Une concentration de militants de la FGTB du Centre et d’autres régionales wallonnes est prévue demain mercredi matin devant le palais de justice de Mons afin de défendre le droit de grève. L’action aura lieu pendant que le tribunal examinera une requête de la FGTB dans le cadre du conflit qui a opposé le syndicat au groupe Carrefour, en octobre dernier. La FGTB du Centre défendra mercredi une requête en tierce opposition contre l’ordonnance prise le 24 octobre 2008 par le président du tribunal de première instance de Mons. Délivrée sur requête unilatérale du groupe Carrefour, cette ordonnance préventive interdisait notamment d’entraver l’accès aux bâtiments de la société, sous peine d’une astreinte de mille euros par personne, ‘soit environ un mois de salaire dans le secteur‘, souligne le syndicat.

En octobre dernier, un conflit social a opposé Carrefour aux syndicats à propos de l’ouverture d’un nouvel hypermarché à Bruges, soumis à une commission paritaire moins avantageuse que dans le reste du groupe. Face aux menaces d’actions syndicales, la direction du groupe de distribution avait introduit des requêtes dans la plupart des arrondissements judiciaires afin de contrecarrer les piquets de grève. La FGTB du Centre et le syndicat en général disent regretter les ordonnances avec astreintes qui ont suivi, témoins à leurs yeux d’une ‘judiciarisation des conflits sociaux’, voir d’une dérive ‘fascisante’ de l’État de droit, selon les termes du secrétaire régional Setca Manu Morais. ‘La Charte sociale européenne reconnaît le piquet comme partie intégrante du droit de grève et le Comité européen des Droits sociaux a déjà jugé que les astreintes en la matière sont inacceptables‘, a-t-il souligné.

Jusqu’ici, à propos de requêtes similaires portant sur le même conflit avec Carrefour, la justice s’est prononcée une fois en faveur des thèses syndicales – le 3 décembre au tribunal de Furnes – et une autre en sa défaveur – le 11 février au tribunal de Bruxelles.

Tandis que les conflits sociaux se durcissent, deux escadrons de gendarmes mobiles vont être envoyés en renfort en Martinique où la grève générale est aujourd’hui à son huitième jour, tandis que la Guadeloupe, paralysée depuis vingt-trois jours, a à nouveau accueilli le ministre Yves Jégo. Les deux escadrons feront une escale technique à la Guadeloupe avant Fort-de-France où ils rejoindront deux escadrons déjà sur place.

En Martinique, les négociations ont repris en préfecture sur le prix des services, les syndicats réclamant leur baisse après avoir obtenu la veille moins 20 % sur 100 produits de première nécessité. Environ 1.500 personnes selon la police, ont manifesté le matin dans les rues de Fort-de-France. Mais ‘beaucoup de personnes’ n’ont pu se joindre aux manifestations, qui ont rassemblé jusqu’à 20.000 personnes, faute de carburant, indiquait-on à la préfecture. Les stations-service, y compris celles réquisitionnées par les autorités, n’ont pas été approvisionnées hier après un conflit entre leur représentant et les grévistes. L’immense majorité des services publics était toujours à l’arrêt, tout comme les commerces.

Renforts policiers en Martinique

Renforts policiers en Martinique

Un collectif de 52 organisations comprenant tous les syndicats, des groupements de mutuelle, des fédérations d’associations, les plus grosses associations de la Guadeloupe, le syndicat des transporteurs, les syndicats des stations de service, syndicat de pêcheurs, etc ont lancé un mouvement de grève depuis le 20 janvier. Le 30 janvier, près de 60.000 personnes ont défilé dans les rues de Pointe à Pitre, afin de démontrer leur soutien au ‘kolectif’.

Dix-sept Airbus ont débarqué depuis début janvier, avec près de 4.000 militaires/gendarmes/CRS, armés jusqu’aux dents. Des blindés, des munitions, des cercueils en plastique, des vivres ont également été acheminés en même temps que ces forces de répression. Ce tel dispositif de guerre coûte 3 millions d’euros par jour.

L’Etat français a tiré sur la foule à plusieurs reprises en Guadeloupe: en 1910, en 1925, en 1952 et en 1967. En 1967, suite à un fort mouvement de grève, la police a tiré dans la foule et tué plus de 170 personnes (l’Etat en a reconnu officiellement 31).

Hier vendredi, la mobilisation sur la région de Saint-Nazaire avait commencé très tôt le matin avec des blocages des ronds-points sur la zone portuaire et les chantiers navals. Plusieurs centaines de salariés des chantiers navals, de la sous-traitance, de Airbus, Port Autonome, EDF, SNCF, la raffinerie de Donges, la Poste, MAN Diesel, etc… avaient bloqué la circulation à tout transport de marchandises. A 14h un rassemblement a réuni plus de 25.000 personnes et la manifestation s’est déroulée dans le calme jusqu’à la Sous-préfecture.

