Ahmed Mansoor, un militant démocrate émirati a reçu un étrange SMS lui promettant des détails sur la torture dans les prisons du pays au bout d’un lien. Plutôt que de cliquer le lien directement, Ahmed l’a transmis au laboratoire canadien Citizen Lab qui a analysé le lien avec la société de sécurité informatique Lookout. Le lien téléchargeait un malware très élaboré qui opérait un jailbraik (une obtention des droits super-utilisateurs, équivalent du ‘root’ android), le virus aurait ensuite pu s’installer pour enregistrer les frappes clavier (et dérober ainsi les messages, même chiffrés) et activer le micro à la demande pour enregistrer. Le malware utilisait plusieurs failles 0-Day (des failles non-documentées et non-patchées, à priori inconnues) qui permettaient l’exécution arbitraire de code, un accès à la mémoire du kernel et un accès aux privilèges du kernel. Toutes combinées, elles permettent le jailbraik à distance d’un appareil sous iOS et donc l’exécution de n’importe quelle application. Apple a patché les trois failles en urgence dans un patch publié ce matin (iOS 9.3.5). Citizen Lab a lié ce malware à une d’une boite de cyber-guerre israélienne, le NSO Group. C’est la troisième fois que Ahmed Mansoor est la cible d’une entreprise de cette nature, il avait déjà été ciblé par Finfisher en 2011 et par Hacking Team en 2012.

Ahmed Mansoor

Ahmed Mansoor

Au troisième jour de l’opération « Boucliers de l’Euphrate », le véritable affrontement oppose de plus en plus clairement les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) à l’armée turque et à ses alliés. Hier, les YPG/YPJ, la composante kurde et principale des QSD ont annoncé qu’ils se retiraient à l’est de l’Euphrate pour laisser l’administration de Manbij à un pouvoir local, le Conseil Militaire de Manbij qui est affilié aux QSD. Les autres composantes QSD continuent à se déployer le long d’une ligne de front parallèle à la frontière turque, vers l’ouest, vers le canton d’Afrin. Les troupes turques et FSA suivant le même mouvement de l’autre côté de cette ligne.

Le véritable plan turc (mis au points depuis plus d’un an, nous vous en avions parlé en juillet 2015) est de créer une « zone tampon » le long de la frontière turque pour empêcher l’unification du Rojava. Cette zone s’étendrait de Jarabulus à Al-Bab, à travers le nord de la province d’Alep. La Turquie soutient dans l’opération plusieurs groupes de l’Armée Syrienne Libre dont la plupart sont affiliés à la chambre d’opération Fatah Halab (« Conquête d’Alep ») dont la Brigade Sultan Mourad (groupe turkmène qui tire son nom de l’empereur ottoman éponyme), Jahbat al-Sham, Ahrar al-Sham (qui décrivait ce matin à Jarabulus les Talibans comme un « modèle »), Faylaq al-Sham, Nour al-Din al-Zenki (qui s’était fait remarquer en filmant l’égorgement d’un jeune enfant « envoyé par Assad ») et une myriade d’autres groupes salafistes. Le tout est appuyé par les bombardements de la coalition internationale.

Des affrontements ont déjà opposé les troupes FSA aux QSD: des obus ont été tirés sur les QSD et des armes chimiques auraient été utilisées contre des civils kurdes. Il ne semble pas y avoir eu d’échanges de tirs directs jusqu’ici.

Situation à l'ouest de l'Euphrate au 26 août matin

Situation à l’ouest de l’Euphrate au 26 août matin

Les populations de Zéglé, non loin de Kpomé, dans la préfecture de Zio, ont été déplacées de leur ancien lieu d’habitation pour être réinstallées un peu plus loin, afin de faire place à la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT) pour l’exploitation du phosphate. Ces populations lassées des promesses non tenues, (elles restent sans école, sans transport et même sans eau alors que l’exploitation du phosphate engendre d’énormes profits), avaient projeté de manifester lundi, mais des forces de l’ordre et de sécurité avaient été déployées sur les lieux et autour du site d’exploitation.

Ainsi, leur manifestation pour réclamer de meilleures conditions de vie sur le nouveau site où elles ont été déplacées a tourné à un affrontement très violent. Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes, pour disperser ces manifestants, décidés à perturber les activités au niveau de la carrière des phosphates. Les affrontements ont fait de nombreux blessés et peut-être un mort.

