Lundi 30 décembre 2019, la police de Cali a déclaré avoir arrêté la veille Juan Carlos Cuellar, un commandant de l’ELN, qui a été libéré de prison en 2017 pour négocier l’accord de paix. Selon l’ELN, Cuellar était en train de négocier une éventuelle reprise des pourparlers de paix avec le gouvernement du président Ivan Duque jusqu’à son arrestation.

Juan Carlos Cuellar, négociateur de l'ELN

Juan Carlos Cuellar, négociateur de l’ELN

Lundi 23 décembre, le Front de guerre oriental (FGO) de l’ELN a  remis trois mineurs à une mission humanitaire dans une zone rurale de l’Arauca. Ces trois mineurs, de 14 et 15 ans ont été entraînés par l’armée puis placés dans les rangs de la guérilla pour l’infiltrer et y effectuer des missions d’espionnage. Ils ont cependant été identifié par la guérilla. Ces trois espions avaient été recrutés à 10 ans, deux à Aguazul, Casanare et le troisième à Yopal. Il s’agit, d’après l’ELN, d’une méthode systématique de l’état colombien qui approche les communautés rurales, populaires ou avec une histoire de lutte et suscite chez les jeunes un intérêt à devenir agents de renseignement ou espions des forces armées et de la police.

Combattants de l'ELN

La contestation ne faiblit pas au Chili. Hier vendredi, plusieurs milliers de manifestants ont affronté les forces de l’ordre lors d’une manifestation dans le centre de Santiago, la capitale du pays. Par le biais des réseaux sociaux, les manifestants s’étaient réunis vendredi comme à leur habitude Plaza Italia, haut lieu de la contestation depuis le début des manifestations massives contre le gouvernement de Sebastián Piñera. Les forces antiémeute ont pris le contrôle de la place en milieu d’après-midi, à grand renfort d’effectifs pour empêcher tout rassemblement. Elles ont dispersé la foule à coups de jets d’eau et de gaz lacrymogène. Une situation déjà vue il y a une semaine, lorsque de violents affrontements avaient éclaté entre policiers et manifestants (voir notre article). Mais après près de deux heures d’affrontements et un incendie dans un centre culturel voisin, des milliers de manifestants ont finalement réussi à atteindre le centre de la place.

Les affrontements d'hier au Chili

 

La province viticole argentine de Mendoza s’est soulevée pour protester contre l’annulation d’une loi de 2007 sur la protection de l’eau qui avait réussi à empêcher les projets miniers dans la province. La modification de la loi 7722 permettra l’utilisation d’acide sulfurique, de cyanure et d’autres produits chimiques toxiques. Cette annulation a donné lieu, tout au long de la semaine dernière, à des manifestations qui comprenaient des coupures de routes nationales et provinciales. Des milliers de personnes se sont rassemblées lundi devant le bureau du gouverneur de la province. Des affrontements ont éclaté dans l’après-midi, alors que la police a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes sur la foule en réponse aux jets de pierres par des manifestants en colère. Les sources officielles font état de 19 policiers blessés et 16 manifestants arrêtés. Le gouverneur fait valoir que des projets miniers (zinc et fer) créeraient des dizaines de milliers de nouveaux emplois mais ceux-ci pourraient menacer les sources d’eau dont dépendent les agriculteurs et les viticulteurs, dans une province semi-aride qui traverse déjà la pire sécheresse de son histoire.

Les affrondements de lundi à Mendoza

Samedi 21 décembre, Ender Elías Ravelo, ancien guérillero des FARC démobilisé, a été assassiné dans un établissement commercial situé dans le quartier de Santander de la municipalité de Tibú (dans le nord du département Santander). Les assassins sont arrivés sur une moto et l’un d’entre eux a ouvert le feu sur le guérillero, sa femme et un ami du couple. Les assassinats des anciens FARC démobilisés sont monnaie courante dans le pays depuis les accords de paix de 2016 (voir notre article). Rien que cette année on a recensé plus de 60 assassinats de ce type.

Ender Elías Ravelo, ancien FARC assassiné

Ender Elías Ravelo, ancien FARC assassiné

 

De violents affrontements entre policiers et manifestants ont éclaté vendredi dans le centre de Santiago du Chili, alors que le pays est secoué depuis deux mois par une profonde crise sociale. Des incidents ont notamment éclaté aux alentours de la Plaza Italia, haut lieu de la contestation, qui avait été bouclée et occupée en grand nombre par les forces anti-émeutes pour empêcher toute manifestation. Cela n’a pas empêché les manifestants de tenter d’accéder à la place, la police ripostant à coups de jets d’eau et de gaz lacrymogène. Après une heure d’affrontements, les manifestants ont renversé les barrières métalliques qui bloquaient l’accès à la place et ont débordé les forces de l’ordre, qui ont dû se replier vers les rues avoisinantes. Un autre groupe de manifestants a marché vers le palais gouvernemental de La Moneda, où ils ont lancé des pierres sur la police qui les a dispersés à l’aide de gaz lacrymogène.

