Six personnes interpellées après la manifestation du samedi 27 février dans le centre de Barcelone, qui dénonçait l’état espagnol et l’emprisonnement du rappeur Pablo Hasél, étaient inculpés de manifestation illicite, désordre, agression contre des agents des forces de l’ordre, dommages,  tentative d’homicide et appartenance à un groupe criminel. Les accusations reposent uniquement sur la déclaration rédigée une division de la police catalane à laquelle appartiennent les agents qui ont procédé aux arrestations.

L’accusation de tentative de meurtre pour l’attaque contre la camionnette de police dans laquelle se trouvait un agent (photo) est tombée après qu’un rapport technique des pompiers ait conclu que le risque pour la vie du policier était « faible ». Les avocats ayant déposé de nouvelles demandes de mise en liberté, le juge a décidé le 9 novembre une caution provisoire de 40 000 à 45 000 euros avec, en cas de paiement de la caution et donc de libération, des mesures de restriction des libertés seront prises (pointage hebdomadaire au tribunal, retrait du passeport et interdiction de quitter l’Espagne). Deux des manifestants ont pu quitter leurs cellules. Cependant, les quatre autres sont toujours en détention provisoire. Tous ont déposé un recours contre le montant de la caution fixée par le juge. L’affaire est encore en cours mais les cautions ont déjà été réduites à 15.000 euros..

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Le rappeur Valtonyc, réfugié en Belgique depuis 2018 pour échapper à une peine de trois ans et demi de prison, a vu ce mardi 28 décembre la justice belge rejeter une nouvelle fois la demande de transfèrement émise par la justice espagnole. Valtonyc avait été condamné en Espagne en 2018 pour avoir, entre autres, « insulté la couronne » et fait « l’apologie du terrorisme » avec des textes se référant à l’ETA ou aux GRAPO. La cour constitutionnelle belge a invalidé en octobre la loi de lèse-majesté de 1847 (voir notre article). Il n’existe donc plus en Belgique de loi qui corresponde au chef d’accusation espagnol contre Valtonyc, selon les juges de la chambre des mises en accusation de Gand. À l’instar du chef indépendantiste catalan Carles Puigdemont, qu’il fréquente en Belgique, il va donc pour voir poursuivre son exil. Le mandat d’arrêt européen avait été mis en place pour remplacer les extraditions entre pays de l’UE par de simples transfèrements judiciaires. Les cas de Valtonyc et de Carles Puigdemont créent de véritables précédents qui limitent les effets des mandats d’arrêt européen.

Daniel Pastor, est un communiste basque condamné à plusieurs milliers d’années de prison pour son engagement dans ETA, dont 3.860 années pour l’attaque à la camionnette piégée contre une caserne de Burgos en juillet 2009. En 2015, il avait rendu publique sa rupture avec la « gauche nationaliste officielle » parce qu’elle a pactisé avec l’état espagnol. Incarcéré à la prison de Zuera, il est en grève de la faim depuis le 1er décembre. Le 15 novembre, Daniel est transféré et confiné dans un autre module après avoir été testé positif au Covid-19. Un test devrait déterminer si le confinement peut cesser. Mais les jours passent et le test n’est pas effectué et il est est menacé à plusieurs reprises par des gardiens fascistes. Dans la nuit du 24 novembre, il doit être changé de cellule, le corps plein de morsures des punaises qui infectaient le lit. Nous sommes en décembre et il reste à l’isolement absolu, sans radio, ni livres ni rien.

 

De violents affrontements entre policiers et manifestants ont eu lieu mardi à Cadix, en Andalousie, au huitième jour d’une grève des ouvriers de la métallurgie, qui réclament des hausses de salaire suite à la forte inflation (voir notre précédent article). Les heurts se sont produits à proximité du port de Cadix, à l’issue d’une manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers d’ouvriers ainsi que des étudiants venus leur apporter leur soutien. Lors de ces affrontements, les forces de l’ordre, appuyées par un hélicoptère, ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.

 

Des affrontements ont éclaté à Cadix mardi 16 dans l’après-midi, entre les grévistes des chantiers navals et la police. Plus de 20 000 travailleurs des chantiers navals sont en grève illimitée et se sont rassemblés devant les grandes installations de Navantia San Fernando, Dragados et Airbus pour protester. Des feux avaient été allumés aux entrées des usines, tenus par des piquets, bloquant toute entrée des installations. L’affrontement le plus grave a eu lieu au chantier naval Navantia de Cadix. Là, les feux ont coupé la circulation sur l’autoroute industrielle, entraînant des heurts violents entre la police nationale et les manifestants. Un deuxième affrontement a éclaté à Campo de Gibraltar, où les ouvriers des grandes industries pétrochimiques de La Linea, Algeciras et Los Barrios ont arrêté leur activité. Des grévistes avaient bloqué un rond-point. Des affrontements ont entraîné l’arrestation d’un travailleur. Les syndicats ont appelé à cette grève en raison du blocage persistant des négociations de la convention collective entre les syndicats et les employeurs. Les représentants des travailleurs réclament une mise à niveau des salaires.

