Quelques dizaines de personnes ont manifesté hier 21 septembre à Bruxelles devant l’Ambassade de Turquie en solidarité avec les 14 avocats arrêtés en Turquie le 12 septembre dernier. 16 avocats faisant partie du bureau « People’s Law » qui devait assurer la défense de Nuriye et Semih avaient été arrêtés. Nuriye et Semih sont ces deux enseignants qui poursuivent une longue grève de la faim en détention et dont le procès vient de s’ouvrir (la première audience qui devait avoir lieu le 14 septembre a été reportée). Ceci porte à 1.343 le nombre d’avocats faisant l’objet de poursuites judiciaires en Turquie, 524 ont été arrêtés depuis le Coup d’Etat de juillet 2016. La manifestation bruxelloise a été appelée par l’Association des Avocats Européens Démocrates (AED), l’Institut des Droits de l’Homme du Barreau de Bruxelles, Avocats.be, la Fédération des Barreaux d’Europe, le Syndicat des Avocats pour la Démocratie (SAD), l’Institut des Droits de l’Homme des Avocats Européens (IDHAE), l’Association Européenne des Juristes pour la Démocratie et les Droits de l’Homme (ELDH).

Manifestation en solidarité avec les avocats de

Manifestation en solidarité avec les avocats de

Le groupe anarchiste Rouvikonas a attaqué les bureaux de la compagnie aérienne Turkish Airlines à Athènes. Le groupe a publié un communiqué dans lequel il revendique sa solidarité avec les opposants persécutés en Turquie, notamment Nuriye et Semih et « tous les autres camarades qui perdent actuellement leur vie et leur liberté parce qu’ils désirent un autre monde ».

Rouvikonas (« Rubicon ») est un groupe anarchiste grèc qui multiplie les occupations surprises de ministères et de sièges de partis, les saccages contre l’administration qui planifie la privatisation, la casse contre les locaux fascistes, les représailles contre les patrons, etc. Les militants de Rouvikonas subissent eux-mêmes la répression de l’état grec. Les vidéos de leurs actions sont visibles sur leur page Facebook.

Rouvikonas

Rouvikonas

Dans le cadre des deux semaines d’action en solidarité avec Nekane Txapartegi (15-30 sept), de l’ouverture du nouveau procès de Nadia Lioce (15 sept) et de l’ouverture du procès de Mesale Tolu le 11 octobre, le Secours Rouge vous invite à son Apéro Antirep’ mensuel. De courtes vidéos informatives seront projetées, et une table de presse sera tenue au bénéfice de Nadia Lioce.
Mise à jour: Vu la récente libération de Nekane, la soirée se fera au bénéfice de Nadia Lioce et de la campagne contre le régime 41bis.

Nekane est une militante basque persécutée par l’Etat Espagnol. Après avoir été torturée et violée par des policiers, elle a vécu en exil 10 ans en Suisse. elle y a été arrêtée en avril 2016 suite à une demande d’extradition de l’état espagnol. En savoir plus. (Mise à jour: Nekane a été libérée ce 15 septembre)

Nadia est une combattante des BR-PCC (Brigades Rouges – Parti Communiste Combattant) emprisonnée depuis 2003, en isolement absolu 41bis depuis 2005. Un nouveau procès s’ouvre contre elle pour sa lutte contre les conditions inhumaines de détention. En savoir plus.

Mesale est une journaliste et militante féministe de l’Union des Femmes Socialistes née en Allemagne, emprisonnée en Turquie depuis avril ‘17 pour avoir participé aux enterrements de militantes assassinées par la police turque et par Daesh. En savoir plus.

Ce samedi 23 septembre à partir de 19h au Local Sacco Vanzetti, 54 Chaussée de Forest à 1060 Saint-Gilles.

Liberté pour Nekane, Nadia et Mesale!

Une manifestation a réclamé à Paris, hier samedi 9 septembre, la libération du dirigeant kurde Abdullah Öcalan, ainsi que celle de tous les prisonniers politiques en Turquie. Arrêté en 1999 par la Turquie et emprisonné sur l’île-prison d’Imrali, Abdullah Öcalan est détenu en isolement total depuis le 5 avril 2015, plus de deux ans. Depuis plus de deux ans, hormis son frère qui a été autorisé à lui rendre visite une fois, personne n’a pu le rencontrer ou lui parler. les manifestants demandaient aussi la libération de tous les prisonniers politiques, notamment les députés du HDP, et les maires kurdes arrêtés au cours des derniers mois en Turquie.

