Le Parlement turc a adopté ce mercredi une nouvelle loi « antiterroriste » qui reprend plusieurs mesures de l’état d’urgence mis en place après le putsch manqué de juillet 2016 et levé la semaine dernière.

Le texte contient plusieurs mesures inspirées de l’état d’urgence, comme la possibilité pour les autorités de continuer de limoger les fonctionnaires liés à des « groupes terroristes » pendant encore trois ans. En outre, les administrateurs publics nommés pendant l’état d’urgence à la tête d’entreprises soupçonnées de liens avec une « organisation terroriste » pourront rester en place pendant encore trois ans. Autres mesures : les manifestations et rassemblements seront, sauf autorisation spéciale, interdits après le coucher du soleil. Les autorités locales pourront restreindre l’accès à certaines zones et la garde à vue pourra dans certains cas durer jusqu’à 12 jours.

L'état d'urgence en Turquie remplacé par une législation antiterroriste

L’état d’urgence en Turquie remplacé par une législation antiterroriste

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš sont deux internationalistes accusés d’avoir combattu Daech dans les rangs des YPG et des YPJ. Ils ont été arrêtés en novembre 2016 (voir notre article).

Ce mardi 24 juillet, la cour suprême de Turquie a confirmé leur condamnation à six ans et trois mois de prison ferme. Le couple tchèque ne peut ainsi plus faire appel de ce jugement en Turquie. Par ailleurs, le verdict final de la cour suprême porte à croire que les Tchèques devront bel et bien purger au moins la moitié de leur peine en Turquie.

Markéta Všelichová et Miroslav Farkas sont emprisonnés dans la ville de Van, au sud-est de la Turquie depuis déjà vingt mois. Ils peuvent encore porter plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme.

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš

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À Urfa, des mandats d’arrêt ont été délivrés à 284 militants kurdes le 12 décembre 2016, dans le cadre d’une grande raffle contre le HDP (voir notre article). 80 des personnes touchées ont été emprisonnées. Sur ces 80 personnes, 22 ont été jugées pour leurs activités dans le Congrès pour une Société Démocratique (DTK). Alors que le procureur exigeait l’emprisonnement pour « appartenance et propagande pour une organisation illégale », les accusés ont déclaré que l’objet de la poursuite était des activités légales et ont demandé l’acquittement.

Seuls deux inculpés ont été acquittés. Les autres ont été reconnus coupables et condamnés aux peines suivantes: Zeynel Taş (vice-maire de Bozova) 10 ans et 22 mois, İzettin Akıl 8 ans et 22 mois, Bazo Yılmaz (conseiller municipal de Halfeti) 9 ans, Halit Yıldıztekin (co-président du HDP du district de Haliliye 10 ans et 19 mois, Adnan Etli (ancien vice-président provincial du HDP) 9 ans, Asuman Yaman (ancien vice-président provincial du HDP) 7 ans et 18 mois, Gülay Koca Öztürkoğlu 7 ans et 6 mois, Halil Parıldar (ancien maire d’Aligor) 7 ans et 6 mois, Şefika Kandal 7 ans et 6 mois, Cengiz Çakır 1 an, 6 mois et 22 jours, Mustafa Altun 7 ans et 6 mois, İbrahim Aykaş 7 ans 6 mois, Mukri Vakar 7 ans et 15 mois, İsmail Arslan ancien co-maire de Ceylanpınar 7 ans et 15 mois, Şevket Çimen 1 an et six mois d’emprisonnement. Les procédures contre Sinan Burun (vice-maire de Viranşehir), Cemo Tüysüz, Fatma Doğan, Hizni Kılıç (ancien président de PDP de Ceylanpınar) et İzettin Gök (co-président du DBP pour le district d’Eyyübiye) ont ​​été séparées des autres.

Halit Yıldıztekin, condamné à 10 ans de prison

Halit Yıldıztekin, condamné à 10 ans de prison

Le 11 juillet, l’armée turque a lancé une opération dans le district de Kağızman (province de Kars). La guérilla du PKK a pris à partie les soldats qui essayaient de se positionner sur la colline de Horoz. Quatre soldats auraient été tués. Le même jour, l’armée turque a lancé une opération dans la région de Kêla Memê, dans le district d’Uludere (Qileban) de Şırnak. Toujours le 11 juillet, des drones, des hélicoptères et des avions de combat ont bombardé intensément les zones de Gûndê Mehrê, Hill Bayrak, Hill Sinek et Mehrê, tuant deux guérilleros. Après le bombardement, de nombreux hélicoptères Sikorsky ont débarqué des militaires qui ont rafflés et maltraités des villageois.

