Le 12 octobre dernier est paru le bulletin d’information de la société Taser, productrice de ces pistolets administrant des décharges de 50.000 volts régulièrement utilisés par les forces de l’ordre lors de manifestations, en France notamment. Dans un communiqué, Taser International conseille aux forces de police utilisant son arme à impulsion électrique de ne pas viser la poitrine, car cela pourrait provoquer un événement cardiaque négatif. C’est la première fois que la société admet les risques liés à l’utilisation du Taser. Des responsables de la société sont néanmoins revenus sur ces affirmations hier mardi, affirmant que le bulletin d’information ne faisait état d’aucun risque sur la santé. D’après eux, il explique simplement que les forces de l’ordre peuvent s’épargner des controverses si leurs membres visent d’autres parties du corps que la poitrine.

Le ministre français de l’Intérieur l’annonçait la semaine dernière à Poitiers, c’est chose faite depuis hier, deux nouveaux fichiers viennent renforcer l’arsenal de collecte d’informations en France.

Avant d’en venir à leur fonction, notons que le gouvernement a adopté cette décision par décret. Ce n’est donc pas une loi. Cette méthode a permis au gouvernement de passer outre le parlement et le débat que la proposition de loi aurait engendré.

Le premier fichier est ciblé sur les bandes, les hooligans, les groupuscules et s’intéressera aux personnes dont l’activité individuelle ou collective indique qu’elles peuvent porter atteinte à la sécurité publique. Le second concerne les postulants à des fonctions sensibles. Il vise les emplois tels que policier, gendarme, mais aussi arbitre de pelote basque, propriétaires et entraîneurs de lévriers et de chevaux, jockeys (!). Au total, plus d’un million d’emploi sont concernés.

Malgré les arguments avancés par le ministre, et en y regardant de plus près, ces deux bases de données sont loin d’être moins intrusives que dans la version Edvige (fichier recalé l’an dernier suite à la levée de bouclier de nombreuses associations). Elles comporteront des informations ayant trait à l’état civil, à la nationalité, à la profession, des photographies, les adresses physiques et mails,… De plus, par dérogation, le fichier pourra comporter des données sur l’origine géographique et les activités politiques, philosophiques, religieuses ou syndicales. Cette dérogation, non-définie, autorise toutes les interprétations…

En déplacement à Poitiers ce lundi suite aux incidents qui ont eu lieu dimanche, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a annoncé la création de deux nouveaux fichiers policiers. Il a demandé aux préfets de réaliser ‘un inventaire des lieux de vie communautaire où se regroupent des mouvances anarchistes potentiellement violentes‘ ainsi ‘qu’une identification très précise du ou des groupuscule(s) qui organise(nt) les incidents‘. Alors que le fichier légal ECVERSIP (pour Exploitation documentaire et de la valorisation de l’information relative à la sécurité publique) est toujours en discussion et n’a toujours pas été créé, le nombre de fichiers ne cesse d’augmenter. Chaque incident est prétexte à cette augmentation.

En France, le nombre de fichiers a augmenté de 70% en trois ans, et le quart des fichiers recensés n’a aucune existence légale. La moitié des français y sont fichés et, rien que sur ces trois dernières années, plus d’un million y sont toujours considérés comme suspects alors même qu’ils ont été blanchis par la justice.

Les premières ‘patrouilles citoyennes légales’ ont fait leur apparition la semaine dernière dans les rues de plusieurs villes italiennes. Le gouvernement insiste sur le fait qu’elles sont totalement sous contrôle, et ne peuvent agir seules. Si les patrouilleurs constatent des troubles, ils doivent immédiatement la police. Leur uniforme (chemise kaki, casquette noire arborant un insigne d’aigle et un brassard avec un logo de roue en forme de soleil noir) rappelle furieusement celui de la milice volontaire de Mussolini. De plus, les patrouilles se concentrent essentiellement sur les quartiers immigrés.

Un embryon de Ministère de l’Intérieur de l’Union européenne a été fondé dans le secret dans le cadre du Traité de Lisbonne 4. Ces plans pour ‘un Ministère de l’Intérieur’ embryonnaire de l’Union européenne pour organiser le partage de renseignements et la lutte contre le terrorisme et le crime a été accepté aux pourparlers secrets la semaine dernière, selon le quotidien anglais Telegraph.

