Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš sont deux internationalistes tchèques condamné·e·s pour avoir combattu Daech dans les rangs des YPG et des YPJ. Ils ont été arrêtés par les forces de sécurité turques en novembre 2016 et condamnés en 2018 à six ans et trois mois de prison ferme pour « terrorisme » (voir notre article). Ils viennent d’être libérés après 4 ans de captivité.

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš

Bermal Birtek et Ergin Balta, deux cadres du Parti démocratique des régions (DBP) ont été condamnées chacune à 10 ans et 6 mois de prison par la cour d’appel d’Erzurum. Le tribunal a prononcé sa condamnation au cours d’un nouveau procès des anciens membres de l’assemblée du DBP, Bermal Birtek et Ergin Balta. Les deux militantes ont assisté à leur procès par vidéo-conférences depuis les prisons où elles sont emprisonnées (la prison de Sincan pour Bermal Birtek et la prison de haute sécurité de type L de Patnos pour Ergin Balta). Le Parti démocratique des régions (DBP) est un parti allié du Parti démocratique des peuples, une cible récurrente du régime d’Erdoğan (voir notre article).

Bermal Birtek et Ergin Balta

Colinford Mattis, Urooj Rahman et Samantha Shader ont été arrêtés, fin mai, lors des manifestations qui ont éclaté suite au meurtre de George Flyod par un policier. Colinford Mattis et Urooj Rahman sont accusés d’avoir lancé un cocktail Molotov par la fenêtre d’une voiture NYPD déjà cassée et abandonnée dans la nuit du 29 mai. Samantha Shader, qui a une longue histoire de résistance aux forces de l’ordre, a été arrêtée séparément la même nuit, également pour avoir lancé un cocktail Molotov. Celui-ci, qui ne s’est pas enflammé, visait une voiture avec des policiers à l’intérieur.

Tous les trois sont détention préventive et risquent la prison à vie (avec une période minimale de 45 ans) pour divers délits fédéraux comme utilisation d’explosifs pour commettre un crime ou complot d’incendie criminel. Il est pourtant rare que des jets de cocktail Molotov fassent l’objet de poursuites fédérales: ils sont généralement jugés par les tribunaux d’état. Chose également inhabituelle, ils sont détenus sans caution, suite à un appel du ministère de la justice qui s’y est opposé. L’administration Trump a, en effet, travaillé très dur pour que l’affaire soit transférée de l’État à la cour fédérale, sur la base du fait que, les voitures visées venaient de l’extérieur de l’État. De plus, Donald Trump et ses alliés ont parlé de l’affaire sur les réseaux sociaux, l’utilisant comme porte-étendard de leur lutte contre le mouvement antifasciste.

Samantha Shader, Colinford Mattis et Urooj Rahman

Lundi 22 juin, un tribunal militaire de Saint-Pétersbourg a condamné deux autres militants anarchistes, accusés dans l’affaire « Network », à des peines de prison. Viktor Filinkov a reçu une peine de 7 ans et Yuly Boyarshinov une peine de 5,5 ans dans une colonie pénale. Le juge a également ordonné la destruction des éléments de preuve dans l’affaire. Filinkov et Boyarshinov ont été arrêtés par le Service fédéral de sécurité russe (FSB) en janvier 2018. Filinkov a été torturé au cours de l’enquête afin de lui extorquer des aveux. Les agents du FSB menaçaient également d’aggraver les conditions de détention de Boyarshinov s’il ne coopérait pas à l’enquête.

Les soutiens de Filinkov et de Boyarshinov se sont réunis à l’extérieur et à l’intérieur du tribunal pour manifester leur solidarité. Des chants de « liberté aux prisonniers politiques » et « l’antifascisme n’est pas du terrorisme » ont été scandés dans la salle d’audience lors de la lecture du verdict. Plus de 20 personnes participant à la manifestation ont été arrêtées, y compris trois à quatre personnes qui jouaient du tambour devant le tribunal, un homme qui s’est enchaîné à une clôture et a allumé une fusée éclairante, et Yana Sakhipova, l’épouse de Boyarshinov, qui a été détenue à l’intérieur du tribunal.

La plupart des accusés dans l’affaire Network sont des antifascistes et des anarchistes. Ils sont accusés d’avoir participé à une “communauté terroriste anarchiste” créée en 2015 dans le but de déclencher une “déstabilisation du climat politique dans le pays” en posant des bombes lors des élections présidentielles russes de 2018 et de la Coupe du monde de football. Le Réseau aurait des cellules fonctionnant à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Penza et en Biélorussie. Plus tôt cette année, sept anarchistes russes, également accusés de participation au groupe « Réseau », ont été condamnés pour des infractions terroristes à des peines de prison totalisant 86 années (voir notre article).

