Ce dimanche 19 janvier à Bagdad et dans plusieurs villes du sud de l’Irak, de nouvelles manifestations ont éclaté. Une dizaine de personnes, dont des policiers ont été blessés dans les affrontements. Les protestataires demandent le renouvellement d’une classe politique corrompue et menacent d’intensifier encore leur mouvement si leurs revendications n’aboutissent pas. Ce mouvement de contestation inédit en Irak avait été éclipsé ces dernières semaines par la flambée des tensions entre l’Iran et les États-Unis, les deux principaux parrains du pouvoir à Bagdad. Des rassemblements ont aussi eu lieu dans les villes de Diwaniya, Kout, Amara, dans le sud du pays, où la plupart des bureaux gouvernementaux, des écoles et des universités sont fermés depuis des mois. Dans la ville sainte de Najaf, au sud de Bagdad, des jeunes arborant des drapeaux irakiens ont brûlé des pneus et entamé un sit-in sur une route principale menant à la capitale. Plus au sud, à Bassora, les étudiants ont participé à un mouvement de grève. Depuis octobre, la contestation a été émaillée par des violences et réprimée par les forces de l’ordre. Il y a eu environ 460 morts – quasiment tous des manifestants – et plus de 25 000 blessés. Si les violences ont légèrement diminué lors des manifestations, les militants disent être confrontés à une vaste campagne d’intimidation, d’assassinats et d’enlèvements.

A Bagdad ce 19 janvier

Des centaines de militants et de grévistes de trois syndicats, en lutte contre la réforme des retraites, se sont rassemblés lundi devant la gare de Lyon à Paris. Ils ont déclenché des fusées éclairantes et des feux d’artifice, et se sont affrontés aux policiers qui ont tiré des gaz lacrymogènes. Des manifestants ont bloqué la circulation sur la ligne 1 du métro parisien en envahissant les quais de la station Gare de Lyon. Automatique, la ligne 1 est l’une des deux lignes du métro parisien qui fonctionne normalement depuis le début de la grève. Elle a été interrompue entre Châtelet et Nation en raison des manifestants à Gare de Lyon. La ligne 14, deuxième ligne automatisée, passe également par la station Gare de Lyon. La manifestation a été une première fois nassée, elle a pu rompre la nasse (provoquant un large usage de gaz par les CRS) avant d’être une seconde fois nassée.

Le rassemblement devant la gare de Lyon

 

Jeudi 28 novembre, plusieurs manifestations pour la chute du régime se tenaient en Irak notamment à Bagdad, Najaf et Nassiriya. Dans les rues de Nassiriya, à 300 km au sud de Bagdad, des centaines de personnes ont défié le couvre-feu pour former un cortège funéraire en hommage aux manifestant·es tué·es. Au moins 25 personnes ont été tuées en quelques heures et on recense au moins 250 blessé·es lorsque les forces de sécurité ont tenté de reprendre le contrôle des ponts bloqués par les manifestant·es depuis trois jours. Des manifestant·es armé·es auraient alors bloqué l’autoroute venant de Bagdad pour empêcher l’arrivée de plus de renforts policiers ou militaires et auraient également incendié un QG de la police puis encerclé le commandement militaire de la province. La veille au soir, le consulat iranien avait été brûlé à Najaf car le mouvement accuse le gouvernement iranien de tirer les ficelles chez eux. À Bagdad, le mouvement se poursuit de jour comme de nuit. Au total, la journée de jeudi a fait 44 mort·es et plusieurs centaines de blessé·es. En deux mois, la contestation a fait près de 400 mort·es et quelques 15 000 blessé·es dans l’ensemble du pays.

Irak - 44 manifestant·es tué·es et plusieurs centaines de blessé·es

Irak – 44 manifestant·es tué·es et plusieurs centaines de blessé·es

Deux manifestants ont été tués dans le coeur historique et commerçant de Bagdad et dans la ville sainte chiite de Kerbala, à 100 km plus au sud. Dans l’un des pays les plus riches en pétrole du monde -mais aussi l’un des plus corrompus-, les protestataires réclament la refonte du système politique et le renouvellement total de leur classe dirigeante. Ils s’en prennent également au voisin iranien qu’ils accusent de tirer les ficelles chez eux.  A Bagdad, dans un nuage de lacrymogène, alors qu’il tentait de se protéger avec un maigre bouclier de tôle, un jeune a été mortellement blessé par les balles en caoutchouc des forces de l’ordre. Une vingtaine d’autres ont été blessés. Aux abords du pont al-Ahrar, près de la place Tahrir, épicentre du mouvement de contestation, protégés par des murs de béton montés en travers des rues, les forces tirent, parfois à balles réelles sur les jeunes manifestants.

