Plus de mille manifestants ont été arrêtés aujourd’hui mercredi en Russie lors de manifestations spontanées contre la « mobilisation partielle » pour l’offensive en Ukraine, annoncée dans la matinée par le président Vladimir Poutine. Les mobilisations ont eu lieu dans au moins 38 villes du pays. Il s’agit des plus importantes protestations en Russie depuis celles ayant suivi l’annonce de l’offensive de Moscou en Ukraine fin février.

L’Organisation combattante anarcho-communiste (Боевая Организация Анархо-Коммунистов, БОАК) a revendiqué le sabotage de la ligne ferroviaire menant à l’unité militaire 55443 à Barsovo (51e arsenal de la Direction principale des missiles et de l’artillerie du ministère russe de la Défense), près de Kirzhach, dans l’oblast de Vladimir. Les 34 écrous (17 de chaque côté) qui maintiennent le rail et les 4 écrous de fixation d’éclisses ont été dévissés, le rail a été déplacé (un fil ayant été posé au cas où un signal serait transmis le long du rail à travers le courant, pour détecter une disjonction des rails).

À Belgorod et à Perm, dans la nuit du 24 juin, des bureaux d’enrôlement militaire ont été attaqués. A Belgorod, le feu a pris au rez-de-chaussée. Un inconnu a brisé une fenêtre au rez-de-chaussée du bâtiment et a jeté deux Molotovs à l’intérieur. Le bureau est parti en fumée. A Perm (Oural), des inconnus ont tenté de mettre le feu au bureau d’enrôlement militaire. Quatre molotovs ont été lancé sur le bureau d’enrôlement militaire mais l’incendie n’a pas pris. A Nijni Novgorod (région de la Volga) le 11 juin, la voiture de Natalia Abiyeva, a été incendiée. Abiyeva est l’organisatrice du fonds de soutien à l’armée de Poutine, ardente partisane du régime actuel et belliciste.L’action a été revendiquée par la Cellule Révolutionnaire de la région de la Volga (Революционная ячейка Поволжья). Le 8 juin à Vladivostok, deux hommes ont jeté un cocktail Molotov contre le bureau local de recrutement militaire.

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La résistance contre la guerre se poursuit en Russie. Une attaque incendiaire a été menée contre le bureau de la Garde Nationale, à Komsomolsk-sur-l’Amour (photo). Le partisan a été arrêté. Son nom est Vladimir Zolotorev et il a 50 ans. A Vladivostok, au petit matin du 6 juin, un autre bureau de conscription et de recrutement de l’armée a été incendié. Les témoins ont aperçu deux personnes qui ont pu s’échapper. Il s’agit du 18ème incendie criminel d’un bureau d’engagement militaire a avoir eu lieu ces derniers temps. Ce nombre ne tient même pas compte des attaques incendiaires contre d’autres installations militaires et industrielles, que les autorités essayent de faire passer pour des accidents.

 

 

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Plusieurs pays développent des services de répression transnationale online. Cette répression va bien au-delà du simple cyberespionnage et utilise diverses techniques relevant du piratage, de la désinformation et du harcelement. La Russie, Israël, la Chine, la Turquie, l’Iran, le Rwanda, l’Arabie Saoudite opèrent de la sorte pour réduire au silence, dissuader ou décrédibiliser leurs opposants. Même si l’existence de ces services ne fait pas de doute (certains ont même une existance reconnue), leur action reste toujours anonyme. Il est difficile de distinguer le troll professionnel du cybernaute ordinaire fan de Poutine ou d’Erdogan, puisque le premier prend soin de se faire passer pour le second. Le harcèlement en ligne peut prendre diverses formes: menaces, désinformation, polémiques oiseuses, attaques contre la crédibilité, etc.

Une autre technique consiste a effectuer massivement des « signalements » des messages sur les médias sociaux, ce qui entraîne des suppressions ou des suspensions de compte. Exploitant le mode de fonctionnement des outils de modération de contenu automatisés, tels que l’utilisation d’algorithmes, cette technique peut conduire à la suppression ou au blocage des comptes militants. Ne sont pas uniquement signalés les messages postés par la cible mais aussi des messages ou commentaires postés leur communauté ; au besoin, des messages provocateurs sont postés (typiquement un commentaire antisémite pour faire fermer un site pro-palestinien).

D’autres techniques nourrissent une véritable guerre émotionnelle et psychologique, génératrice de paranoïa et d’anxiété, comme celle consistant à poster les informations personnelles de la cible dans des annonces en ligne sollicitant des services sexuels. Les attaques contre les opposantes ont souvent une composante sexiste (diffusion de photos et de vidéos intimes, authentiques ou fabriquées, insultes sexistes, menaces de viol etc.). Enfin, les piratages et attaques par déni de service distribué (DDoS), programmés pour empêcher ou entraver l’accès aux sites web, font également partie des techniques utilisées contre les militants et les dissidents à l’étranger.

