Bruno Retailleau, ministre de l’intérieur français, a annoncé à l’Assemblée nationale l’ouverture d’une procédure de dissolution contre la Jeune Garde antifasciste. Ce mouvement est né à Lyon en 2018 face à la montée des groupuscules néonazis, présents dans 5 villes (Lyon, Paris, Strasbourg, Lille et Montpellier), il regroupe de jeunes militant·es engagé·es dans les luttes sociales et antifascistes. Leurs actions se concentrent dans la rue, notamment lors de rassemblements. Ils ont été très présents lors des manifestations contre la réforme des retraites en 2023. Cette décision fait suite à une demande du RN ( Rassemblement National ) et des groupes fascistes, il s’inscrit dans une stratégie plus large de criminalisation de la résistance. Face à une extrême droite de plus en plus légitimée et décomplexée, c’est le camp de celles et ceux qui la combattent qui se retrouve réprimé.

Une salariée et syndiquée CGT de l’entreprise Magellium Artal est menacée de licenciement par une direction qui lui reproche une « insuffisance professionnelle » sur base d’un dossier sans fondement. « Ce que la direction vise réellement, c’est une salariée engagée, qui a osé parler, résister, s’organiser » dénonce le communiqué de la CGT Magellium-Artal. Pour justifier sa menace de licenciement, la direction s’appuie sur des témoignages que la travailleuse avait donnés en tant que victime lors d’une enquête interne menée suite à l’alerte donnée par les salariés sur des conditions de travail extrêmement dégradées : surcharge chronique de travail, altercations répétées avec le responsable d’unité, humiliations, encadrement défaillant, etc.

Six mois auparavant, la direction avait aussi tenté, en vain, de licencier un membre de cette même unité qui avait lancé l’alerte avec elle et 14 autres salariés. Ainsi, la CGT dénonce une répression qui vise « à faire un exemple, à briser un syndicat combatif, et à dissuader toute dynamique collective ». Face à cette situation, une soixantaine de travailleurs se sont réunis en assemblée générale solidaire avant l’entretien disciplinaire. Cette répression antisyndicale se comprend à la lumière du rachat de l’entreprise par le fonds d’investissement Eiréné de Weinberg Capital Partners, lié à l’industrie de défense. Un rassemblement solidaire aura lieu mercredi 30 avril à 12h30 devant le site de Magellium Artal à Ramonville Saint-Agne (1 rue Ariane).

Angélique, Florian et Joël étaient devant la cour d’appel de Nancy jeudi, jugés pour avoir participé à un attroupement en marge d’une manifestation, le 15 août 2017, contre le projet Cigeo de Bure. Après huit années de procédure, les chefs d’inculpation invoqués en première instance se sont réduits comme peau de chagrin (voir notre article). Exit l’association de malfaiteurs, la détention d’explosifs en bande organisée, la dégradation, des vols en réunion et la participation à une manifestation non déclarée. Reste l’attroupement après sommation, lors de cette manifestation. Au gré des relaxes prononcées (2021 et 2023), les sept prévenus se sont réduits à trois.

L’avocate générale a estimé que la manifestation du 15 août 2017 « s’inscrit dans la continuité d’un mouvement de durcissement des actions militantes de confrontation de plus en plus fortes et violentes vis-à-vis des forces de l’ordre ». Les prévenus auraient été « coanimateurs » de cette manifestation qui aurait eu un « objectif de sabotage ». Vu leur absence de casier judiciaire, elle a requis quatre mois de prison avec sursis. Les avocats de la défense ont plaidé la disproportion de la procédure : 1 million d’euros dépensés, 85 000 conversations interceptées, 20 perquisitions, plus de 20 000 pages de dossier… Ainsi que l’absence de preuve de culpabilité. Il y aurait une photo des prévenus, mais « sans savoir où ils étaient précisément après la sommation et quels ont été leurs comportements ». Jugement le 5 juin.

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Dans le cadre d’une vaste enquête, 25 auteurs présumés des attaques contre les agents pénitentiaires et les prisons ont été interpellés tôt ce lundi 28 avril. Les opérations ont débuté à 6 heures du matin en Île-de-France, ainsi que dans les grandes métropoles de Marseille, Lyon et Bordeaux. L’opération est menée par la DGSI ( Direction Générale de la Sécurité Intérieure ), elles ont impliqué plus de 200 enquêteurs sur la totalité du territoire français, elles pourraient s’étendre sur plusieurs jours et impliquer un plus grand nombre de suspects. Parmi les 25 interpellés, 5 ont déjà été en détention, au sein de maisons d’arrêt. Depuis le 13 avril, au moins «65 faits» ont été commis contre des agents pénitentiaires ou des prisons ( nos articles ici et ici ).

