Ce vendredi 12 décembre, la préfecture de l’Hérault a publié un arrêté interdisant une nouvelle fois la tenue d’un rassemblement de soutien à la Palestine sur la Place de la Comédie, prévu ce samedi 13 décembre et appelé par une dizaine d’organisations et associations. La préfecture justifie sa décision en reprochant au collectif BDS-Urgence Palestine ses opérations de boycott, ses actions symboliques réalisées lors du passage du Tour de France ou devant la Maison des relations internationales, et sa participation à des manifestations le 10 et le 18 septembre, où “les forces de l’ordre ont été prises pour cible de slogans hostiles” et où “des affrontements entre militants extrémistes n’ont pu être évités” (bien qu’on ne sache pas vraiment quel rapport BDS a avec ces deux dernières allégations). Des motifs qui conduisent à un décalage de la manifestation : le rendez-vous est donné à 14 heures en bas de la rue de la Loge, et non sur la Comédie comme précédemment indiqué.

Toujours ce vendredi 12 décembre, José-Luis Moraguès, co-animateur historique de la campagne BDS-Urgence Palestine à Montpellier, était jugé en appel pour diffamation. En première instance, le tribunal l’avait relaxé au sujet d’une pancarte sur laquelle figurait le visage de Carole Delga, Hussein Bourgui et Kleber Mesquida, élus socialistes du Département et de la Région, orné de la mention ““Israël et ses complices”. Le délibéré est attendu le 9 février. José-Luis Moraguès passera également en procès pour diffamation le 19 février, après une plainte de Perla Danan, présidente du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et de Michèle Bensoussan, présidente du Centre Culturel Juif Simone Veil, pour une vidéo publiée sur les réseaux sociaux de BDS, qualifiant les positions politiques des deux institutions de “sionistes”. Enfin, le 21 janvier, José-Luis ainsi qu’un autre militant de BDS seront jugés en appel pour dégradation de bien d’autrui après avoir versé de la gouache rouge sur un drapeau américain à la maison des relations internationales de Montpellier en juin 2024. En première instance, le jeune militant de BDS avait été relaxé, et José-Luis Moraguès avait été condamné à 150 euros d’amende avec sursis, ainsi que 30 euros à payer pour le drapeau américain.

En mars 2024, suite à un signalement de l’Association de sauvegarde de la ceinture verte d’Avignon (ASCVA) au sujet de la destruction prochaine d’un corps de ferme, le mas de Barre, une dizaine de militant·es de plusieurs collectifs se mobilisent pour l’occuper. Les bâtiments sont la propriété de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de la région Sud. Celle-ci les a acquis dans le cadre du projet de la « Liaison Est-Ouest », dit LEO, visant à créer un contournement routier de la ville d’Avignon. Problème : le tracé passe pile-poil dans une zone agricole, que défendent de longue date des associations comme l’ASCVA au nom de la préservation des terres nourricières et de l’autonomie alimentaire.

À partir du 7 mars, le mas de Barre devient donc une zone à défendre. Le 17 avril 2024, à huit heures du matin, et sans qu’aucun avis d’expulsion n’ait été notifié, les personnes présentes sont nassées dans un hangar, insultées et intimidées (photo). Neuf sont envoyées en garde à vue. D’abord placé·es en garde à vue sur délit de squat, les militant·es ressortent accusé·es d’installation en réunion sur un terrain privé. Sept personnes écopent alors d’une ordonnance pénale, à laquelle trois d’entre elles décident de faire opposition. Un an plus tard, alors que les trois prévenu·es se présentent devant le tribunal correctionnel d’Avignon. Ils tiennent le délit pour nul car rien n’indique qu’ils étaient sur place avant le jour de l’évacuation des lieux. Les trois militant·es ont appris leur relaxe le 7 novembre dernier, mais iels sont désormais inscrit·es au fichier du traitement d’antécédents judiciaires (TAJ). Le projet LEO, quant à lui, est enterré.

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Après la découverte d’une vache contaminée par la dermatose nodulaire contagieuse dans une exploitation de Bordes-sur-Arize, la préfecture de l’Ariège a ordonné l’abattage des 208 bêtes du troupeau, sans que les 207 autres n’aient été testées ou vaccinées. Face à cette décision prise sans concertation avec les éleveurs, plus de 600 agriculteurs de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne se sont mobilisés pour faire barrage à une mesure qui, in fine, condamne les petites exploitations. Dans la nuit du jeudi 11 décembre, ce sont près de 300 agents de la police et de la gendarmerie qui ont réprimé les 600 agriculteurs avec tirs de grenades lacrymogènes et de dispersion, un hélicoptère, ainsi que plusieurs charges. Quatre agriculteurs ont été interpellés. Après une nuit d’affrontements, la police a brisé le barrage et les services vétérinaires de commencer l’abattage du troupeau sous la protection d’un cordon policier. Le gouvernement impose une nouvelle fois par la violence un dispositif que les syndicats dénoncent depuis plusieurs semaines. Dans le Tarn, près de 200 agriculteurs solidaires ont bloqué plusieurs axes routiers.
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À l’université Paris 1, la présidence a fait appel à la police après qu’un Conseil d’Administration a été empêché de se tenir par plusieurs centaines d’étudiants, personnels et enseignants mobilisés contre un budget déficitaire et la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers. Alors que les manifestants tenaient une assemblée générale, des dizaines de policiers ont été déployés dans le centre Panthéon, contrôlant et filmant les participants, une intervention dénoncée comme une nouvelle étape dans la répression des mobilisations étudiantes.

