Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Vendredi matin, les autorités françaises ont commencé les opérations de contrôle à la frontière franco-italienne afin de refuser l’accès en France à toute personne susceptible de ‘menacer l’ordre public’ durant le sommet du G20 programmé les 3 et 4 novembre à Cannes. Vendredi, une centaines d’hommes étaient déployés aux points de passages frontaliers, et dès lundi, ils seront trois fois plus. Bruxelles a accordé à la France le droit de rétablir le contrôle systématique aux frontières (article 23 du Code frontière de Schengen) jusqu’à la fin de la semaine prochaine. Dans ce cadre, et jusqu’au 5 novembre à minuit, les policiers et gendarmes mobiles sont habilités par la justice à ouvrir les coffres de voiture. Outre l’autoroute, la route côtière et les trains seront passés au peigne fin. Aux postes de péages autoroutiers, les forces police disposent de lecteurs automatiques de plaques d’immatriculation avec caméra. Un ordinateur fait retentir une alarme lorsqu’une plaque figure dans un fichier de voitures recherchées. En cas de besoin, les autorités françaises peuvent également prendre contact avec la police italienne qui vérifiera les fichiers italiens. Il est également prévu que des équipes mixtes franco-italienne patrouillent munies de terminaux embarqués avec leurs fichiers respectifs.

Dans une vaste opération menée à Istanbul aujourd’hui contre la Kurdish Communities Union (KCK), les autorités ont arrêtés près de 70 personnes, parmi lesquelles une professeur de l’université de Larmara. Büsra Ersanli, professeur de science politique, est membre du Peace and Democracy Party (BDP) et dispose d’un siège à la commission de préparation du parti qui travaille actuellement à l’ébauche d’une nouvelle constitution. Le BDP se concentre essentiellement sur la question kurde. Le KCK, visé par la rafle de ce vendredi, est accusé d’être la branche urbaine du PKK.

Büsra Ersanli

Büsra Ersanli

Deux officiers de police ont été tués dans une attaque de présumés guérilleros du PKK ce matin dans la province d’Osmaniye (sud du pays). Selon les autorités, les officiers auraient été attaqués par un groupe de guérilleros et auraient répliqué. Deux d’entre eux et un guérilleros sont décédés au cours de la fusillade qui a suivi.

Une manifestation rassemblant plusieurs centaines de personnes s’est déroulée mercredi soir à Huzhou, dans l’est de la Chine. Les manifestants protestaient contre le doublement d’une taxe professionnelle dans le domaine de la confection, taxe exigée par le gouvernement local de manière discriminatoire. Les manifestants se sont rendus devant le siège du gouvernement local, après avoir bloqué une route nationale, renversé plus de cent voitures et incendié un bus. La police a été déployée en nombre pour contenir la foule. Selon certains témoins sur place, la police aurait interpellé plus de mille personnes après avoir appelé en renfort les forces de l’ordre de trois villes voisines. Les heurts qui s’en sont suivis auraient fait entre trois et huit morts. En outre, plusieurs agents de police ont été blessés et une dizaine de manifestants ont dû être hospitalisés après avoir été renversé par une voiture.

Emeutes en Chine

Emeutes en Chine

Une semaine après avoir promis aux prisonniers politiques palestiniens, afin qu’ils cessent leur grève de la faim, qu’elles mettraient fin à leur isolement et que tous les prisonniers à qui ce régime était infligé retrouveraient un ‘régime pénitentiaire normal’, les autorités israéliennes viennent d’annoncer leur intention de prolonger d’un an au moins l’isolement de Ahmad Sa’adat, dirigeant du FPLP. Un tribunal israélien de Bir Saba a publié ce 27 octobre une décision qui prolonge le régime d’isolement de Sa’adat. Pourtant, l’arrêt de cette mesure était une des demandes clés des prisonniers en grève de la faim, et c’est suite à l’engagement des autorités israéliennes d’y mettre un terme qu’ils avaient mis fin à leur grève. Le jugement du tribunal, fondé sur des ‘preuves secrètes’, date du 8 août dernier, mais n’avait pas été rendu public. Sa’adat a assisté à l’audience, sans y être accompagné par ses avocats. Vingt prisonniers palestiniens se trouvent aujourd’hui toujours à l’isolement, malgré la suspension de la grève de la faim le 17 octobre. Israël avait promis la fin de l’isolement immédiatement après la libération des 477 prisonniers dans le cadre de l’accord d’échange, mais malgré cette promesse publique, les autorités israéliennes n’ont pas tenu parole.