C’est une fois que la tête de manif est arrivée que des affrontements violents ont éclaté lorsque une section de CRS a déboulé par une rue adjacente en lançant des lacrymos sur les personnes rassemblées. Les manifestants dont de nombreux ouvriers encore en bleu de travail mais aussi des jeunes, ont riposté en prenant en tenaille les CRS. Des corps à corps extrêmement violents ont eu lieu devant la grille de la sous-préfecture lorsque la section de CRS qui se trouvait à l’intérieur a tenté de faire une sortie musclée pour secourir leurs collègues. Dans ces premiers ‘contacts’ plusieurs salariés dont des délégués CGT et policiers ont été blessés. Les affrontements se sont étendus sur plusieurs rues adjacentes et les barricades de feu ainsi que les échanges de tir de lacrymos, grenades offensives, canettes et projectiles divers ont duré plusieurs heures. Les CRS ont reçu le renfort des gendarmes mobiles et plusieurs charges se sont soldées avec des blessés dont un grave à cause d’une grenade offensive qui lui a éclaté le pied. C’est à 20h que la charge la plus violente a eu lieu.

Bilan: Seize interpellations, cinq blessés dont un grave.

Manifestation à St-Nazaire

Manifestation à St-Nazaire

Les principaux syndicats de l’inspection du travail appellent à une grève illimitée à partir du 17 décembre concernant le contrôle du travail illégal des étrangers, afin de protester contre les missions que le gouvernement veut leur imposer, selon eux, pour les expulsions de sans-papiers.

Nous rappelons que si l’inspection du travail est chargée, dans ses fonctions de contrôle, d’assurer, notamment, le respect des dispositions légales interdisant le travail illégal sous toutes ses formes, il n’entre pas dans ses prérogatives d’assurer la police des étrangers‘, déclarent la CGT, Sud et le syndicat des inspecteurs du travail affilié à FSU dans un courrier adressé mardi au ministre du Travail. ‘Les opérations conjointes’, entre les services de lutte contre le travail illégal et la police ‘tendent à transformer les agents de contrôle de l’inspection du travail en auxiliaires de police pour permettre d’atteindre l’objectif de 25.000 expulsions en 2007 claironné‘, par le ministre de l’Immigration Brice Hortefeux, poursuivent les syndicats. Selon eux, ‘ces opérations n’ont manifestement pas pour objet la lutte contre le travail illégal mais l’instrumentalisation de celle-ci pour faire procéder à des reconduites à la frontière par les forces de police.’

Cet objectif, étranger aux missions de l’inspection du travail qui restent axées sur le contrôle du respect par les employeurs d’un droit protecteur des salariés, introduit une confusion qui porte un préjudice grave à l’image de nos services auprès des salariés‘, ajoutent les syndicats. Les organisations syndicales mettent également en avant le fait que, selon elles, l’utilisation des inspecteurs du travail dans ce cadre ‘est contraire aux dispositions de l’article L.341-6-1 du Code du travail qui assimile un salarié sans titre de travail à un salarié régulièrement engagé s’agissant des obligations qui pèsent sur son employeur‘.

Jeudi 19, les travailleurs du magasin Carrefour de Gosselies (Charleroi) se sont mis en grève pour protester contre le licenciement qu’ils trouvent abusif, de la responsable des ressources humaines. Pour le personnel, la faute de la responsable des ressources humaines s’explique par le manque de clarté au niveau des heures prestées. Pour le travail du dimanche, le personnel a soit un forfait de prestation de 4 heures ou de 8 heures. Le 2 novembre dernier, la personne licenciée a fait 6h30 et a donc renseigné le forfait de 8 heures avec l’accord du directeur du magasin. A la suite de ce constat, la direction a décidé de licencier pour faute grave la responsable des ressources humaines et ce, après 35 ans de carrière. Le personnel ne pouvait accepter cette situation et s’est mis en grève jusqu’à la réintégration de la personne licenciée. Ce mardi 23 au matin, la direction de Carrefour a envoyé un huissier pour menacer d’astreinte les travailleurs qui composaient le piquet de grève. Celui-ci a du être levé, mais la grève continue.

Grève au Carrefour de Gosselies

Grève au Carrefour de Gosselies

Le tribunal de Furnes siégeant en référé a déclaré recevable et fondée la requête en tierce opposition lancée par le LBC-NVK (l’aile flamande du syndicat chrétien des employés) à l’encontre de la procédure judiciaire initiée unilatéralement par la direction du magasin Carrefour de Coxyde pour empêcher des piquets de grève début novembre. Cette décision favorable aux syndicats est la première d’une série de requêtes en tierce opposition contestant en justice ce qu’ils estiment être des atteintes au droit de grève. La grève avait frappé le Carrefour de Coxyde le 10 novembre dernier, comme dans bien d’autres établissements du groupe à cette époque.