La tête du cortège hier à Paris

La tête du cortège hier à Paris

Des dizaines d’hectares de forêts ont été détruits dans la région kurde de Dersim en raison des opérations de l’armée turque. Le paysage naturel de Dersim est confronté à une destruction absolue en raison des bombardements justifiées par le gouvernorat affirmant qu’il existe des « opérations militaires en cours » (le Dersim est un région ou la guérilla du PKK, mais aussi celles des organisation communistes révolutionnaires turques (TKPML, MLKP) sont actives. Le centre-ville de Dersim était couvert de fumée en raison de l’incendie. La direction des affaires forestières n’est pas intervenu alors que les gens étaient empêchés d’utiliser leurs propres moyens pour étreindre l’incendie sous prétexte qu’il y aurait des opérations militaires en cours dans la région. L’incendie des forêts pourrait être une mesure délibérée (et non le simple effet de bombardements tactiques), visant à priver les guérilleros du couvert de la végétation.

Végétation en feu au Dersim (archive)

Des combats ont éclatés lors d’une opération de contre-guérilla dans la zone rurale du district d’Adakli, dans la province kurde de Bingol. Dans la vallée de Maltepe, deux militaires ont été blessés. Héliportés à l’hôpital universitaire de Firat à Elazig, l’un des blessés a succombé à ses blessures. Les autorités turques revendiquent la mort de quatre guérilleros kurdes à Lice dans la province de Diyarbakir, et à Kagizman dans la province de Kars. 3 fusils d’assaut AK-47 et des munitions et des équipements auraient été récupérés lors de l’opération. Enfin, l’aviation turque a effectué des bombardements sur le Kurdistan irakien, ciblant la région d’Avasin-Basyan.

L’aviation turque a encore bombardé le Kurdistan (archive)

L'aviation turque a encore bombardé le Kurdistan (archive)

Ceren Çoban, co-présidente de l’organisation SGDF (Fédération des Associations de Jeunesses Socialistes, organisation de jeunesse du Parti Socialiste des Opprimés) est emprisonnée depuis 8 jours en Turquie au motif de publications sur Facebook. Deux autres personnes ont été arrêtées lors de la même opération policière qui a eu lieu le 29 août à Istanbul. Pour rappel, c’est la SGDF qui avait été victime d’un massacre orchestré par Daesh avec la complicité des services secrets turcs à Suruç le 20 juillet 2015, faisant 33 morts et une centaine de blessés parmi les centaines de jeunes rassemblés pour soutenir la ville proche de Kobané.

Ceren Çoban

Ceren Çoban

Le comité belge pour la levée de l’état d’urgence en Turquie dénonce depuis plusieurs mois les purges menées par Erdogan dans la fonction publique tout en appelant à soutenir Nuriye Gülmen et Semih Özakça, deux enseignants en grève de la faim depuis près de 6 mois pour leur libération et leur réintégration. Cet été, le comité s’est réuni chaque samedi au centre de Bruxelles (selon les disponibilités, sur la Place de La Monnaie, la Place Saint-Jean ou devant la Gare centrale) pour alerter sur le combat des deux professeurs turcs.

Le 14 septembre prochain s’ouvre à Ankara le procès des deux enseignants. Ils sont accusés de terrorisme au motif qu’ils ont défié le pouvoir par le biais de leur grève de la faim. Les familles de Nuriye et Semih appellent à assister à ce procès à leurs côtés tandis que le comité belge pour la levée de l’état d’urgence en Turquie poursuit la campagne à Bruxelles.

Samedi 2 septembre à 13h. « Déjeuner de travail » à la place Sainte-Catherine pour Nuriye et Semih, au sujet de la campagne de soutien aux enseignants turcs autour d’un pique-nique au pied de la Tour Noire, sur la place Sainte-Catherine.

Samedi 2 septembre de 15h à 17h, manif hebdomadaire de soutien à Nuriye et Semih sur la Place de la Monnaie.

Jeudi 7 septembre à 10h. Conférence au Press Club Brussels Europe , le point sur la lutte de Nuriye et Semih contre les purges et la parole aux membres de la mission d’observation internationale qui se rendra à l’audience du 14 septembre.

Jeudi 14 septembre à 13h30: Début du procès de Nuriye et Semih

Ressemblement pour Nuriye et Semih ce 5 août

Les autorités turques ont accusé l’ex-soldat britannique Joe Robinson, arrêté le mois passé en Turquie, d’avoir commis des infractions terroristes. il est accusé d’avoir rejoint les YPG dans leur lutte contre l’Etat islamique et a été placé dans un prison de haute sécurité. Robinson avait déjà été arrêté au Royaume-Uni à son retour du Rojava en novembre 2015 en vertu du « Terrorism Act ». Il a été libéré sous caution, mais avait quitté le Royaume-Uni pour le Rojava d’où il était pour pour rejoindre la famille de sa fiancée en Turquie.