Mardi semble marquer un tournant: les violences qui ont déjà fait plus de 350 morts en deux mois ont gagné des villes du sud.  Les manifestants brûlent des pneus pour barrer les principaux axes, comme à Kerbala. Là, les violences sont habituellement nocturnes mais mardi des policiers casqués et brandissant des boucliers antiémeutes ont tiré en plein jour sur les manifestants qui jetaient des pierres. Un manifestant a été touché d’une balle à la tête et les médecins ont fait état d’un mort. Dans la province de Zi Qar, les protestataires essayent de frapper le pouvoir au seul endroit qui peut lui faire mal, ses ressources en pétrole, unique source de devises du pays. Ils bloquent les accès à trois champs pétroliers –Garraf, Nassiriya et Soubba. A Diwaniya, des milliers de manifestants bloquent le centre-ville, des ponts, une des trois centrales électriques de la province et les autoroutes menant vers le nord, le sud et l’ouest. Al-Hilla, où la contestation était jusque là pacifique, a été aussi gagnée par les violences, avec une soixantaine de manifestants blessés par des tirs de grenades lacrymogènes.

Manifestant lundi à Bagdad

Ce samedi 16 novembre, pour le premier anniversaire du mouvement, l’acte 53 des Gilets jaunes a rassemblé près de 40.000 manifestants dans toute la France. À Paris, des mobilisations se sont organisées en plusieurs endroits. Dans la matinée, sur le périphérique parisien, les forces de l’ordre sont rapidement intervenues pour disperser les manifestants qui bloquaient les voies. Une forte mobilisation a eu lieu place d’Italie où des voitures ont été renversées, des engin de chantier et poubelles incendiées, abribus saccagés… Selon la préfecture de Paris, 147 personnes ont été interpellées durant la journée. À Bordeaux, le centre ayant été bloqué, le cortège a marché dans différents quartiers de la ville. Des heurts ont éclaté à mi-parcours quand certains manifestants ont tenté de forcer les barrages de police pour rejoindre la place Pey-Berland. Au total, huit personnes ont été interpellées selon la préfecture.

À Nantes, pratiquement dès le départ de la manifestation, la police tentera d’empêcher les gilets jaunes de défiler en tirant des gaz lacrymogènes. Des affrontements auront lieu devant la préfecture.
À Toulouse, l’accès à la place du Capitole avait été interdit. Des centaines de manifestants ont été dispersés à de nombreuses reprises. La police a tiré des gaz lacrymogènes et fait usage du canon à eau contre les manifestants seulement 20 minutes après le départ, à 14 h. Les dispersions se sont poursuivies pendant plus de deux heures. Ce samedi, 17 personnes y ont été interpellées « pour jets de projectiles, port d’arme par destination (marteau), rébellion, outrage, port illégal d’insigne de presse et dissimulation de visage ».

À Lyon, les manifestations avaient également été interdites, mais plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées dès 13 h place Bellecour. À Grenoble, la manifestation unitaire contre la politique du président Macron qui réunissait « gilets jaunes », syndicats (GCT, FSU, Solidaires, Unsa, CNT) et des associations a mobilisé plusieurs centaines de personnes. À Saint-Etienne, les manifestants ont défilé sans pouvoir accéder au centre-ville. Des gaz lacrymogènes ont été tirés après la tentative de manifestants de rentrer dans la zone gardée. À Dijon, où toute manifestation non déclarée avait été interdite, des gilets jaunes ont tenté de manifester avant d’être dispersées par des gaz lacrymogènes. Un manifestant a été arrêté pour possession de pétards.

Gilets Jaunes - Acte 53 - manifestation à Nantes

En Irak, les manifestants, qui réclament la chute du régime, redoutent que la coupure d’internet, inaccessible depuis ce lundi 4 novembre, ne soit un signe précurseur d’un retour au pire, les forces de sécurité tirant de nouveau à balles réelles dans la capitale. Depuis le 1er octobre, début d’un mouvement spontané de contestation, près de 280 personnes – en majorité des manifestants – ont été tuées, selon un bilan provisoire. Les autorités ont proposé des réformes sociales et amendements constitutionnels, mais les manifestants continuent de réclamer le départ de tous les responsables qu’ils jugent corrompus et incompétents ainsi qu’une refonte totale du système politique mis en place après la chute de Saddam Hussein.

