Depuis décembre, 42 000 Koweïtiens et Koweïtiennes ont été déchus de leur nationalité au mépris du droit international. Suite au virage autoritaire du nouvel émir du Koweït, Mechaal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, officiellement, il invoque la lutte contre la fraude, « atteinte à la morale » ou « menace à la sécurité de l’État ». Opposants, tribus nomades, femmes étrangères mariées à des Koweïtiens sont privées de leur nationalité et transformées en fantômes administratifs. Plus de papiers, plus de soins, plus d’écoles pour leurs enfants. Idem pour les bidouns, 100 000 sans-patrie coincés depuis des générations dans un vide juridique. Le souverain de 83 ans a décidé de suspendre le Parlement le 10 juin 2024 et veut modifier la constitution, il affirme qu’il ne laissera pas la démocratie « détruire l’État ». Plusieurs personnes ayant critiqué cette initiative ont été arrêtées, des députés ont été poursuivis dans une vague de répression.

En Iran, l’État fait appel à un recours accru à la technologie et à la surveillance, pour imposer le port du hijab. A l’université Amirkabir de Téhéran, les caméras de sécurité ont été doublées d’un logiciel de système de reconnaissance faciale pour signaler les femmes ne portant par le hijab. Une application nommé « Nazer » qui permet de signaler la présence de femmes non voilées dans des véhicules, notamment des ambulances, des bus, des rames de métro et des taxis. Les utilisateurs peuvent indiquer le lieu, la date, l’heure et le numéro de plaque d’immatriculation du véhicule dans lequel l’infraction présumée au port obligatoire du hijab a été commise. Le véhicule est alors signalé en ligne et la police est alertée. Par ailleurs, en avril 2024, à Téhéran et dans le sud de l’Iran, les autorités ont eu recours à la surveillance aérienne par drone pour contrôler le respect du port du hijab.

La situation stratégique du Rojava a beaucoup évolué même si, paradoxalement, la ligne de front n’a pas bougé. Le Gouvernement de transition syrien (GTS), les islamistes d’Al-Nosra et leurs alliés, avait annoncé une « Conférence de dialogue national » qui excluait 35 partis politiques, dont les principaux partis syriaques, kurdes et druzes et l’Administration autonome du nord-Est syrien (AANES). Mais le GTS a sous-estimé la résistance des communautés non arabo-sunnites. Un soulèvement armé des Alaouites a fait des centaines de morts de part et d’autres parmi les combattants dans la région côtière. Ces combats ont été suivis par des massacres d’un millier de civils alaouites par les islamistes devenues « forces de sécurité » du GTS. Outres ces massacres, il y a eu des arrestations de masses, des mauvais traitements et des pillages (photo).

Les Druzes de la région de Souweïda (dans le Sud-Ouest, où ils sont majoritaires) ont rejetté l’autorité du GTS et leurs milices d’autodéfense ont refusé de rendre les armes aux « forces de sécurité » du GTS. Israël a tenté d’instrumentaliser cette résistance en se posant en défenseur (potentiel) des Druzes syriens, et a étendu son occupation du plateau du Golan. Ces difficultés ont contribué à ce qu’hier, le premier ministre du GTS signe avec le commandant en chef des FDS un accord de principe sur l’incorporation des organismes politiques (AANES) et des forces armées (FDS) du Rojava dans un état syrien démocratique et garantissant tous les droits à toutes ses communautés. Le flou extrême de ce texte (voir ici) permet toutes les interpétations, mais le spectre du conflit armé entre le GTS et le Rojava s’est éloigné pour cette année.

Dans le Nord, l’offensive de la Turquie contre le Rojava, via ses proxys de la prétendue « Armée Nationale Syrienne » (ANS), a commencé comme une promenade militaire (chute rapide de Manbij en décembre) et s’est terminée sur une défaite totale sur l’Euphrate. Les FDS n’ont pas simplement tenu la ligne du fleuve (ce qui est militairement relativement facile) mais aussi d’importantes têtes de pont sur la rive occidentale (ce qui, considérant le rapport de force, est militairement un exploit). L’ANS a subi de très lourdes pertes. Individuellement ou collectivement, les effectifs de l’ANS désertent celle-ci pour rallier le GTS de Damas.

La proposition de « paix démocratique » faite par Ocalan à la Turquie, qui impliquerait la dissolution du PKK et l’arrêt de la lutte armée (voir notre article), est en attente d’une réponse de la Turquie. Le PKK a simplement annoncé un cessez-le-feu (sauf en cas d’attaque) et une demande de liberté de mouvement pour Öcalan pour qu’il puisse mener les discussions (y compris dans le PKK). Pour les Kurdes, ces négociations n’impliquent que la Turquie et l’Irak, alors que les Turcs en parlent comme si le Rojava était inclus dans la discussion. L’éventualité de négociations n’a pas stoppé ni même réduit les bombardements quotidiens du Rojava par l’aviation, l’artillerie et les drones turcs.

Mercredi 5 mars, Le chanteur pop iranien Mehdi Yarrahi, auteur d’une chanson exhortant les femmes à retirer leurs foulards, a annoncé après avoir reçu 74 coups de fouet dans le cadre de sa condamnation, qu’il était prêt à payer « le prix de la liberté ». Il avait soutenu le mouvement qui a suivi la mort de Masha Amini, arrêtée en septembre 2022 et décédée en détention pour mauvais port du voile ( voir notre article ici ). Mehdi Yarrahi a été arrêté en 2023, puis libéré l’année dernière et assigné à résidence suite à la publication de la chanson en faveur de la campagne « Femme, Vie, Liberté ».

