Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à Paris, ce jeudi 9 janvier, contre la réforme des retraites. Il y a eu des dizaines de blessés, essentiellement aux abords de la place Saint-Augustin dans le 8e arrondissement, où était censé se disperser le cortège vers 17 heures. Vers 16h30, les forces de l’ordre ont répondu à des jets de projectiles par des charges et des tirs de gaz lacrymogène. Plusieurs vitrines de commerces et Abribus ont été brisés. Des dizaines de milliers de manifestants ont aussi défilé en province. À Amiens, les manifestants étaient entre 5.000 et 10.000 selon les syndicats. Dans le cortège, plusieurs entreprises privées du département étaient présentes comme Dunlop, Bonduelle et Stelia. Des gaz lacrymogènes ont été tirés pour empêcher les manifestants d’avancer. Un envahissement des voies a eu lieu en gare de Bordeaux en fin de cortège dans l’après-midi. Quatre interpellations ont eu lieu sur l’ensemble de la manifestation. A Rouen, un homme a été blessé à coups de matraque dans la manifestation, les policiers ayant chargé dans le cortège, dans la rue Jeanne d’Arc. A Toulouse, des affrontements ont éclaté un peu avant 17h, à hauteur de Jean Jaurès. Plusieurs manifestants ont été interpellés.

Les affrontement de ce jeudi à Paris

 

Du 9 au 20 décembre 2019, le tribunal de Narbonne jugeait 31 Gilets Jaunes pour le saccage incendiaire d’un péage à Narbonne la nuit du 1er au 2 décembre 2018 (voir notre article). À cette occasion les locaux de la gendarmerie et ceux de la société Vinci avaient été incendiés et pillés par une foule de 200 personnes. Le jugement a été rendu le 7 janvier. Sur les 31 personnes qui ont comparu devant le tribunal, 21 ont été condamnées à une peine de prison ferme et trois d’entre elles ont fait l’objet d’une demande d’incarcération immédiate, deux autres ont été maintenues en prison (soit deux mandats de dépôt, deux maintiens en détention et un mandat d’arrêt). Kevin, 29 ans, a écopé de la peine la plus lourde, c’est-à-dire cinq ans de prison car il aurait ayant été le conducteur de l’engin qui a servi à projeter un véhicule en feu sur la barrière de péage, ce qu’il nie. Les avocats des autres 48 parties civiles, en majorité des gendarmes qui avaient évacué les locaux face à la foule, avaient demandé des réparations solidaires de quelque 700 000 euros. Les jugements sur les dommages et intérêts ont été renvoyés au 12 mai.

Les bâtiments incendiés

Samedi 11 janvier, à l’occasion du 18ème anniversaire de l’ouverture de la prison de Guantanamo, une manifestation pour réclamer sa fermeture se tiendra devant l’Ambassade US-américaine à Bruxelles. Cette manifestation a également pour but d’exiger la fin de toute forme de torture et de détention illimitée ainsi que la libération des prisonnier·es politiques détenu·es par les États-Unis. Elle se tiendra à partir de midi au 27 Boulevard du Régent.

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Manifestation pour la fermeture de Guantanamo

Manifestation pour la fermeture de Guantanamo

D’énormes pertes économiques ont été occasionnés dans la zone franche de Colon suite à la manifestation du groupe Causa Justa, composé de plusieurs mouvements de chômeurs. A partir de 6h30 du matin, les manifestants sont descendus dans la rue et ont bloqué plusieurs routes de la côte atlantique. Parmi leurs revendications: le manque d’emploi, la demande d’eau potable et de terres. Au cours de la manifestation,  six personnes ont été arrêtées. Ces barrages ont touché les transports nécessaires au bon fonctionnement de la zone franche de Colon, provoquant la paralysie de l’activité économique dans la province Pour des raisons de sécurité, plusieurs entités étatiques ont été obligées de fermer leur siège à proximité des manifestations, comme le Bureau du Procureur général ou la Caisse d’épargne.

