La société conceptrice de sonnettes intelligentes Ring, propriété d’Amazon, s’est associée à plus de 2 000 agences de police et à près de 500 services de pompiers, soit un chiffre multiplié par cinq par rapport à 2009. Toutes ces entités sont à même de demander des données de surveillance à Amazon, qui se garde le droit d’y répondre favorablement selon la situation (voir notre article). Mais dans ce cadre, Ring a fourni des images de surveillance aux forces de l’ordre, sans mandat ni consentement des propriétaires desdites sonnettes, à onze reprises au cours de l’année 2022. Par ailleurs, Ring a refusé de s’engager à ce que les sonnettes intelligentes n’exploitent jamais la technologie de reconnaissance vocale intégrée aux produits et a refusé l’arrêt automatique de l’enregistrement audio par défaut lorsqu’une séquence vidéo est enregistrée.

Un tribunal spécial du Chhattisgarh a acquitté les 121 accusés arrêtés par la police de l’État dans le cadre de l’embuscade maoïste de Burkapal en 2017 à Sukma, dans laquelle 25 paramilitaires de la CRPF avaient été tués (voir nos articles ici et ici). Le tribunal spécial, qui a prononcé le jugement vendredi, a déclaré que l’accusation n’a pas pu prouver que les accusés, des tribaux qui étaient derrière les barreaux depuis près de cinq ans, étaient soit sur les lieux de l’incident, soit en possession d’armes ou d’explosifs, soit même membres du PCI(maoïste). « Il est donc clair que l’accusation n’a pas réussi à prouver ses arguments contre les accusés au-delà de tout doute raisonnable », a déclaré la cour du juge Dipak Kumar Deshlahare en acquittant tous les accusés.

L’embuscade de Burkapal s’était produite alors qu’une équipe de 70 soldats du 74e bataillon de la CRPF était partie assurer la sécurité de la construction d’une route à Burkapal, à Sukma, le 24 avril 2017. À la suite de cette embuscade, la police du Chhattisgarh avait raflé 121 tribaux de différents villages de la région. Tous ont été arrêtés en 2017 et sont restés en prison jusqu’à vendredi. Un accusé s’est avéré être mineur, tandis qu’un autre est mort en détention.

 

Dossier(s): Inde-Népal

Condamné en 2009 à douze ans et demi de prison, le militant altermondialiste Vincenzo Vecchi faisait partie des « dix de Gênes », lourdement condamnés pour les affrontements lors du G8 en 2001. Réfugié en Bretagne, il avait été arrêté en août 2019 à Rochefort-en-Terre, en vertu de mandats d’arrêt européens (MAE) émis par l’Italie. Depuis l’Italie réclame son extradition. La justice française s’y était opposé, mettant en cause la proportionnalité du MAE. Vincenzo Vecchi avait été libéré en novembre 2019 par la Cour d’appel de Rennes (voir notre article). Par la suite, la cour d’appel d’Angers avait refusé en novembre 2020 d’exécuter le MAE au motif que la peine principale de dix ans de prison, encourue pour « dévastation et pillage » (introduite dans le code pénal italien sous Mussolini), n’avait pas d’équivalent en France (voir notre article).

En janvier 2021, la Cour de cassation française avait saisi la justice européenne (la CJUE) sur la double incrimination et la proportionnalité du mandat d’arrêt européen (MAE) visant M. Vecchi. Ce MAE servant normalement à lutter contre le terrorisme et le grand banditisme. Une audience s’était tenue en janvier à Luxembourg. Ce jeudi 14 juillet, la CJUE estime qu’« une correspondance parfaite n’est pas requise entre les éléments constitutifs de l’infraction concernée dans l’État membre d’émission et dans l’État membre d’exécution » du mandat. Selon la CJUE, en outre, « il ne revient pas à l’autorité judiciaire d’exécution, dans le cadre de l’appréciation de ladite condition, d’évaluer la peine prononcée dans l’État membre d’émission au regard du principe de proportionnalité des peines ». Comme l’expose l’avocate française de Vincenzo Vecchi: « Cela veut dire que la Cour de justice, qui interprète les textes européens, vient de dire que les règles de collaboration européennes sont considérées comme supérieures aux principes fondamentaux du droit ». Prochain épisode devant la Cour de cassation à Paris.