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Le régime marocain continue à museler toute enquête indépendante sur  l’occupation du Sahara occidental,  sur le pillage de ses ressources naturelles et sur la répression des Sahraouis. Le 20 février dernier, les autorités marocaines ont refoulé un groupe de députés européens qui tentaient d’entrer à Laâyoune, dans le Sahara occidental pour observer la situation après la décision du 4 octobre 2024 de la Cour de justice de l’Union européenne, qui a invalidé les accords commerciaux entre l’Union européenne et le Maroc incluant le Sahara occidental, reconnaissant ainsi que le territoire ne fait pas partie du royaume marocain.

Le 19 janvier, lors de la visite d’un journaliste espagnol et de deux délégués de l’ONG Coordinadora estatal de asociaciones solidarias con el Sáhara (Ceas-Sahara) dans la ville de Dakhla, la police marocaine a encerclé et attaqué la résidence de Hassan Zarouali, membre du Comité administratif du Codesa et de sa section locale. L’assaut a eu lieu alors que le journaliste et les délégués tenaient une réunion pour recueillir des témoignages de victimes sahraouies de violations des droits humains. Au cours de la descente, Hassan Zerouali et son père, M. Mouloud Zerouali, ont été violemment agressés par la police.

Des dizaines de prisonniers politiques sont sortis de prison au fil de ces dernières semaines. Les chiffres restent incertains puisqu’il n’y a pas eu de communication officielle à ce sujet et que la plupart des familles préfèrent rester à l’abri de toute publicité. Parmi les libérés, certaines grandes figures de la société civile, comme le défenseur des droits humains Essa Al-Nukheifi, et Mohammed Al-Qahtani (photo) qui avait cofondé en 2009  l’Association saoudienne des droits civils et politiques (Acpra), avant d’être emprisonné en 2012. Sa peine avait expiré depuis 2022, mais il était resté derrière les barreaux et avait interdiction de communiquer avec l’extérieur. Libérée aussi Salma Al Shaab, emprisonnées pour avoir défendue le droit des femmes, et Hassad-Al-Ghamdi, enseignant de 47 ans qui avait été condamné à 20 ans de prison et dont le frère a été condamné à mort avant que la peine ne soit transformée en une incarcération pour 30 ans.

975 personnes ont été exécutées en 2024, la République islamique à recours à la peine de mort comme moyen de « répression politique » dénonce un rapport publié ce jeudi 20 février par deux ONG. Ce chiffre est probablement sous-estimé, la grande majorité (90%) des exécutions n’étant pas rendues publiques. Le rythme des exécutions s’est largement accéléré au second semestre 2024, avec jusqu’à cinq à six pendaisons par jour. Parmi les 975 personnes exécutées, il y a une augmentation de 17% par rapport à 2023, 31 étaient des femmes, 4 d’entre elles ont été pendues en public. Plusieurs mineurs ont aussi subi la peine capitale. La peine de mort est un levier essentiel du système judiciaire iranien, basé sur l’application de la charia depuis la Révolution islamique de 1979. C’est le pays qui recourt le plus à la peine de mort chaque année après la Chine.

Le Comité de défense de Sharifa Mohammadi a annoncé la confirmation de la condamnation à mort de la prisonnière politique kurde Sharifa Mohammadi. Elle a été confirmée ce 16 février par le juge en chef de la 2e chambre du tribunal révolutionnaire d’Iran, Mohammad Ali Darwêş Goftar, à l’issue du nouveau procès. Sharifa Mohammadi a été condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire du régime iranien le 4 juillet 2024 pour « propagande anti-État », mais le verdict a été annulé le 12 décembre 2024 ( lire notre article ici)

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Les révolutionnaires de Syrie commémorent le 16 février l’assassinat d’Omar Aziz. Né à Damas, où il est revenu d’exil au début de la révolution syrienne Omar Aziz était un économiste, anarchiste et père de famille, il s’est engagé à 63 ans dans la révolution. Il a travaillé aux collectes pour aider les banlieues de Damas attaquées par le régime. Par ses écrits et son activité, il a promu l’autonomie locale, l’organisation horizontale, la coopération, la solidarité et l’entraide. Il fut l’un des fondateurs du premier comité local, à Barzeh (Damas). Les agents des services de renseignements sont venus l’arrêter chez lui et il a été assassiné dans les prisons-abattoirs du régime baasiste le 16 février 2013. pour en savoir plus

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Indignation après un assaut par la police israélienne contre une librairie vendant des livres sur les territoires palestiniens, livres sur la Nakba, l’épuration ethnique et le conflit israélo-paslestinien rédigés par des auteurs israéliens et des auteurs du monde entier. La librairie Educational Bookshop est une institution culturelle à Jérusalem-Est. Deux de ses employés, les frères Mouna, ont été arrêtés et présentés devant un juge ce lundi 10 février, pour avoir vendu des livres « incitant à la haine » selon la police. Un rassemblement de soutien s’est tenu devant le tribunal où ont comparu Mahmoud et Ahmad Muna,  des slogans tels que : « Non à la censure » et « Israël est un État fasciste »ont été scandés. Les deux libraires sont arrivés pieds et poings liés au tribunal. L’avocat des deux hommes et leurs soutiens dénoncent une atteinte flagrante à la liberté d’expression. Ils ont été condamnés à huit jours de détention, mais la condamnation a été revue à la baisse et ils ne resteront au final incarcérés qu’une journée.