Le texte du Traité annonce qu »un comité permanent sera fondé dans le Conseil pour assurer que la coopération opérationnelle sur la sécurité intérieure est mis en place et renforcé dans l’Union‘. Les formules ont délibérément été laissées dans le vague. Selon un officiel impliqué dans les pourparlers: ‘parfois il vaut mieux ne pas expliciter trop les choses pour garder la flexibilité et offrir aux fonctionnaires (…) la créativité d’une page blanche.‘ Agissant sous le couvert de cette discrète section du Traité, des fonctionnaires ont fondé un Comité Permanent de la Sécurité Intérieure (COSI) pour mettre en oeuvre ce qui est efficacement la politique de sécurité intérieure de l’UE.

Les informations disponibles pour des agences d’application de la loi et ‘des organisations de sécurité publique’ seraient étendues du partage d’ADN et des bases de données d’empreinte digitale, gardées et stockées pour des nouvelles cartes d’identité de génération numériques, incluant aussi les enregistrements CCTV et celui issu de de la surveillance d’Internet. COSI coordonnera la politique entre des forces nationales et des organisations de l’Union européenne comme Europol, l’agence de frontières de Frontex, la Force de Gendarmerie européenne et les services de renseignements qui partagent le Centre de Situation Commun, sous des mesures connues comme ‘le programme de Stockholm’. Il intensifiera brusquement la collaboration parmi les polices des États membres.

L’Emirat d’Abou Dhabi sera le premier état à ficher l’ADN de toute sa population. La première étape est de mettre en place l’infrastructure, et d’engager les techniciens de laboratoire, ce qui devrait prendre environ un an. L’objectif est d’échantillonner un million de gens par an, ce qui devrait prendre 10 ans si l’on prend en compte l’évolution de la population. C’est le premier pays à avoir décidé de ficher les empreintes génétiques de l’intégralité de sa population, expatriés, immigrés et ‘visiteurs’ compris, indéfiniment – ou au moins jusqu’à leur mort.

Les tout premiers à être fichés seront les mineurs, au motif que ‘la majeure partie des criminels commencent lorsqu’ils sont jeunes. Si nous les identifions à cet âge, il sera plus simple de les réhabiliter avant qu’ils ne commettent de crimes encore plus graves‘, selon le Dr Ahmed al Marzooqi, responsable de la base de données ADN nationale au ministère de l’Intérieur des Emirats Arabes Unis. D’ailleurs, la base de données nationale a déjà été créée, les kits de prélèvement ont déjà été commandés.

Sur les 4 millions de caméras de surveillance en service en Grande-Bretagne (un Britannique est filmé en moyenne 300 fois par jour), seules 10% seraient utilisées efficacement. Dans un pays dont les rues sont bardées de caméras de surveillance, le dispositif n’est pleinement efficace que s’il y a quelqu’un derrière l’écran. Problème principal: le coût d’un tel déploiement de forces devant les écrans de surveillance. C’est pour parer à ce problème qu’une entreprise privée britannique entend proposer aux détenteurs d’ordinateurs équipés d’un accès Internet de prendre part eux-mêmes à la surveillance et de gagner de l’argent s’ils signalent un délit.

Exemple: un magasin de vêtements possédant au moins une caméra de surveillance verse une vingtaine de livres sterling (20 euros) à Internet Eyes – c’est le nom de la société, littéralement ‘Les yeux d’Internet’. En échange, cette société confie la surveillance des images de sa caméra, en direct, à des internautes volontaires. Internet Eyes s’adresse aux commerces, bureaux, et aimerait séduire les forces de l’ordre ainsi que les municipalités. Un marché à fort potentiel: plus de 4 millions de caméras de surveillance sont en service dans le pays, indiquent les concepteurs du projet.

Derrière leur écran, des Britanniques scrutent le moindre incident. À eux de cliquer sur une touche dès qu’ils détectent un comportement suspect (vol, vandalisme, etc.). Un SMS et une capture d’écran partent alors chez le commerçant. L’internaute peut espérer toucher jusqu’à 1.000 euros, promet Internet Eyes. Pour cela, il faut être rapide, car plusieurs individus peuvent en effet scruter la même caméra au même instant. Seul le premier à cliquer gagne des points, convertis ensuite en livres sterling. Mais tout clic abusif sera puni par une perte de points. Un véritable jeu en ligne.

Un autre moyen de gagner de l’argent consiste pour l’internaute à donner un compte-rendu régulier de ses observations aux entreprises qui, à leur tour, donnent leur avis sur son travail, en échange de quelques points. Le site devrait également afficher une galerie de portraits: tous les individus ayant été arrêtés, avec le nom de l’internaute ayant contribué à leur arrestation. Le système sera d’abord testé en novembre à Stratford-upon-Avon. Il doit être étendu à tout le territoire le mois suivant.

