Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Face à la résidence de l’ambassadeur de France à Bruxelles le 6 septembre 2005


Face au Palais de Justice de Paris le 27 septembre 2007


Affichage à Bruxelles

Face à la résidence de l'ambassadeur de France à Bruxelles le 6 septembre 2005
Face au Palais de Justice de Paris le 27 septembre 2007
Affichage à Bruxelles

Devant le consulat de France à Liège le 28 mai 2004


Face à la prison de Bapaume (où était détenue Nathalie Ménigon) le 25 février 2006


Face à la prison de Bapaume le 23 juin 2007


Manifestation devant la prison de Bapaume


Action de sympathisants sur l’autoroute


Manifestation dans les rues de Douai

Devant le consulat de France à Liège le 28 mai 2004
Face à la prison de Bapaume (où était détenue Nathalie Ménigon) le 25 février 2006
Face à la prison de Bapaume le 23 juin 2007
Manifestation dans les rues de Douai

Affiche pour la libération de Pierre Carette – Septembre 2002 – Offset


Affiche d’appel à une manifestation pour la libération de Pierre Carette – Octobre 2001 – Sérigraphie sur papier kraft


Affiche d’appel au meeting de Bruxelles pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah – Février 2004 – Sérigraphie


Affiche pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah – Mai 2006 – Offset


Affiche pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah – Novembre 2005 – Offset


Affiche générale du Secours Rouge/APAPC – Janvier 2004 – Sérigraphie


Affiche pour la libération des militants d’Action Directe – Mars 2004 – Offset


Affiche pour la libération des militants d’Action Directe – Mai 2004 – Sérigraphie


Affiche contre l’extradition de Bahar Kimyongür vers la Turquie – Mai 2006 – Offset


Affiche d’appel à la manifestation pour la libération des membres du Secours Rouge arrêtés le 5 juin – Juillet 2008 – Offset


Affiche de la campagne NoProcès


Affiche de la projection du documentaire ‘We’ d’Arundhati Roy – Septembre 2011



Affiche d’appel à la manifestation pour les prisonniers de ‘Lutte Révolutionnaire’ – Octobre 2011


Affiche pour le concert de ‘The Coup’ – octobre 2012


Affiche pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah

Affiche pour la libération de Pierre Carette - Septembre 2002 - Offset
Affiche d'appel à une manifestation pour la libération de Pierre Carette - Octobre 2001 - Sérigraphie sur papier kraft
Affiche d'appel au meeting de Bruxelles pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah - Février 2004 - Sérigraphie
Affiche pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah - Mai 2006 - Offset
Affiche pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah - Novembre 2005 - Offset
Affiche générale du Secours Rouge/APAPC - Janvier 2004 - Sérigraphie
Affiche pour la libération des militants d'Action Directe - Mars 2004 - Offset
Affiche pour la libération des militants d'Action Directe - Mai 2004 - Sérigraphie
Affiche contre l'extradition de Bahar Kimyongür vers la Turquie - Mai 2006 - Offset
Affiche d'appel à la manifestation pour la libération des membres du Secours Rouge arrêtés le 5 juin - Juillet 2008 - Offset
Affiche de la projection du documentaire 'We' d'Arundhati Roy - Septembre 2011
Quelques affiches du Secours Rouge
Affiche d'appel à la manifestation pour les prisonniers de 'Lutte Révolutionnaire' - Octobre 2011
Affiche pour le concert de 'The Coup' - octobre 2012
Affiche pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah

Bref historique du Black Panther Party

En octobre 1966, Huey Newton et Bobby Seale fondent le Black Panther Party for Self-Defense, qui deviendra vite le Black Panther Party. Ils rédigent un programme en dix points, qu’ils souhaitent être un programme politique concret qui touche directement la communauté noire. Leurs principales sources d’inspirations sont Franz Fanon, Malcolm X, et Mao.

Dans les premiers mois de son existence, le BPP se consacre à contrer les attaques de la police et les agressions contre les racistes blancs. La nécessité de s’armer se fait jour, et le financement de l’achat des armes se fait par la vente du Petit Livre Rouge de Mao. En décembre 1966, Bobby Hutton devient le premier membre du parti, mais très vite, le nombre de militant s’accroît. En effet, le BPP tient tête à la police d’Oakland, et gagne ainsi une certaine notoriété.

Groupe de Panthères Noires

En avril 1967, le premier numéro du journal des Panthers sort de presse, suite à l’assassinat d’un jeune noir de San Francisco. Composé de quatre pages, ses textes remettent en question les différents ‘faits’ établis par la police après la mort du jeune homme. Un peu plus tard, Newton est arrêté pour avoir tué un policier.

Huey Newton en prison

Le BPP entame le mouvement ‘Free Huey‘. Durant cette période, le parti s’enracine en s’alliant à divers groupes révolutionnaires et connaît un succès grandissant. L’organisation du parti ne s’est pas décidée dès sa création. Elle s’est construite au fil de l’évolution et de la croissance du mouvement. Le parti est divisé en ‘Chapitres’, qui sont propres à chaque Etat. Ensuite vient la branche (chaque grande ville en compte une). Enfin, chaque branche est divisée en sections, elles-mêmes divisées en sous-sections. Le comité central est l’instance dirigeante du parti. Il est composé d’un bureau politique qui définit les politiques à mener. A sa tête, le ministre de la Défense, secondé par le président du parti. On trouve également un ministre de l’Information (le journal du BPP tire à 125.000 exemplaires) et un secrétaire général chargé de l’organisation du parti au jour le jour.

Organigramme du parti

A côté de sa campagne pour l’auto-défense, le BPP met en place un programme social très important. Fred Hampton, fondateur du Chapitre du parti à Chicago lance les petits-déjeuners gratuits pour les enfants noirs (30.000 enfants en bénéficieront bientôt), ainsi qu’un programme médical visant à dépister l’anémie. Le BPP crée également la ‘Oakland Community School’ afin d’accueillir les jeunes de la communauté. Les objectifs du parti sont clairs: nourrir – soigner – éduquer.

Groupe de Panthères Noires

Tout cela déplaît aux autorités, et dès 1967, le FBI déploie contre le BPP le programme de répression utilisé dans les années 50 contre le Parti Communiste: le COINTELPRO. Le BPP va dès lors être la cible d’une campagne de harcèlement et de répression d’un caractère nouveau et d’une ampleur jusque là inégalée.

