d’Ocalan et de ses partisans, en l’absence de tout signe positif concret du régime fasciste turc.

La déclaration du congrès du PKK

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416 personnes avaient été placées en garde à vue le 1er mai alors qu’elles tentaient de manifester place Taksim (voir notre article). 372  ont été libérées après les mesures de sécurité. Huit personnes ont été déférées à la Direction de la lutte antiterroriste (DLT), tandis que 36 autres seront déférées au tribunal pour « violation de la loi sur les réunions et les manifestations ».

Les autorités turques ont bloqué, ce jeudi 8 mai, l’accès au compte X d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul incarcéré, qui compte près de 10 millions d’abonnés. Ce blocage a lieu au lendemain d’un rassemblement ayant réuni des dizaines de milliers de personnes devant l’université d’Istanbul. Depuis son arrestation le 19 mars, M. Imamoglu, a continué de s’exprimer via des messages postés sur son compte par des proches, exhortant ses partisans à rejoindre les manifestations anti-gouvernementales. Selon le groupe de surveillance EngelliWeb, l’accès au compte du maire a été bloqué pour des raisons de «protection de la sécurité nationale et de l’ordre public » en vertu de « l’article 8/A de la loi n° 5651». L’arrestation du maire, investi par son parti pour l’élection présidentielle de 2028 et principal rival du président Recep Tayyip Erdogan avait, chaque soir pendant une semaine, fait descendre dans les rues d’Istanbul des dizaines de milliers de personnes et provoqué des manifestations contre le régime du président dans des dizaines de villes de Turquie, les autorités avaient précédé à l’arrestation de près de 2.000 personnes ( Nos articles ici et ici ).

En Turquie, 10 prisonniers révolutionnaires sont en grève de la faim illimitée pour dénoncer l’isolement carcéral (en particulier dans les prisons de type S, Y et R), les transferts forcés et exiger de meilleures conditions de détention (voir notre article). Alors que l’un d’entre eux – Sercan Ahmet Arslan – entame son 200e jour de grève de la faim ce 7 mai 2025, une journée internationale d’action est organisée ce même jour pour les soutenir. Dans ce cadre, le communiste libanais et prisonnier politique Georges Abdallah fait aujourd’hui une journée de grève de la faim en solidarité avec le combat de ces révolutionnaires emprisonnés.

Le prisonnier Fikret Akar est en grève de la faim avec 9 autres prisonniers politiques révolutionnaires de Turquie pour dénoncer les conditions de détention inhumaines dans lesquels ils sont détenus (voir notre article). Dans ce cadre, il a adressé un courrier au communiste libanais Georges Abdallah emprisonné en France depuis plus de 40 ans.

C’est pourquoi la résistance à l’isolement est notre priorité en tant que prisonniers révolutionnaires. C’est pourquoi, dans de nombreuses prisons d’isolement, dix prisonniers révolutionnaires sont en grève de la faim illimitée. […] Si notre priorité est l’isolement, nous nous efforçons également de suivre autant que possible l’évolution de la situation nationale et internationale : l’Ukraine, Gaza, les événements au Moyen-Orient, les menaces et les actions de Trump. À mesure que la crise de l’impérialisme s’aggrave, son agressivité s’accroît. Les populations ne sont pas encore suffisamment organisées pour répondre à cette agression à une échelle suffisante. Mais l’agression crée des opportunités de résistance, et la résistance crée des opportunités d’organisation. La population de Gaza, en particulier, a payé et continue de payer un lourd tribut, mais elle montre au monde entier – et à tous les peuples opprimés – qu’il est possible de résister, quelle que soit l’ampleur ou la puissance de l’agression. Nous sommes convaincus que les peuples opprimés, résistants et inflexibles finiront par gagner.

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En Turquie, les célébrations du 1er-Mai se tenaient cette année dans un contexte de crise politique à laquelle s’ajoute une crise économique marquée par l’inflation et la chute du pouvoir d’achat des salariés. À Istanbul, la plupart des syndicats et des partis politiques s’étaient donné rendez-vous sur la rive asiatique, mais d’autres manifestants ont tenté de marcher vers la célèbre place Taksim interdite. Près de 400 manifestants ont été arrêtés. Un total de 52.656 policiers étaient déployés et avaient paralysé une partie de la ville depuis la veille pour empêcher tout rassemblement sur l’emblématique place et les quartiers avoisinants. Les forces de l’ordre avaient procédé à une centaine d’arrestations préventives parmi les personnes ayant appelé à manifester sur la place ( notre article ici ).