Le directeur du renseignement US, l’amiral Dennis C. Blair, a révélé que l’actuel budget annuel pour la ‘communauté du renseignement’ (16 agences employant 200.000 personnes à travers le monde, incluant des contractuels de l’entreprise privée) se chiffre à 75 milliards de dollars. En dévoilant une version non classifiée de la Stratégie de renseignement national (National Intelligence Strategy, NIS), l’amiral Blair soutient qu’il cherche à abolir ‘cette vieille distinction entre le renseignement militaire et non militaire’, et les ‘centre de fusion’ semblent être un outil privilégié pour ce faire.

Depuis le 11 septembre 2001, le gouvernement fédéral a encouragé la croissance explosive des centres de fusion. 70 ‘centres de fusion’ combinent l’armée, le FBI, la police d’État et d’autres services. Ces institutions hybrides ont élargi la collecte d’informations et les pratiques de partage à une grande variété de sources, incluant les bases de données commerciales, entre les autorités policières locales et étatiques, le secteur privé et les agences fédérales de sécurité, y compris le renseignement militaire. Toutefois, les ‘centres de fusion’ se sont rapidement métamorphosés en galeries marchandes de sécurité nationale, où les officiels surveillent les activistes de gauche et les militants écologistes, considérés comme une menace à l’ordre existant. La présence d’analystes du renseignement militaire dans les ‘centres de fusion’ est un moyen pour l’Armée US d’éviter des restrictions empêchant l’armée d’espionner la population

Depuis sa défaillance de 2002, le US Northern Command (USNORTHCOM) et les attirails de renseignement militaire qui y sont rattachés, tels que la Defense Intelligence Agency (DIA) et la défunte Counterintelligence Field Activity (CIFA), ont participé à de vastes opérations de surveillance chez les groupes antiguerre et d’autres groupes d’activistes, en se connectant aux bases de données commerciales et à celles du Pentagone dans une quête de ‘profils suspects’. Dans leur état actuel, les ‘centres de fusion’ sont des entités oeuvrant sans supervision appropriée et ont été impliqués dans des violations flagrantes de droits civiques, comme la compilation de dossiers de sécurité nationale ayant fait atterrir des militants sur diverses listes de surveillance de ‘terroristes’. L’an dernier quelques militaires, incluant le cofondateur du Los Angeles County Terrorist Early Warning Center (LACTEW) ont volé des dossiers secrets du Strategic Technical Operations Center (STOC). Les fichiers volés comprenaient des dossiers de surveillance sur la communauté musulmane et sur des militants antiguerre du sud de la Californie. Prétendant agir pour des ‘motifs patriotiques’, ces militaires ont partagé cette information classifiée sur le contre-terrorisme avec des entrepreneurs privés dans l’espoir d’obtenir un futur emploi.

Une autre affaire emblématique de la coopération étroite entre les ‘centres de fusion’ et le renseignement militaire est le cas d’un agent civil contractuel qui travaillait pour l’unité de protection des forces de Fort Lewis. En juillet, il a infiltré et espionné le groupe antiguerre Olympia Port Militarization Resistance et partagé cette information avec la police. Depuis 2006, le groupe a organisé des manifestations aux ports Washington et a cherché à empêcher l’envoi de cargaisons militaires en Irak.

Des firmes comme Science Applications International Corporation (SAIC), The Sytex Group et Operational Applications Inc. placent régulièrement des opérateurs au sein du renseignement militaire et des ‘centres de fusion’ civils à un prix élevé. On se demande si ces placements ne sont pas simplement une preuve de corruption, mais qu’ils sont plutôt ‘conçus pour échapper à une multitude de lois sur la surveillance’ durement gagnées s’appliquant à l’armée et à la police, mais pas aux agents contractuels. Les rapports de 2007 et 2006 de l’American Civil Liberties Union (ACLU) sur les abus des ‘centres de fusion’, dénoncent le renversement des lois sur la surveillance, lesquelles ne s’appliquent pas au mercenaires contractuels des entreprises privées. La CIA a dépensé de 50 à 60 pour cent de son budget pour des entreprises de contractuels à but lucratif, ou environ 2,5 milliards par an, et le nombre de ses employés à contrat excède maintenant les effectifs à temps plein de l’agence qui sont de 17.500.

L’anecdote a fait le tour du monde: un employé américain a été licencié parce que son patron avait vu sur Facebook des photos de lui faisant la fête alors qu’il était en congé maladie. Cette fonction de flicage offerte par les réseaux sociaux, déjà bien utilisée par les polices, devient l’objet d’un business. La société US Intelius est ainsi spécialisée dans la collecte de données sur Facebook, MySpace, Flickr etc. Avec un simple nom ou numéro de téléphone, cette société fournit à ses clients des informations sur la personne-cible telle que son passé judiciaire, son domicile et sa valeur, son état civil, etc. ainsi que les liens vers les pages personnelles de la cible.