Toutes ces actions menées par le FBI entraînent un climat de suspicion au sein même du groupe, ainsi que des tensions avec d’autres organisations menant à une inévitable guerre. Toutes ces querelles et dissensions fomentées par le COINTELPRO vont finir par faire imploser le parti. Dès 1971, les militants radicaux les plus chevronnés sont soit morts, soit en exil, soit en prison. En 1973, le Black Panther Party disparaît.

Quelques protagonistes

Huey Newton

Huey Percy Newton: co-fondateur du BPP, il est né le 17 février 1942 en Louisiane dans une famille d’ouvriers. Il grandit à Oakland, Californie. Durant ses années de collège, il s’engage dans différentes associations politiques, progressistes et culturalistes noires. C’est alors qu’il rencontre Bobby Seale et fonde le parti.

Bobby Seale

Bobby Seale: co-fondateur du BPP. Il est né le 22 octobre 1936 à Dallas, au Texas. Après une enfance pauvre à Oakland, il devient mécanicien et s’engage dans l’armée d’où il est exclu. De retour dans sa famille, il milite dans plusieurs associations où il rencontre Huey Newton et fonde le parti en octobre 1966.

Bobby Hutton

Bobby Hutton: né en 1950, il fut le premier membre du BPP, qu’il rejoint à l’âge de 16 ans. Moins de deux ans plus tard, le 7 avril 1968, il est assassiné par la police d’Oakland.

Fred Hampton

Fred Hampton: il est né le 30 août 1948 à Chicago, où il passe toute son enfance. Brillant étudiant en droit, il milite durant ses études pour les droits civiques, et en novembre 1968 fonde le Chapitre BPP de Chicago. Il met en place des actions sociales telles que les petits-déjeuners et les soins médicaux gratuits pour les enfants défavorisés. Leader charismatique, il donne également de nombreuses conférences et rencontre un écho plus que favorable auprès de la population. Il est assassiné le 4 décembre 1969 par la police de Chicago.

Affiche de recherche d’Angela Davis

Angela Davis: née le 26 janvier 1944 dans l’état d’Alabama où ses parents sont enseignants. Elle étudie aux Etats-Unis, en France et en Allemagne. Elle reçoit sa maîtrise en 1968 et devient membre du Parti Communiste des Etats-Unis et du BPP. Elle commence à enseigner, mais est renvoyée à cause de ses convictions. En 1970, recherchée et arrêtée sous l’accusation de conspiration pour libérer des prisonniers du BPP, elle passe 16 mois en prison avant d’être acquittée. Aujourd’hui, Angela Davis enseigne à l’université et continue son combat politique et social.

La répression contre le Black Panther Party

Le programme COINTELPRO (COunter INTELligence PROgram) du FBI a été créé secrètement en 1956 pour lutter contre le Parti Communiste aux Etats-Unis. Il fut relancé en 1967 contre les groupes de libération afro-américains et contre la gauche révolutionnaire. Il a été mis à jour en 1971. Son but avoué par le FBI: ‘protéger la sécurité nationale, prévenir la violence et maintenir l’ordre social et politique existant‘. Tous les moyens, allant jusqu’à l’assassinat politique furent employés à cette fin.

De 1956 et 1971, il y a eu 2.218 opérations liées au COINTELPRO, 2.305 écoutes téléphoniques illégales et l’ouverture de 57.646 courriers. Sur les 295 opérations menées contre les organisations afro-américaines, 233 visaient le BPP. Une note du directeur du FBI indique: ‘Le but de l’action du Counter Intelligence est de perturber le BPP, et c’est sans importance de savoir s’il existe des faits pour prouver les accusations (contre le BPP)’.

Des agents ont été payés pour devenir membre du BPP, pour perturber son travail et pour pousser ses membres à se mettre hors-la-loi. Il permet de récolter un maximum d’informations et de se tenir au courant au jour le jour. Le FBI a orchestré la désinformation et la manipulation par la publication de fausses informations dans les médias pour briser les soutiens au BPP, par l’envoi de lettres anonymes afin de créer des divisions au sein du BPP. Cela a permis la création d’un climat de suspicion entraînant des tensions internes au BPP, et des tensions avec d’autres organisations entraînant parfois une guerre ouverte.

Le FBI s’est livré au harcèlement à travers le système légal: des officiers de police donnent de faux témoignages, fabriquent des preuves pour arrêter et faire emprisonner des membres du BPP. Les FBI a directement usé de violences extra-légales: le FBI et la police menacent et provoquent des assauts, du vandalisme, des bagarres pour effrayer et pour perturber le mouvement. Au total, 38 militants du BPP ont été tués durant l’année 1970 suite à des raids organisés par la police contre les bureaux du parti.

L’assassinat de Bobby Hutton

Le 7 avril 1968, huit membres du parti, dont Bobby Hutton, voyageaient dans deux voitures lorsqu’ils tombent dans une embuscade dans la police à Oakland. Bobby prend la fuite avec un camarade, et ils trouvent refuge dans un sous-sol. Très vite, ils sont cernés par plus de cinquante policiers qui prennent d’assaut le bâtiment, qui prend feu. Bobby en sort les mains en l’air, ayant enlevé son tee-shirt pour montrer qu’il était sans arme. Dès sa sortie, il est la cible de douze tirs qui le tuent sur le coup.

Hommage à Hutton

L’assassinat de Fred Hampton

Le 3 décembre 1969 à Chicago, après avoir donné une conférence, Hampton et quelques membres du parti se rendent à son appartement. Mais une taupe se trouve parmi eux. Il avait fourni au FBI un plan de l’appartement. Le soir même, il sabota les armes et durant le repas, drogua Hampton. A 4 heures du matin, lorsque les policiers prirent l’appartement d’assaut, Hampton est tué dans son sommeil. Tous les autres membres du parti présents ont également été la cible des tirs policiers, et notamment la compagne d’Hampton, alors enceinte.