Une mine de phosphate au Togo

Une mine de phosphate au Togo

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Un défilé a été organisé au début du mois à Belfast pour marquer le 45e anniversaire de l’internement: en août 1971, des centaines de militants républicains avaient été emprisonnés sans procès par les autorités britanniques. Le défilé voulait aussi marquer sa solidarité avec les prisonniers républicains. Ce défilé avait été interdit et la police d’Irlande du Nord (PSNI) a bloqué les voies d’accès au centre-ville avec un important dispositif anti-émeute. Un barrage de véhicules blindés a arrêté la manifestation à Divis Street, à proximité du centre.

Avant le défilé, une minute de silence a eu lieu à la mémoire de Sean Downes qui avait été tué par une balle en plastique tirée par un gendarme (RUC) lors d’un rassemblement anti-internement en Andersonstown, en août 1984. A la tête de la manfiestation, des banderoles appelaient à la fin de l’internement et au soutien au prisonnier palestinien Bilal Kayed qui est en grève de la faim depuis le 15 juin. Son régime de « détention administrative » est similaire à celui de « l’internement ».

A la manifestation de Belfast

A la manifestation de Belfast

Hier, mercredi, la police zimbabwéenne a dispersé à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau une manifestation de militants du principal parti d’opposition qui protestaient justement dans la capitale contre les violences policières. Des affrontements ont éclaté entre policiers et manifestants, ces derniers répondant aux gaz lacrymogènes par des jets de pierres. Deux voitures de police et une voiture de la ZBC – la télévision nationale – ont été brûlées. La police a une nouvelle fois été d’une grande brutalité. Depuis le mois de juin, le Zimbabwe connaît une série de manifestations contre le président Mugabe, 92 ans, au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1980 et notamment contre sa politique économique.

Manifestation à Harare

Manifestation à Harare

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Trois ONG thaïlandaises de protection des droits de l’homme ont publié un rapport en début d’année qui recense les cas de torture dans des camps militaires. Il s’appuie sur des témoignages précis, mais l’identité des victimes n’est pas mentionnée, afin de les protéger. L’armée a intenté un procès aux directeurs de ces ONG pour diffamation et violation de la loi informatique. Ce que les militaires reprochent surtout à ces militants, c’est d’avoir refusé de leur donner les noms des victimes. Pour les défenseurs des droits de l’homme, si l’identité des victimes est révélée, les militaires iront immédiatement les menacer.

Un second procès concerne la mort d’un conscrit dans un camp militaire suite aux mauvais traitements. Il s’était enfui du camp militaire parce qu’il trouvait l’entraînement trop dur. Rattrapé, il a été battu avec une canne en bambou, traîné nu sur une surface en béton, et du sel a été mis sur ses plaies pour augmenter la douleur. Le conscrit est mort de ses blessures peu après. Sa nièce a rendu publique l’affaire, et l’armée, qui a pourtant reconnu les faits dans un rapport interne et dédommagé la famille, a intenté un procès en diffamation contre cette jeune femme. En Thaïlande, les lois générales ne s’appliquent aux militaires que si leur commandement l’accepte. En fait, les militaires échappent aux lois pénales dans la plupart des circonstances parce qu’une clause d’immunité juridique est très souvent ajoutée aux lois concernant les actions des militaires.

L'armée thaïlandaise: un état dans l'état

L’armée thaïlandaise: un état dans l’état

Au lendemain de la mort d’un Palestinien frappé par des policiers palestiniens, des affrontements ont encore éclaté ce 24 août à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, entre des jeunes Palestiniens et les forces de l’ordre de l’Autorité palestinienne. La plupart des magasins de la vieille ville de Naplouse ont gardé toute cette journée de mercredi leur rideau baissé en signe de protestation. Les jeunes se rassemblent et affrontent avec des pierres les policiers palestiniens qui répliquent avec des gaz lacrymogènes.

Les incidents se sont surtout concentrés dans la vieille ville de Naplouse, là où vendredi dernier, une fusillade avait fait quatre morts dont deux policiers. Les policiers affirment qu’ils vont continuer à rechercher les armes qui circulent toujours depuis la fin de la Seconde Intifada, il y a plus de dix ans. Ahmed Halaoua, l’homme mort en détention, était membre de la Brigade des martyrs d’al-Aqsa, liée au Fath, et soupçonné d’être l’instigateur d’une fusillade ce vendredi.

