Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La manifestation, organisée à l’initiative d’ATTAC-ULB, a rassemblé une trentaine de personnes, étudiants et militants. Au départ, pas de calicots (mais quatre drapeaux du Bloc-M-L). La manifestation s’est rendue au carrefour de la Chaussée de Wavre et de la rue de la Paix où elle a bloqué quelques minutes la circulation avec un calicot ‘Solidarité avec la Grèce‘. L’important déploiement policier comprenait en particulier des en-civils, dont une demi-douzaine qui ont réalisé un véritable reportage vidéo et photo, allant jusqu’à provoquer des manifestants en les photographiant littéralement sous le nez. Un manifestant a mis sa main sur l’objectif d’un flic qui a crié à l’agression et téléphoné à Pol Bru pour demander du secours! Lequel secours n’est pas venu. Les flics ont également menacé de saisir la voiture qui avait amené le calicot. Tout cela dénote d’une certaine panique, entretenue sans doute par des rapports d’Europol et autres services, qui croient voir poindre un ‘Mai ’68 à Noël…

Communiqué du comité Tayad (familles et amis des prisonniers politiques en Turquie):

Aujourd’hui 19 décembre…

Tout le monde s’en souviendra: il y a huit ans, l’armée turque attaqua 20 prisons différentes où étaient incarcérés des détenus politiques. Armés de fusils mitrailleurs, de bombes de natures diverses, de gaz à la composante chimique inconnue, ils ont commis un véritable bain de sang. Bilan: 28 prisonniers tués, des centaines de blessés par tortures. Des centaines de détenus dont la sécurité devait être garantie par l’Etat ont été victimes d’une effroyable cruauté et ce, de la part du même Etat. Certains détenus ont été brûlés vifs, criblés de balles ou sont morts asphyxiés sous l’effet des bombes… La raison d’une telle sauvagerie en était l’opposition des prisonniers politiques à leur transfert vers de nouvelles prisons dites ‘de type F’ conçues pour ‘purger’ les détenus de leurs opinions et ce, au moyen de l’isolement carcéral. C’était la raison pour laquelle l’Etat turc opéra contre ces prisonniers qui étaient à sa merci, le plus grand déploiement militaire depuis l’invasion de Chypre de 1974. Sous les yeux du monde entier, des détenus attachés ont été tabassés à mort et mutilés à vie.

Face à ces atrocités, nous, parents de détenus et citoyens solidaires de Turquie, ne pouvions certainement pas relâcher le col des bourreaux. Notre insistance a finalement contraint les autorités turques à entamer des procès contre les auteurs de ces massacres. Il s’agissait cependant de procès cosmétiques où les criminels ont été jugés mais pas condamnés. Comme dans bien d’autres affaires, les assassins ont été innocentés et parfois, ont même été récompensés.

Dans le cadre du procès du 19 décembre, plusieurs procès ont été lancés. Il y eut le procès de la prison de Bayrampaşa où 12 détenus politiques ont été tués… Celui de Çanakkale où 4 prisonniers furent tués. Alors qu’il s’agissait de véritables massacres, les procès ont été intentés sous l’argument de ‘mauvais traitements contre les détenus’. Quant au verdict, il fut encore plus révoltant: non-lieu par manque de preuves crédibles et accablantes et prescription…. Ces procès avaient ainsi été intentés non pas pour que justice soit rendue mais pour court-circuiter toute possibilité de condamnation des assassins. Les juges ont été remplacés à chaque audience. L’un des procureurs qui demanda à pouvoir auditionner les assassins a été limogé. Les requêtes des avocats ont été ignorées. Les preuves ont été manipulées ou occultées… Finalement, les assassins ont été blanchis grâce à la prescription. Malgré cela, pour nous, familles des détenus, ce procès du massacre de 28 détenus n’est pas fini. Il ne sera clos que lorsque justice sera rendue. Tant que nous nous souviendrons la date du 19 décembre, ce procès ne prendra pas fin.