 

Entamée début avril à Ivry (photo) pour atteintre Kenitra, soit 3000 km, la marche pour dénoncer l’occupation du Sahara occidental par le Maroc et exiger la libération des prisonniers politiques sahraouis, se poursuit à travers la France (voir notre article). Chaque étape est l’occasion de rencontres avec des élus, des collectifs associatifs, des défenseurs des droits humains et des citoyens engagés. À Lyon, à Toulouse (voir notre article), à Clermont-Ferrand, à Nevers ou encore à Bourges, des débats, colloques et lectures publiques ont ponctué le trajet. C’est à Béziers, lors d’une halte symbolique devant la mairie, que la marche a connu son seul incident notable jusqu’à présent. Alors que Claude Mangin s’apprêtait à lire un message en soutien aux prisonniers sahraouis, un groupe de manifestants pro-marocains a tenté de perturber le rassemblement. Des slogans hostiles à la cause sahraouie ont été scandés, des journalistes de l’Equipe Médias attaqués. Une brève bousculade s’en est suivie avant l’intervention des forces de l’ordre. L’arrivée de la marche est prévue à Paris le 25 mai, avec un grand rassemblement place de la République.

La mobilisation intervient dans un contexte juridique et politique particulier : en octobre 2024, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a de nouveau annulé des accords commerciaux entre l’Union et le Maroc, estimant qu’ils violaient le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Une décision saluée par les partisans de la cause sahraouie mais ignorée par plusieurs chancelleries européennes, dont Paris.

Plusieurs organisations révolutionnaires, antiracistes, anti-impérialistes et antifascistes appellent à former un cortège « Face au militarisme, l’impérialisme et le racisme : riposte internationaliste » lors de la manifestation du 1er mai à Toulouse. Le rendez-vous est donné à 10H devant Darty (métro Esquirol)

Lire l’appel

Nouvelle nuit agitée dans au moins 5 départements pour l’administration pénitentiaire. Dans la nuit du 20 au 21 avril, plusieurs prisons ont été attaquées avec toujours le même message tagué: DDPF (Droits Des Prisonniers Français). À Nantes, la prison s’est réveillée avec des tags et un début d’incendie. Dans le Calvados, cinq véhicules ont été dégradés devant les locaux du SPIP (Services pénitentiaires d’insertion et de probation). À Fresnes, un agent a  été visé par des menaces. À Beauvais, un agent a découvert devant son domicile un tag « DDPF » sur sa voiture.

Dans l’Isère, à Varces, 3 personnes ont été contrôlées à 200 mètres de la prison, en possession d’un jerrican d’essence dans le coffre de leur véhicule. La police tente de savoir s’il s’agissait d’une tentative de passage à l’acte. Lyon, deux véhicules ont été incendiés vers minuit sur le parking sécurisé de la maison d’arrêt de Corbas. Un mineur a été interpellé quelques heures plus tard près de la prison et placé en garde à vue. Il est soupçonné d’avoir voulu commettre « un acte de malveillance ». À Villefontaine dans l’Isère, non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d’une maison a été incendiée et des impacts de tirs découverts sur la façade, l’inscription « DDPF » a été retrouvé taguée sur le domicile d’un agent pénitentiaire. Une seconde habitation a elle aussi été ciblée. Villefranche-sur-Saône, une voiture appartenant à un surveillant a également brûlé dans la nuit sur un parking proche de la prison. Mi-avril, plusieurs établissements pénitentiaires et surveillants avaient été pris pour cible en France ( nos articles ici et ici )

Mardi 8 avril, 3h du matin Paris XIe. Un homme en détresse mentale a été tué lors d’une violente intervention policière. L’homme de 35 ans, errait pieds nus dans la rue, une équipe du Samu social est arrivée et a tenté de l’aider en interpellant une patrouille de police à un feu rouge. Réaction étonnante d’un des policiers, « Ça tombe bien, ce soir, moi aussi je suis agressif. », un tabassage en règle a eu lieu après ces paroles. L’homme a été étranglé, tasé par trois fois, y compris, alors qu’il était déjà au sol, menotté et entravé. Les policiers l’ont frappé au visage et aux côtes. La victime de ces violences portait un bracelet d’hôpital. Transporté peu après par les secours arrivés sur les lieux, il est admis en réanimation et meurt le lendemain. Une information judiciaire est ouverte mais les policiers, n’ont pas été suspendus.

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Ces dernières semaines, des documents demandent aux policiers de signaler les étrangers en situation régulière. Ce « fichage » est une procédure qui concerne des étrangers mis en garde à vue. Les agents sont priés de noter la date et le lieu de soupçons de faits, l’infraction supposées, les suites et antécédents judiciaires de la personne, « toute information utile pour caractériser la menace pour l’ordre public que constitue la présence de l’intéressé en France » selon la circulaire du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau. Les empreintes digitales, la copie de la carte de séjour et des documents d’identité du pays d’origine sont aussi consignés. La transmission de ces notes par les services de police aux préfectures a pour objectif d’identifier les personnes pouvant faire l’objet de retraits ou de refus de titres de séjour, sur le fondement d’une menace à l’ordre public.

Préfecture de Seine Saint Denis