Le samedi 26 août à Mulhouse et le dimanche 27 août à Paris, Partizan organise des cérémonies en hommage à Nubar Ozanyan, combattant et commandant de la Tikko (branche armée du TKP/ML) au Rojava mort au combat contre Daesh le 14 août dernier (voir notre article).

Cérémonie en hommage à Nubar Ozanyan

Cérémonie en hommage à Nubar Ozanyan

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville kurde de Lice, était avec sa mère et son fils de 2 ans, lorsque des policiers ont voulu l’arrêter en pleine rue. En voulant s’opposer à l’arrestation de sa fille, Rezan Zuğurli et sa mère ont été tabassées ainsi que des passants s’étant interposés. Rezan Zuğurli, son fils de 2 ans et un des passants ont été arrêtés. La police a, par la suite, transférée Rezan Zuğurli et son fils à la prison de type E de Diyarbakir.

Rezan Zuğurli, co-maire de Lice élue en 2014, membre du parti BDP (§ Parti de la paix et de la démocratie) représenté au parlement par le HDP, a été destituée et remplacée par un préfet de l’État turc. Elle avait déjà passée 13 mois en prison en 2011-2012 pour avoir participé à des manifestations en soutien à des prisonniers kurdes. Elle a été condamnée à 4 ans et 2 mois de prison ferme pour avoir « commis un crime au nom d’une organisation avec des membres d’une organisation terroriste » (le PKK). Elle a été arrêtée pour purger le restant de sa peine.

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville de Lice

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville de Lice

Vers 6h du matin, 10 policiers armés de la Unterstützungskommandos (Commando de Soutien, une brigade spéciale) ont perquisitionné un appartement en colocation à Munich au motif que l’un des habitants possédait un drapeau des YPG et en avait posté une photo sur Facebook en mars dernier. Le drapeau fait partie des nombreux symboles interdits par l’état allemand, aux côtés du drapeau du PKK et du drapeau où figure le visage d’Abdullah Öçalan (le leader du PKK), entre autres. Le propriétaire du drapeau était en vacances, la police a saisit du matériel informatique et pris l’identité des personnes qui se trouvaient sur place. La position des autorités allemandes à l’égard du PKK et plus particulièrement des YPG est particulière. L’Allemagne est très répressive à l’égard du mouvement de libération kurde et possède des lois spéciales lui permettant de poursuivre les personnes qui sont recherchées en Turquie même si elles n’ont rien commis d’illégal aux yeux de la loi allemande (la loi 129b) Plusieurs internationalistes allemands ont combattus dans les rangs des YPG, et des opérations tactiques auraient déjà eu lieu entre des militaires allemands et les YPG (notamment pour exfiltrer une famille de nationalité allemande dont plusieurs membres étaient prisonniers de Daech).

Drapeau des YPG

Drapeau des YPG

Les opérations de contre-guérilla de l’armée turque se sont intensifiés à la fin de la semaine au Kurdistan nord, de même que la résistance des combattants du PKK. Une opération militaire a été lancée dans la région de Karadag à Semdinli, district de la province de Hakkari, malgré les conditions climatiques difficiles à 3 300 mètres d’altitude. L’armée turque revendique la mort de trois guérilleros et la saisie d’une mitrailleuse lourde Duchka. Dans une zone rurale proche du district de Genc, province de Bingol, les forces de sécurité turques, en mission d’observation et de recherche ont été la cible d’une attaque de la guérilla. Au cours de cet accrochage, un soldat turc a été tué et un deuxième a été blessé.

Hospitalisation duu militaire blessé dans les combats de jeudi

Hospitalisation duu militaire blessé dans les combats de jeudi

Le pouvoir du président Erdogan, par le biais de l’organisme turc de régulation audiovisuelle, RTÜK, a fait fermer des dizaines de chaînes kurdes. Parmi elles, des chaînes à destination de la diaspora, situées dans d’autres pays européens, ont été interrompues par leur opérateur satellite Eutelsat, à la demande de la RTÜK qui les accuse d’être les porte-voix du PKK. En octobre 2016, l’entreprise française Eutelsat avait suspendu la diffusion de Med Nuçe TV et de Newroz TV, respectivement basées en Belgique et en Suède. Trois autres chaînes sont également menacées de suspension par Eutelsat depuis avril 2017 : Ronahi TV, NewsChannel et Sterk TV, qui émettent depuis la Belgique, la Syrie, l’Italie et la Norvège.

