Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Il y a quelques semaines se déroulait à Amiens l’audience correctionnelle où comparaissait Mickaël Prince, délégué syndical CGT chez STEF TFE Chaulnes, harcelé par la direction de l’entreprise qui l’avait cette fois poursuivi pour « contrefaçon » au sujet d’un tract syndical vidéo qui parodiait une chanson à boire dont la société employeur aurait détenu les droits d’auteur. Le tribunal l’a relaxé au motif que l’œuvre était bien parodique et les demandes indemnitaires ont été rejetées.

France: Le syndicaliste Mickaël Prince relaxé

Le conseil des ministres a examiné le projet de loi qui sortira le délit de « provocation aux actes de terrorisme et d’apologie de ces actes » comme un délit « de la loi de 1881 sur la liberté de la presse pour le faire entrer dans le code pénal ». Ce projet crée également un nouveau délit puisque toute personne « qui consultera de manière habituelle, et sans motif légitime, des sites internet qui provoquent au terrorisme ou en font l’apologie et qui comportent à cette fin des images d’actes de terrorisme portant atteinte à la vie », sera désormais punie.

Le projet de loi prévoit par ailleurs que « toute personne française ou résidant habituellement sur le territoire français, qui se rend à l’étranger pour y suivre des travaux d’endoctrinement à des idéologies conduisant au terrorisme, en participant notamment à des camps d’entraînement, puisse être poursuivie et condamnée pénalement dès son retour en France ». Enfin, il transpose en droit national une « décision cadre » européenne qui stipule que « le chantage peut constituer un acte de terrorisme lorsqu’il est en relation avec une entreprise terroriste », une nouvelle infraction réprimant « celui qui essaie, par des promesses ou des pressions, de recruter une personne dans un réseau terroriste, même si la personne ne donne pas suite à cette proposition ».

La porte-parole du gouvernement a indiqué que ce projet serait déposé rapidement devant le Parlement, dont les travaux sont actuellement suspendus pour cause de campagne présidentielle.

Les jugements de manifestants anti-Poutine arrêtés la semaine dernière, se poursuivent dans le tribunal de Saint-Pétersbourg. Commencées mardi, et malgré un rythme soutenu, les 480 audiences n’avaient pu se dérouler dans la journée de mercredi comme prévu. Ils comparaissent pour « infraction aux règles établies d’organisation des manifestations » et « refus d’obtempérer aux forces de l’ordre ». Mardi, les magistrats avaient demandé des repentirs et condamné à la chaîne à des peines en l’absence d’avocat. Les peines sont légères (généralement des amendes) comparées à celle de décembre dernier.

Les prévenus ont été entassés dans les cellules commissariat au point de devoir se relayer pour pouvoir s’asseoir tant ils étaient serrés Quelques policiers ont fait du zèle en maintenant huit personnes sous pression jusqu’à trois heures du matin: impossibilité de dormir, interrogatoire de plusieurs heures dans le but de leur faire signer un document reconnaissant leur « résistance à la police ». L’un de ces hommes fait alors une crise d’hypertension. Il est évacué en ambulance. Depuis l’élection de Vladimir Poutine, dimanche 4 mars, la répression est intense en Russie: plus de 800 personnes ont été arrêtées lundi. A titre de comparaison, 600 manifestants avaient été arrêtés en décembre. A Saint-Petersbourg près d’un quart des manifestants jugés avaient été violemment interpelés à l’occasion d’une réunion publique du KPRF, le parti communiste russe et de Yabloko, un parti libéral à tendance écologiste.

L’essai de la journaliste Juliette Volcler, Le Son comme arme, les usages policiers du son fait le catalogue des recherches et des utilisations militaires du son, des fantasmes de canons à infrasons aux disques de Metallica diffusés à plein volume pour torturer les prisonniers irakiens. En France, la société Lacroix défense et sécurité fournit des « grenades assourdissantes » à l’armée, à la police et à la gendarmerie pour leurs opérations de maintien de l’ordre. Lors de leur mise en circulation, l’entreprise ventait leur « effet intense et psychologiquement agressif » permettant « la neutralisation rapide et efficace des manifestants dans un contexte dur et résistant ». La grenade en question envoie une impulsion sonore de 160 dB à 15 mètres de distance, là où le seuil de la douleur est situé à 140 dB et où le seuil légal est fixé à 120 dB. Au-delà de 140 dB, un son peut provoquer des nausées, des vertiges, des acouphènes, un perte d’audition, une accélération du rythme cardiaque, et les effets sont aggravés par un brusque changement de la pression acoustique (à fort volume, un son bref et soudain est plus dommageable qu’un son continu).

C’est en 2004 que ces armes invisibles ont fait leur apparition en France sous le nom de DMP (dispositif manuel de protection), en même temps que les Taser, sans débat, et alors qu’aucun test indépendant n’a pu évaluer leur dangerosité, et qu’aucun débat démocratique n’ait eu lieu. Le son lui même n’est pas le seul danger: l’onde de choc produite par la déflagration sonore, et les éclats de la grenade le sont également. En 2006 à Grenoble, lors d’une manif contre les nano-technologies une manifestant a eu la joue ouverte, l’année suivante dans la même ville un autre a perdu un œil, le goût et l’odorat, et plusieurs autres encore en 2009 à Saint-Nazaire et à Strasbourg lors d’un contre-sommet de l’OTAN (plaies, brûlures), etc.
Des troubles auditifs ont également été signalés… au centre d’entraînement de la gendarmerie de Saint-Astier.