L’inculpation d’Angela Davis

Durant l’été 70, Davis participe à la campagne pour la libération de Georges Jackson et des ‘Soledad Brothers’ (Lire les lettres de prison de Georges Jackson). Le 7 août, le frère du prisonnier tente de faire évader John McClain au moment de son procès. Avec deux camarades, ils prennent cinq otages, dont le juge. Dès leur sortie, la police fait feu sur leur véhicule, tuant quatre hommes. Davis est accusée d’avoir fourni les armes à Jackson. Elle se retrouve sur la liste des personnes les plus recherchées du FBI. Après des mois de cavale, elle est capturée à New-York. En 1972, après 16 mois de prison, elle est finalement acquittée.

Badge pour Angela Davis

Chronologie du Black Panther Party

1965

21 février: Malcolm X est assassiné alors qu’il s’exprimait à l’Audubon Ballroom, à Harlem.

1966

Mai: Stokely Carmichael est élu président du SNCC (Student Nonviolent Coordination Committee).

15 octobre: Huey P. Newton et Bobby Seale rédigent la première version du programme en dix points du BPP.

Décembre: Bobby Hutton, 16 ans, est la première recrue du BPP.

1967

1 janvier: Le BPP ouvre son premier bureau au 5624 Grove Street, à Oakland.

21 février: Deux ans après le meurtre de Malcolm X, les Panthères noires escortent sa veuve, Betty Shabazz, de l’aéroport aux bureaux de la revue Ramparts, où travaille Eldridge Cleaver. Impressionné, ce dernier rejoint le BPP.

1 avril: A Richmond, en Californie, Denzil Dowell est abattu par la police. Celle-ci prétend que ses agents ont tiré pour se défendre. Sa famille demande aux Panthères Noires de mener une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur sa mort.

25 avril: Publication du premier numéro du journal officiel des Panthères: Black Panther Party – Black Community News Service.

2 mai: Trente Panthères armées s’introduisent dans le Capitole de Sacramento pour protester contre le Mulford Act, projet de loi destiné à empêcher le port d’armes en Californie.

28 juin: L’Etat de Californie adopte la loi ‘anti-armes’ Mulford, qui prohibe le port d’armes dans tout espace public. Les patrouilles de Panthères se retrouvent de fait hors-la-loi.

28 octobre: A 4h56 du matin, à Oakland, les officiers de police John Frey et Herbert Haines contrôlent le véhicule de Huey P. Newton, accompagné de Gene McKinney. Dans l’altercation qui suit, John Frey est abattu et son collègue blessé. Newton est lui aussi gravement blessé, il est arrêté alors qu’il vient d’arriver à l’hôpital.

1968

Janvier: Création d’un chapitre du BPP en Californie du Sud, par Alpentice ‘Bunchy’ Carter.

17 février: Pour l’anniversaire de Huey P. Newton, une grande manifestation ‘Free Huey’ est organisée à l’auditorium d’Oakland. Plus de 5000 personnes sont présentes, dont Stokely Carmichael, H. Rap Brown, James Forman, dirigeants du SNCC, ainsi que des membres du Peace and Freedom Party.

Mars: Arthur (Glen) Carter, frère de Bunchy Carter, est abattu par la police. Il est le premier Panthère noire à tomber sous les balles de la police.

Avril: Création d’un chapitre du BPP à New-York.

4 avril: Martin Luther King Jr. est assassiné à Memphis, dans le Tennessee. Sa mort enflamme les ghettos américains.

6 avril: Bobby Hutton, 17 ans, premier membre du Parti, est tué lors d’une fusillade à Oakland. Présent sur les lieux, Eldridge Cleaver est blessé et incarcéré.

Juin-juillet: L’alliance entre le SNCC et les Panthères noires tourne court. Chassé du SNCC, Carmichael rejoint le BPP.

15-16 juillet: Le procès de Huey P. Newton s’ouvre à Oakland. Plus de 6.000 manifestants se rassemblent pour l’occasion devant le palais de justice.

27-28 septembre: Huey P. Newton est condamné à une peine de 2 à 15 ans de prison. Quatre heures après cette condamnation, deux policiers tirent à bout portant sur la vitrine du local des Panthères sur Grove Street. Dans le même temps, la conditionnelle d’Eldridge Cleaver est révoquée. Il doit retourner en prison.

24 novembre: Trois jours avant de retourner en prison, Eldridge Cleaver disparait. Accompagné de sa femme Kathleen Cleaver, ils quittent le pays pour Cuba, Paris, et plus tard Alger.

1969

Janvier: Mise en place du premier programme de petits-déjeuners gratuits pour les enfants, à l’église Ste Augustine, à Oakland.

17 janvier: A Los Angeles, Bunchy Carter et John Huggins sont tués au Campbell Hall du campus de l’UCLA par des membres de l’organisation noire US (United Slaves). Le soir même, dix-sept Panthères sont arrêtées au domicile de John Huggins. La police prétend qu’elles préparaient leur vengeance sur US.

24 mars: De retour d’une tournée dans les pays scandinaves, Bobby Seale est inculpé pour avoir fomenté des émeutes lors de la convention démocrate d’août 1968. C’est le début de l’affaire des ‘Chicago 8’.

1 avril: Début du programme de petits-déjeuners à Chicago. A la fin de la semaine, 1.100 enfants sont accueillis et nourris.

2 avril: Le procureur de New York, Frank S. Hogan, engage des poursuites contre 21 Panthères de NY pour préparation d’un attentat contre la police, des grands magasins et le métro new yorkais. C’est le début de l’affaire des ‘Panthères 21’.

22 mai: A New Haven, dans le Conecticut, 8 Panthères sont arrêtées (dont Bobby Seale et Ericka Huggins) pour le meurtre d’Alex Rackley, membre du Parti à New-York. Début de l’affaire de New Haven.

23 mai: John Savage, membre du parti, est abattu par des membres de US.

8 juin: Bobby Seale est condamné à 3 ans de conditionnelle pour port d’armes près d’une prison (il s’était fait arrêter alors qu’il rendait visite à Huey P. Newton).

17 juillet: Le Parti lance à New Haven son premier programme de détection de l’empoisonnement au plomb contenu dans la peinture d’appartement.

18 juillet: Ouverture à Oakland du ‘Front uni contre le fascisme’, organisé par le BPP. Pendant trois jours, le principal sujet de débat est le contrôle de la police par la communauté.

15 août: Sylvester Bell, membre du BPP à San Diego, est abattu par des membres de US.