De graves affrontements ont opposés ce jeudi, dans la localité de Bargouga (à 10 km d’Annaba), les grévistes des trois unités de Batimetal, représentant les provinces de Annaba, Skikkda et Tebessa, à des unités anti-émeute de la gendarmerie nationale. Il y aurait eu huit blessés et quinze arrestations, dont trois syndicalistes. Les forces de l’ordre auraient intervenus pour disperser les employés de Batimetal après que ces derniers aient coupé, dès la matinée, la route reliant la commune d’Ain Berda à Annaba. Des gaz lacrymogènes ont été tirés par les gendarmes avant l’arrestation de plusieurs manifestants. Les employés des trois unités de Batimetal, qui regroupent 600 travailleurs, sont en grève depuis le 19 octobre dernier pour exiger notamment de la direction une permanisation de l’emploi pour tous.

Le verdict a été rendu ce matin au procès du CAS. Alors que le procureur avait renoncé à demander des condamnations, le tribunal en a pourtant prononcés. Dans la première affaire (l’incident devant l’Office des étrangers) il y a eu deux acquittements et une « suspension du prononcé » (autrement dit: la condamnation n’est pas prononcée, et l’affaire sera réexaminée en cas de récidive) pour la seule accusée qui avait reconnu les faits qui lui étaient reprochés (on ne le dira jamais assez: taisons-nous!)

Dans la seconde affaire (l’incident au congrès des libéraux européens) il y a eu six condamnations à un mois de prison avec sursis (avec inscription au casier judiciaire et tous les handicaps professionnels que cela suppose) + un euro symbolique de dommages et intérêts aux policiers qui s’étaient portés partie civile. Le tribunal a décidé que se tenir debout par les coudes était un délit de « rébellion », ce qui modifie la jurisprudence en la matière. Nous éditerons cet article lorsque nous aurons plus de détails.

En Syrie, les manifestations de contestation se poursuivent. Mercredi soir, plus de 5000 personnes ont défilé à Daël pour réclamer la chute du régime. 23 manifestants ont été arrêtés. Agissant sur base de listes, les forces de sécurité on mené ce jeudi une vaste opération de perquisitions dans plusieurs villes du pays. Un mineur de quinze ans et trois autres personnes ont été tuées lors de ces investigations à Daël. Plus au nord, deux civils ont été tués par des tirs des forces de sécurité.

Cela fait maintenant presqu’un mois que les prisonniers de ‘La Voix de L’Amasse’, organisation créée pour dénoncer le fonctionnement arbitraire de la justice, la torture physique et psychologique dans les prisons et la corruption dans les pénitenciers du Chiapas, poursuivent une grève de la faim pour exiger leur libération. Après avoir été évacués la semaine dernière, les familles et amis des prisonniers ont repris leur piquet de protestation et continuent la lutte à l’extérieur de la prison. Dans la nuit du 20 octobre, le directeur de la prison et le chef des gardiens ont fait irruption dans la cellule d’Alberto Patishtan, ‘porte-parole’ des prisonniers en grève.

Cela fait onze ans que Patishtan est en prison, accusé d’avoir massacré des policiers en 2000. Depuis son arrestation, il lutte pour dénoncer les conditions d’incarcérations des prisonniers politiques et en est en quelque sorte devenu le symbole, après avoir déjà notamment mené de nombreuses grèves de la faim et autres actions de protestation. Aux dernières nouvelles, il semblerait qu’il ait été transféré à la prison fédérale de haute sécurité de Sinaola, à plus de 2000 kilomètres du Chiapas. Là, il se trouve isolé en cellule 23 heures par jour, n’a droit qu’à une visite autorisée tous les trois mois, n’a pas le droit de recevoir de visites de personnes solidaires, ni de correspondre avec qui que ce soit.

Alberto Patishtan

Alberto Patishtan

Mardi dernier, la police de Marseille a arrêté deux frères d’origine kurde après avoir perquisitionné leur domicile. Le même jour à Paris, les autorités ont arrêté un troisième jeune homme. Après les opérations du 11 octobre dernier, cela porte à dix le nombre de personnes arrêtées depuis le 7 octobre, et l’accord de coopération conclu entre la France et la Turquie. Toutes ont été interpellées pour des motifs politiques en lien avec le PKK. Cinq des sept personnes interpellées le 11 octobre ont été mises en examen par un juge antiterroriste, tout comme l’association franco-kurde en tant que personne morale. L’accord signé entre les deux pays prévoit une coopération opérationnelle de lutte contre le terrorisme alors que la France a récemment rappelé sa détermination totale et indéfectible aux côtés de la Turquie contre le PKK.