Manifestants barrant une route à Colon

 

La situation était très tendue le lundi 6 janvier au campus de Kinshasa à la suite de la fronde estudiantine contre la récente augmentation des frais académiques décidée par le ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire. Dénonçant les nouveaux montants qu’ils jugent excessifs au regard de la situation sociale de nombreux étudiants issus des familles modestes, les étudiants de l’Unikin se sont largement mobilisés. La manifestation d’hier lundi a fini en affrontements avec les forces de police. Les étudiants qui tenaient à manifester en dehors du site universitaire ont été confrontés aux forces de l’ordre qui n’ont pas hésité à user des gaz lacrymogènes. La présence des policiers était remarquée à l’entrée des Homes et des facultés mais aussi dans certains points névralgiques du campus. Cela n’a pas empêché les manifestants d’exprimer leur colère: pneus brûlés, véhicules détruits, bureaux pillés et saccagés. Onze personnes ont été arrêtées, sept manifestants et deux policiers ont été blessés.

Les étudiants de l’UNIKIN brûlent, lundi 6 janvier 2020, le bâtiment administratif du site universitaire pour protester contre la disparité de frais académiques

Les manifestants se sont affrontés avec la police anti-émeute devant le siège du Comté de Salt Lake City-County tard samedi et tôt dimanche. Ces affrontements sont survenus lorsque la police a voulu dégager les tentes installées devant le bâtiment pour critiquer la façon dont la ville gère sa population de sans-abri. La police de Salt Lake a arrêté 16 personnes qui ont participé à ce rassemblement de type « occupy » à Washington Square, dans le centre-ville. La plupart des campeurs ont traversé la rue samedi soir avant qu’une quarantaine de policiers ne s’approchent du camp avec boucliers, casques et matraques. Une douzaine de manifestants restés dans le camp se sont tenus par les bras et ont chanté, entourés d’une barricade de meubles et d’objets divers. Certains manifestants ont repoussé les boucliers de la police et se sont fait gazer.

Face à face à Salt Lake City

Des manifestations ont eu lieu ce samedi 4 janvier partout en France pour demander le retrait de la réforme des retraites, à l’appel des unions départementales CGT, FO, Solidaires et FSU.  A Paris, après l’arrivée du cortège sur la place de la Bastille, des projectiles ont été lancés sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. Les manifestants ont ensuite repris leur route, en direction de la place de la République où des grenades lacrymogènes ont à nouveau été tirées. Les manifestants ont une nouvelle fois repris leur route en direction de la gare de l’Est. Là, des manifestants vêtus d’un gilet jaune ont tenté de forcer le portail pour entrer dans le hall de la gare, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre. Des gendarmes mobiles barraient les accès de la gare, tandis que des manifestants jetaient des projectiles et déplaçaient des barrières de chantier. Des grenades lacrymogènes ont à nouveau été tirées. Les personnes massées devant la grille – environ une centaine – ont par la suite été encerclées par des CRS. Alors que la manifestation était terminée, des manifestants sont entrés dans la gare de du Nord peu après 17h. Comme pour l’épisode de la gare de l’Est, les forces de l’ordre sont rapidement intervenues, comme le montrent des vidéos postées sur les réseaux sociaux. Dans les rues alentours, quelques poubelles ont été renversées, et d’autres mises à feu. Des grenades lacrymogènes ont été tirées par les forces de l’ordre.

Des manifestations ont eu lieu dans d’autres villes (Marseille, Rouen, Le Havre, Rennes, Caen, Nimes, Strasbourg, etc.). A Toulouse, plusieurs dizaines de « gilets jaunes » sont entrés dans la gare Matabiau et certains ont bloqué des rails en soutien aux cheminots grévistes. Des opérations « péages gratuits » ont eu lieu samedi matin dans plusieurs villes : Vinci Autoroutes a fait état de manifestations au péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines, mais aussi à Perpignan, Nîmes, Béziers et Carcassonne.La grève dans les transports, SNCF et RATP, est entrée ce samedi dans son deuxième mois, une durée inégalée qui a dépassé le précédent record de 28 jours consécutifs, établi en 1986-87. Une intersyndicale CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU demande le retrait de la réforme des retraites, qui prévoit la fusion des 42 régimes existants en un seul, universel et par points. Une prochaine manifestation est prévu le 9 janvier, ainsi qu’une autre, deux jours plus tard, le samedi 11 janvier.