Les informations précises sur les actions de la guérilla du PKK au Kurdistan nord arrivent parfois avec un certain retard. C’est le cas de cette spectaculaire attaque à l’IED contre une équipe des forces spéciales anti-guérilla de la gendarmerie turque survenue le 20 mai. Ayant été informé du déplacement en bus de cette équipe comptant 45 militaires près de la ville de Gurbulak (district de Doğubeyazıt, province d’Ağrı), les combattants du PKK ont fait exploser un puissant IED sur son itinéraire, pulvérisant le véhicule.

Voir la vidéo de l’action

Le moment où l'explosion de l'IED soulève le bus

Le moment où l’explosion de l’IED soulève le bus

Vendredi 13 juillet, deux membres du Grup Yorum (Selma et Inan Altın), un groupe musical marxiste turque, ont demandé l’asile politique en France.
Selma et Inan Altın sont entré en clandestinité en octobre 2017, alors que l’état turc lancé une enquête à l’encontre des musiciens du groupe. Ils sont réapparus à Paris pour demander l’asile politique. Selma et Inan Altın sont également sur la liste grise, une des cinq liste du ministère de l’Intérieur turc qui promet une récompense à qui permettrait la capture des opposants présents sur ces listes.

Le Grup Yorum est un groupe musical révolutionnaire qui existe depuis plusieurs décennies. Ils soutiennent, par leurs chansons, différents mouvements révolutionnaires
et son très appréciés en Turquie comme en Europe (voir notre article). Ainsi les concerts du groupe, publics et gratuits, ont rassemblé jusqu’à un million de fans, et ses vingt-trois albums se sont vendus à dix millions d’exemplaires. Sur les dix-huit musiciens de Grup Yorum, onze sont actuellement en détention préventive depuis plus d’un an, sans même avoir comparu, un vient d’être relâché et six (dont Selma et Inan) sont recherchés par la police turque.

Concert Grup Yorum en solidarité avec Erdal Gokoglu

Concert Grup Yorum en solidarité avec Erdal Gokoglu

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Jeudi 12 juillet, les autorités turques ont arrêté trois ressortissants français dans la province de Sirnak. Il sont soupçonnés d’avoir aidé le PKK en servant notamment de courrier. Ils ont finalement été relâchés. Par ailleurs l’armée turque a multiplié ces dernières semaines les frappes et les incursions dans une région montagneuse du nord de l’Irak où le PKK dispose de bases arrières.

Opération anti-PKK à Sirnak

Opération anti-PKK à Sirnak

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À la veille de son investiture suite aux élections du 24 juin, Recep Tayyip Erdogan a signé un nouveau décret-loi publié dimanche limogeant 18.632 personnes. Dans la liste, ce retrouvent les noms de plus de 9.000 fonctionnaires de police, 6.000 membres des forces armées, environ 1.000 employés du ministère de la Justice et 650 du ministère de l’Education. Cette nouvelle liste se rajoute au 113.000 personnes limogées entre juillet 2016 et mars 2018. À cela ce rajoute la fermeture par décret de 12 associations, une chaîne de télévision et 3 journaux (dont le quotidien en langue kurde Welat et le journal prokurde Ozgurlukcu Demokrasi dont les locaux à Istanbul avaient été perquisitionnés par la police en mars). Des milliers de personnes ont également été arrêtés, renvoyées ou suspendues pour des liens présumés avec le PKK.

Il s’agirait de la dernière décision prise avant la levée de l’état d’urgence dont la dernière période se termine officiellement le 19 juillet. Ce nouveau mandat sera aussi marqué par l’entrée en vigueur du nouveau système présidentiel dont la révision constitutionnelle a été adoptée par référendum en avril 2017 et qui mettra l’ensemble des pouvoirs exécutifs dans les mains du président.

Etat d'urgence en Turquie

Etat d’urgence en Turquie