Vendredi, des élus communistes de la région du Primorié, (l’Extrême-Orient russe dont la capitale est Vladivostok), ont exigé l’arrêt de l’offensive en Ukraine et le retrait immédiat des troupes lors d’une réunion de l’Assemblée régionale. « Nous exigeons le retrait immédiat des troupes russes d’Ukraine. Nous exigeons la fin de l’action militaire », a déclaré Leonid Vasyukevich , membre du Parti communiste. Cette intervention qui leur a valu un avertissement et qui les a privés du droit de vote.

 

Ces prisonniers ont été emprisonnés en raison de leurs protestations ou opinions anti-guerre.

Anastasiya Levashova est une étudiante qui, le premier jour de la guerre, le 24 février, a rejoint la manifestation anti-guerre et a lancé un cocktail Molotov contre la police. Elle a été condamnée à deux ans de prison pour usage de la violence contre des représentants de l’État.
Vladimir Sergeev a été arrêté lors d’une action anti-guerre le 6 mars 2022. Des cocktails Molotov ont été découverts dans son sac à dos. Lors de son arrestation, Vladimir a fait une tentative de suicide. Il s’est rétabli après avoir passé plusieurs jours dans le coma. Il est été accusé de « préparation au terrorisme » et pourrait être condamné à une peine de 10 ans de prison. Il se trouve actuellement dans la tristement célèbre prison de Butyrka, à Moscou.
Anton Zhuchkov est un ami de Vladimir Sergeev, ils ont été arrêtés ensemble lors de l’action anti-guerre du 6 mars. Lors de son arrestation, Anton a fait aussi fait une tentative de suicide et s’est rétabli après avoir passé plusieurs jours dans le coma. Il est aussi accusé de  « préparation au terrorisme » et pourrait être condamné à une peine de 10 ans de prison. Anton n’a pas de famille, et il a grandi dans des institutions.

Zakhar Tatuyko a été condamné à 1 an et 4 mois dans une colonie pénitentiaire pour avoir empoigné un représentant des forces de l’ordre lors d’un rassemblement anti-guerre à Saint-Pétersbourg.
Valeriy Valerevich Dubenyuk a été accusé d’avoir poussé un officier de police lors d’une action anti-guerre à Saint-Pétersbourg, et condamné à un an de colonie pénitentiaire.
Igor Aleksandrovich Maltsev est accusé d’avoir participé à une action au cours de laquelle un soldat factice a été brûlé à Saint-Pétersbourg.
Les prisonniers et prisonnière suivant(e)s sont accusé(e)s de « Diffusion de fausses informations sur l’utilisation des forces armées russes », une nouvelle loi interdisant de parler de la guerre en Russie: Vladimir Kara-Murza ; Alexei Gorinov ; Richard Rouz ; Aleksandra Skochilenko ; Mariya Ponomarenko ; Mikhail Afanasev ; Altan Ochipov ; Aleksandr Nozdrinov ; Sergey Mikhaylov ; Bulat Saylaevich Shumekov ; Olga Smirnova ; Viktoriya Petrova ; Boris Romanov;

Vadim Aleksandrovich Ignashov est un marin ukrainien qui a été enlevé par le service de sécurité russe FSB à bord d’un navire battant pavillon portugais dans le port de Vladivostok. Est accusé d' »appels à des activités extrémistes ».
Kirill Martyushev est accusé d’avoir maintenu un canal Telegram avec une évaluation négative de « l’opération militaire spéciale » en Ukraine, et a appelé les habitants de Tyumen à descendre dans la rue. Est accusé d' »appels à des activités extrémistes ».
Andrey Boyarshinov est accusé d' »appels à des activités terroristes » dans le canal Telegram « Protesting Kazan ».
Aleksey Rozhkov est accusé d’avoir lancé un cocktail molotov dans un centre d’appel militaire dans la banlieue de Yekaterinburg, et inculpé de « tentative de meurtre ».
Aleksey Nechushkin est accusé d’avoir écrasé une voiture contre la barrière de police lors d’une manifestation anti-guerre le 27 février, puis d’avoir mis le feu à la voiture. La voiture était peinte des mots « Peuple, soulève-toi » et « C’est la guerre ». Il est accusé de « hooliganisme ».
Mikhail Markovich Kavun voyageait en Ukraine avant la guerre avec une moto et faisait des dons aux organisations locales de défense des droits de l’homme.
Vitali Koltsov est accusé d’avoir lancé un cocktail molotov en direction d’une voiture de police et est inculpé de « tentative d’atteinte à la vie d’un agent des forces de l’ordre ».

Plus d’information (adresses des lieux de détention, moyen de soutenis les prisonniers, etc.)

 

Maria Aliokhina, 33 ans est la chanteuse des Pussy Riot, un collectif féministe punk depuis dix ans dans le collimateur des autorités russes. Ses prises de position contre le pouvoir lui valent régulièrement arrestations et séjours en prison. Maria Aliokhina a déjà purgé une peine de deux ans pour avoir joué une « prière punk » dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou en 2012. Suite à l’intensification de la répression consécutive à la guerre en Ukraine, les autorités lui avaient annoncé que que son assignation à résidence (pour avoir appelé à manifester pour la libération des prisonniers politiques) allait être changé en une détention dans une colonie pénitentiaire. C’est ce qui l’a déterminé à s’évader .

