Samedi 18 janvier, les militant·es d’Extinction Rebellion ont mené une série d’actions lors du salon de l’auto à Bruxelles. Certains d’entre eux ont grimpé sur une plate-forme de l’entrée principale afin de remplacer la publicité automobile par une bannière sur laquelle était écrit « Stop CO2 emissions ». Certains se sont notamment enchaînés au volant des voitures exposées alors d’autres taguaient. Certaines voitures ont également été aspergés de faux sang. La police a arrêté 185 personnes. Environ 150 militant·es ont reçu chacun une amende de 2.000 euros et seront poursuivis en justice.

Arrestation d'une militante d'Extinction Rebellion lors du salon de l'auto à Bruxelles

Arrestation d’une militante d’Extinction Rebellion lors du salon de l’auto à Bruxelles

Édit 20/01/2020 : #Taha Bouhafs a été remis en liberté le 18 janvier. La juge d’instruction n’a pas suivi le parquet qui demandait la mise en examen du journaliste.

Vendredi 17 janvier, la présence du président Macron était signalée sur Twitter par un journaliste à un spectacle au théâtre des bouffes du Nord à Paris. Une manifestation spontanée s’est très rapidement formée et les manifestant·es ont tenté de pénétrer dans le théâtre avant d’être repoussé·es par la police. Macron a cependant dû être exfiltré. Le journaliste Taha Bouhafs qui avait signalé la présence du président a été placé en garde à vue dans la nuit pour « participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations ».

Le lendemain s’est déroulé l’acte 62 des Gilets Jaunes. La manifestation parisienne a rassemblé quelques 10 000 personnes. La police a chargé la manifestation faisant usage de matraques et de coups de pieds dans la tête des manifestant·es. Des affrontements ont ensuite eut lieu à la Gare de Lyon où des manifestant·es ont incendié une baraque de chantier au son de « Allumer le feu » de Johnny Hallyday. Par ailleurs, plusieurs vidéos circulent montrant un policier frappant un manifestant déjà à terre et le visage en sang. Au total, on signale 59 arrestations. Des mobilisations ont également eu lieu dans de nombreuses villes de France : à Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse, ou encore Clermont-Ferrand.

Gilets Jaunes acte 62

Gilets Jaunes acte 62

Vendredi 17 janvier, l’entreprise Apple a publié un rapport dans lequel elle annonce avoir reçu un nombre record de 3 619 demandes d’informations du gouvernement états-unien au cours du premier semestre 2019. Ces demandes, en hausse de 36% par rapport au semestre précédent, concernaient plus de 15 301 comptes clients, un autre record. Apple a déclaré qu’elle avait accédé à 90% de ces demandes (contre 88% le semestre précédent), qui demandaient généralement les détails du compte iTunes ou iCloud des clients et parfois leurs données iCloud. Les demandes de compte sont envoyées lorsque des responsables judiciaires soupçonnent une activité illégale. Ils recherchent généralement les détails des comptes iTunes ou iCloud des clients, tels qu’un nom et une adresse et, parfois, du contenu iCloud, comme des photos stockées, des e-mails, des sauvegardes d’appareils iOS, des contacts ou des calendriers.

Plusieurs responsables politiques et judiciaires voudraient cependant que Apple fasse plus pour aider la police à résoudre ses enquêtes notamment en créant une porte dérobée permettant aux enquêteurs d’accéder aux contenus chiffrés des appareils. Toutefois plusieurs experts en sécurité soutiennent que le gouvernement a déjà la possibilité d’accéder à des appareils cryptés sans l’aide d’Apple.

Le siège d'Apple à Cupertino, en Californie

Le siège d’Apple à Cupertino, en Californie

Vendredi 3 janvier, Javier Chimeno Inza a été libéré du centre pénitentiaire de Burgos. Il y était emprisonné depuis septembre 2000 après avoir été condamné à 30 ans de prison pour avoir tenté d’assassiner le roi Juan Carlos en 1995 et pour possession d’explosifs. Il avait auparavant purgé cinq ans supplémentaires en France où il avait été arrêté le 10 août 1995 à Hendaye, avec d’autres personnes, pour sa relation avec le commando qui avait tenté d’exécuter le roi d’Espagne. Le tribunal correctionnel de Paris l’avait condamné le 26 mai 1997 à six ans de prison.