19 août: Bobby Seale est en prison pour deux affaires dans lesquelles il est accusé d’être impliqué.

3 septembre: Création de la section internationale du BPP en Algérie, sous l’égide d’Eldridge Cleaver.

18 octobre: Walter Pope, membre du BPP à Los Angeles, est abattu par la police alors qu’il vend le journal du Parti.

4 décembre: Fred Hampton et Mark Clark sont assassinés par la police de Chicago.

8 décembre: Attaque massive de la police de Los Angeles contre les bureaux du BPP àLos Angeles. S’ensuivent quatre heures d’affrontements armés.

1970

5 août: Huey P. Newton est libéré sous caution.

7 août: Jonathan Jackson, frère cadet de Georges Jackson, emprisonné depuis 1960, tente par une prise d’otage de faire évader John McClain du tribunal où se tient son procès. Assisté de Ruchell Magee et dʼun autre prisonnier, tous deux témoins dans le procès, ils prennent cinq otages, dont le juge. Dans leur fuite éclate une fusillade. Jonathan Jackson est abattu. L’arme avec laquelle il a fait cette prise d’otage a été enregistrée au nom d’Angela Davis, militante communiste et membre du comité de soutien de Georges Jackson. En quelques jours, elle devient la femme la plus recherchée des Etats-Unis. Arrêtée quelques semaines plus tard, elle devient une figure marquante du mouvement révolutionnaire américain.

Août – début septembre: Voyage d’une délégation du BPP, menée par Eldridge Cleaver au Viêtnam, en Chine, à Moscou et en Corée du Nord.

20 novembre: L’affaire de New Haven est définitivement classée. Les 8 Panthères noires, dont Bobby Seale, sont libres.

1971

Janvier: La branche d’Oakland ouvre l’institut intercommunal de la Jeunesse (renommé Oakland Community School en 1974).

26 février: Débat télévisé entre Huey P. Newton et Eldridge Cleaver à l’issue duquel la scission dans le BPP se confirme.

8 mars: Un bureau du FBI est cambriolé en Pennsylvanie. 800 documents d’archives des campagnes de répression contre des dizaines d’organisations américaines y sont volés.

19 mai: Date du 46ème anniversaire de Malcolm X, la Black Liberation Army (BLA) revendique sa responsabilité dans une fusillade qui a visé deux policiers.

21 août: Georges Jackson, maréchal du BPP dans la prison de San Quentin, est assassiné, alors qu’il était soi-disant en train de s’évader.

1972

18 août: Elmer ‘Geronimo’ Pratt est condamné à la prison pour le meurtre d’une jeune institutrice, Caroline Olsen, assassinée à Santa Monica. A l’heure du crime, Geronimo était à Oakland, à plus de 700 kilomètres de là.

1973

Avril: Elaine Brown et Bobby Seale se présentent aux élections à Oakland. Brown au conseil de la ville et Seale pour devenir maire d’Oakland.

3 mai: Zayd Shakur, Sundiata Acoli et Assata Shakur, membres du la BLA, sont arrêtés par une patrouille de police. La fusillade qui suit laisse Zayd Shakur et un policier au sol, morts. Assata Shakur, grièvement blessée, est arrêtée. Acoli parvient à s’enfuir.

1974

Eté: Risquant une inculpation dans deux affaires d’agression et de meurtre, Huey P. Newton par en exil à Cuba.

2 novembre: Huey P. Newton est inculpé pour le meurtre d’une prostituée, Kathleen Smith.

Après 1974

18 novembre 1975: Eldridge Cleaver et sa femme Kathleen reviennent aux Etats-Unis après 7 ans d’exil.

2 novembre 1975: Assata Shakur s’évade de la prison où elle purge sa peine et s’exile à Cuba.

Mai 1981: Mumia Abu Jamal, ancien membre du BPP à Philadelphie devenu journaliste, est accusé du meurtre d’un policier. Victime d’un procès truqué, il clame son innocence depuis le couloir de la mort. D’importantes campagnes de soutien ont lieu dans le monde entier. Il incarne la ‘Voix des Sans-Voix’.

22 août 1989: Huey P. Newton est assassiné dans une rue d’Oakland, alors qu’il sort de chez son dealer.

19 janvier 1995: Dhoruba bin Wahad (Richard Moore), emprisonné depuis 1973 pour le meurtre d’un policier, est déclaré innocent après avoir fait appel.

10 juin 1997: Elmer Geronimo Pratt, emprisonné depuis 25 ans, est innocenté du meurtre de Caroline Olsen.

1 mai 1998: Eldridge Cleaver meurt à l’âge de 62 ans.

Chronologie issue de Panthères noires. Histoire du Black Panther Party, Tom Van Eersel, Editions de l’Echapée, Paris, 2006.

Un héritier du BPP: la Black Liberation Army

La Black Liberation Army (BLA) était issue de l’expérience de la répression massive contre le BPP. Des structures clandestines s’étaient formées pour protéger ceux qui passaient dans la clandestinité. Il n’y avait pas de structure centralisée, mais de petites cellules autonomes, nombreuses dans certaines villes.

Le programme minimal était celui décidé le 31 mars 1968 entre différents courants nationalistes et anti-impérialistes du mouvement noir, à savoir la formation d’une Republic of New Afrika à partir des Etats de Louisiane, du Mississippi, de l’Alabama, de Georgia et de Caroline du sud.

En 1973 la plupart des cellules avaient été anéanties, la plupart des combattants tués ou arrêtés. A la mi-70 on consolida les restes du BLA par le BLA-Coordinating-Committee. Une minorité forma sa propre organisation en 78, la Revolutionary Task Force avec le soutien d’ancien Weathermen. Il y avait donc des activistes noirs et blancs, dans le but d’une ‘modification révolutionnaire et d’un processus croissant d’unification‘.

Assata Shakur (photo), une des fondatrices de la BLA, fut libérée de sa prison par un commando de cette organisation et se réfugia à Cuba. Cette action fut extrêmement populaire. Sur de nombreux murs de ghettos, on pouvait lire ‘Assata is welcome here‘.

Assata Shakur

Il y eut de très nombreuses actions contre des banques pour financer des programmes sociaux. Lorsqu’en 81 une attaque contre un fourgon à West Nyack (New York) amena l’arrestation de membres de la revolutionary armed task force, ce fut le début de la fin, des arrestations s’en suivirent.