Viktor Filinkov et Yuly Boyarshinov

À Béjaïa, dans le nord-est du pays, la police a empêché des manifestants de se rassembler vendredi en soutien aux dizaines de prisonnier du Hirak, le mouvement populaire de contestation qui a commencé en février 2019 (voir notre article). Près d’une vingtaine de personnes ont été arrêtées, dont deux qui sont en garde à vue dans un commissariat. Ils devait être présenté aujourd’hui devant un juge. La veille, une manifestation s’est tenue à Tigzirt en solidarité avec les prisonniers du Hirak.

Manifestation du Hirak, le 20 décembre à Alger

Vendredi 12 juin, quatre militants du HDP ont été arrêtés dans le district de Ceyhan, dans la province d’Adana. Ils sont accusés d’avoir transmis des colis d’aide aux guérilleros dans les montagnes d’Amanos dans le cadre de la campagne d’aide alimentaire lancée pour aider familles qui en ont besoin suite à la crise du coronavirus. Aujourd’hui, la police turque a perquisitionné plusieurs appartements à Adana et arrêté dix personnes. Les personnes concernées ont été amenées au siège de la police à Adana. L’enquête est menée par le parquet général. On ne sait pas de quoi les personnes arrêtées sont accusées.

Arrestation d'une membre du HDP (archive)

Écrire « Lal Salam » (slogan communiste en Inde signifiant « salut rouge »), « camarade », télécharger une photo de Lénine sur les réseaux sociaux, ou posséder de la littérature marxiste peut désormais contribuer à vous mettre derrière les barreaux en vertu de la loi sur les activités illégales (UAPA) en Assam. Bittu Sonowal, un militant du Krishak Mukti Sangram Samiti (KMSS), un syndicat de paysans, en a fait l’expérience. L’Agence nationale d’enquête (NIA) a indiqué qu’il avait qualifié certains de ses amis de « camarade » et avait utilisé des mots tels que « Lal Salam » et « Inquilab Zindabad » (longue vie à la révolution), dans un acte d’accusation formulé à son encontre. Dans l’acte d’accusation, déposé le 29 mai, il était également mentionné que Sonowal avait téléchargé une photo de Lénine avec les mots: « Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les penderons ».

Bittu Sonowal est un proche collaborateur du leader paysans Akhil Gogoi. Il est emprisonné depuis le 16 décembre 2019 suite à son arrestation lors des énormes manifestations contre la Citizenship Amendment Act (CAA). Akhil Gogoi est quant à lui conseiller du KMSS. Deux proches de Gogoi ont été arrêtés, sous diverses accusations répondant à la loi sur les activités illégales (UAPA) par la NIA. Toute cette campagne judiciaire, orchestrée par la NIA, a pour but de qualifier les dirigeants du KMSS de maoïstes (considérés comme terroristes en Inde).

Bittu Sonowal

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Jeudi 4 juin, Trois député·es ont été déchu·es de leur immunité parlementaire dont deux, appartenant au HDP (Parti démocratique des peuples), ont été mis en détention. Leyla Güven a été arrêtée à son domicile à Amed alors que Musa Farisoğulları avait déjà été arrêté quelques heures plus tôt. Leyla Güven avait déjà été emprisonnée par le passé et d’ailleurs, elle avait été élue députée du HDP alors qu’elle était encore en prison où elle a mené une grève de la faim de près de 6 mois (voir notre article).

Campagne de soutien à Leyla Güven et aux grévistes de la faim (archive)

Quatre personnes ont été arrêtées dimanche 17 mai au soir, par la police, avant d’être déférées au parquet de Bobigny pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences et fabrication d’engins explosifs ». Ces militant·es avaient été filés par des policiers en civil de la Brigade Anticriminalité (BAC), ce qui les a conduit à l’ancienne clinique de la Dhuys située à Bagnolet, face au 46, rue Lénine. Cette clinique fermée, est devenu un squat tenu par la gauche révolutionnaire. Les policiers ont arrêté, dimanche, un couple sortant du squat et l’a placé en garde à vue. La veille, deux autres personnes avaient été arrêtées et également placées en garde à vue. Elles sortaient du même lieu et la police prétend qu’elle était en possession de cocktails Molotov et de mortiers d’artifice. La police prétend que ces engins ont été confectionnés sur place, ou récupérés à l’intérieur.

À l’issue des gardes à vue, les quatre personnes ont été déférées au parquet de Bobigny en vue d’une comparution immédiate à délai différé. Cette nouvelle procédure mise en œuvre depuis un an permet de continuer à enquêter et de placer un mis en cause en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire en se passant du juge d’instruction. Le procureur saisit directement le juge des libertés et de la détention qui statue sur le sort de l’auteur présumé. Le procureur a requis leur détention provisoire.

Quatre personnes arrêtées pour fabrication d'engins explosifs