Francisco Javier Chimeno Inza

Francisco Javier Chimeno Inza

En septembre 2019, deux militant·es écologistes étaient relaxé·es en première instance à l’issue d’un procès où il et elle étaient poursuivi·es pour avoir décroché un portrait de Macron dans une mairie de Lyon pour protester contre l’inaction du gouvernement contre le réchauffement climatique (voir notre article). Mardi 14 janvier, les deux activistes ont été condamné·es en appel à 250 euros d’amende. Les militant·es annoncent une contestation du jugement en cassation. Le même jour, toujours à Lyon, six décrocheurs et décrocheuses condamné·es au mois de mai dans le cadre d’une autre affaire ont été condamné·es en appel à des peines similaires, soit 500 euros d’amende avec sursis.

Le décrochage et la ballade du portrait à Strasbourg

Le décrochage et la ballade du portrait à Strasbourg

 

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Mardi 7 janvier, la Cour de cassation a confirmé la condamnation du président de la FGTB d’Anvers, Bruno Verlaeckt, par la Cour d’appel d’Anvers pour violation de l’article 406 du Code pénal (« entrave méchante à la circulation »). Elle confirme ainsi la condamnation prononcée contre un militant et le président de la FGTB d’Anvers en 2016 suite à une action syndicale de blocage dans la zone portuaire (voir notre article). C’est la première fois que l’article 406 est invoqué pour réprimer des actions sociales. Ce jugement pourrait donc marquer l’utilisation plus systématique de l’article 406 du Code pénal contre les actions syndicales. La FGTB envisage de porter l’affaire devant les juridictions internationales et annonce qu’elle ne laisserait pas cette condamnation dicter comment ses actions seront menées.

Bruno Verlaeckt (en noir à droite)

Bruno Verlaeckt (en noir à droite)

 

Vendredi 10 janvier, l’ELN a mené une attaque contre une base de l’armée de l’air colombienne située dans la ville de Yopal (la capitale du département de Casanare), à environ 200 km de Bogotá. Les guérilleros ont tiré 25 missiles improvisés sur la base depuis un camion situé à environ 800 m de celle-ci. Parmi ces missiles, trois ont atteint leur cible, provoquant des dégâts matériels aux infrastructures de la base et blessant un sous-officier.

Combattants de l'ELN

Combattants de l’ELN

Début juillet 2017, à l’occasion du sommet du G20 à Hambourg, des affrontements importants avaient eu lieu durant deux jours entre manifestant·es et police. La police allemande avait alors lancé plusieurs avis de recherche publiant plus d’une centaine de photos de manifestant·es en appelant la population à la délation et lançant plus de 3500 procédures.

Au cours d’une de ces enquêtes, des perquisition avaient eu lieu en mai 2018, en Suisse, Italie, Espagne et France. Ces descentes de police concernaient principalement les affrontements ayant eu lieu sur l’Elbchaussee à Hambourg le 7 juillet 2017, qui avaient engendré d’importants dégâts (voir notre article). En France, c’est Loïc Citation qui fut ciblé. Le domicile de ses parents est perquisitionné mais les policiers français et allemands qui ont fait le déplacement ne trouvent rien. La commission rogatoire allemande voit large : « Dégradations par incendie – participation à un attroupement armé – port d’arme de catégorie A par assimilation : engin explosif – violences sans ITT sur agents dépositaires de la force publique » mais le militant est absent et explique, dans un communiqué, ne pas vouloir se rendre aux autorités. En août 2018, il est arrêté chez ses parents et incarcéré à Nancy, avant d’être extradé quelques mois plus tard vers l’Allemagne.

Le 18 décembre 2018 s’est ouvert le procès de Loïc Citation et de 4 autres accusés dans le cadre de l’affaire dite de l’Elbchaussee. Rapidement, le public a été exclu des audiences. Courant février 2019, deux co-accusés, jusque là détenus dans la prison de Hambourg, sont libérés (les deux autres, mineurs au moment des faits, n’ont jamais été emprisonnés). La demande de libération de Loïc Citation formulée au mois de juin par ses avocat·es avait, quant-à-elle, été rejetée et sa demande de s’exprimer publiquement sur le fond de l’affaire a été refusée. Cependant après près de 16 mois de détention, il a obtenu une libération conditionnelle le dimanche 12 janvier 2020. Il doit ainsi : avoir une adresse de domiciliation à Hambourg, pointer le lundi et le jeudi à la police Hambourgeoise, travailler en tant que jardinier, dans le soin des arbres, donner son passeport et ses papiers au tribunal, aller aux prochaines dates de procès et ne participer à aucune action illégale. Le procès devrait se poursuivre jusqu’en avril.