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Militant du NPA-R et dirigeant syndical du SNES-FSU à Bordeaux, David Pijoan est de nouveau convoqué par la justice dans le cadre d’un « avertissement pénal probatoire » lié à un rassemblement en soutien à la flottille pour Gaza, considéré comme une manifestation non déclarée. Cette procédure, qu’il refuse de reconnaître, s’inscrit dans un contexte plus large de poursuites visant des soutiens à la cause palestinienne, alors que plusieurs figures syndicales et politiques ont récemment été inquiétées pour des prises de position similaires. Ses soutiens dénoncent une tentative d’intimidation et appellent à un nouveau rassemblement le 12 décembre devant la maison de la justice et du droit, place Ravezies à 9h, pour exiger l’abandon des poursuites et défendre le droit de manifester.

Le tribunal administratif de Lyon a suspendu en urgence l’arrêté préfectoral qui interdisait les concerts du Lyon Antifa Fest, au motif de risques de troubles à l’ordre public (voir notre article). Cette décision permet au festival de maintenir ses soirées à Villeurbanne, ce qui est une victoire importante face à l’importante campagne de la droite et de l’extrême droite qui se sont mobilisées depuis des mois contre l’événement. La préfecture, tout en prenant acte du jugement, affirme rester vigilante.

Une enquête du journal Le Monde révèle que les données publicitaires collectées par les applications mobiles permettent d’identifier, avec précision et parfois certitude, l’identité, le domicile et les déplacements de dizaines d’agents français : espions de la DGSE, policiers de la DGSI, gendarmes du GIGN, militaires liés à la dissuasion nucléaire ou encore cadres de l’armement et personnels de centrales nucléaires. Issues d’une base de données vendue par un courtier en données (une entreprise qui collecte et revend massivement des informations personnelles comme la géolocalisation provenant d’applications mobiles), ces données rendent visibles des lieux ultrasensibles comme l’île Longue ou Villacoublay et exposent également des proches, permettant une exploitation par des États hostiles ou des groupes criminels. Les services de sécurité admettent prendre ces risques en compte et rappeler des règles d’hygiène numérique, mais l’enquête montre que l’industrie opaque des « data brokers » continue de vendre des informations permettant de suivre les habitudes quotidiennes d’individus pourtant chargés des missions les plus protégées de l’État.

La Ville de Lyon et la préfecture ont interdit la tenue d’une conférence du Lyon Antifa Fest accueillant le militant franco-palestinien Salah Hamouri, ainsi que l’ensemble des concerts prévus dans le cadre du festival. L’arrêté municipal invoque « un risque sérieux de troubles à l’ordre public » et l’Atelier des Canulars, où devait se tenir la conférence du 10 décembre, a été sommé de fermer au public. La préfecture interdit parallèlement les concerts, s’appuyant sur des paroles jugées « violentes » de certains artistes et sur les liens présumés entre l’association organisatrice et la GALE, une organisation antifasciste dissoute en 2022. Les organisateurs dénoncent une censure et ont annoncé qu’ils contesteraient ces décisions devant le tribunal administratif.

Les 20 et 21 décembre à Paris, la Plateforme de la Voix des Prisonniers organise une Conférence internationale de solidarité réunissant des anciens prisonniers politiques ainsi que des délégués et militants de nombreux pays. L’événement vise à renforcer le soutien aux prisonniers politiques du monde entier, confrontés à la répression, à l’isolement, à la torture, au refus de soins et aux violations répétées de leurs droits. À travers des échanges sur la lutte des classes et les prisons, les formes de résistance en détention, la condition des femmes et personnes LGBTI+ ou encore les moyens de développer la solidarité internationale, la conférence appelle les organisations et les militants attachés à la défense des prisonniers politiques à unir leurs forces pour soutenir celles et ceux qui poursuivent leur combat pour la liberté en dépit de la répression (voir l’appel). Une délégation du Secours Rouge International sera présente et interviendra lors de différents panels.

BDS/Urgence Palestine Montpellier appelle à se rassembler le vendredi 12 décembre dès 8H devant la Cour d’Appel (Arc de triomphe – Tram 4 – Peyrou) pour soutenir José-Luis Moraguès, militant poursuivi en justice après des plaintes pour diffamation de différents responsables politiques locaux, malgré sa relaxe en première instance (voir notre article). Ce nouveau procès s’inscrit dans le cadre d’une intensification de la criminalisation du mouvement de la solidarité avec la Palestine depuis plusieurs années.