Une vaste opération policière a eu lieu jeudi en Italie. Elle visait les militants anarchistes suspectés d’avoir participé, le 9 février, aux violentes manifestations de protestation contre l’attaque par la police du grand squat historique de Turin, l’asilo occupato (voir notre article). L’opération a donné lieu à 17 perquisitions qui se sont déroulées simultanément dans le Piémont, en Lombardie et en Sardaigne. 37 personnes ont été inquiétées, 14 font l’objet de « mesures de précaution » (notamment l’interdiction de séjourner à Turin) et trois ont été incarcérées. L’opération a conduit à l’arrestation de Patrik Bernardone, un Turinois de 24 ans, de Federico Daneluzzo, 23 ans, et d’un Suisse âgé de 19 ans. Celui-ci avait échappé à son arrestation, mais il s’est rendu à la police après s’être barricadé toute la matinée au centre social Brancaleone à Milan. Ils sont accusés de blessures graves et résistance à un agent public. Onze autres personnes résidant à Sassari, Savone, Livourne, Ravenne et en Suisse, en Slovaquie et en Serbie se sont vu interdire de se rendre à Turin.

L'attaque de l'asilo occupato

 

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Une vingtaine de groupes de soutien se sont créés en soutien à Vincenzo Vecchi, l’activiste italien menacé d’extradition. Des rassemblements sont prévus ce lundi 19 août à Rochefort-en-Terre, Rennes, Nantes, Lorient, Saint-Brieuc, Douarnenez, Guingamp, Auray, Morlaix, Brest, Pontivy, Langon, Saint-Malo et ailleurs. Les soutiens de Vincenzo Vecchi ont aussi prévu d’être présents jeudi 22, à 9 h, au parlement de Bretagne, à Rennes, à l’audience demandant sa liberté conditionnelle, puis le lendemain, vendredi 23, à 10 h, toujours devant le Parlement de Bretagne à l’audience concernant la demande de complément d’informations à l’Italie.

Arrêté le 8 août 2019, Vincenzo Vecchi, 46 ans, vivait sous une fausse identité depuis 8 ans, près de Rochefort-en-Terre (voir notre article). Il avait quitté l’Italie qui l’avait condamné à 11 ans et 6 mois de prison pour sa participation aux manifestations anti-G8, à Gênes en 2001, et à une manifestation antifasciste en 2006, à Milan. Vincenzo a été condamné sur la base du code Rocco, introduit en 1930 dans la loi italienne sous Mussolini. Le texte permet, au nom de la notion de « concours moral », de sanctionner la simple présence à des manifestations considérées comme insurrectionnelles sans preuve factuelle. C’est en vertu de cette loi que Vincenzo et neuf autres militants, baptisés les « dix de Gênes », ont écopé de peines très lourdes allant de huit à quinze ans de prison.

Rassemblement le 1A4 août devant la Cour d'appel de Rennes

 

Vincenzo Vecchi avait participé en 2001 à la manifestation contre les puissants de la Terre lors du sommet du G8 de Gènes. Au cours de cette mobilisation, Carlo Giuliani, un manifestant, avait été tué par par la police. La répression avait été particulièrement violente pendant et après le sommet. Une dizaine de « Black bloc » avaient été condamné à des très lourdes peines de prison pour en faire des exemples, dont Vincenzo Vecchi. Celui-ci avait disparu et était en cavale depuis 18 ans, réfugié depuis de nombreuse années dans un village en Bretagne.

Vincenzo Vecchi a finalement été interpellé le jeudi 8 août et placé en détention à la prison de Vezin (Rennes) en attendant sa possible extradition vers l’Italie. Il comparaîtra devant la chambre d’instruction de Rennes le mercredi 14 août à 9 h.

Soutien à Vincenzo Vecchi

Un homme qui est accusé par les autorités péruviennes d’avoir été le « médecin de la guérilla » (du PCP-SL) a été arrêté hier par la police italienne dans un hôtel du centre de Gênes. Luis Enrique Paredes Del Pino, alias « Juan Carlos » faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Le Procureur de la Cour d’appel de Gênes sera appelé dans les quarante prochains jours à évaluer la demande d’extradition. Luis Enrique Paredes Del Pino, qui est détenteur de la double nationalité et d’un passeport espagnol, avait déjà été arrêté en 2013 à Tolède. Madrid avait refusé l’extradition et, depuis lors, le médecin avait obtenu l’autorisation de rester en Espagne, où il travaille comme urgentologue dans le district de Castilla-La Mancha. Après le rejet de l’Espagne, le Pérou avait lancé un nouveau mandat d’arrêt international.

