Ce week-end se tiendra le carnaval de Notting Hill à Londres, et ce malgré les demandes répétées d’annulation de la part des autorités suite aux incidents du début du mois. Ce mercredi, ces dernières ont mené une vaste ‘opération préventive’ dans le quartier au cours de laquelle elles ont procédé à quarante arrestations. Un haut responsable de Scotland Yard a justifié cette action en affirmant qu’il disposait d’informations légitimant les arrestations afin d’éviter les troubles. En outre, plus de 12.000 policiers seront déployés dans le quartier durant tout le week-end et 4.000 agents supplémentaires seront mobilisés ailleurs dans la capitale pour venir compléter l’effectif policier habituellement de service.

Depuis la semaine dernière, trois personnes sont décédées en Grande-Bretagne après avoir été la cible d’un Taser ou de gaz incapacitant. La semaine dernière, Dale Burns est décédé quelques heures après avoir été ‘tasé’ durant son arrestation. L’autopsie aurait, selon les autorités, incapable de révéler les causes de sa mort. Lundi soir, Jacob Michael a été arrêté par onze policiers qui l’ont maitrisé en faisant usage de gaz incapacitant. Se sentant mal, il a été transféré à l’hôpital où il est mort un peu plus tard. Hier soir, Phillip Hulmes a été arrêté après avoir été touché par un tir de Taser. Une demi-heure plus tard, il est décédé. Les autorités ont annoncé que les autopsies de ces deux hommes n’avaient pas encore fourni leurs conclusions.

En avril dernier, les services secrets danois (PET) avaient arrêté quatre jeunes alors qu’ils se trouvaient à l’intérieur de l’école de police de Broedbyoester, à proximité de Copenhague, avec des fusées éclairantes et des cocktails Molotov. Une cinquième personne avait été arrêté un peu plus tard. Après quatre mois d’emprisonnement, ils viennent de comparaître et ont été officiellement accusés d’avoir mené divers actes incendiaires qualifiés d’actes de terrorisme selon les lois antiterroristes danoises de 2002. Le chef d’inculpation est passé ce lundi, de simple incendie à action terroriste menée dans le but de déstabiliser l’état et la police. Ils sont notamment accusés d’attaques visant le QG de la Nordea Bank, le commissariat central de Copenhague, l’ambassade de Grèce, de nombreuses banques,… Ils sont également accusés de tentatives d’incendies et d’attaques contre le parlement, la garde royale,… accusations absurdes dans la mesure où ces tentatives auraient été commises durant leur incarcération. A l’issue de l’audience, le juge a prononcé leur maintien en détention pour un mois supplémentaire minimum, et probablement jusqu’à la fin de leur procès.

Le quotidien The Guardian a pu prendre connaissance d’une circulaire publiée par Scotland Yard au plus fort des troubles il y a deux semaines, circulaire transmise à tous les policiers en charges des enquêtes liées aux événements. Celle-ci, présentée comme la réponse dans l’urgence des autorités policières face aux troubles, demande que soit placées en garde à vue toutes les personnes qui pourraient avoir pris part aux émeutes d’une quelconque manière et recommande également aux tribunaux de refuser toute libération sous caution après que soit prononcée l’inculpation, quel que soit le chef de cette inculpation.

Un collectif d’avocats, qui vient de mener un premier examen judiciaire des procédures de mise en garde à vue, indique que dans la pratique, 62% des personnes arrêtées ont été replacées en garde à vue après leur première comparution (contre 10% en temps normal), ce qui pour eux, représente clairement une politique globale d’emprisonnement massif. Selon la police, cette politique était nécessaire afin de prévenir davantage de problèmes. Par ailleurs, la circulaire suggérait aux policiers d’utiliser des règles spéciales pour expédier rapidement les affaires devant les tribunaux, même si les preuves rassemblées n’auraient normalement pas été suffisantes. Enfin, le document suggérait une déclaration à l’usage des enquêteurs pour leurs rapports d’accusation: ‘une décision stratégique a été prise par le MPS (Metropolitan Police Service) pour que dans toutes les affaires, une demande de maintien en détention provisoire soit faite, tant au commissariat que plus tard au tribunal (…) La nature spontanée des délits et la charge significatif de travail qu’ils ont placé sur les effectifs de la police font que toutes les enquêtes n’ont pas encore pu être clôturées. Certaines investigations, telles que l’analyse des images vidéos, ne peuvent être accomplies pour l’instant en raison des troubles en cours. En conséquence, cette affaire nécessite la demande d’un ‘examen minimal’ afin que soit prise une décision d’inculpation basée sur les preuves existantes et l’espérance que davantage de preuves puissent être apportées’.

