Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Vendredi 11 mars, la Corse a connu son sixième jour consécutif de tensions suite à l’agression contre Yvan Colonna. Dans la matinée à Porto-Vecchio une cinquantaine de manifestants ont essayé de pénétrer de force dans la caserne de gendarmerie. Plus tard dans la journée, une nouvelle manifestation de soutien à Yvan Colonna a été organisée à l’initiative des lycéens devant la préfecture de Bastia. Une fois le rassemblement terminé, une vingtaine de manifestants a lancé des pierres et des cocktails Molotov vers les forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogène. Trois personnes  ont été interpellées, qui ont été remises en liberté samedi.

Le gouvernement a annoncé ce même vendredi la levée du statut de « détenu particulièrement signalé » pour Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, les militants nationalistes condamnés avec Yvan Colonna pour l’exécution du préfet Erignac et incarcérés sur le continent depuis 1999. Le maintien de ce statut bloquait un éventuel rapprochement, voire une libération conditionnelle à laquelle ils peuvent prétendre depuis 2017. Le statu de DPS avait été maintenu par intervention politique du ministre en 2020, alors que des instances compétentes s’étaient prononcées en faveur de la levée de ce statut. Il a fallu la grave agression contre Yvan Colonna et la vague de mobilisation en Corse pour qui soit mis fin à ce statu.

Alain Ferrandi et Pierre Alessandri

Mikhaïl Kononovitch, dirigeant de l’aile jeunesse du Parti communiste ukrainien (PCU), et son frère, Alexandre Kononovitch, ont été arrêtés par les autorités ukrainiennes à Kiev. Ils sont accusé d’être des « propagandistes » visant à « déstabiliser » la situation intérieure en Ukraine. Les frères Kononovich étaient connus pour avoir participé à une manifestation devant l’ambassade des États-Unis à Kiev pour demander la fin à l’expansion de l’OTAN en Europe. Le gouvernement qui a pris le pouvoir en Ukraine en 2014 a mis hors la loi le Parti communiste et sa jeunesse. Les persécutions s’étaient intensifiées après l’insurrection du Donbass, parce que le CPU avait appelé à la négociation et préconisé un solution fédéraliste.

Une des campagnes du CPU et de sa jeunesse est la lutte contre la privatisation des terres agricoles. Après l’effondrement de l’URSS, le gouvernement ukrainien a abandonné le système de fermes collectives. Les anciennes terres collectives ont été réparties entre les membres des exploitations avec des interdictions de vente pour éviter les accaparements. Le gouvernement néolibéral Zelensky a inversé cette politique en 2019, exposant les riches terres agricoles ukrainiennes (qui occupent autant d’espace que la France et l’Allemagne réunies) à être achetées par les multinationales agro-industrielles.

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Il y aurait eu au total 13 600 arrestations dans plus de 140 villes de Russie depuis le début du conflit. Lors des arrestations, la police a passé à tabac des manifestants et utilisé contre eux des tasers. A Moscou, trois femmes ont été aspergées d’eau avant d’être frappées. Au commissariat, les personnes arrêtées sont bien souvent battues, humiliées et soumises à d’autres formes de mauvais traitements. Beaucoup ont déclaré qu’elles n’ont pas eu l’autorisation de consulter un avocat et ont été privées de nourriture, d’eau ou de literie. Dans un cas particulier, au poste de police de Brateyevo à Moscou le 6 mars, une manifestante a enregistré un policier en train de la menacer : « On va tous vous tuer ici et c’est tout. Nous aurons une autre récompense pour ça », alors qu’elle était tirée par les cheveux et frappée au visage.

 

De violents affrontements ont éclaté jeudi 10 autour du bâtiment du parlement argentin lorsque des manifestants protestant contre le nouvel accord avec le Fonds monétaire international se sont heurtés à la police de Buenos Aires. Des manifestants ont caillassé le bâtiment et le dispositif de protection alors que l’accord avec le FMI était débattu à la Chambre des députés. Les forces de police ont tiré des balles en caoutchouc et des groupes de policiers à moto ont chargé. Les affrontements se sont intensifiés, avec des jets de cocktails Molotov. Un manifestant a été arrêté. La manifestation avait été convoquée  pour s’opposer au nouvel accord avec le FMI et aux politiques d' »ajustement » qu’entraînerait le nouveau programme de refinancement des dettes auprès du FMI pour quelque 45 milliards de dollars.