Citoyens européens, les prisons de type F, appelées à l’époque ‘projet planétaire’, ont été discutées dans les réunions de l’OTAN et financées par l’Union européenne. Ces deux institutions sont donc directement responsables des souffrances subies par les prisonniers politiques. C’est pour clamer cette réalité que nous sommes venus ici des dizaines de fois et que nous reviendrons encore et encore. Par ailleurs, des dizaines de prisonniers politiques de Turquie qui ont lutté contre le fascisme dont ils ont été les victimes, sont actuellement incarcérés dans des prisons européennes. Depuis le massacre du 19 décembre 2000, on constate un dangereux progrès de la collaboration entre l’Europe et l’Etat turc et ce, à force d’adoption de ‘lois anti-terroristes’ qui bafouent les droits et libertés que les peuples européens ont conquis par de grands sacrifices. Notre silence face à de telles lois ne fera qu’aggraver la situation.

Points communs entre les procès en cours en Allemagne, en France et en Belgique: Malgré la différence des inculpations, les instructions menées à l’encontre de dizaines de militants antifascistes et les procès politiques en cours dans trois pays (Belgique, France et Allemagne), ont la même nature. Toutes ces affaires sont régies par le principe suivant: ‘Les inculpés peuvent personnellement n’avoir commis aucun délit ni dans notre pays ni nulle part ailleurs dans le monde. Mais les inculpés s’opposent au régime en Turquie et soutiennent la lutte révolutionnaire contre ce régime. Par conséquent, nous pouvons les juger pour tout acte délictueux perpétré contre ce régime-là…’. Selon cette théorie arbitraire, un nombre incalculable de personnes sont menacées de peines totalisant plusieurs dizaines d’années de prison.

Nous tenons à rappeler aujourd’hui que la Turquie est indéniablement dominée par un régime fasciste. Ces trente dernières années, ce régime a assassiné des dizaines de milliers de ses citoyens, forcé des millions de personnes à l’exil, pratique la torture de manière systématique et exerce une violence physique sur des centaines de milliers de ses citoyens. Plus de la moitié des dossiers traités par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) concerne les violations des droits de l’homme commises par le régime fasciste d’Ankara. Cela signifie des centaines de condamnations pour tortures, exécutions et massacres. Dans les procès qui visent les militants en Europe, on ne tient même plus compte des critères universels comme la responsabilité personnelle dans le délit ou l’espace et le temps de la commission du délit. Et encore moins du caractère vertueux et humaniste de la lutte contre le fascisme et contre la tyrannie. Nous connaissons le fascisme avant tout de ce que les peuples européens en ont souffert. Les européens sont, en effet, ceux qui connaissent le mieux ce malheur. Nous demandons juste la fin de cette souffrance que génère le fascisme. Si ce voeu est désormais un crime en Europe, des millions de citoyens devraient s’en rendre coupables et être traînés en justice.

En tant que proches des détenus politiques turcs de Turquie et d’Europe, nous disons que:

-Résister contre le fascisme n’est pas un crime mais que le fascisme lui, est bien un crime. Nous réclamons que les auteurs du massacre du 19 décembre soient jugés et condamnés…
-Résister contre le fascisme est légitime. Nous demandons la libération de toutes les victimes et de tous les opposants au fascisme de l’Etat turc, qu’ils soient incarcérés en Europe ou en Turquie.
-L’Europe doit cesser de collaborer avec le fascisme turc. Nous demandons l’annulation de tous les procès intentés contre les opposants turcs en Allemagne, en France et en Belgique ainsi que les verdicts prononcés dans ces affaires.

Les martyrs du 19 décembre sont immortels – Punissez les responsables du massacre du 19 décembre – Stop aux persécutions visant les révolutionnaires anatoliens, en Europe et en Turquie – La lutte contre la tyrannie est légitime

TAYAD Komite, (tayadkomite@hotmail.com)

Mercredi 17, un rassemblement en solidarité au soulèvement de la jeunesse grecque devait avoir lieu sur la place du Jeu de Balle. Dès 15 heures, un important dispositif policier entourait et quadrillait les alentours, contrôlant toutes les personnes susceptibles d’être liées à cette manifestation. Les policiers ont procédé à plusieurs arrestations, dont une jeune femme traînée par les cheveux jusqu’au commissariat. Un nouvel appel à la manifestation a été lancé pour le samedi 20 décembre à 16h au campus du Solbosh (ULB).