Robinson, qui a précédemment combattu avec des troupes britanniques en Afghanistan, a été arrêté après avoir partagé sur les médias sociaux des post sur son séjour au Rojava avec les YPG en 2015. La fiancée de Robinson, Mira Rojkan et sa mère, ont également été arrêtées à Didan le mois dernier. Les deux femmes ont été libérées mais Mira Rojkan, originaire de Bulgarie et étudiante à l’Université de Leeds, a été accusée de propagande terroriste pour le partage de matériel pro-kurde sur les réseaux sociaux, à savoir le drapeau du Kurdistan irakien, une vidéo YouTube d’une chanson kurde de la Syrie et une photo de combattants kurdes au Rojava. Elle a été détenue pendant six jours avant d’être libérée sous contrôle judiciaire.

Joe Robinson

Il y a environ un mois, deux agents des services de renseignements turcs ont été arrêtés par le PKK près de la ville kurde irakienne de Souleimaniye (au Barrage de Kudan, entre Qandil -région contrôlée par le PKK- et Souleimaniye -région contrôlée par le PUK). Les agents du MIT étaient présents au Bashur pour tenter d’assassiner des membres de la guérilla du PKK dont Cemil Bayik, un des trois dirigeants exécutifs du PKK. Le dossier est très sensible et à la source de tensions entre le régime d’Erdogan, le PUK (Union Patriotique du Kurdistan, parti de centre gauche relativement favorable au PKK et relativement hostile envers la Turquie) qui se serait bien passé de cette histoire sur une région qu’il administre officiellement, et le PKK, clandestinement actif dans le Kurdistan irakien et particulièrement dans la région de Qandil. Vu cette tension, les informations apparaissent au compte-goutte. Les deux agents du MIT voyageaient avec des passeports diplomatiques, ils ont convaincu leur hiérarchie qu’ils avaient des opportunités d’enlèvements et d’assassinats contre des cadres du PKK au Bashur, mais leur opération a échoué, peut-être à cause d’une fuite dans leur organisation. Des membres des staffs des deux agents ont également été arrêtés.

L’opération était potentiellement importante pour le régime d’Erdogan. Le soir de l’opération, plutôt que d’apprendre le succès de l’opération, ils ont appris la capture de leurs agents. Une rencontre a aussitôt été provoquée à Ankara entre des responsables du MIT et du PUK, les premiers demandant aux seconds de retrouver leurs agents. Le PUK a à son tour demandé une rencontre au KCK (le parapluie politique du PKK), rencontre qui a eue lieu rapidement à Souleimaniye. Le PKK a refusé de remettre les deux agents au PUK et a argumenté qu’ils pourraient être liés au meurtre de Sakine Cansiz, et que la seule raison pour laquelle les agents n’avaient pas déjà été liquidés étaient précisément pour éviter une crise entre le PKK et le PUK.

Lorsque l’administration d’Erdogan a compris qu’elle ne récupérerait pas ses agents, elle a tenté de faire pression sur le PUK: tenant des réunions parallèles avec le PDK (parti de droite au Kurdistan irakien qui administre la région d’Erbil), fermant les bureaux du PUK à Ankara et expulsant le représentant de ce parti, Bahroz Galali, hors du territoire turc. Ce diplomate a déjà fait la médiation lors de nombreux conflits entre la Turquie et la guérilla du PUK ou entre la Turquie et la guérilla du PKK. De son côté, le PDK a indiqué qu’il était impuissant puisque les faits ne se déroulent pas dans la partie du Bashur qu’il administre.

Médiatiquement, la Turquie est tout à fait silencieuse sur le sujet, puisqu’elle s’attend à ce que des photos, vidéos, et déclarations des deux agents soient publiées et se prépare à les réfuter aussitôt. Côté PUK: même si une certaine branche du parti préférerait que les agents soient rendus à la Turquie, la base militante et les habitants de la ville de Souleimaniye sont généralement heureux d’apprendre qu’une opération du MIT dans leur région a échoué. De son côté, le PKK a annoncé que les deux agents ne seraient pas libérés.

Cemil Bayik, cible du complot du MIT.

Cemil Bayik, cible du complot du MIT.