Voir le catalogue de Lacroix DS (Alesetex, filiale de Lacroix, est le leader mondial de fabrication de poudre CS pour les gaz anti-émeute)

France: Les grenades sonores DMP

Les émeutes de l’été dernier ont donné un élan aux recherches sur les technologies alternatives de contrôle des mouvements de foule. Des réunions avec pour participants la police de Londres et d’Irlande du Nord, la Fédération de police, l’Agence spécialisée dans le crime organisé et les responsables du laboratoire technique et scientifique du ministère de la défense. Un des thèmes était le développement de « technologies moins létales », et notamment le remplacement des balles en plastiques par des projectiles contenant des produits chimiques (lacrymo etc.).

Une sorte de boule puante que les ingénieurs rattachés au ministère de l’intérieur surnomment « huile à canailles » (« skunk oil ») a été développée. Des pastilles contenant des liquides nauséabonds seraient tirées à l’aide d’armes semblables à celles utilisées dans les parties de paintball. L’odeur qui s’en échapperait une fois les individus touchés serait insupportable au point telle que ces derniers rentreraient chez eux pour se changer et leurs complices seraient réticents à rester près d’eux. Il serait aussi question d’armes reposant sur des rayons de chaleur et d’armes sonores. Un système protégeant les policiers des lasers aveuglants, une des armes préférées des émeutiers, serait aussi à l’étude.

Une colonne de 40 guérilleros de la NPA a attaqué lundi un commissariat de police dans une municipalité de Tigbao, dans la province de Zamboanga del Sur. es) ont dit mardi. Les policiers ont été capturés et l’arsenal du commissariat pillé. Un autre groupe de guérillero barrait la route pour protéger l’opération. Une autre unité de la guérilla a attaqué à l’arme automatique et à la grenade un détachement d’une milice gouvernementale (CAFGU) dans Barangay Malamodao (province de Compostela Valley). Il y a eu deux blessés.

Le 17 avril 1996, 68 membres de la police militaire lourdement armés ont débarqué à bord de trois véhicules dans un campement de 1.500 travailleurs sans terre entre Eldorado dos Carajas et Maraba. Dans l’autre sens de la route sont arrivés trois autres véhicules avec 200 militaires. Le premier détachement a lancé des gaz lacrymogènes. Les travailleurs ont résisté avec des bâtons et des jets de pierres et les policiers militaires ont tiré. En entendant les premiers coups de feu, ils ont tenté de s’échapper et de se protéger. Le massacre a duré environ une heure. Dix-neuf travailleurs ont été tués et 69 autres ont été blessés. Signe de préméditation, les policiers militaires avaient enlevés les insignes de leur unité.

A la suite d’un recours des coupables condamnés lors du premier jugement, le procès dort dans les tiroirs du tribunal Suprême fédéral. Les policiers (qui ont été identifiés) sont toujours en liberté. Le 17 avril 2012 diverses actions seront menées devant les ambassades du Brésil pour protester contre 16 ans d’’impunité des responsables du massacre de Carajas.

site d’information sur le mouvement des sans terre

Brésil: Impunité pour les escadrons de la mort

Ce mardi, la femme du dirigeant maoïste Sabyasachi Panda a été acquittée par un tribunal de Bhubaneswar (Orissa) pour manque de preuves dans une affaire datant de 2003. Subhashree Das, alias Mili Panda, avait déjà été arrêtée en janvier 2010, accusée d’avoir porté assistance et soutenu la guérilla dans les forêts de l’état. Elle avait été libérée de garde à vue dans cette affaire lorsque la High Court avait ordonné son arrestation dans le cadre de cette seconde affaire. Il s’agit d’une fusillade entre des maoïstes et les forces de sécurité dans la région, fusillade à laquelle les autorités l’accusaient d’avoir pris part. La police avait fourni une liste de 18 témoins contre Mili Panda. Treize d’entre eux ont été entendus par le tribunal, lequel a conclu que les accusations n’étaient pas fondées. Mili Panda a donc été libérée de la prison de Gunupur.

Hier, les forces armées turques ont déclenché une opération militaire majeure contre le PKK dans la province de Tunceli, dans l’est du pays. Il est assez habituel qu’à la sortie de l’hiver, les autorités mènent des opérations à grande échelle dans les régions où se réfugient les guérilleros durant la mauvaise saison. Elles attaquent de manière ciblée lorsque ces derniers recommencent à circuler dans les montagnes. Près de 2000 soldats spécialement entraînés ont pris part à l’opération d’hier. Les autorités ont déclaré avoir mis au jour un grand nombre de cachettes hivernales des guérilleros alors que des centaines de soldats ont été déployés par voies terrestre et aérienne dans les vallées de Pülümür, de Munzur, de Geyiksuyu et d’Ahpanos. Tôt ce matin, les échos d’une intense fusillade ont été entendus à proximité du village de Geyiksuyu, mais aucun information quant à d’éventuels affrontements n’a été communiquée.