Luis Enrique Paredes Del Pino, lors d'une précédente arrestation

 

Le squat Primavalle qui hébergeait environ 200 migrants – dont beaucoup de familles – et des citoyens italiens a été démantelé lundi 15 juillet dans la banlieue de Rome. À l’arrivée des forces de l’ordre, les squatteurs ont érigé des barricades en feu en brûlant des pneus, des matelas et des déchets afin de bloquer l’accès à la police. Les pompiers ont cependant réussi à éteindre l’incendie, permettant à la police d’évacuer le lieu occupé depuis plusieurs années. Mais les habitants ont ensuite lancé, depuis les fenêtres du squat, toutes sortes d’objets en direction des forces de l’ordre. Trois personnes ont été interpellées suite aux affrontements.

Une barricade aménagée par les habitants et leurs soutiens, prête à être enflammée

Une barricade aménagée par les habitants et leurs soutiens, prête à être enflammée

Suite à une décision identique d’un tribunal de Turin (voir notre article), un tribunal de Cagliari a également la demande de mesures de surveillance spéciales à l’encontre de Pierluigi Caria, un internationaliste sarde qui se trouvait au Rojava. Pierluigi avait rejoint les YPG dans sa lutte contre le Daesh puis les structures civiles de la révolution au Rojava. La mesure de surveillance spéciale demandée par le Procureur prévoyait l’interdiction pour tous les internationalistes ayant combattu au Rojava de vivre dans la ville où ils vivent actuellement, ainsi que l’interdiction de mener des activités politiques et de manifester.

Internationalistes breton et sarde au Rojava

Internationalistes breton et sarde au Rojava

Une opération de police a eu lieu dans toute l’Italie dans le cadre d’une enquête sur les affrontements qui ont eu lieu à l’occasion de G7 à Venaria en septembre 2017 (voir notre article). L’enquête est coordonnée par le bureau du procureur en collaboration avec les Digos (services de police politique) de Rome, Florence, Modène, Bari et Venise. 17 personnes font l’objet de « mesures de précaution », dont 9 résidents de Turin, y compris deux figures connues du Centre social Askatasuna. Pour sept d’entre eux, ces « mesures de précaution » consistent en la résidence surveillée, pour les dix autres, l’obligation de pointer régulièrement au commissariat.

Une précédente opération policière contre le centre social Askatasuna

Une précédente opération policière contre le centre social Askatasuna

Carola Rackete, la capitaine allemande du navire de sauvetage Sea-Watch 3, a été libérée après avoir été placée samedi aux arrêts domiciliaires chez une habitante de Lampedusa (voir notre article). Elle était présentée ce jour à un juge chargé de valider (ou non) son arrestation. Le juge de la ville sicilienne d’Agrigente a renversé mardi soir l’ordonnance d’arrêt domiciliaire émise samedi, après que le Sea-Watch 3 soit entré dans le port de l’île de Lampedusa malgré un ordre italien la défendant de pénétrer dans les eaux italiennes.

Elle avait été arrêtée pour « résistance ou violence envers un navire de guerre » après avoir obligé une vedette de la police chargée de l’empêcher d’accoster à s’éloigner sous peine d’être écrasée contre le quai à Lampedusa, dans la nuit de vendredi à samedi. Pour cela, elle risque jusqu’à 10 ans de prison. Elle a agi de la sorte pour mettre en sécurité les 40 migrants qu’elle transportait dans son navire.

Carola Rackete Sea Watch

Carola Rackete Sea Watch

Vendredi 28 juin, après 31 jours, Anna et Silvia ont mis fin à leur grève de la faim par laquelle elles protestaient contre la section AS2 (« Haute Surveillance 2 ») de la prison d’Aquila (voir notre article). Plusieurs autres prisonniers et prisonnières qui avaient suivi Anna et Silvia dans leur grève ont également recommencé à manger.
Silvia a été transférée à la prison des Vallette à Turin, pour être présente, mardi 2 juillet, à un procès pour le blocage d’une procédure d’expulsion locative.

Anna Silvia

Anna Silvia

Le Sea Watch 3 a accosté de force dans la nuit de vendredi à samedi dans le port de Lampedusa, et sa capitaine Carola Rackete a été arrêtée, avant que ne débarquent 40 migrants bloqués à bord depuis 17 jours.

Mercredi, la capitaine Carola Rackete avait forcé le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini (voir notre article). Mais le navire avait dû s’arrêter à un mille en face du petit port de Lampedusa et était resté bloqué là depuis. Dans la nuit de vendredi à samedi, Carola Rackete a finalement choisi de forcer le passage malgré la vedette de police chargée de l’en empêcher. La police est ensuite montée à bord pour arrêter la capitaine. Elle risque jusqu’à 10 ans de prison.

Carola Rackete Sea Watch