Dans le sud, chiite et tribal, la désobéissance civile continue de paralyser écoles, administrations et gagne les infrastructures portuaires et pétrolières vitales pour l’Irak – deuxième producteur de l’Opep -, pays dont les habitants étranglés par le chômage et la pauvreté réclament leur « part du pétrole ». À Bagdad, les protestataires ont été une nouvelle fois pris mercredi sous les tirs à balles réelles des forces de sécurité sur le pont al-Chouhada. Les policiers anti-émeutes ont d’abord tabassé des manifestants à coups de matraques, les manifestants ont répondu avec des jets de pierre et ensuite les forces ont tiré. Depuis lundi soir, Internet est de nouveau aux abonnés absents. Les campagnes d’arrestations de militants vont bon train, selon des sources de sécurité et activistes. Des sources médicales s’inquiètent aussi de la disparition de plusieurs médecins, alors que de nombreuses voix en Irak dénoncent des opérations d’enlèvement organisées.

Manifestant blessé à Bagdad

Demonstrators scuffle with members of Iraqi security forces during one of the ongoing anti-government protests in Baghdad, Iraq November 6, 2019. REUTERS/Thaier al-Sudani TPX IMAGES OF THE DAY

 

Mercredi 23 octobre en soirée, trois dirigeant·e·s de la jeunesse communiste ont été arrêté·e· à Santiago. La police a arrêté ces trois personnes à l’intérieur d’un bâtiment et à l’aide de gaz. Elles ont été emmenées au 3ème commissariat des carabiniers de Santiago et leurs camarades redoutent qu’elles subissent des maltraitances.

Les trois personnes arrêtées sont Valentina Miranda, porte-parole du CoNES (Coordination Nationales des étudiants de Secondaire), Pablo Ferrada, responsable du secteur étudiant de la Jeunesse Communiste au Chili, et Anaís Pulgar, secrétaire politique de l’Université régionale de Santiago. Seule Valentina Miranda a pour l’instant été libérée.

Plus d’infos ici.

Les affrontements au Chili

700 manifestant·e·s étaient rassemblé·e·s ce samedi sur le Parvis de Saint-Gilles (Bruxelles), contre l’agression turque dans le Nord de la Syrie / au Rojava. À la fin du rassemblement une manifestation spontanée a éclaté mais a été stoppée quelques centaines de mètres plus loin par un cordon de police anti-émeute. La mobilisation ne doit pas faiblir, les forces d’occupation turques contrôlent en ce début de soirée 80% du centre-ville de Serekanye où des unités des Forces Démocratiques Syriennes contribuent à résister courageusement.

Voici la déclaration du Secours Rouge lors du rassemblement :

« Pour toutes celles et ceux qui soutiennent le Rojava, le retournement américain et l’invasion turque n’ont jamais étés qu’une question de temps. La Turquie, nouveau phare réactionnaire, ne tolérerait jamais un territoire kurde, ni en son sein, ni à ses frontières. Et que dire du Rojava ? Une société démocratique, égalitaire, féministe et révolutionnaire qui a pris racine au milieu de l’un des plus sanglants théâtres de violence de notre époque, au milieu des cauchemars réactionnaires sponsorisés par les impérialismes turc, iranien, russe et américain.

Ce 9 octobre, l’armée turque a franchi la frontière. Avec ses obusiers, ses avions de combat, ses drones, elle a frappé Kobané, Serekanyé, Tal Abyad, Qamishlo et tant d’autres villes et villages dont certains n’avaient pas connu la guerre depuis 2011. Chaque militant·e révolutionnaire a le cœur serré aujourd’hui : dans chacune de ces villes, dans chacun de ces villages nos ami·e·s et nos camarades sont menacé·e·s. C’est non seulement le peuple kurde qui est frappé et menacé aujourd’hui, mais également tous les peuples du nord de la Syrie, et le projet de libération animé par la révolution du Rojava, d’Afrin à Deir Ezzor.

Si toute l’Europe est aujourd’hui redevable envers les Forces Démocratiques Syriennes, pour avoir pratiquement détruit les fléaux réactionnaires que sont l’État Islamique et Al Qaïda en Syrie, la gauche révolutionnaire lui est encore plus redevable d’avoir démontré que la révolution est non seulement possible, mais qu’elle est la seule issue pour libérer les peuples. La gauche révolutionnaire occidentale se morfond depuis des décennies dans une position de vaincue, elle peine aujourd’hui encore à retourner à l’offensive, à reprendre l’initiative. En tant que révolutionnaires européen·ne·s, nous devons remercier chaque combattant·e des Forces Démocratiques Syriennes, nous devons honorer chaque martyr qui a donné sa vie pour libérer le Rojava et le nord de la Syrie et pour nous prouver une nouvelle fois que la révolution n’est pas le thème de vieux livres, qu’elle vit aujourd’hui même, que nous devons coûte que coûte la défendre et l’étendre.

