D’importants incidents ont eu lieu, dimanche 10 avril dans la matinée, dans le camp d’Idomeni, en Grèce, à la frontière avec la Macédoine, où plus de 11 000 personnes vivent depuis plus d’un mois dans des conditions extrêmement difficiles. Les incidents ont éclaté dimanche en fin matinée. La police macédonienne a fait usage de gaz lacrymogènes et, selon plusieurs journalistes, de balles de caoutchouc et de grenades assourdissantes pour disperser une foule d’environ 500 personnes qui réclamaient l’ouverture de la frontière et tentaient de détruire le grillage qui sépare les deux pays, certains jetant des pierres contre les policer macédoniens.

L’usage intensif de gaz lacrymogènes a provoqué l’évanouissement de dizaines de personnes, et la fumée s’est diffusée jusqu’au camp, où se trouvaient des femmes et des enfants. Environ 300 personnes ont été blessées, dont 200 ont été secourues par l’unité médicale de MSF pour des problèmes respiratoires, 30 pour des blessures provenant des balles en plastique et 30 pour d’autres blessures.

Incidents à Idomeni

Incidents à Idomeni

L’Etat indien a lancé depuis plusieurs années une offensive militaire, policière et paramilitaire appelée « Opération Green Hunt », officiellement dirigée contre la guérilla maoïste, mais réprimant toutes les résistances populaires. Ce samedi, dans le cadre d’une semaine internationale d’actions solidaires, l’ambassade d’Inde à Bruxelles a été taguée (lire le communiqué).

L'ambassade d'Inde à Bruxelles

L’ambassade d’Inde à Bruxelles

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L’affaire n’est pas un cas isolé: il y a clairement des consignes du gouvernement et du ministère de la Justice au parquet pour appliquer une répression judiciaire maximale tous azimuts contre les jeunes qui manifestent, si on compare par rapport à des mouvements antérieurs. Vendredi 1er avril, alors que les élèves du lycée Voltaire, situé dans le 11e arrondissement de Paris, organisent le blocage de leur lycée pour protester contre la loi El Khomri. L’un d’eux met le feu à une feuille et la jette dans une poubelle. Un enseignante sympathisante du blocage a refermé le clapet de la poubelle et la flamme s’éteint immédiatement. Quinze minutes après, les policiers sont arrivés et ont demandé qui était impliqué dans le feu, et Ryan, un lycéen, très naïvement, a dit qu’il faisait partie du groupe. Ils l’ont embarqué. Plusieurs enseignants les ont suivi au commissariat, mais les policiers leur ont dit de rester à l’extérieur et ont soutenu qu’ils avaient prévenu la mère de Ryan, ce qui était un mensonge.

Placé en garde à vue pendant dix heures, soumis à des relevés d’empreintes et à des prélèvements ADN, Ryan a été déféré seul, sans avocat, ni conseil, devant le procureur de la République, qui l’a assigné à comparaître le lendemain devant le juge des enfants. Il est resté toute la nuit au dépôt du palais de justice, sans pouvoir contacter ses parents. Ce n’est que dans la matinée du 2 avril que Ryan a pu rencontrer son avocate, puis sa mère, dans la salle d’audience où le juge a retenu le chef d’accusation inique proposé par le procureur: « dégradation volontaire de bien matériel par incendie pouvant potentiellement engendrer un danger pour autrui », passible de dix ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende. La poubelle n’est même pas endommagée…

Manifestation lycéenne contre la loi Travail

Manifestation lycéenne contre la loi Travail

La police anti-émeute allemande a utilisé samedi dans plusieurs villes du spray au poivre et des coups de matraque en intervenant dans des affrontements violents opposant des manifestants turcs partisan d’Erdogan à des contre-manifestants (Kurdes, allemands et turcs de la gauche révolutionnaires). Les partisans d’Erdogan avaient organisés des manifestations à Cologne, Nuremberg, Francfort, Stuttgart, Hambourg et dans plusieurs autres villes allemandes mineures sous la bannière de l’AYTK (Comité Européen des Nouveaux Turcs). Les militants brandissaient des drapeaux turcs et criaient « Allah Akbar » ou faisaient le signe de reconnaissance de l’organisation fasciste « loups gris ». Des contre-manifestations ont débouché sur des affrontements. La police de Cologne a procédé à 24 arrestations (dans les deux camps) et signale 5 policiers blessés par des jets de pétards et de bouteilles. A Stuttgart, douze policiers ont été déclarés blessés par des jets de pierres.