Vincenzo à sa sortie de la prison de Rennes

 

Depuis plusieurs semaines, environ 500 militaires étaient déployés dans le département de Caqueta (sud-ouest) pour localiser Nestor Vera alias “Ivan Mordisco” (à droite sur la photo), qui a récemment pris le commandement de la dissidence après la mort présumée de Miguel Botache Santillana alias « Gentil Duarte » (à gauche sur la photo), le 24 mai dernier au Venezuela.
Nestor Vera a été tué avec neuf autres membres des FARC le 8 juillet, dans un bombardement de l’aviation colombienne. En juillet 2016, quatre mois avant la signature de l’accord de paix, Nestor Vera était devenu le premier chef des FARC à abandonner le processus de paix. Le gouvernement colombien offrait une récompense de 700.000 dollars pour toute information permettant sa localisation.

 

Dossier(s): Amérique Latine

Giannis Michailidis est au 54e jour de grève de la faim (voir ici). En février 2011, il avait été arrêté lors d’une grande manifestation à Athènes pour avoir tiré à l’arc sur la police anti-émeute. Libéré sous conditions, ilm est recherché un mois plus tard pour appartenance à la CCF et passe à la clandestinité. En avril 2011, il est soupçonné d’avoir pris part à une fusillade avec la police. En février 2013, il est arrêté avec trois autres anarchistes, suite au braquage d’une banque et d’un bureau de poste. En juin 2019, après six ans de prison, il s’évade de la prison de Tyrintha. Sept mois plus tard, il est arrêté de nouveau armé et dans une voiture volée, en compagnie de deux autres camarades et accusé d’une autre attaque de banque. En décembre 2021, il peut demander sa libération conditionnelle. Le 23 mai, suite à deux réponses négatives, il commence une grève de la faim dans le but d’obtenir sa libération.

Les actions de solidarité avec Giannis sont nombreuses: tags, manifestations, accrochages de banderoles mais aussi des destructions d’automates bancaires (au moins six), des attaques au marteau (vitres brisées au palais de justice de Patras, à un commerce à Thessalonique, à un auditorium du ministère de la justice, à un local du parti de droite « Nouvelle Démocratie », à l’office des impôts de Maroussi), incendie d’un véhicule de la compagnie Cosmote à Exarcheia, jets de cocktails Molotov contre la police, toujours à Exarcheia, etc. Parmi les actions de solidarité internationale: une attaque à l’explosif contre une société de travaux publics au Chili le 11/7 et un rassemblement devant l’ambassade de Grèce à Londres le 10/7. La date de la prochaine audience qui doit décider de sa possible libération a été fixée au 25 juillet.

Fil info ici (en anglais)

Dossier(s): Grèce

Au Kurdistan Est, dans le Nord de l’Irak, la guérilla du PKK continue à infliger des revers et des pertes à l’armée turque. Le 6 juillet, une unité turque se déplaçant avec des chiens vers une position de la guérilla est tombée dans une embuscade et a été attaquée sur deux flancs à 23h20. Treize soldats ont été tués et deux autres blessés à la suite de cette action. La guérilla a ensuite pris pour cible les hélicoptères envoyés dans la zone pour transporter les morts et les blessés. Un hélicoptère de transport a été gravement touché et a dû quitter la zone dans une épaisse fumée sans récupérer les corps.

Dossier(s): Turquie-Kurdistan

Lina E., une Lipsienne de 26 ans, est accusée par le parquet fédéral d’avoir mis en œuvre et participé à des attaques contre 6 néo-nazis à Leipzig, Eisenach et Wurzen entre 2018 et 2020. Trois autres prévenus comparaissent également pour “appartenance à une organisation criminelle” et “violences avec coups et blessures” depuis septembre 2021 devant la Cour d’appel de Dresde. Outre les quatre accusés, le parquet fédéral vise d’autres personnes qui font encore l’objet d’une enquête, dont une passée dans la clandestinité. A la mi-juin le parquet a décidé de relancer l’enquête sur le mouvement antifasciste de Leipzig et a fait perquisitionner plusieurs appartements. Cette nouvelle vague répressive résulte du fait qu’un autre co-accusé a fait des déclarations détaillées aux, alors que jusque là, tous les accusés avaient gardé le silence.