Notre rôle est aujourd’hui d’être à la hauteur des risques et des immenses sacrifices endurés par les peuples du Nord de la Syrie. De faire vivre la solidarité internationale partout en réponse à la révolution du Rojava.

Nous rendons encore une fois hommage à tou·te·s les combattant·e·s des YPG, des YPJ, des FDS, du PKK, du MLKP, du TKP-ML, Kurdes, Arabes, Asséro-Chaldéen·ne·s, Turc·que·s, et aux internationalistes venu·e·s du monde entier, à toutes celles et ceux qui sont tombé·e·s pour faire vivre la Révolution du Rojava. Ils et elles ont montré la voie du courage et de la lutte.

Vive la révolution du Rojava, Biji Berxwedana Rojava ! »

Rassemblement de solidarité sur le Parvis de Saint-Gilles avant la manifestation sauvage

Rassemblement de solidarité sur le Parvis de Saint-Gilles avant la manifestation sauvage

Mardi 24 septembre, le groupe Lille Insurgée a reçu un SMS envoyé par un “contact” dans les services de police. Ce message indiquait que leurs services allaient rencontrer une personne proche des milieux militants lillois dans le but qu’elle les infiltre et renseigne la Police. Un rendez-vous était prévu le jour même et le groupe a décidé de s’y rendre. Les militant.e.s y ont reconnu une « militante » avec deux personnes, une femme et un homme, chargé.e.s de la “recruter”. Quand la néo-indic est sortie du rendez-vous, le groupe l’a suivi et confronté. Celle-ci a fini par admettre les faits. La police a d’abord contacté sa famille pour ensuite pouvoir la joindre. C’est ainsi qu’une policière se présentant sous le nom de Pauline Guillot est entrée en contact avec la néo-indic pour convenir d’un rendez-vous au cours duquel les deux agent.e.s lui ont proposé de travailler pour eux, éventuellement contre rémunération. Les objectifs de la police sont variés : Ils veulent des informations sur les mouvements étudiants, les manifestations pour le climat, ou encore les gilets jaunes. Leur objectif est d’empêcher à la rentrée universitaire la convergence de ces mouvements sociaux avec les “casseurs professionnels”, les “black blocs”, les “ultras” ou encore les “libertaires”. Ils s’intéressent aussi aux manifs des sans papiers et aux “brigades anti-sexistes” et “anti-spécistes”. Ils parlent aussi de l’”université populaire Lille 0”.

Devant ces tentatives d’infiltration, le groupe Lille Insurgée décide de mener une opération de contre-espionnage. La policière demande à leur indicatrice de participer à une réunion dont elle a eu connaissance sur base d’une affiche qui datait… de l’année dernière… Elle lui a ensuite demandé de participer aux futurs événements militants locaux, de poser des questions, de repérer des têtes, en s’inspirant des dates indiquées sur le site « Démosphère – Lille ». Elle lui a également donné un nouveau rendez-vous au cours duquel des policiers lui ont demandé d’aller à des événements organisés par les collectifs Lilleradiée, Alternatiba, ANV-Cop21 et Les Amis de la Terre à la MRES, annoncés sur Démosphère. Suite à ce rendez-vous, le groupe Lille Insurgée a décidé de révéler publiquement cette histoire.

Plus d’infos ici.

France une indicatrice démasquée à Lille

Le Parlement européen a l’intention d’interdire les symboles communistes. Dans une résolution votée le 19 septembre dernier, l’institution condamne, dans une belle démonstration totalitaire, « toute démonstration et toute propagation d’idéologies totalitaires ». Dans le texte abordant la question de « l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe » le Parlement européen « condamne toute démonstration et toute propagation d’idéologies totalitaires, telles que le nazisme et le stalinisme, dans l’Union européenne » et se dit “préoccupé par le fait que des symboles de régimes totalitaires continuent à être utilisés dans les espaces publics et à des fins commerciales, tout en rappelant qu’un certain nombre de pays européens ont interdit l’utilisation de symboles nazis et communistes. »  L’Union Européenne rejoindrait ainsi un club assez fermé constitué de l’Iran et de l’Indonésie (ce dernier pays ayant interdit les symbole communistes après avoir massacré en 1965 des centaines de milliers de membres et sympathisants supposés du parti communiste)