Contre-manifestants à Cologne

Contre-manifestants à Cologne


Le 8 avril à trois heures du matin, un groupe d’anarchiste a attaqué le tribunal de district de Holosiivskyi, à Kiev. Quatre cocktails Molotov ont été lancé dans la partie sud du palais de justice, deux se sont écrasés dans le bureau du juge, endommageant les locaux et détruisant les dossiers. Les média ont lié cette action à l’affaire Alexandrov-Ieroféev (voir notre article) jugée par le même tribunal. Mais dans leur communiqué (voir ici en russe, avec une vidéo), les auteurs affirment que l’action n’est pas liée à cette affaire mais au rôle général de ce tribunal (et de tout l’appareil policier et judiciaire) dans l’oppression. Le communiqué cite quelques affaires comme la condamnation par ce tribunal de Dmitry Pavlichenko à la prison à vie. Dmitry Pavlichenko a été condamné pour avoir tué un juge qui, lié à la « rénovation » de la ville,l’avait fait expulser de son appartement. Le procès de Dmitry Pavlichenko, manifestement truqué, et qui avait fait scandale et donné lieu à de nombreuses manifestations.

La fenêtre par laquelle deux cocktails Molotov sont entrés. Bien visé.

La fenêtre par laquelle deux cocktails Molotov sont entrés. Bien visé.

Mercredi 6 avril, les forces antiémeute mauritaniennes ont attaqué un sit-in des dockers du Port Autonome de Nouakchott, en grève depuis le 4 avril. Après un long moment d’observation, les éléments de la police déployés en masse à proximité du Port Autonome de Nouakchott dit Port de l’Amitié (PANAPA), ont dispersé les dockers à coup de matraques et de gaz lacrymogènes. Il y aurait eu des arrestations parmi les grévistes. et des affrontements ont alors éclaté dans le port. Les dockers, lâchés par leur Syndicat Professionnel protestent contre le système de sortie des conteneurs et exigent de meilleurs conditions de travail.

Rassemblement de dockers grévistes

Rassemblement de dockers grévistes

Suite au regain d’activité des guérillas de l’ELN et de l’EPL dans le Norte de Santander (attaques contre la police et l’armée, comme les attaques contre le secteur pétrolier etc.), environ 5000 hommes de l’armée ont été déployés au cœur du Catatumbo, dans les municipalités de Teorema, Convention, Hacari, Tibu et San Calixto. Une récompense pouvant aller jusqu’à 100 millions de pesos est offerte pour capturer les guérilleros, et particulièrement les sniper de l’ELN et le commandant « Gabino » qui est à la tête de la Compagnie Francisco Bossio de l’ELN opérant dans le Catatumbo. L’armée revendique déjà la mort de quatre guérilleros.

L'opération est appuyée par des hélicoptères de combat

L’opération est appuyée par des hélicoptères de combat

La tentative de manifestation contre l’état de siège a donné lieu à un important dispositif policier pour l’étouffer. Les policiers ont contrôlé les personnes qui s’approchaient du lieu de rassemblement, leur ordonnant de s’éloigner sous peine d’arrestation. Selon un post sur indymedia, une dizaine de personnes se seraient fait contrôler puis arrêter vers 17.30-18h, avec confiscation de tract et de banderole. Les arrête(e)s sont libérés au compte goutte.

Selon un autre post, à 19h, 13 policiers de la zone Midi ont investi « le Passage », à Anderlecht et contrôlé les identités des personnes présentes. Une personne a été emmenée parce que signalée « Salduz 4 » (signalée avec arrestation immédiate). Les policiers ont confisqué cinq banderoles, dit qu’il y aurait des suites, et dressé un pv pour non-respect d’une série d’obligations liées au lieu.

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EDIT 11/4: Le récit détaillé des événements posté sur indymedia

La mobilisation des opposants à la réforme du droit du travail s’est poursuivie ce samedi en France, où plusieurs personnes ont été blessées lors d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants à Rennes. Les autorités locales avaient interdit l’accès au centre historique de cette ville, l’un des foyers actifs de la contestation, où des incidents avaient déjà eu lieu lors des précédentes journées d’action. Mais des jeunes, certains encagoulés ou armés de projectiles, ont tenté de forcer le passage. Les forces de l’ordre ont alors fait usage de gaz lacrymogène et de grenade assourdissantes. 19 manifestants, trois policiers et un journaliste ont été blessés.

Le cortège étant composé en grande majorité de salariés, de familles avec enfants, de retraités. Alors que la contestation entre dans son deuxième mois, des syndicats de salariés, d’étudiants et de lycéens avaient appelé pour la 6e fois les Français à descendre dans la rue pour réclamer le retrait de la réforme, porteuse de précarité. A Paris, plusieurs milliers de personnes ont commencé à défiler vers 14h30. Des rassemblements ont aussi été organisés à Lyon, Marseille, Nantes, Grenoble ou encore Montpellier.

Ils auront finalement eu gain de cause. Ou au moins gagné une bataille. Trois salariés d’une entreprise de métallurgie de Hazebrouck (Nord), menacés de licenciement (voir notre article) et mis à pied pour avoir fait grève contre la loi Travail le 31 mars, ont réintégré l’entreprise vendredi. Le 1er avril, les trois employés, membres de la CGT, avaient reçu «une convocation à un entretien préalable à licenciement éventuel pour faute grave» après avoir fait grève le 31 mars.

Les trois ouvriers menacés de licenciement

Les trois ouvriers menacés de licenciement