Le rappeur Josep Arenas Beltrán, connu sous le pseudonyme de Valtonyc, s’est exilé en Belgique en 2018, pour échapper à une condamnation à de la prison ferme en Espagne, notamment pour « injures à la Couronne ». Depuis trois ans, ses avocats bataillent pour lui permettre d’échapper à une remise à Madrid, en vertu d’un mandat d’arrêt européen soumis à la justice belge. Ils estiment que Valtonyc n’a fait qu’user de sa liberté d’expression dans ses textes en catalan, incriminés par la justice espagnole, où il dit par exemple: «Le roi a un rendez-vous sur la place du village, une corde autour du cou.» Jeudi, ils ont obtenu une victoire avec l’arrêt rendu par la Cour constitutionnelle, saisie d’une question préjudicielle par la Cour d’appel de Gand, qui examine en ce moment le mandat d’arrêt. La question pouvait se résumer ainsi: les injures au roi punies en Espagne tombent-elles sous le coup de la loi en Belgique, ou sont-elles couvertes par la législation belge sur la liberté d’expression? La juridiction suprême a choisi la deuxième option et consacré «la liberté de manifester ses opinions en toute matière», tel que le prévoit la Constitution belge.

Selon la Cour, l’article 1er de la loi du 6 avril 1847, «portant répression des offenses envers le roi», viole l’article 19 de la Constitution, lu en combinaison avec l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme qui consacre notamment la liberté d’expression. Cette vieille loi qui prévoit jusqu’à trois ans de prison pour «offense envers la personne du roi», a été très peu utilisée en Belgique. Concernant Valtonyc, l’arrêt de la Cour constitutionnelle empêche les juges belges de s’appuyer sur la qualification des « injures à la Couronne » pour l’extrader, estime l’avocat. Les faits d' »apologie du terrorisme » – autre motif de condamnation du rappeur – ne peuvent être retenus pour une extradition automatique. La Cour d’appel de Gand devrait se réunir dans les semaines à venir, pour statuer.

Vendredi 24 septembre au soir, un concert de soutien à Pablo Hasél se tiendra au local « La Zone » à Liège (Quai de l’Outhe 42) à partir de 20h (le lien vers l’événement Facebook ici). Le lendemain un autre concert se déroulera à Bruxelles cette fois (le lien vers l’événement Facebook ici). Ce second concert aura lieu à partir de 20h au Garcia Lorca (rue des foulons, 47).

Ces événements sont organisés par un collectif d’artistes qui a crée une compilation musicale qu’iels ont produite dans le but de financer une partie des frais de justice du rapper communiste (voir notre article). Ce concert se déroule dans le cadre d’une tournée européenne visant à faire connaitre la répression que subit Pablo Hasél.

Concerts de soutien à Pablo Hasél à Liège et Bruxelles

Concerts de soutien à Pablo Hasél à Liège et Bruxelles

Des dizaines de familles et d’amis ont accueilli lundi matin Agustin Almaraz Larrañaga à sa sortie de la prison de Basauri. Almaraz, originaire de Santutxu, a été arrêté par l’Ertzaintza à Noël 1995 à Gasteiz, accusé de faire partie du « commandement Araba » de l’ETA. Dans la même opération, Iñaki Alonso et Nerea Bengoa avaient été capturés. Almaraz a été détenu pendant 25 ans à Carabanchel, Valdemoro, Ocaña, Burgos et Puerto. Il a ensuite été transféré à Estremera (Madrid), Zuera et enfin à Basauri. Il n’a pas eu de permission, comme c’est le cas pour la plupart des détenus autres que ceux de la gauche nationaliste basque. De la même manière, le fait qu’il était libérable dès 2014 ne l’a pas empêcher d’être détenu jusqu’à lundi.

Agus Almarza (t-shirt CCCP) à sa libération

La lutte que mènent depuis des semaines les salariés de l’usine d’éoliennes LM Windpower s’est transformée en affrontements mercredi matin après la rupture unilatérale des négociations par la direction. Le restaurant Cat & Rest, à Ponferrada, lieu choisi pour les rencontres entre syndicats et dirigeants d’entreprise, a été la cible des grévistes lorsque la direction de l’entreprise a décidé de mettre fin aux négociations. Les grévistes ont alors tout bloqué, allumé des feux et cassé des vitres. Il a fallu attendre l’arrivée de la police anti-émeute, après 2 heures du matin, pour que la direction de l’entreprise puisse quitter le restaurant, escortée par la police. La direction a prévu 393 licenciements. La grève est à sa sa troisième journée consécutive, et les grévistes bloquent l’accès à l’usine, située dans la ville de Santo Tomás de las Ollas.

Un tribunal de la Haute Cour nationale a notifié hier une résolution par laquelle elle demande « l’extinction » d’Izquierda Castellana (Gauche Castillane), c’est-à-dire sa disparition en tant qu’organisation politique légale. L’État espagnol argue que les statuts de l’IzCa ne sont pas conformes aux changements introduits par la réforme législative du 30 mars, sur le contrôle de l’activité économico-financière des partis. Izquierda Castellana, qui n’a n’a jamais reçu ni demandé de subvention, souligne que la majorité des partis politiques enfreignent ostensiblement ces règlements sans qu’il soit même envisagé une mesure contre eux. Izquierda Castellana dénonce l’intention politique de faire disparaître une organisation dont l’activité essentielle est « la dénonciation de toutes les activités corrompues, antisociales, antidémocratiques et antipatriotiques de l’actuel Régime de la IIe restauration des Bourbon; et dont l’achèvement passe inévitablement par l’instauration d’un système démocratique, républicain et de droits sociaux ».

Les autorité espagnoles avaient déjà tenté de faire interdire Izquierda Castellana en 2008. En décembre dernier, un procès a eu lieu contre deux de ses militants suite aux affrontements survenus lors de la manifestation républicaine à Madrid d’octobre 2014.

Les militants d’Izquierda Castellana à un rassemblement de la gauche indépendantiste catalane

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