Policiers palestiniens patrouillant à Naplouse

Policiers palestiniens patrouillant à Naplouse

Le gouvernement colombien et les FARC sont arrivés à un accord de paix, après cinquante-deux ans de conflit armé. Il a été annoncé mercredi 24 août à La Havane, où se tenaient les négociations depuis quarante-quatre mois. Le texte doit être ratifié par les électeurs, appelés à se rendre aux urnes le 2 octobre, jour du plébiscite promis par le président Santos. D’ici là, les FARC tiendront en Colombie leur dixième et dernière conférence nationale, afin de soumettre à leur base le résultat des négociations et voter leur transformation en parti politique.

Gouvernement et FARC s’accordent sur ce point : l’accord ne prétend pas seulement mettre fin au conflit, il veut en éradiquer les causes, notamment sur le développement rural, la réparation des victimes, les mécanismes de justice transitionnelle. Dès la signature officielle de l’accord de La Havane, les guérilleros se cantonneront tous dans 31 zones délimitées. Une fois démobilisés, les membres de l’organisation seront représentés de droit au Congrès : durant deux législatures, ils seront assurés d’obtenir cinq députés et cinq sénateurs, quel que soit le résultat obtenu dans les urnes. A court terme, le débat politique se centre sur le plébiscite du 2 octobre. La victoire du oui n’est pas acquise. Le chef de file du camp des « anti » est l’ancien président Alvaro Uribe, qui demande la renégociation immédiate des accords.

40% des combattants des FARC sont des femmes

40% des combattants des FARC sont des femmes

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L’invasion turque qui a commencé hier à Jarabulus révèle l’objectif turc d’empêcher les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) de libérer plus de territoires à la frontière et de compliquer l’unification des cantons du Rojava. Les QSD ont parcouru 7 kilomètres au nord du front de Manbij en 24 heures et 7 autres kilomètres les séparent de Jarabulus. Une ligne de front s’est donc dessinée entre les combattants FSA et QSD. L’enjeu est énorme puisque les territoires qui seront pris par l’armée turque seront très probablement extrêmement difficiles à reprendre par la suite. Impossible de savoir si la course qui se joue à présent débouchera sur des affrontements entre les QSD et les groupes FSA soutenus par la Turquie (edit: Des combats auraient déjà eu lieu avec les Forces du Conseil Militaire de Jarabulus affiliées au QSD). Le PYD à déjà annoncé qu’il ne laissera pas faire. Les USA soutiennent l’opération turque. La ville de Jarabulus est « tombée » en quelques heures aux mains de l’armée turque et de la FSA, aucune vidéo, aucun usage d’explosif, aucune mine laissée derrière les djihadistes. La « libération » de Jarabulus par l’armée turque semble s’être faite sans aucune résistance de la part de Daesh.

Le champs de bataille complexe de Jarabulus

Le champs de bataille complexe de Jarabulus

Des centaines de supporters du Celtic de Glasgow avaient brandi des drapeaux palestiniens au Celtic Park, jeudi 18 août, à l’occasion de la venue de l’Hapoel Beer Sheva, champion d’Israël en titre, un match finalement remporté par le club écossais 5-2. L’initiative était à l’appel d’un groupe d’ultras, les « Celtic fans for Palestine ». Dès le lendemain, l’UEFA a fait savoir qu’elle estimait que les supporters s’étaient livrés à un acte « illicite », en vertu du règlement qui interdit les « messages de nature politique, idéologique, religieuse, injurieuse ou provocante ». L’instance dirigeante du football européen doit rendre sa décision sur la sanction le 22 septembre.

En réponse, les Bhoys lancé une campagne de récolte de fonds pour Medical Aid Palestine (MAP) et le Lajee Centre, un centre culturel palestinien pour les enfants dans le camp de réfugiés d’Aida, à Bethléem. Une initiative qui a déjà récolté près de 45.000 livres (52.000 euros). Et puis le match retour doit encore être joué. La police israélienne a indiqué lundi qu’elle saisirait tout drapeau palestinien que les supporters du Celtic, mardi lors du barrage retour de Ligue des Champions entre Beer Sheva et le club écossais. La police israélienne attend environ 250 supporters du Celtic pour le match retour dans le sud du pays, et aura le soutien de gardes privés.

Au Celtic Park la semaine passée

Au Celtic Park la semaine passée