Christan Klar, 56 ans, militant de la Fraction Armée Rouge, a été libéré de la prison de Bruchsal après 26 ans de détention. Christian Klar, qui n’a jamais renié ses convictions révolutionnaires, aurait du être libéré le 3 janvier, ayant purgé la partie incompressible de sa peine. Il a été relâché avec deux semaines d’avance officiellement en raison de travaux qu’il a réalisés en prison. Il devra passer cinq années de liberté conditionnelle.

Voir la brève vidéo d’Euronews

C’est le 25 décembre qu’un tribunal militaire israélien (siégeant sur une base militaire à Ramallah) doit rendre son verdict contre le secrétaire général du Front Populaire pour la Libération de la Palestine, Ahmad Sa’adat. Ahmad Sa’adat est accusé à de multiples reprises d’atteintes à la sécurité nationale d’Israël, d’être dirigeant d’une organisation interdite, etc. Ahmad Sa’adat refuse de collaborer avec la justice israélienne. Il la dénonce comme illégitime, comme un instrument d’oppression du peuple palestinien.

L’Autorité Palestinienne, sous la pression des pays impérialistes, avait emprisonné Ahmad Sa’adat à la suite de l’exécution du ministre israélien du tourisme par un commando du FPLP (à la différence des islamistes, les commandos du FPLP ne frappent que des militaires israéliens ou des responsables de l’Etat sionniste). La prison avait une garde internationale (US et britannique). Le 14 mars 2006, l’armée israélienne occupait la prison (les soldats US et britanniques laissant faire) et y enlevait tous les prisonniers politiques palestiniens pour les faire comparaître devant ses tribunaux. A l’occasion de la comparution du 25 décembre, le FPLP appelle à des initiatives solidaires.

Ahmad Sa’adat

Interview d’Ahmad Sa’adat en vidéo (en arabe, sous-titres français)

Ahmad Sa'adat

Le 13 décembre était en Allemagne une journée de solidarité avec Axel, Oliver et Florian, les inculpés du procès contre le Militante Gruppe. Ils sont accusés d’avoir incendié des camions de l’armée allemande. A Berlin, 1.500 manifestants ont défilé dans le fief autonome de Kreuzberg:

Manif pour le MG à Kreuzberg

A Hambourg, 300 manifestants communistes et anarchistes ont formé un bloc anti-répression:

Manif pour le MG à Hambourg

D’autres manifestations et actions ont eu lieu à Magdebourg, Brême, Francfort, Göttingen et Lüneburg. Quelques initiatives internationalistes ont également eu lieu, en Suisse, en Autriche (ci-dessous, la manifestation de Vienne) et en… Nouvelle-Zélande:

Manifestation pour le MG

Voir la liste des initiatives (en allemand)

Manif pour le MG à Kreuzberg
Manif pour le MG à Hambourg
Manifestation pour le MG

Georges Cipriani, Régis Schleicher et Georges Ibrahim Abdallah, prisonniers politiques enfermés en France depuis plus de 21, 25 et 24 ans, ont dû passer cet été au Centre National d’Observation de Fresnes pour examen de leur ‘dangerosité’, en application de la loi de février 2008 sur la rétention de sûreté. Début décembre, cela faisait quatre mois que Georges Cipriani et Régis Schleicher avaient quitté Fresnes. Quatre mois de prison supplémentaires sans que la commission pluridisciplinaire ne donne son avis, indispensable pour la poursuite de l’examen de leur dossier de libération conditionnelle.

Ce 16 décembre 2008, la commission pluridisciplinaire statuera enfin sur les dossiers de Georges Cipriani et Régis Schleicher!

Pour Georges Abdallah qui est passé à Fresnes après Georges Cipriani et Régis Schleicher, toujours pas de nouvelles de la part de cette commission! Pour ces prisonniers politiques, comme pour tant de prisonniers condamnés à de longues peines, c’est l’enfermement administratif qui se met en place!

Une manifestation anti-capitaliste était organisée à Gand le 15 décembre à 20h par le CAP. Parallèlement les anarchistes avaient lancé des appels à la solidarité avec les émeutiers grecs. Entre 100 et 150 personnes étaient présentes, la grande majorité masquées. La manif a été assez courte, beaucoup de pétards, des slogans, quelques tags sur le sol et des vitrines, une banque a reçu une volée de bombes de peinture et il y a eu des bidouillages sur un ou des distributeurs de billets.