Un tribunal d’Ankara a condamné, ce mercredi, Joakim Medin arrêté fin mars à l’aéroport d’Istanbul dès son arrivée en Turquie pour couvrir les manifestations antigouvernementales ( notre article ici ) , à onze mois de prison avec sursis pour «insulte au président ». Présent pour un reportage sur les lieux d’une manifestation où l’effigie d’Erdogan pendu par les pieds avait été exhibée, le journaliste a bien signé des articles sur l’événement mais, le choix des photos pour les illustrer ne lui incombe pas. Le reporter restera en détention provisoire jusqu’à son procès pour «appartenance à une organisation terroriste», dont la date n’a pas encore été fixée. La justice turque l’accuse d’avoir participé en janvier 2023 à une manifestation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à Stockholm, ce que dément Joakim Medin, affirmant «n’avoir jamais participé à cet événement» étant en Allemagne ce jour-là. Il risque jusqu’à 9 ans de prison.

La place Taksim, dans le quartier central de Beyoğlu à Istanbul, a été bouclée par la police à l’approche de la Fête des Travailleurs, le 1er mai. Tous les accès ont été fermés par des barrières métalliques. Comme chaque année, toute manifestation est interdite sur la place où un massacre a eu lieu le 1er mai 1977. Les grandes organisations syndicales (dont la Confédération des syndicats révolutionnaires, la DISK) ont annoncé un rassemblement à Kadıköy cette année. Mais de nombreux appels ont lieu pour une marche sur Taksim. De nombreuses personnes ayant appelé à des rassemblements sur Taksim ont d’ailleurs été arrêtées. La police a commencé ce mercredi à ériger des barrières autour de la place Taksim, du parc Gezi et du Monument de la République. De plus, les routes menant à Taksim seront fermées à la circulation automobile et piétonne à partir de demain matin.

Déjà quatre fois jugée pour « terrorisme », et quatre fois acquittée, Pinar Selek a une nouvelle fois été jugée, ce vendredi 25 avril à Istanbul. Visée par un mandat d’arrêt international, la chercheuse vit en France, où elle enseigne la sociologie et les sciences politiques à l’université Côte d’Azur, à Nice. Pinar Selek et ses nombreux soutiens dénoncent un « acharnement judiciaire » qui dure depuis plus d’un quart de siècle. Il s’agit toujours de la même affaire, en juillet 1998, elle a été arrêtée par la police d’Istanbul, interrogée sur ses recherches sur la question kurde. La Turquie exige les noms des personnes qu’elle a rencontrées. Pinar Selek refuse de parler. Elle apprend qu’on l’implique dans une explosion meurtrière au marché aux épices. Entre 2006 et 2014, Pinar Selek sera acquittée faute de preuves ( nos articles ici et ici ) Le procureur avait fait appel et la Cour de cassation avait annulé l’acquittement, relançant sans cesse la machine judiciaire. Pinar Selek, qui risque la prison à vie, n’est plus allée en Turquie depuis 2009 et ne sera donc pas à l’audience.

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Esila Ayik, étudiante en photographie à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Gand (KASK), avait décidé de se rendre en Turquie pour 3 semaines afin d’y voir sa famille et participer aux manifestations contre le régime du président Recep Tayyip Erdogan. Des milliers d’étudiants et citoyens turcs sont descendus dans les rues d’Istanbul et d’autres villes, la répression ne s’est pas fait attendre et des centaines d’étudiants ont été arrêtés dans la foulée, dont Esila Ayik ( voir article ici ). Lors de la manifestation anti-gouvernementale à Istanbul, elle avait brandi une pancarte où il était mentionné « Dictateur Erdogan ». Elle est détenue sans perspectives de procès à ce stade et pour l’unique accusation « d’offense au chef de l’État ». Incarcérée dans des conditions difficiles, elle ne bénéficie d’aucun soin alors qu’elle souffre d’une affection cardiaque et de problèmes rénaux. Esila Ayik est citoyenne turque et ne possède pas la nationalité belge. Le corps professoral de la KASK appelle néanmoins l’ambassade belge au dialogue avec les autorités turques en vue d’obtenir sa libération.