Les affrontements du G20

Les affrontements du G20

Dans un fascicule officiel destiné aux institutions et aux différents services de sécurité afin de sensibiliser sur les risques de radicalisation des jeunes, la police antiterroriste britannique a classé l’organisation écologiste dans la catégorie des groupes extrémistes. Dans le document de 12 pages, Extinction Rebellion y est décrit comme: “Une campagne encourageant la protestation et la désobéissance civile pour faire pression sur les gouvernements afin qu’ils agissent sur le changement climatique et l’extinction des espèces.” Parmi les reproches adressés, les encouragements à des actions hors la loi et une philosophie contestataire, mais aussi sa capacité à attirer les plus jeunes. Dans le guide, il est conseillé aux gens d’écouter et de surveiller les jeunes qui manquent l’école ou participent à des grèves scolaires prévues, une allusion aux grèves des élèves pour le climat. Le document appelle également à la vigilance face aux jeunes qui participent à des actions directes, telles que des sit-in, la mise en place de banderole ou encore l’écriture de graffitis sur le thème de l’environnement. Après le tollé provoqué, la police antiterroriste a rapidement fait machine arrière et promet de revoir le document.

Arrestation d'un militant d'Extinction Rebellion

Jeudi 26 décembre, un procureur de Saint-Petersbourg a exigé une peine de prison de 6 à 18 ans pour sept militants accusés de faire partie d’une organisation anarchiste appelée « The Network ». S’ils sont reconnus coupables, tous sauf deux purgeront leur peine dans une colonie carcérale de haute sécurité. L’affaire Network avait commencé en octobre 2017, lorsque le Service fédéral de sécurité russe (FSB) avait arrêté six personnes à Penza, dans l’ouest de la Russie, les accusant de participation à une organisation terroriste appelée « The Network ». Deux autres habitants de Penza avaient disparus et avaient été inscrits sur la liste des personnes recherchées par le FSB avant d’être emprisonnés à Moscou. En janvier 2018, deux autres personnes ont été arrêtées dans la même affaire et, en avril de la même année, des accusations ont été portées contre une personne de plus. La plupart des accusés dans l’affaire Network sont des antifascistes et des anarchistes. Ils sont accusés d’avoir participé à une « communauté terroriste anarchiste » créée en 2015 dans le but de déclencher une « déstabilisation du climat politique dans le pays » en posant des bombes lors des élections présidentielles russes de 2018 et de la Coupe du monde de football. Le Réseau aurait des cellules fonctionnant à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Penza et en Biélorussie.

Les militants ont affirmé qu’ils avaient été torturés pour leur extorquer des aveux et que des armes et autres preuves incriminantes avaient été installées par la police russe dans leurs appartements et leurs voitures. Notons que le FSB a admis avoir électrocuté un des militants le justifiant comme une « nécessité professionnelle ». Le procès a commencé devant trois juges du tribunal militaire du district de la Volga en avril 2019, en présence de policiers anti-émeutes, de policiers et de personnes venues soutenir les accusés. La prochaine audience, au cours de laquelle la défense sera entendue, est prévue pour le 13 janvier 2019.

Pour soutenir les prisonniers, il est possible de :
Faire un don à l’Anarchist Black Cross via PayPal (abc-msk@riseup.net). Assurez-vous de préciser que votre don est réservé à la «Rupression».
Faire connaître l’affaire et organiser des événements de solidarité.
Si vous avez le temps et les moyens de concevoir, produire et vendre des marchandises solidaires, veuillez écrire à rupression@protonmail.com.
Concevoir une carte postale de solidarité qui peut être imprimée et utilisée par d’autres pour envoyer des messages de soutien aux détenus. Envoyez vos idées à rupression@protonmail.com.
Écrivez des lettres de soutien aux prisonniers et à leurs proches via rupression@protonmail.com.
Plus d’infos ici.

Manifestation de soutien aux prisonniers accusés de faire partie de "The Network"