Conférence de Claude Guillaumaud-Pujol sur Mumia et le BPP

Le 20 février 2009, le Secours Rouge a organisé à Bruxelles une Conférence de Claude Guillaumaud-Pujol sur le Black Panther Party et le cas Mumia Abu-Jamal. Claude Guillaumaud-Pujol est née le 16 avril 1945 à Tours. En tant qu’universitaire spécialisée en civilisation américaine, elle s’est rendue en 1990 à Philadelphie afin de mener sa thèse consacrée à la brutalité policière et aux minorités. Elle a enseigné dans les universités de Tours, Clermont-Ferrand et Marne-la-Vallée. Avec ses étudiants à Tours, elle fonde un groupe de soutien à Mumia Abu-Jamal et aux MOVE 9: ‘Just Justice TOURS’. Elle est également membre du Collectif national ‘Ensemble sauvons Mumia Abu-Jamal’ basé à Paris.

Lire le texte de la conférence – format pdf

Avant sa conférence publique, Claude Guillaumaud-Pujol a répondu aux questions d’une animatrice de la radio Passe-Muraille. Cet entretien a été diffusé sur les ondes le lendemain de la soirée, dans le cadre de l’émission sur la prison diffusée tous les dimanches.

Lire la retranscription de l’entretien

Pour en savoir plus

Quelques documents

1° Mumia Abu-Jamal fut un membre important du Black Panther Party. Il fut notamment dès 1969 chargé de l’information du Chapitre de Philadelphie. Le FBI le considère comme l’une des personnes ‘à surveiller et interner en cas d’alerte nationale’. A ce titre, il est l’une des cibles du COINTLEPRO. Après la dissolution du parti, il devient un journaliste très apprécié, notamment pour sa critique de la corruption de la police. En 1981, il est accusé, sans réelles preuves concrètes, du meurtre d’un policier et condamné à mort en 1982. En 2001, sa sentence de mort est provisoirement écartée suite à l’aveu d’un ancien tueur à gage. Malgré tout, il est toujours considéré comme coupable et se trouve toujours en prison à l’heure actuelle. Dans ce texte, Mumia Abu-Jamal se souvient de Fred Hampton:

Texte de Mumia à propos de Fred Hampton – format pdf

2° Lors du raid mené sur l’appartement de Fred Hampton le 4 décembre 1969, ce dernier dormait aux côtés de sa compagne Déborah Johnson, enceinte de 8 mois. Un mois plus tard naissait Fred Hampton Junior. Le 17 juin 1999, il écrit un texte ‘témoignage’ de cette nuit du 3 au 4 décembre.

Lire le témoignage de Fred Hampton Junior – format pdf

3° Bobby Seale, co-fondateur du Black Panther Party, a notamment écrit un ouvrage intitulé ‘A l’affût – Histoire du Parti des Panthères noires et de Huey Newton’. Il y explique pourquoi leur combat est une lutte de classe et non pas une lutte raciale. En 1970, il écrit également ‘Les femmes et le parti des Panthères Noires’ dans lequel il évoque le statut des femmes au sein du parti.

Lire quelques extraits des ouvrages de Bobby Seale – format pdf

4° Une brochure en ligne (format .pdf):

Jaquette de la brochure

5° Notre brochure (également format .pdf):

Jaquette du Cahier SR sur les BPP

Un site consacré aux BPP (en français)

7° Un site: it’s about time (tenu par d’anciens black panthers)

8° Voir notre dossier consacré à Mumia Abu-Jamal

Autres ouvrages:

SHAMES Stephen, JONES Charles E., SEALE Bobby, ‘Black Panthers‘, Editions de la Martinière, Paris, 2006

DAVIS Angela, ‘Angela Davis parle‘, Edtitions sociales – Collection Notre Temps, Paris, 1971

DAVIS Angela, APTHEKER Bettina, ‘S’ils frappent à l’aube‘, Editions Gallimard Témoin, Paris, 1972

DAVIS Angela, ‘Femmes, race et classe‘, Des femmes – Antoinette Fouque, Paris, 1983

VAN EERSEL Tom, ‘Panthères Noires. Histoire du Black Panther Party‘, Editions de l’Echapée, Paris, 2006

TSE-TOUNG Mao, ‘Le Petit Livre Rouge‘, Seuil, Paris, 1967

FANON Franz, ‘Les damnés de la terre‘, Editions Maspéro, Paris, 1961

JACKSON Georges, ‘Les frères de Soledad‘, Editions Gallimard, Paris, 1977

Groupe de Panthères Noires
Huey Newton en prison
Organigramme du parti
Groupe de Panthères Noires
Huey Newton
Bobby Seale
Bobby Hutton
Fred Hampton
Affiche de recherche d'Angela Davis
Hommage à Hutton
Badge pour Angela Davis
Assata Shakur
Jaquette de la brochure

1857 – Enfance

Clara Zetkin est née Clara Eissner, le 5 juillet 1857 à Wiederau, près de Chemnitz, en Saxe. Fille d’un instituteur de village, Clara Eissner se destine elle-même à l’enseignement et étudie à l’école normale féminine de Leipzig. Dès le milieu des années 1870, elle fréquente les mouvements féministes, participant aux discussions des Allgemeinen Deutschen Frauenvereins (Association générale des femmes allemandes) et elle commence à adhérer à la mouvance socialiste. En 1878, elle avait brillament réussi son examen mais bien qu’elle aimât beaucoup sa profession, elle allait choisir une autre voie en adhérant aux idées socialistes qui se développaient dans l’essor industriel de l’Allemagne de Bismarck.

Maison d’enfance de Clara Zetkin


Maison d’enfance de Clara Zetkin


Clara Zetkin

1878 – August Bebel: ‘La Femme et le socialisme’

Die Frau und der Soczialismus


August Bebel

Dans la vague de chauvinisme triomphant qui se déchaîna après la guerre franco-allemande de 1870, la répression frappa les socialistes allemands, à commencer par leur représentant au parlement, August Bebel. C’est durant les trois années de prison qu’il dû purger pour ‘insultes à sa Majesté’ que Bebel écrivit un livre qui transforma des millions de consciences: La Femme et le socialisme, qui dût être édité en Suisse en raison de la censure anti-socialiste. Des milliers d’exemplaires furent envoyés en Allemagne sous une fausse couverture indiquant : Rapports des directeurs d’entreprise. Ce livre eut un succès foudroyant.