Cet ‘examen minimal’ permet donc au procureur de diminuer la charge de preuve nécessaire pour un maintien en garde à vue. Et cette procédure a largement été utilisée. Aujourd’hui, cette circulaire met en lumière les procédés répressifs des autorités et expliquent comment elles ont pu placer autant de personnes derrière les barreaux.

DON’T PANIC : DON’T TALK

Ne paniquez pas. Les photos publiées ne sont pas forcément une preuve. Ce n’est pas parce que la police a une photo floue qui est peut-être de vous que cela veut dire qu’elle sait qui vous êtes.

Ne vous livrez pas. La police utilise souvent la technique de vous faire savoir qu’elle a votre photo comme une pression psychologique afin de vous persuader de ‘vous présentez’ alors qu’elle ne sait pas qui vous êtes et n’ont aucune preuve contre vous.

Ne présumez pas que, parce que vous pouvez vous identifier sur une vidéo, un juge sera en mesure d’en faire autant. ‘Ce n’est pas moi’ en a déjà tiré plus d’un d’affaire.

Débarrassez-vous de vos vêtements. Vous n’aurez pas la moindre chance de suggérer que la personne sur la vidéo n’est pas vous si les vêtements qu’elle porte ont été retrouvé dans votre garde-robe. Débarrassez-vous de TOUS les vêtements que vous portiez à la manifestation, y compris de VOS CHAUSSURES, de votre sac, et de tous les bijoux que vous portiez à ce moment-là.

Adoptez une attitude discrète pendant quelques temps. Aux autres manifestations, les policiers seront à l’affut des personnes qu’ils ont placé sur leur liste de recherche.

Pensez à changer d’apparence. Peut-être est-ce le bon moment pour un changement de look. Faites-vous couper et colorer les cheveux, laissez-vous pousser la barbe, portez des lunettes.

Gardez vous maison propre. Débarrassez-vous des bombes de peinture, de toutes les affaires en rapport avec la manifestation et des SMS/photos douteux sur votre téléphone. Ne leur facilitez pas la tâche en ayant de al drogue, des armes ou quoi que ce soit d’autre d’illégal dans votre maison.

Faites attention à qui vous racontez ceci. Ne reconnaissez votre participation qu’aux personnes en qui vous avez vraiment confiance. Faites attention à ce que vous dites sur l’internet.

Tâchez de gardez votre sang-froid et de contrôler votre panique. Attendre qu’on frappe à votre porte est stressant à l’extrême, mais il est nécessaire que vous trouviez une manière de continuer à vivre comme d’habitude. Sinon, vous commencerez à purger votre peine avant même d’avoir été arrêté.

NO COMMENT

Si vous vous faites pincer, utiliser votre droit au silence. Répondez ‘je n’ai rien à déclarer’ à toutes les questions, avant et après l’arrestation et pendant les interrogatoires.

Ne dites rien aux policiers, même s’ils vous disent que ‘c’est dans votre intérêt’. On ne peut jamais faire confiance aux policiers. Dès l’instant où vous êtes arrêté, tout ce que vous dites est une preuve – le bavardage amical, cela n’existe pas. Ils essayeront de trouver des preuves contre vous et contre d’autres personnes. Il est plus facile de ne rien dire du tout que de répondre aux questions de manière sélective. Ne dites rien et ne signez aucune déclaration sans conseil juridique.

