Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le 23 octobre, Jean-Marc Rouillan, militant d’Action Directe incarcéré depuis 1987, demandait son transfert des Baumettes à Marseille vers le Centre hospitalier Pitié-Salpétrière à Paris, où il aurait pu bénéficier des soins nécessaires au traitement de la maladie d’Erdheim-Chester dont il souffre. Au lieu de cela, le prisonnier a été transféré au centre de détention du Muret, près de Toulouse. Depuis le diagnostic de sa maladie en mai dernier, il n’a été autorisé à consulter aucun spécialiste. Il a donc déposé plainte pour non-assistance en danger. En effet, il apparait que dans les dernières semaines, le militant présente, en plus des problèmes osseux liés à la maladie d’Erdheim-Chester, des signes d’atteinte neurologique centrale. Il devient donc vital qu’il consulte un spécialiste, ce qui lui est toujours refusé aujourd’hui.

Une réunion d’information et de mobilisation se tiendra, à l’appel du ‘collectif Ne Laissons pas faire!’, avec la participation de Miguel Benasayag (sous réserve), Olivier Besancenot, Hellyette Bess, Jean-Louis Chalanset, Antoine Lazarus, Frédéric Neyrat (lecture de son intervention) et Maurice Rajsfus, le jeudi 17 décembre 2009, à partir de 18 h 30 au CICP, 21 ter rue Voltaire, Paris 11e (métro L9 Rue des Boulets).

Conrado Cañete, un paysan âgé de 57 ans, a été tué parce qu’il était le père de Ka Jinggoy, commandant de la New People’s Army (NPA, communiste). Des témoins oculaires rapportent que des éléments des Forces Spéciales du 25è bataillon d’infanterie ont eu un rôle direct dans le meurtre de Cañete. Le soir du 28 novembre 2009, ces militaires ont été vus en compagnie du groupe dont faisait partie Cañete et d’autres civils, au cours d’une fête dans le la localité de Banlang, à Monkayo dans la Vallée de Compostelle. C’est justement cette nuit-là que Cañete avait disparu sans laisser de traces. Le 29 novembre, des témoins ont dit avoir vu un corps être jeté d’une voiture à près de la localité de Ganaban, à Monkayo, dans la Vallée de Compostelle. Plusieurs hommes armés auraient jailli de la voiture et auraient criblé de balles le corps. Il s’avéra que le corps était celui de Cañete, troué de 12 blessures par balles.

Cañete et sa famille étaient sous étroite surveillance de la part des militaires. Son assassinat fait partie du Plan Bantay Laya, c’est une action de représailles contre des dirigeants supposés de la NPA, dans l’espoir qu’ils finissent par capituler et se rendre. Ces procédés ont déjà été utilisés contre la fille et le frère de Leoncio Pïtao et contre le frère de Tirso Alcantara. La fille de Pitao, Rebelyn, fut trouvée morte le 5 mars 2009 dans la localité de San Isidro, à Carmen dans le Davao du nord. Cette maîtresse d’école de 20 ans fut kidnappée, torturée, violée et poignardée à mort par des militaires. Le frère de Pitao, Danilo, a disparu: il semble bien qu’il soit mort sous les coups des militaires en juin 2008. Virgilio Alcantara, le frère de Tirso Alcantara, commandant de la NPA dans le Sud-Tagalog, fut tué par des militaires lors d’un voyage en jeep en mai 2001.

Ces crimes visant des non-combattants prennent place dans le ‘Plan Bantay Laya’ par lequel le pouvoir de la présidente Gloria Macapagal-Arroyo entend ramener à des proportion insignifiante le mouvement révolutionnaire pour l’année 2010.

Des ministres de la Justice de l’Union européenne ont accepté une nouvelle structure pour la coopération dans des affaires intérieures suite à l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne qui prévoit de transférer plus de pouvoirs à Bruxelles dans beaucoup de domaines qui étaient précédemment l’apanage exclusif des états. Le ‘programme de Stockholm’ quinquénnal est le prolongement des accords qui ont mené l’UE à intervenir dans le domaine de justice et des affaires intérieures, y compris des sujets comme le développement d’une politique d’asile commune et un approfondissement de la coopération entre les polices.