Arrivés à la fin ‘officielle’ de la manif, entre 50 et 80 personnes sont parties en manif spontanée. Une voiture de flics essuie des projectiles et se barre, la banque est tagguée, le mister crash rendu inutilisable. Arrivés dans une des principales rues commercantes de Gand, les vitrines des banques et d’une quinzaine de commerces choisis (bijouterie, ‘Base shop’, etc) sont brisées. Les manifestants se dispersent en petits groupes à l’arrivée de la police. Aucune arrestation durant les actions, mais il y a des courses-poursuites et les flics continuent pendant un certain temps à chasser les manifestants dans les rues. Au final, il y aura 19 arrestations. Un legal team ayant été mis en place, à 4h du matin, toutes les personnes arrêtées ont été libérées, sauf une.

Manifestation pour les anarchistes grecs

En marge de la manifestation pour les anarchistes grecs

Manifestation pour les anarchistes grecs
En marge de la manifestation pour les anarchistes grecs

Le 1er février 2002, trois révolutionnaires chiliens (Mauricio Hernandez Norambuena, militant du Front Patriotique Manuel Rodriguez, Alfredo Canales Moreno et Marco Rodríguez Ortega, militants du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire – Armée de Guérilla des Pauvres), deux révolutionnaires colombiens (Marta Urrego Mejia et William Gaona Becerra), et la révolutionnaire argentino-espagnole Karina Germano López étaient arrêtés à Sierra Negra, au Brésil, suite à l’enlèvement du milliardaire Washington Olivetto, le roi de la publicité au Brésil. L’opération devait financer la lutte du FPMR et du MIR-EGP.

Après leurs arrestations, ils sont torturés (Alfredo et Marco à l’électricité) et condamnés, en première instance, à seize années de prison. En novembre 2003, le Tribunal Supérieur de São Paulo dénie le caractère politique de l’action et alourdit les peines: trente ans de prison à un régime exceptionnellement sévère. Chaque prisonnier ne peut recevoir que des visites de sa famille la plus proche, mais comme aucun parent ne vit au Brésil, les visites sont très rares. Mauricio Hernandez est soumis depuis cinq années au pénitencier de Catanduras à un régime d’isolement total qui l’oblige à vivre dans une cellule de 3×2 mètres, lit et toilette y inclus, dont il ne peut sortir que deux heures par jour, et seul. Il n’a pas accès à la TV, même pas aux journaux, radio, et ne peut recevoir qu’un livre par semaine. Il ne peut pas avoir de contacts avec d’autres prisonniers.

Pénitentier de Catanduras

Lire la biographie de Mauricio

Lire une interview de Mauricio

Alfredo Canales Moreno


Marco Rodriguez Ortegua


Karina Dana Lopez Germano


Maïté A Bellon


William Gaona Becerra

Pour écrire aux prisonniers:

-Mauricio Hernández Norambuena
-Penitenciaria Federal de Catanduvas.
-Rodovia PR-471, kilómetro 15.
-Zona Rural.
-Catanduvas/PR. CEP 85.470-900
-Brésil

-Alfredo Canales Moreno – 228.514
-Penitenciaria C.P.M.
-Marcelo Pires da Silva
-Rodovía Eduardo Saigh – Km 292,5
-Caixa Postal 53
-CEP 18730-000 Itaí
-São Paulo – Brésil

-Marco Rodriguez Ortega – 228.515
-Penitenciaria C.P.M. cela 110
-Marcelo Pires da Silva
-Rodovía Eduardo Saigh – Km 292,5
-Caixa Postal 53
-CEP 18730-000 Itaí
-São Paulo – Brésil

-Maite A. Bellón – Ala A 09
-Rua Alagoas, 100
-Campinas
-CEP 13031-210 São Paulo
-Brésil

-William Gaona Becerra – 227.880
-PenitenciariaC.P.M.
-Marcelo Pires da Silva
-Rodovía Eduardo Saigh – Km 292,5
-Caixa Postal 53
-CEP 18730-000 Itaí
-São Paulo – Brésil

Pénitentier de Catanduras
Alfredo Canales Moreno
Marco Rodriguez Ortegua
Karina Dana Lopez Germano
Maïté A Bellon
William Gaona Becerra