NE VOUS VANTEZ PAS : NE MOUCHARDEZ PAS

NE CANCANEZ PAS : RESTEZ EN SECURITE

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A Barrow, dans le nord-ouest de la Grande-Bretagne, un homme est décédé après avoir été ‘tasé’ par les forces de l’ordre. Mardi, en fin de journée, celles-ci sont intervenues pour arrêter Dale Burns, une vingtaine d’année, pour troubles de l’ordre public. Dans l’opération, un policier a fait usage d’un Taser, pistolet à impulsion électrique qualifié d’arme non-léthale. Quelques minutes plus tard, Burns a fait un malaise. Transporté à l’hôpital, il y est décédé vers 21h30. Alors que la société Taser poursuit son expansion et que de plus en plus de pays autorisent l’utilisation de ses armes affirmant qu’elles n’ont à ce jour jamais tué quelqu’un, Amnesty International a publié une enquête selon laquelle plus de 290 personnes sont décédées aux Etats-Unis entre 2001 et 2008 après avoir reçu une décharge.

Taser utilisé par la police britannique

Taser utilisé par la police britannique

Depuis une semaine, les tribunaux britanniques fonctionnent à plein régime pour faire face à l’afflux de personnes interpellées lors des troubles urbains de la semaine dernière. Au total, plus de 1.700 personnes ont été interpellées à travers le pays. A Londres, la police a annoncé 1051 arrestations et près de 600 mises en accusation. Hier soir, à Chester, les premières peines ont été prononcées. Jordan Blackshaw, 21 ans, et Perry Sutcliffe-Keenan, 22 ans, ont chacun été condamnés à quatre ans d’emprisonnement pour incitation aux troubles via les réseaux sociaux. Blackshaw avait créé une page Facebook intitulée ‘Détruire la ville de Norwich’ le 9 août dernier. Sutcliffe-Keenan est quant à lui à l’origine d’une page sur le même réseau: ‘Organisons une émeute!’. Les deux hommes ont été jugés coupables en vertu du Serious Crime Act pour avoir intentionnellement incité autrui à commettre une infraction majeure. Le tribunal avait requis une peine de dix ans. Le juge a néanmoins affirmé qu’il espérait que la peine prononcée aurait un effet dissuasif. L’avocat de Blackshaw a annoncé dès ce matin qu’il allait interjeter appel de cette condamnation.

Deux condamnés suite aux émeutes en Grande-Bretagne

Deux condamnés suite aux émeutes en Grande-Bretagne

Vendredi dernier, la police d’Essex a procédé à l’arrestation d’un jeune homme de vingt ans, dont l’identité n’a pas été dévoilée. Ce dernier passera devant les tribunaux le 1er septembre. Son délit? D’avoir tenté d’organiser, via les réseaux Blackberry Messenger et Facebook, une bataille d’eau géante à Colchester. Il a été arrêté le jour J sur les lieux annoncés de l’affrontement après que les autorités aient intercepté ses messages. L’homme qui l’accompagnait a également été interpellé mais immédiatement libéré. L’initiateur du projet est quant à lui accusé ‘d’avoir encouragé ou aider à commettre une infraction’. Les autorités ont pour leur part refusé de commenter le fait qu’elles surveillent les réseaux sociaux ou de donner des détails sur les mesures mises en place depuis les troubles de la semaine dernière.

Projet de bataille d'eau en Grande-Bretagne

Projet de bataille d’eau en Grande-Bretagne

Les tribunaux tentent de faire face à l’afflux de centaines de pillards et d’émeutiers présumés interpellés lors des violences qui ont secoué plusieurs villes d’Angleterre. Dans le centre de Londres, des fourgons de police stationnaient en file indienne autour du tribunal de Westminster, théâtre d’une procession ininterrompue de prévenus appelés à comparaître.
La police londonienne a procédé à 922 arrestations en rapport avec les violences, les actes de pillage et autres troubles à l’ordre public. Sur les 922 personnes interpellées (compte arrêté à jeudi midi), 401 ont déjà été inculpées. Face à cet afflux inattendu de prévenus, les juges des tribunaux de la capitale et d’autres grandes villes anglaises ont siégé toute la nuit de jeudi à vendredi.