Les traités précédents de l’Union européenne se fondaient sur le fait que la plupart des sujets touchant aux affaires intérieures relevaient exclusivement des États. N’importe quelle offre de coopération devait être approuvée par chaque pays, ce qui limitait les accords. La plupart du domaine des affaires intérieures relèveront désormais de la même logique que les autres affaires. Ce qui signifie que les pays perdront leur droit de mettre leur veto aux propositions de la Commission européenne qui ont été acceptées par le Parlement européen et la plupart des États membres.

Un autre nouvel élément est la création d’un nouveau commissaire pour la justice et des droits fondamentaux, un portefeuille attribué à Viviane Reding du Luxembourg, vendredi dernier. Le Royaume-Uni et l’Irlande restent aux franges de ce processus, ayant obtenu la garantie d’un choix cas-par-cas.

Malgré la fin de la période pré-électorale et la tenue des élections il y a deux semaines, la répression se poursuit au Honduras. Hier matin, un militant de la résistance contre le coup d’état a été enlevé par des hommes cagoulés. Alors qu’il effectuait son travail de surveillance, un véhicule de type pick-up s’est arrêté à côté de lui. Quatre hommes cagoulés en sont descendus, l’ont menacé de manière violente et l’ont fait monter dans la voiture. Lorsqu’il leur a dit, pensant à une attaque pour le voler, qu’il n’avait que peu d’argent sur lui, ils lui ont répondu qu’ils le connaissaient bien et qu’ils étaient fatigués de lui, qu’ils allaient le tuer. Ils lui ont enfilé un sac sur la tête, l’ont insulté et lui ont posé des questions sur la résistance, lui ont demandé des informations sur le mouvement et ses leaders. Ils ont ensuite passé un coup de fil pour signaler qu’ils avaient accompli leur mission et qu’ils avaient le paquet, tout en continuant à le frapper. Le militant a alors tenté le tout pour le tout et s’est jeté du véhicule en marche. Il s’est enfui en courant et s’est longtemps caché dans un terrain vague. Ses agresseurs ne l’ont pas cherché, ou du moins, ne l’ont pas retrouvé. Il souffre d’une rupture de la cloison nasale et de contusions multiples sur le visage et le corps.

Il y a quelques jours, le gouvernement danois a adopté à la hâte une législation ‘anti-casseurs’ en vue du sommet de Copenhague. Mais cette loi ultra répressive n’est pas la seule mesure adoptée. Un camp de détention provisoire a été installé à quelques kilomètres de la capitale, dans un entrepôt chauffé. Il pourra accueillir jusqu’à 350 personnes à la fois pour une garde à vue de six à douze heures et jusqu’à 1.000 par jour. Plus de 150 policiers et juristes siégeront en permanence dans ce centre, afin d’effectuer un premier tri des manifestants interpellés. Ceux qui seront déférés devant la justice encourront jusqu’à 40 jours de prison et des amendes aggravées. Les autorités policières ont également envoyé 3.000 courriers à des particuliers résidant aux abords du siège de la conférence ou à proximité de points sensibles tels que le Parlement, les hôtels des délégations,… Elles leur demandent de les contacter s’ils observent un individu ou un véhicule suspect. Enfin, la police danoise a mobilisé plus de la moitié de ses effectifs. 6.000 hommes sont déjà sur le pied de guerre (sur un total de 11.000) et ils pourront être renforcés jusqu’à 85% des effectifs totaux.

Les quatre personnes interpellées au cours de la manifestation de chômeurs et précaires, qui a réuni environ 400 manifestants samedi à Rennes, ont été placées en prolongation de garde à vue. Il leur est reproché des violences ou des outrages, au cours de la manifestation qui avait donné lieu à quelques heurts entre manifestants et forces de l’ordre. Leur sort devrait être fixé lundi matin. Dimanche en début d’après-midi, une centaine de personnes, puis une trentaine en fin de journée, se sont regroupées calmement devant le commissariat de police pour marquer leur soutien aux gardés à vue. Hier soir, ils envisageaient de se regrouper aujourd’hui devant la cité judiciaire.

Quelques une des banques qui livrent régulièrement leurs clients sans-papiers à la police ont été la cible dune vaste offensive qui a eu lieu dans la nuit du 4 au 5 décembre dans divers quartiers de Paris. Plus de soixante distributeurs de billets ont été dégradés, soit obstrués à la soudure à froid ou avec des cartes bloquées, soit détruits à l’acide sulfurique. Sur chaque écran a été apposé un autocollant sur lequel était écrit: ‘Hors service. Cette banque balance des sans-papiers aux flics. Sabotons la machine à expulser. Liberté pour toutes et tous‘.