Les Britanniques, pas plus que les Américains, n’ont jusqu’ici de carte d’identité. On a appris au Royaume-Uni la création d’une carte d’identité similaire aux 51.000 d’ores et déjà délivrées aux ressortissants étrangers qui travaillent ou étudient au Royaume-Uni. Elle comporte les noms, prénoms, date de naissance, caractéristiques physiques, empreintes digitales de son titulaire, mais aussi s’il a le droit à des aides de l’Etat, le tout étant sécurisé au moyen d’une puce électronique RFiD (sans contact) censée rendre la carte d’identité ‘impiratable’.

Jusqu’alors, la carte d’identité ne devait être obligatoire que pour les seuls immigrés extra-européens, et les salariés des aéroports. Face aux protestations des syndicats, seuls les étrangers devront finalement en être dotés. Mais le gouvernement a déployé une stratégie pour pousser les Britanniques à demander la nouvelle ID (en présentant celle-ci comme nécessaire pour les déplacement à l’étranger). Dès 2012, les volontaires obtiendront la carte d’identité biométrique. Les habitants de l’agglomération de Manchester et le nord-ouest de l’Angleterre pourront le faire dès le début de l’année prochaine. D’ici la fin de l’année, 75.000 cartes devraient ainsi avoir été délivrées. Le coût du projet: 5,4 milliards de livres (6,4 milliards d’euros).

Les informations contenues dans la carte seront conservées dans une base de données, le National Identity Register, répertoriant 50 données personnelles, qu’elles soient biométriques (photo d’identité, empreintes digitales, etc.), administratives (adresse, n° de sécurité sociale, n° de passeport et de permis de conduire), ou autres. Le simple fait de ne pas notifier un changement d’adresse pourra valoir aux contrevenants une amende de 1000 livres (1180 euros).

Adam Laurie est une figure du monde de la sécurité informatique, et donc des hackers, mais aussi la bête noire de ceux qui veulent faire rimer papiers d’identité sécurisés et puces électroniques RFiD (sans contact). En 2006, il avait mis 48 heures à lire (et donc à ‘pirater’) les données contenues dans la puce RFiD ‘sécurisée’ du passeport électronique britannique. En 2007, il avait mis 4 heures… Il vient de mettre 12 minutes seulement à pirater la future carte d’identité britannique. Muni de son téléphone mobile et d’un ordinateur portable, Adam Laurie a d’abord cracké l’algorithme de sécurité de la puce RFiD ‘sécurisée’, copié toutes les données qu’elle contenait, avant de cloner la carte d’identité en… 12 minutes. Petit détail: il a aussi réussi à modifier toutes les données de la carte clonée: nom, caractéristiques physiques, empreintes digitales, droits aux prestations sociales… Afin de signer son exploit, il a ajouté, à l’intention des autorités, cette petite dédicace: Je suis un terroriste. Tirez à vue.

Rappelons qu’à la différence du nouveau passeport belge, la carte d’identité électronique belge ne contient pas de puce RFiD. Il s’agit d’une carte à puce à insérer dans un lecteur relié à un PC. Les données enregistrées sur la carte sont les données habituelles d’identification (nom, prénoms, date et lieu de naissance, nationalité de la personne), mais également un historique des résidences de la personne, le numéro de la carte, le numéro d’identification du Registre National de la population, la commune d’émission, le type de carte, la langue, la date de délivrance et la date d’expiration de la carte. La carte pourra à terme intégrer des données biométriques et permettre l’authentification à distance pour des échanges administratifs et commerciaux, mais tel n’est pas le cas à l’heure actuelle.

La réglementation prévoit que chaque titulaire d’une carte d’identité électronique peut avoir accès et consulter à tout moment les données enregistrées sur sa carte auprès de la commune dans laquelle il est inscrit aux registres de la population. Chaque titulaire d’une carte dont les certificats de signature et d’identité sont activés peut également consulter à tout moment les informations le concernant qui figurent au Registre National des personnes physiques. Les personnes concernées pourront, à n’importe quel moment, via le portail fédéral, prendre connaissance de leurs dossier, y compris afin de savoir qui a consulté leurs données, à quel moment et pourquoi, suivre le traitement de leurs dossier, et modifier elles-mêmes certaines données. Hors obligation légale ou réglementaire, la consultation des données d’identification qui figurent sur la carte d’identité électronique ne peut être effectuée qu’avec l’autorisation expresse de son détenteur.

Voir le site des opposants à la nouvelle carte d’identité britannique