Le problème abordé, aussi, était d’une importance capitale: à l’heure où le mouvement ouvrier rassemblait ses forces contre les capitalistes et l’Etat réactionnaire, pouvait-il renoncer à la moitié féminine de la classe?

Bebel devait lutter contre des préjugé à l’intérieur même du mouvement ouvrier. Au premier Congrès de la Ière Internationale (Genève, 1866), les partisans de Proudhon voulaient que l’Internationale interdise le travail des femmes, leur domaine naturel étant selon eux la cuisine et leur profession naturelle la maternité. Chez les ouvrières également, les ‘chaînes du passé’ marquaient les mentalités: les jeunes travailleuses plaçaient le plus souvent leurs espoirs dans un mariage qui leur épargnerait le sort de leurs mères et les délivrerait du bagne de la manufacture, fut-ce au prix de la relégation dans une cuisine.

Bebel inscrivit la question dans le processus socio-historique, entamant son livre par une étude très documentée sur les différentes formes d’oppression subies par les femmes dans l’histoire. Combattant l’idée de la ‘sujétion naturelle’ de la femme à l’homme, il démontra la liaison inséparable existant entre la question féminine et la question sociale, entre la libération de la femme et celle de la société toute entière des lois du profit.

Et Bebel d’exposer ce que le socialisme pourra apporter aux femmes: ‘Dans la société nouvelle, la femme sera complètement indépendante socialement et économiquement, elle ne sera plus soumise même à un semblant de domination et d »exploitation’, elle sera libre vis-à-vis de l’homme, elle sera son égale et elle disposera de son destin. Elle recevra la même éducation que l’homme sauf dans les domaines où la différence des sexes exige des exceptions; vivant dans des conditions naturelles, elle pourra développer toutes ses forces et ses aptitudes physiques et intellectuelles; elle choisira le mieux à ses désirs, à ses tendances et à ses dispositions et elle agira dans les mêmes conditions que l’homme… Pour choisir son partenaire en amour, elle sera aussi libre que l’homme. Elle courtise ou se fait courtiser et ne contracte une union qu’en considérant ses sentiments.’

On mesure mal aujourd’hui la portée révolutionnaire de ces lignes qui eurent un impact immense. Clara Zetkin rendra de nombreuses fois hommage à Bebel et à son travail de pionnier. Elle le connaitra d’ailleurs personnellement; c’est Bebel qui se chargera de la faire admettre dans un sanatorium en Forêt-Noire, lorsqu’elle sera atteinte de tuberculose peu après le Congrès de Paris en 1889.

1878 – Socialiste et féministe

En 1878, Clara Zetkin rompt avec sa famille et adhère au Sozialistischen Arbeiterpartei (SAP), ancêtre du SPD, parti interdit par Bismarck la même année. Elle participe aux réunions socialistes clandestines et y rencontre le révolutionnaire russe Ossip Zetkin, un militant populiste banni de Russie. Ossip Zetkin est arrêté et expulsé d’Allemagne à l’été 1890. Clara Zetkin sera bientôt elle-même expulsée de Saxe vers Zurich, et elle rejoint Ossip en 1882 à Paris, où ils vécurent pauvrement dans le 13e arrondissement. Ils y vécurent pauvrement et eurent deux enfants: Maxime et Konstantin. Elle est rédactrice à l’organe du parti, Der Sozialdemokrat. Bien qu’ils ne soient pas mariés, Clara prend le nom de son compagnon et le gardera jusqu’à sa mort.

Ossip fut le secrétaire du premier groupement d’ouvriers étrangers, surtout russes et roumains, à Paris. Avec Clara, ils rédigent des correspondances pour la presse socialiste allemande. Ils font la connaissance de Louise Michel, Jules Guesde, Paul Lafargue et sa femme Laura, fille de Marx. Ossip Zetkin décède de tuberculose en 1889.

Clara Zetkin et ses fils

Clara Zetkin

1878 – Théoricienne du fémininsme prolétarien

Clara Zetkin est appelée à participer à la préparation au Congrès ouvrier international qui se tiendra à Paris en juillet 1889 et qui donnera naissance à la IIe Internationale. Elle y présentera un rapport sur la situation des travailleuses sous le capitalisme et y prononcera le premier discours de sa vie: Pour la libération de la femme, à une époque où elles n’avaient le droit de vote dans aucun pays. Dans son discours, elle expose qu’‘en combattant la main dans la main avec les ouvriers socialistes, les femmes se montrent prêtes à prendre part à tous les sacrifices et efforts de la lutte, mais elles sont aussi décidées, à juste titre, à exiger après la victoire tous les droits qui leur reviennent.’. Ses interventions sont déterminantes dans la décision de la IIe Internationale à inviter les socialistes de tous les pays à impliquer les femmes dans la lutte des classes, et un an plus tard, le programme social-démocrate (dit ‘programme d’Erfurt’) qui intégrait la revendication de l’égalité économique, politique et juridique de la femme. Clara s’était affirmée à la fois comme dirigeante politique d’envergure internationale, et comme théoricienne des problèmes féminins. Elle avait 32 ans.

Jusqu’en 1890, tout moyen d’expression était interdit au mouvement socialiste. Seul le groupe parlementaire social-démocrate porté au Reichstag lors des élections ne put être liquidé par Bismarck. Lorsque August Bebel et Wilhelm organisèrent la lutte illégale, les femmes jouèrent un grand rôle. Progressivement, elles s’engagèrent en masse dans la lutte des classes, et notamment dans les grandes grèves des années ’80. En 1889, de puissantes grèves générales amenèrent à l’abolisation, en janvier 1890, de la loi contre les socialistes. Clara Zetkin pu revenir en Allemagne avec ses deux enfants.