Des affrontements ont eu lieu ce dimanche entre la police et des manifestants kurdes qui s’étaient rassemblés pour dénoncer les nouvelles conditions de détention du leader rebelle Abdullah Ocalan. Un étudiant universitaire est décédé à l’hôpital des suite de ses blessures. Dans la ville majoritairement kurde de Diyarbakir, les militants ont lancé des pierres et des feux d’artifice sur la police et sur le quartier général local du parti au pouvoir du Premier Ministre Erdogan. Les forces de l’ordre ont répliqué à coups de gaz lacrymogènes. Aydin Erdem, 23 ans, étudiant, est décédé après avoir reçu une balle, mais on ne connait pas encore les circonstances ayant entrainé les coups de feu. La police est également intervenue à Istanbul et dans au moins trois autres villes afin de disperser des protestations de militants kurdes. Au moins un policier a été blessé dans les affrontements.

La Turquie a récemment construit une nouvelle prison sur l’île d’Imrali, où se trouve détenu Ocalan (photos), et y a transféré d’autres prisonniers pour briser son isolement. Le leader du PKK dénonce ses conditions de détention dans sa nouvelle cellule, ce qui a provoqué les protestations de ses sympathisants. Le prisonnier affirme que sa cellule est plus petite et qu’il a des difficultés à respirer. De son côté, la Turquie réfute le fait que ses conditions de détention se sont détériorées et a invité les inspecteurs du Comité européen de la Prévention de la Torture à venir visiter la nouvelle prison. Elle a été construite pour répondre à la demande du Conseil de l’Europe de Strasbourg de briser l’isolement d’Ocalan. A 60 ans, il purge une peine de perpétuité pour avoir dirigé le PKK. Il a été capturé en 1999 au Kenya et condamné à la peine de mort, commuée en prison à vie en 2002, lorsque la Turquie a aboli la peine capitale.

Abdullah Ocalan

Pénitentier d’Imrali

Au moins sept soldatsont été tués et quatre blessés dans une embuscade dans le nord de la Turquie dans une fusillade dans la ville de Resadiye dans la province (le domaine) Tokat. Aucun groupe n’a revendiqué l’attaque jusqu’ici. Cette région est depuis toujours une région de guérilla d’organisations kurdes et révolutionnaires.

Abdullah Ocalan
Pénitentier d'Imrali

Alors que plus de trente personnes ont été blessées et 150 autres arrêtées au cours des manifestations de ce week-end, elles ont repris de plus belle ce lundi. Ces rassemblements d’étudiants et de lycéens se tiennent en hommage à l’adolescent assassiné l’an dernier par un officier de police, ce qui avait déclenché une vague de protestation qui avait duré un mois. Depuis dimanche, plus de 6.000 policiers ont été déployés dans la capitale grecque.

Tôt ce matin, une vingtaine de jeunes ont caillassé la façade d’un commissariat dans le centre d’Athènes. Deux jeunes de 15 et 18 ans ont été arrêtés. Plus tard, 5.000 personnes ont pris la direction du parlement en cortège. Un petit groupe de manifestants a jeté des pierres sur un cordon des forces de l’ordre, avant d’être dispersés par une charge, le reste du cortège poursuivant son itinéraire. Neuf personnes ont été interpellées. Sur le parcours, d’autres groupes se sont faufilés dans le défilé, lançant des projectiles contre les vitrines et les policiers, qui ont tiré des gaz lacrymogènes.

Manifestation à Athènes

Voir une vidéo des émeutes de ce week-end

Manifestation à Athènes

William Henry Fische est un entrepreneur américain, dont le projet actuel consiste en la mise en place de mégaprojets touristiques dans le Sud de l’Argentine. Or, cette zone constitue le territoire ancestral d’une grande communauté mapuche. Fische, disposant d’une grande fortune personnelle ainsi que des contacts argentins adéquats, a délogé les membres de la communauté Paicil Antriao de leur village. Mercredi dernier, des dizaines de familles mapuches de la localité Villa la Angustora ont violemment été chassées et ont vu leurs maisons détruites. L’expulsion a été réalisée en présence du Secrétaire de la Sécurité de la Province et d’un procureur.

Expropriation des mapuches

Expropriation des mapuches