Après avoir laissé son téléphone portable, et elle sortie vêtue de l’uniforme du Delivery Club (un équivalent d’Uber Eats en Russie), qu’une amie a réussi à lui faire passer. Blouson à capuche qui dissimule son visage, gros sac carré réfrigéré dans le dos. Un complice la conduit ensuite en voiture jusqu’à la frontière avec la Biélorussie, à six heures de route. Il a fallu trois tentatives pour passer la frontière de la Lituanie.  Maria Aliokhina est à Vilnius, elle y a retrouvé des membres de son groupe dont sa petite amie, Lucy Shtein, qui eux aussi se sont enfuis.

 

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Le soir du 2 mars, à Voronej, un cocktail Molotov a été lancé contre la porte d’entrée du bureau d’inscription et d’enrôlement de l’armée compétant pour deux quartiers de la ville. Malheureusement, le visage de l’incendiaire présumé a été filmé par les caméras de vidéosurveillance et à l’heure actuelle la police essaye de l’identifier. Le 13 mars, un homme a jeté vers 5 heures du matin des cocktails Molotov sur la porte du bureau d’inscription et d’enrôlement de l’armée, dans la région de Sverdlovsk pour protester contre l’envoi de conscrits en Ukraine. Malheureusement, l’homme âgé de 25 ans de 25 ans a été arrêté et accusé de tentative de meurtre, car le gardien se trouvait dans le bâtiment à ce moment-là. Le gardien n’a pas été blessé.

Par ailleurs, le militant de 21 ans responsable de l’incendie du bureau d’inscription et d’enrôlement de l’armée de Loukhovitsy, dans la région de Moscou, la nuit du 28 février, a été arrêté le 8 mars à la frontière entre la Biélorussie et la Lituanie. Alors qu’il partait en cavale, il avait déclaré avoir fait cette action dans le but de détruire les dossiers personnels des conscrits pour empêcher la mobilisation dans ce district. Il avait ajouté: « J’espère que je ne verrai pas mes camarades de classe en prison ou sur les listes des morts. (…) Nos protestations devraient être inspirées dans le sens d’une action plus radicale. Et cela devrait briser encore plus l’esprit de l’armée et du gouvernement russes. Que ces ordures sachent que leur propre peuple les déteste et les anéantira. » Il avait été extradé d’urgence et emmené au Département des affaires intérieures de Russie de Loukhovitsy. Le 13 mars, tôt le matin, il a réussi à s’enfuir du bureau des enquêtes criminelles en sautant par une fenêtre. Il a réussi à franchir une clôture de trois mètres de haut et a disparu jusqu’à ce jour. Bon vent!

 

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Il y aurait eu au total 13 600 arrestations dans plus de 140 villes de Russie depuis le début du conflit. Lors des arrestations, la police a passé à tabac des manifestants et utilisé contre eux des tasers. A Moscou, trois femmes ont été aspergées d’eau avant d’être frappées. Au commissariat, les personnes arrêtées sont bien souvent battues, humiliées et soumises à d’autres formes de mauvais traitements. Beaucoup ont déclaré qu’elles n’ont pas eu l’autorisation de consulter un avocat et ont été privées de nourriture, d’eau ou de literie. Dans un cas particulier, au poste de police de Brateyevo à Moscou le 6 mars, une manifestante a enregistré un policier en train de la menacer : « On va tous vous tuer ici et c’est tout. Nous aurons une autre récompense pour ça », alors qu’elle était tirée par les cheveux et frappée au visage.

 

Une semaine après le début de l’attaque russe en l’Ukraine, les forces de sécurité russes arrêtent tous ceux qui s’y opposent dans la rue, perquisitionne les derniers médias indépendants et a déployé un nouvel arsenal juridique pour dissuader toute critique. La Russie a mis, ce vendredi, sur les rails de lourdes sanctions pénales en cas de distribution d’ « informations mensongères sur l’armée » et bloqué des médias. La chambre basse du Parlement, la Douma, a adopté à l’unanimité un amendement qui prévoit diverses peines pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison en cas de propagation d’informations visant à « discréditer » les forces armées. Un amendement séparé, lui aussi adopté vendredi, prévoit par ailleurs des sanctions pour les « appels à imposer des sanctions à la Russie », confrontée à de dures mesures de rétorsion occidentales pour son invasion de l’Ukraine. Ces textes, qui s’appliquent à la fois aux médias et aux particuliers russes comme étrangers, ont été approuvés par la Chambre haute vendredi soir. Il ne leur manque plus que la signature du président pour entrer en vigueur. Enfin, plus de 8.000 personnes ont été arrêtées en Russie pour avoir manifesté, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg depuis le 24 février.