Johannes D. aurait collaboré à pas moins de sept interrogatoires et ses déclarations remplissent environ 140 pages de dossier. Elles concernent aussi des actes qui n’avaient pas débouchés sur une inculpation, comme l’attaque d’une agente immobilière de Leipzig en 2019. Lina E. avait été soupçonnée mais le parquet de Dresde avait classé l’enquête faute de preuve. Johannes D. se trouve dans un programme de protection des témoins. Les milieux de gauche l’avaient dénoncés et chassés il y a plusieurs mois, car on lui reprochait des agressions sexuelles. Les déclarations de Johannes D. devraient avoir une influence sur le procès de Lina. Jusqu’à présent, il n’y avait pas de preuves directes de la participation des quatre accusés aux agressions contre les néo-nazis. Les témoins n’ont pas pu identifier les agresseurs cagoulés. L’accusation s’appuie plutôt sur des indices et sur le fait que certains prévenus avaient été arrêtés près du lieu d’une attaque. Les déclarations de Johannes D. sont d’autant plus précieuses pour l’accusation.

 

 

Dossier(s): Allemagne

« Rien à déclarer ». Depuis des années, ce sont les seuls mots que le Secours Rouge conseille aux militant·e·s interrogé·e·s par la police de répondre. Mais la curiosité à l’égard des techniques de l’adversaire est une bonne chose et la militance doit naviguer au plus serré entre ces deux erreurs classiques face à la répression : la sur-estimer ou la sous-estimer. Comment la police envisage-t’elle les interrogatoires de son côté ? Comment les prépare-t’elle ? Pourquoi y a t’il un « bon » et un « méchant » flic dans les salles d’interrogatoire ? Ce sont à toutes ces questions que ce petit film doit répondre.
À l’origine, cette conférence du Secours Rouge devait avoir lieu en avril 2020 lors des activités d’agitation pour le 1er mai révolutionnaire. Annulée par l’émergence de la pandémie de Covid, elle a finalement été transformée en une vidéo avec l’aide du « Collectif des Stagiaires ». Repoussée par la reprise des activités militantes, c’est finalement deux ans plus tard que cette vidéo sera projetée pour la première fois dans le cadre de la première édition du Festival Autonome de Bruxelles.
À l’aube de nouvelles mobilisations une chose est sûre : les mois et les années qui arrivent seront remplis d’initiatives subversives et révolutionnaires, et donc de répression et de contre-insurrection. Ce document se veut donc être un outil de plus pour les militant·e·s et les collectifs qui s’organisent et se préparent contre la répression.
Projection : Jeudi 14 juillet (ouverture 19h, projection 20h) Au Sacco-Vanzetti, 54 Chaussée de Forest, 1060 Saint-Gilles

 

Des motocyclistes qui avaient organisé des manifestations à Jinja pour protester contre la hausse vertigineuse des prix du carburant. Le prix du carburant a grimpé en flèche ces derniers mois, atteignant 6 300 shillings pour un litre d’essence et 6 200 shillings pour un litre de diesel dans les stations-service des grandes villes du pays. Cela représente presque le double du coût du même produit pétrolier au cours de l’année dernière. Les motocyclistes ont donc organisé des manifestations dans différents centres commerciaux le long de l’autoroute Jinja-Kamuli, où ils ont placé et allumé des bûches et de vieux pneus de voiture au milieu des routes. Les manifestants ont bloqué la circulation et lancé des pierres sur les policiers qui avaient été appelés pour réprimer les protestations. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des balles réelles contre les motocyclistes.

Dossier(s): Afrique

Le polygraphe (« détecteur de mensonge ») est une technique particulière d’interrogatoire policier faisant l’objet d’un enregistrement audiovisuel et permettant de vérifier la véracité de déclarations, au travers d’une procédure psychophysiologique, grâce à l’enregistrement des variations des paramètres physiologiques (respiration, battements du coeur, pression sanguine, transpiration) sous la forme de graphiques. Le résultat obtenu constitue une aide à l’enquête mais, en raison de la marge d’erreur (10% selon les policiers) il doit être étayé par d’autres éléments. Il est donc considéré en Belgique comme « preuve additionnelle » alors qu’en France, il n’a aucune valeur juridique. L’audition réalisée à l’aide du polygraphe se déroule en trois phases et prend 3 à 4 heures où des questions « fermées » (appelant à une réponse par « oui » ou par « non ») sont posées.

Chaque année, près de 500 tests sont réalisés par la police belge avec le polygraphe. Cet appareil utilisé pour la première fois en Belgique dans l’enquête sur les tueries du Brabant. Une section particulière (« POLY ») dédiée à cette technique existe au sein du service « Sciences du comportement »  (GWSC) de la Direction centrale de la police technique et scientifique (DJT) de la police fédérale. Le modèle actuellement utilisé est le Lafayette Instrument (modèle LX-6), c’est aussi Lafayette Instrument qui conçoit et produit le logiciel.

Le LX-6 de Lafayette Industrie