C’est en 1892 que paraît le premier numéro de Die Gleichheit (L’Egalité), premier journal politique féminin, longtemps seul dans son genre en Europe. Clara Zetkin, fixée à Stuttgart, en est la rédactrice en chef et elle l’animera jusqu’en 1917 et en fera un véhicule puissant pour la diffusion de ses idées. Dans Die Gleichheit, Clara Zetkin ne se contenta pas de vastes démonstrations théoriques, elle dénonça aussi au jour le jour la condition de la femme prolétarienne, celle des étameuses de miroirs empoisonnées au mercure, qui accouchaient d’enfants mort-nés, celle des travailleuses d’une filature de jute que leur patron payait si peu qu’elles ne pouvaient se permettre qu’un repas chaud par semaine: ‘ce n’est pas de la toile que vous débitez, écrit Zetkin aux patrons des filatures, c’est de la vie humaine toute chaude…’

Au Congrès de Gotha, en 1896, le SPD adopte la résolution présentée par Clara Zetkin. En août 1907, elle est élue responsable du secrétariat international des femmes, et c’est aussi elle qui fait adopter par le congrès de l’Internationale la résolution selon laquelle ‘les partis socialistes de tous les pays ont le devoir de lutter énergiquement pour l’instauration du suffrage universel des femmes.’

Elle se mariera en 1899 avec le peintre Friedrich Zundel, avec lequel elle restera mariée jusqu’en 1928, en conservant le nom de Zetkin.

A Paris, elle participe activement à la fondation de la Deuxième Internationale où elle réclame l’égalité complète des droits professionnels et sociaux de la femme ainsi que sa participation active à la lutte des classes.

En août 1907, les 56 déléguées de 14 pays réunies à Stuttgart dans la première Conférence Internationale des femmes socialistes élurent Clara Zetkin à la présidence du secrétariat international des femmes socialistes.

Clara Zetkin

Die Arbeiterinnen und Frauenfrage der Gegenwart

Lire le discours de Clara Zetkin sur la libération de la femme – format pdf

1908 – La ‘Journée Internationale de la Femme’

Le 8 mars 1910, lors de la 2e Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, Clara Zetkin propose la création de la journée internationale des femmes, journée de manifestation annuelle afin de militer pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes, et le socialisme. Cette initiative est à l’origine de la Journée Internationale des Femmes, manifestation qui se déroule tous les ans le 8 mars.

Dès 1911, un million de femmes manifestent en Autriche-Hongrie, au Danemark, en Suisse, en Allemagne, puis les années suivantes en France, aux Pays-Bas, en Russie et en Suède. Le 8 mars 1914, les femmes réclament le droit de vote en Allemagne. La date n’est tout d’abord pas fixe, et ce n’est qu’à partir de 1917, avec la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg, que la tradition du 8 mars se met définitivement en place. Le 8 mars 1921, Lénine décrète le 8 mars Journée des femmes. En 1924, la journée est célébrée en Chine et en 1946 dans les républiques populaires d’Europe de l’Est. Le 8 mars 1977, les Nations Unies officialisent la Journée Internationale de la Femme.

Tract pour la journée des femmes

Affiche soviétique pour la journée des femmes

1914 – Internationaliste et pacifiste

Dans le parti social-démocrate allemand, Clara Zetkin tient une place particulière par ses analyses et sa pratique marxiste, par la fermeté de ses positions de classe contre le capitalisme et l’impérialisme. Elle vient à se situer, avec cette autre femme extraordinnaire que fut son amie Rosa Luxembourg, à l’aile gauche d’un SPD qui est de plus en plus puissant mais qui s’installe dans le réformisme.

Les perspectives de guerre accentuent le clivage. Au congrès du SPD de septembre 1907, à Essen, Clara Zetkin s’en prend avec vigueur au chauvinisme d’un Noske.

Au Congrès socialiste international de Bâle, en novembre 1912, elle lance aux femmes du monde entier un appel à lutter contre la guerre impérialiste, que cite Aragon dans son magnifique roman Les Cloches de Bâle (l’épilogue a d’ailleurs pour titre Clara).

Clara Zetkin participe à l’aile gauche du SPD, et devient très proche de Rosa Luxemburg. Opposante à la première guerre mondiale, en septembre 1914, elle adresse à plusieurs journaux des pays neutres une lettre condamnant la politique du SPD qui vient d’approuver l’entrée en guerre de l’Allemagne.

Elle fonde clandestinement en décembre 1914 avec Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Paul Levi, Ernest Meyer, Leo Jogiches et Franz Mehring le Spartakusbund (Ligue spartakiste) et elle mène de nombreuses actions pacifistes. En mars 1915, étant passée illégalement par la Hollande, elle assure à Berne la tenue d’une conférence internationale des femmes socialistes où s’affirme l’opposition à la guerre. Ce qui lui vaudra, à son retour en Allemagne, d’être inquiétée, arrêtée, emprisonnée comme l’est depuis l’année précédente Rosa Luxembourg.

Clara Zetkin et Rosa Luxembourg

Affiche du Spartakusbund

1920 – Co-fondatrice du KPD

Rosa Luxembourg va constituer en mars 1917 avec d’autres opposants exclus du SPD un parti social-démocrate indépendant, auquel Clara Zetkin adhère. Le SPD la limoge de Die Gleichheit qu’elle avait créée, qui était son oeuvre, et à travers laquelle elle avait continué, malgré la censure, à faire passer un souffle révolutionnaire et internationaliste. Les événements se précipitent, la révolution d’Octobre en Russie, en Allemagne, les grèves puis la révolution de novembre 1918, la répression sanglante du mouvement spartakiste par la droite sociale-démocrate où s’illustre Noske, l’assassinat en janvier 1919 à Berlin de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg.

En 1920, Clara Zetkin rejoint Ernst Thalmann, Ernst Toller et Walther Ulbricht pour former le Parti communiste d’Allemagne, dont elle devient dirigeante (membre du bureau central jusqu’en 1924 puis membre du comité central de 1927 à 1929). La révolution allemande de novembre 1918 permet au mouvement féministe d’obtenir le droit pour les femmes de voter et d’être élues: Clara Zetkin est élue députée KPD au Reichstag en 1920 et elle sera à chaque fois réélue pendant toute la durée de la République de Weimar.

Clara Zetkin à la tribune

1920-1924 – Clara Zetkin et Lénine

Clara Zetkin avait rencontré Engels au Congrès ouvrier socialiste international de Zurich en 1893. C’est en 1907 qu’elle rencontra Lénine une première fois, au Congrès de Stuttgart, et elle y était alors plus connue que lui.