Manifestants de la RATP à Paris hier samedi

Une église consacrée aux services religieux de la police chilienne a été incendiée vendredi en marge de la première manifestation de l’année au Chili pour exiger des réformes sociales. Située près de la Plaza Italia à Santiago, épicentre de la plupart des manifestations qui ont éclaté en octobre, l’église de San Francisco de Borja a été incendiée par des manifestants cagoulés. De grandes colonnes de fumée étaient visibles depuis le centre-ville. Construite en 1876, l’église est consacrée aux forces de police depuis plus de 40 ans. Les manifestants ont retiré des meubles de l’intérieur de l’édifice et mis le feu à d’importantes barricades à l’extérieur. Les manifestants s’étaient violemment affrontés avec la police dans les alentours de l’église. Depuis octobre, les manifestations ont fait 29 morts. Un référendum sera organisé le 26 avril pour que les Chiliens décident de la modification ou non leur Constitution, héritage de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). Un changement de l’actuelle Constitution est une des revendications exprimées lors des manifestations sociales qui secouent le pays.

La mise à feu de l'église

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Vendredi 3 janvier, un Gilet Jaune, placé en détention provisoire à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone depuis le 25 novembre 2019, a été condamné à trente mois de prison, dont six avec sursis et mise à l’épreuve. Il sera donc emprisonné deux ans au total. Sur la base d’une déclaration anonyme, le tribunal de grande instance de Montpellier l’a jugé coupable de destruction de biens par moyen dangereux, en l’occurrence d’avoir brûlé une voiture de police municipale lors de l’acte 43 des gilets jaunes, le 7 septembre 2019. Cette voiture avait été incendié à l’aide d’un fumigène qui avait pu être introduit dans la voiture par une fenêtre brisée par des jets de pierres de manifestant·es. Une vingtaine de personnes étaient présentes à l’audience pour soutenir le prisonnier. Elles ont été évacuées après avoir exprimé leur colère suite à l’annonce de la condamnation, après avoir été menacées par le juge de poursuite pour outrage.

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Voiture de police municipale incendiée le 7 septembre à Montpellier lors de l'acte 43 des gilets jaunes

 

Le 6 décembre 2019, Odile Maurin, une militante pour les droits des personnes handicapées active dans le mouvement des Gilets Jaunes de Toulouse, a été condamnée à deux mois de prison avec sursis et à une interdiction de manifester pendant un an pour « violences » sur des policiers. Concrètement, elle était accusée d’avoir foncé sur des policiers avec son fauteuil roulant électrique lors d’une manifestation des Gilets Jaunes le 30 mars 2019. Elle devra également verser 400 euros à deux policiers prétendument blessés. Une centaine de personnes étaient présente devant le palais de justice pour la soutenir lors de son passage au tribunal.

Odile Maurin était également accusée d’entrave à la circulation d’un véhicule de secours pour s’être positionnée devant le canon à eau utilisé par les CRS. Elle était également accusée d’outrage aux forces de l’ordre et d’avoir incité à porter atteinte à l’intégrité physique d’une commissaire en affichant sa photo sur ses réseaux sociaux, la désignant comme « la gazeuse en chef ». Elle a été jugée non coupable pour ces deux derniers chefs d’accusation. Odile Maurin a refusé de se soumettre à l’interdiction de manifester et a participé à l’acte 56 de la manifestation des gilets jaunes à Toulouse avec un porte-voix.

Odile Maurin

Odile Maurin