La direction de Coxyde avait immédiatement répliqué en intentant une action en justice. Le tribunal avait jugé que le secrétaire de la LBC-NVK devrait payer une astreinte de 1.000 euros par personne, client ou membre du personnel désireux de travailler, qui n’aurait pu entrer dans le supermarché en raison des piquets de grève. L’objectif de Carrefour était de casser l’action, ce qui fut le cas. En raison de cette menace d’astreinte, le syndicat chrétien avait en effet préféré stopper la grève.

La LBC-NVK estimait que le tribunal des référés ne pouvait pas prendre cette décision du fait que le juge n’avait entendu que Carrefour et pas les syndicats. Le juge des référés a donné raison aux syndicats. Selon lui, la procédure engagée sur requête unilatérale pour mettre fin à la grève n’était pas appropriée. Il a relevé notamment que l’action avait été annoncée par les syndicats dans les temps. Le caractère urgent d’une telle procédure, indispensable pour un référé, n’était donc pas fondé. Le juge a encore estimé exagéré l’argument selon lequel toute l’activité économique de Carrefour avait été à l’arrêt en raison de cette action. L’ordonnance du 10 novembre doit donc être réduite à néant, a jugé le tribunal. L’astreinte qui menace le syndicaliste n’est plus applicable, de même que l’interdiction qui lui est faite de pénétrer dans un Carrefour.

Les ouvriers d’UCB Braine-l’Alleud ont approuvé le texte élaboré en bureau de conciliation au début de la semaine à plus de 76%. Après trois semaines de grève et deux refus, la grève est donc officiellement terminée. Ce vote intervient après celui des employés, qui plus tôt dans la journée s’étaient prononcés en faveur de l’accord. En plus des primes et avantages, les discussions ont permis de réduire le nombre de pertes d’emploi. Lors de l’annonce par la direction, on parlait de 425 emplois en péril sur le site de Braine-l’Alleud, dont 344 employés. Ce nombre de postes d’employés perdus est descendu depuis à 298. Et les syndicats espèrent encore en sauver quelques-uns dans les jours qui viennent.

Cette grève avait elle aussi été marquée par l’intervention de la justice aux côtés du patronat. Le piquet de grève installé mercredi avait été levé après qu’un huissier soit venu rappeler aux grévistes qu’une ordonnance de référé les enjoint de laisser l’accès libre sous peine d’astreinte. Cette ordonnance de référé obtenue par la direction avait été signifiée tôt dans la matinée par un huissier accompagné de policiers. Menacés d’astreintes, les membres du piquet de grève qui avaient pris position devant les grilles à 05h30, après un vote de 72% des ouvriers en faveur de la poursuite de la grève, mardi soir, avaient levé leur barrage. Ils avaient laissé passer les véhicules, se contentant de les ralentir. La grève était tellement générale que la levée du piquet n’a pas influencé l’arrêt de la production.

Dans la nuit de vendredi à samedi, en une heure, le directeur du personnel France de Faurecia a débarqué en urgence depuis Nanterre dans l’usine Sieto-Faurecia de Somain et a licencié quatorze salariés grévistes. Et ce n’était qu’un début. Les imprimés de licenciement ont été distribués à des salariés choisis au hasard. Son intention était, semble-t-il, de licencier tous les grévistes, c’est-à-dire l’ensemble du personnel en CDI du poste de nuit (65 salariés). La tentative de médiation du directeur départemental du travail et de l’emploi entre grévistes (l’immense majorité des 245 salariés) et direction a été un échec. Les quatorze licenciements abusifs, ne respectant pas la procédure de surcroît, courent toujours. De retour de week-end, les salariés ont remis la pression. Un camion devant livrer à Toyota Onnaing les sièges fabriqués dans l’usine somainoise a été bloqué. Résultat, l’équipe du matin du constructeur japonais a arrêté plus tôt que prévu le travail. Pareil pour l’équipe de l’après-midi. Pas bon pour les affaires de Faurecia. Un équipementier automobile impliqué dans un arrêt de chaîne d’un constructeur donneur d’ordre se voit condamné à payer de lourdes pénalités financières. Le chiffre de 1.000€ par minute circule! Vendredi, il n’était encore question que de revendications salariales: d’une prime non payée de 75€ et d’une prime de production de 300€. Mais les conditions de travail déplorables sont mises en cause. Une personne est affectée à deux, voire trois postes. Cette réorganisation du travail a été élaborée sans consulter les délégués du personnel. Des employés se plaignent de harcèlement moral et physique. Mercredi dernier, un cadre aurait tiré les oreilles d’un salarié en lui intimant de travailler plus. La grève est reconduite.

Grève à Somain

Grève à Somain