Le 14 novembre dernier, le tribunal de commerce de Paris a ordonné à Eutelsat de reprendre la diffusion de Newroz TV. Il estime que la Turquie n’a pas ou trop peu collaboré avec le siège de la chaîne en Suède, au lieu de tenter de « résoudre la difficulté » ensemble. Le tribunal souligne également qu’Eutelsat n’a pas pu prouver les supposées relations de la chaîne avec le PKK. Si Eutelsat est un groupe de droit privé, l’Etat français en est le principal actionnaire via la Banque publique d’investissement, qui détient 26,4% des parts.

Manifestation devant les locaux parisiens d’Eutelsat, le 6 octobre 2016

Manifestation devant les locaux parisiens d'Eutelsat, le 6 octobre 2016

Gabar Tolhildan (nom de guerre), un montréalais arrêté le 27 juillet par les forces du PDK (voir notre article), a été libéré ce matin. Il avait combattu avec les YPG et blessé à la jambe il y a environ deux mois lors de la campagne de Raqqa. Gabar Tolhildan avait été évacué et avait décidé de rentrer au Canada en passant par le Kurdistan irakien. Il aurait été arrêté en passant la frontière pour des raisons de problèmes de passeport et de visa. Les combattants volontaires qui franchissent la frontière pour quitter le Rojava sont soumis à des arrestations pour violation de visa.

Gabar Tolhildan

Gabar Tolhildan

Deux comptes Facebook liés à la page « Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava » ont été momentanément suspendus ainsi que la page elle-même. Facebook a conditionné la remise en ligne des comptes et de la page à la suppression de deux contenus jugés comme « non-respectueux des standards de la communauté ». Les deux contenus:

– une photo et un extrait traduit de la fondation de la TQILA (L’Armée de Libération et d’Insurrection Queer), un sous-groupe de l’IRPGF (Forces de Guérilla Populaires Révolutionnaires Internationales), une composante anarchiste de l’IFB (Bataillon International de Libération).
– une vidéo « Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava ». Cette vidéo avait déjà été brièvement censurée par Youtube en mai dernier, mais avait été rapidement remise en ligne après avoir fait appel.

Aucune de ces deux publications (ni aucune publication de la page en général) ne contient de contenu ‘graphique’ pouvant heurter la sensibilité de qui que ce soit. Le Bataillon International de Libération ainsi que ses composantes (MLKP, TKPML, BÖG, IRPGF,…), le Tabûra Enternasyonal (anciennement appelé Antifa Tabur) sont en ce moment même au front à Raqqah, pour déloger l’Etat Islamique de la ville qui fût sa capitale. L’ensemble des Forces Démocratiques Syriennes (QSD) lutte contre l’Etat Islamique et garantit à la ville une autonomie administrative du reste de la Fédération du Nord de la Syrie (Rojava) afin de ne pas lui imposer une énième occupation militaire. Ce n’est pas la première fois que Facebook censure du contenu lié à la résistance contre l’Etat Islamique, contre les groupes rebelles islamistes et contre les puissances impérialistes et réactionnaires en Syrie.

Censure de la page de Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava


Facebook censure la page de Soutien au Bataillon International

Censure de la page de Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava
Facebook censure la page de Soutien au Bataillon International

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš sont deux internationalistes accusés d’avoir combattu Daech dans les rangs des YPG et des YPJ. Ils ont été arrêtés en novembre 2016 par les pershmergas de Barzani, au Kurdistan irakien, qui s’est empressé de les remettre au régime turc. Le régime turc dit avoir trouvé sur eux des flyers et photos prouvant leur appartenance aux YPG/YPJ, considérés comme des organisations terroristes par le régime turc, mais les deux internationalistes disent qu’ils se trouvaient au Rojava pour des raisons humanitaires. Leur procès avait commencé le 10 mai dernier, plusieurs reports ont mené le verdict à ce 2 août: 6 ans et 3 mois de prison. Les deux peuvent encore faire appel. La diplomatie tchèque s’est plusieurs fois manifestée pour leur libération.

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš

Le PDK, qui au pouvoir au Kurdistan irakien, a arrêté un autre groupe de volontaires internationalistes des YPG. Jusqu’ici, nous avons seulement le nom d’un combattant canadien dont le nom de guerre est Gabar Tolhildan. Ils auraient été arrêtés jeudi dernier mais aucune autre information n’a pu être obtenue jusqu’à présent. Le PDK, expression du clan féodal Barzani au pouvoir au Kurdistan irakien, étroitement lié à la Turquie d’Erdogan, arrête régulièrement des combattants internationalistes qui passent par le Kurdistan irakien pour rejoindre le Rojava ou rentrer chez eux.

Gabar (à droite)

Gabar (à droite)