L’autorité de Clara Zetkin dans le mouvement ouvrier international était telle qu’à l’automne 1920, Lénine lui demande d’aider à la création d’un puissant mouvement féminin international. Il a avec elle, dans son bureau du Kremlin, plusieurs conversations sur la question féminine qu’elle rapporte dans ses Notes sur mon carnet.

Si elle est pleine d’admiration et d’affection pour Lénine, elle n’hésite pas à le contredire pour défendre son propre point de vue. Ainsi, lorsque Lénine lui repproche la trop grande attention accordée, selon lui, par le KPD aux problèmes du sexe et aux théories de Freud, ‘j’objectai, raconte-t-elle, que la question sexuelle et celle du mariage sous la domination de la propriété et de l’ordre bourgeois engendraient toutes sortes de problèmes, de conflits et de souffrances pour les femmes de toutes classes et couches sociales. La guerre et ses conséquences, disais-je, avaient, s’agissant justement des rapports sexuels, extraordinairement aggravé les conflits existants et les souffrances des femmes, les avaient rendus perceptibles des problèmes qui, jusqu’ici, leur étaient restés cachés.’

Clara Zetkin

Lire le texte de Clara Zetkin sur ses rencontres avec Lénine (1924)

1921-1933 – Dirigeante du Komintern

A soixante ans passés, membre de la direction du KPD, Clara Zetkin devient membre du Comité Exécutif de la IIIe Internationale, l’Internationale communiste, le Komintern. Elle le sera de 1921 à 1933 (durant cette période, elle vivra surrtout à Moscou). Le Comité Exécutif la charge, en décembre 1920, d’aller saluer le Congrès de Tours d’où va naître le Parti communiste français. Elle y parvient malgré un formidable dispositif policier ayant pour consigne de la refouler. En octobre 1921, pour effectuerla même mission à Milan, il faudra lancer les policiers sur de fausses pistes et la grimer et lui faire porter une perruque. Clara Zetkin dirige également le secrétariat féminin de la III° Internationale et dirige le périodique Die Kommunistische Fraueninternationale.

Elle est proche d’Alexandra Kollontaï au sein de l’Internationale, mais se retrouvera au cours des années 1920 isolée politiquement, en particulier après l’exclusion de Paul Levi. Elle conserve néanmoins toutes ses fonctions et responsabilités.

Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï

Clara Zetkin et Kliment Vorochilov

1925-1933 – Dirigeante du Secours Rouge International

C’est le 29 décembre 1922 que la Société des vieux bolcheviks, lors d’une de ses sessions, lance l’idée d’une association russe d’aide et de solidarité internationale aux combattants de la Révolution. Très vite, l’idée est reprise par l’Internationale Communiste. Le Secours Rouge International est fondé et a rapidement de nombreuses sections nationales. L’organisation se veut donc la plus large possible mais se dote d’une structure très centralisée: le congrès des associations nationales membres, réuni au moins tous les deux ans, élit un Comité Exécutif siégeant deux fois par an. Julian Marchlewski (un des co-fondateurs, en 1893, avec Rosa Luxembourg du Parti social-démocrate de Pologne) sera le premier président du Comité Central du SRI jusqu’à sa mort, survenue en 1925. A la mort de Julian Marchlewski, c’est Clara Zetkin qui assume la présidence du SRI.

Julian Marchlewski

Clara Zetkin

Consulter l’histoire du Secours rouge International (et de sa section belge)

1923-1933 – Contre le fascisme

Clara Zetkin fut la première à donner, dans un rapport qu’elle présente au Comité Exécutif du Komintern en 1923, une analyse lucide de la nature du fascisme et de ses bases de masse, à partir de son instauration en Italie et de ses phénomènes avant-coureurs en Allemagne. Cela dix ans avant la définition classique formulée par Georges Dimitrov. Et contre le fascisme, contre la guerre qui continue d’être sa hantise, elle défend au sein du Komintern l’idée du ‘front unique’ bien avant qu’elle ne prévale.

Opérations de la cataracte, pieds gelés et gangrène, sans parler de sa tuberculose ancienne, c’est une vieille dame usée qui, en tant que doyenne du parlement allemand doit en août 1932, selon l’usage, prononcer le discours d’ouverture.

Hitler touche alors au but. Les élections du 31 juillet lui ont donné 38% des voix. A la première séance du nouveau parlement, le 30 août, la masse de ses députés en uniformes brun de S.A., saluent le bras tendu Goering qui va se faire élire président du Reichstag. Clara Zetkin, députée communiste, 75 ans, presque aveugle, monte lentement à la tribune, soutenue par deux personnes. D’une voix d’abord à peine audible, mais qui s’affermit de plus en plus, elle prononce un long appel à combattre l’hitlérisme: ‘Il s’agit d’abord et avant tout d’abattre le fascisme qui veut réduire à néant par le fer et par le sang les manifestations de classe des travailleurs. L’exigence de l’heure, c’est le front unique de tous les travailleurs pour faire reculer le fascisme.’

Clara Zetkin au Reichstag

Numéro 9 de ‘Masses’

Clara Zetkin

Lire le discours de Clara Zetkin au Reichstag contre le fascisme

1933 – L’exil et la mort

Contrainte de fuir l’Allemagne après l’arrivée des nazis au pouvoir et l’interdiction du KPD, elle arrive à Moscou à bout de force et meurt quelques semaines plus tard le 20 juin 1933, à 75 ans, dans une maison de repos d’Arkhangelskoïe, près de Moscou. La tombe de Clara Zetkin se trouve le long des murs du Kremlin, sur la Place Rouge.

Monument Clara Zetkin

Maison d'enfance de Clara Zetkin
Maison d'enfance de Clara Zetkin
Clara Zetkin
Die Frau und der Soczialismus
August Bebel
Clara Zetkin et ses fils
Clara Zetkin
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Die Arbeiterinnen und Frauenfrage der Gegenwart
Tract pour la journée des femmes
Affiche soviétique pour la journée des femmes
Clara Zetkin et Rosa Luxembourg
Affiche du Spartakusbund
Clara Zetkin à la tribune
Clara Zetkin
Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï
Clara Zetkin et Kliment Vorochilov
Julian Marchlewski
Clara Zetkin
Clara Zetkin au Reichstag
Numéro 9 de 'Masses'
Clara Zetkin
Monument Clara Zetkin