Les affrontrements de vendredi à Santiago

Mercredi 18 décembre, des prisonniers anciens combattants FARC, détenus dans la cour 4 de la prison de La Picota à Bogotá, ont publié une série de revendications dans lesquelles ils demandent à être libérés conformément à l’amnistie négociée dans le cadre de l’accord de paix. Plus de 600 FARC restent, en effet, enfermés dans cette prison et sont menacés de transferts vers une prison étrangère à celle concernée par ces mêmes accords. Ces prisonniers auraient été torturés à de multiples reprises. La Force alternative révolutionnaire commune (le parti politique issus des FARC qui ont rendus les armes) ne reconnaît que 171 de ces prisonniers. Les autres auraient été retirés des listes d’amnistie.

Prisonniers appartenant aux FARC

Prisonniers appartenant aux FARC

Au Chili le mois passé, des dizaines de manifestants équipés de lasers se sont mis à viser simultanément un drone de la police qui survolait la foule. Peu à peu, l’engin a semblé désorienté et a fini par descendre et terminer sa course dans la foule. Il y a plusieurs explications possible à la défaillance de l’appareil. Il est possible que le pilote, à distance, ait été simplement aveuglé par les lasers. Une deuxième option serait que les lasers ait entraîné un malfonctionnement des capteurs infrarouges, enclenchant un atterrissage automatique. Selon une troisième hypothèse, la chaleur combinée des pointeurs lasers aurait fait fondre le câblage interne de l’appareil ou serait parvenue à décharger la batterie du drone. Les manifestants adoptent de plus en plus les pointeurs lasers pour lutter contre les techniques de surveillance des forces de police: en fait, c’est l’optique des drones qui est visée et qui peut être grillée par les lasers. A Hong Kong aussi, des manifestants ont utilisé des pointeurs lasers sur des logiciels de reconnaissance faciale ainsi que d’autres technologies de surveillance.

Voir la vidéo

Le drone dans le faisceau de rayons laser

Vendredi 6 décembre, des milliers de personnes ont pris part à une manifestation à Santiago au cours desquels des heurts ont éclaté avec la police. A proximité de la Plaza Italia, des manifestant·es armé·es de pierres ou de cocktails molotov se sont affronté·es à la police qui a tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des canons à eau. Des manifestant·es ont brandi un énorme drapeau chilien avec un œil fermé dessus pour représenter les quelques 300 personnes éborgnées par des tirs de la police au cours des dernières manifestations (voir notre article).

Au cours de cette manifestation, une personne a été blessée par balle, probablement par un policier en civil. Notons que depuis le début du mouvement de révolte, il y a maintenant 50 jours, 23 personnes ont été tuées. Enfin, on signale l’usage par la police de grenades lacrymogènes spéciales à longue portée qui ont fait de nombreux·ses blessé·es.

Émeutes au Chili (archive)

Émeutes au Chili (archive)

 

La Colombie vient de vivre sa troisième journée de grève générale en 14 jours et le conflit entre donc dans sa troisième semaine. C’est une mobilisation sans précédent depuis un demi-siècle dans ce pays. Toutes les grandes villes du pays sont touchées : Bogota la capitale, Medellin, Cali, Baranquilla et ailleurs encore. Des affrontements ont souvent opposés manifestants et policiers.

Il y a deux axes majeurs dans la contestation. Les manifestants dénoncent d’abord les projets de réforme des retraites, qui prévoient le recul de l’âge du départ, et une substitution des fonds privés aux pensions publiques ; ils dénoncent aussi la dérégulation du marché du travail, la réforme fiscale, et le manque d’investissement dans la santé et plus encore dans l’éducation. Les étudiants sont très nombreux dans les cortèges. Bref, c’est toute la politique libérale du gouvernement de droite d’Ivan Duque qui est rejetée.
Le deuxième axe de la contestation concerne la répression. Les organisations indigènes dénoncent les violences dont leurs militants sont victimes. Et tous les manifestants réclament également le respect de l’accord de paix avec les FARC et le démantèlement de l’Esmad, les forces anti-émeutes. Il faut dire que pendant l’une des manifestations précédentes, le 25 novembre, un jeune de 18 ans, Dilan Cruz, a été tué par des billes de plomb tirées par un agent de l’Esmad.

Manifestation à Bucaramanga

Manifestation à Bucaramanga