La Corse continue de s’embraser, une semaine tout juste après la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna. De nouveaux affrontements ont éclaté lors de rassemblements de soutien au militant nationaliste Corse ce mercredi. C’est le cas à Bastia, Calvi et Ajaccio. Les premiers heurts ont eu lieu à Bastia. Un rassemblement s’est organisé vers 17h au niveau de la préfecture, comme les jours précédents. Des affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre. Des poubelles et une voiture ont été incendiées. À Calvi, les heurts ont éclaté vers 20h devant la sous-préfecture. Plusieurs vitres ont été brisées à coup pierres. Des cocktails Molotov ont été lancés contre le bâtiment. Un feu de palettes a aussi été allumé contre les grilles. Au même moment, des heurts ont éclaté à Ajaccio. Un appel au rassemblement avait été lancé à 18h30. La maison d’arrêt a également été prise pour cible. Des cocktails Molotov ont été lancés. Vers 23h30, c’est le palais de justice d’Ajaccio qui a été pris pour cible. Un feu a été allumé à l’entrée du bâtiment. Une banque a également été prise pour cible avec une mini pelle mécanique. Trente personnes ont été blessées dans ces affrontements.

Le palais de justice d’Ajaccio

Trois personnes ont été blessés par des balles métalliques recouvertes de caoutchouc, et des dizaines d’autres ont été victimes d’asphyxie et d’évanouissements lors de l’assaut mené par l’armée israélienne contre une fête sur le campus de l’Université Kadoorie, dans la ville d’Arroub, au nord d’Hébron. Dans le nord de la Cisjordanie, des centaines de Palestiniens ont participé aux funérailles d’Ahmed Hikmat Seif, 23 ans, dans le village de Burqa, au nord-ouest de Naplouse. Seif est mort dans la journée du mercredi des suites de ses blessures, subies au début de ce mois de mars. Il avait été atteint le premier mars par 3 balles dans l’abdomen et dans le dos lors d’une marche de soutien aux prisonniers dans la ville de Burqa réprimée par les forces d’occupation.

Ahmed Hikmat Seif

A Genève, la manifestation féministe du 8 mars s’est terminée par des affrontements avec la police et une nasse. Rendez-vous était pris dans le quartier des Grottes, proche de la gare, pour un rassemblement s’est transformé en marche nocturne sauvage. Autour des manifestantes, un important cordon de policiers, avec tenue anti-émeute, fourgons, canon à eau et drone. Une fois le cortège arrivé devant le lieu culturel de l’Usine, les policiers ont sorti leurs matraques pour frapper plusieurs militantes. Ils ont finalement a nassé une cinquantaine de manifestantes sur la plaine de Plainpalais.

La police anti-émeute turque s’est heurtée à des femmes qui s’étaient rassemblées pour célébrer la Journée internationale de la femme à Istanbul, mardi, et a tiré du gaz poivré pour disperser une foule de plusieurs milliers de personnes dans le centre-ville. Le bureau du gouverneur d’Istanbul avait déclaré un jour plus tôt qu’il n’autoriserait pas les marches, les protestations ou les déclarations de presse pour marquer l’événement dans la zone entourant la place centrale Taksim de la ville. Au milieu d’une forte présence policière, des femmes se sont rassemblées à proximité en sifflant, en allumant des torches et en scandant « nous n’avons pas peur, nous ne nous inclinons pas ».

Le mardi 8 mars, qui marquait la Journée internationale de la femme, plusieurs manifestations ont emprunté les principales avenues de la région métropolitaine de Santiago du Chili. Des affrontements ont opposés les manifestantes aux Carabineros dans le centre-ville, dans le secteur d’Alameda et Morandé. D’autres affrontements ont eu lieu à la même occasion en Colombie, à Medellin. Une manifestation défilant le long de l’Avenida Oriental a été attaquée par les ESMAD, les forces anti-émeutes. Les policiers ont lancés des bombes assourdissantes pour disperser la marche.

Mais les affrontements les plus nombreux et les plus violents (des dizaines de blessées) ont eu lieu au Mexique. Il y a eu des heurts dans les villes de Mexico, Oaxaca, Michoacan, Morelia, Guadalajara, Tlaxcala et Puebla. Dans la capitale, où ont défilé plus de 20000 femmes, les autorités avaient mis en place un dispositif de sécurité composé de 1 700 femmes policiers et ont érigé une vaste clôture métallique autour du Palais national du Mexique pour le protéger des manifestantes. C’est là que les affrontements ont commencé, lors des tentatives des manifestants de rompre les clôtures pour s’approcher du palais présidentiel.

 

Dans une nouvelle attaque contre le mouvement de solidarité et de libération de la Palestine, le ministre de l’intérieur français Gérald Darmanin a demandé la dissolution du Collectif Palestine Vaincra. Cette demande de dissolution survient quelques semaines après celles qui ont visé Nantes Révoltée et le CCIF. Un rassemblement contre ces procédures de dissolution aura lieu ce vendredi à Bruxelles, de 18H à 19H devant le consulat général de France (métro Art-Loi). Lire le communiqué du Secours Rouge International à propos de ces dissolutions