Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le 25 avril 2007, jour anniversaire de la chute du régime fasciste au Portugal, une grande manifestation s’est tenue à Lisbonne, en réponse à la force croissante de l’extrême-droite dans le pays. Les mots d’ordre étaient clairs: anti-fascisme et anti-capitalisme. Le cortège, accompagné par la police, s’est déroulé sans incidents. A l’issue du rassemblement, quelques 150 personnes ont décidé d’effectuer un trajet ‘retour’. C’est alors que d’importantes forces de sécurité se sont déployées et ont bloqué la rue dans les deux sens. Les policiers anti-émeutes sont descendus des voitures en marche et ont commencé à donner la chasse aux manifestants. Ils ont cogné avec leurs bottes, leurs matraques,… Une fille qui fuyait a été attrapée, frappée, immobilisée au sol et trainée jusqu’à une voiture où elle a été enfermée.

De nombreuses personnes ont été blessées et onze ont été arrêtées. Les onze militants se trouvent aujourd’hui toujours en prison, accusés d’outrage, de rébellion et de désobéissance civile, alors qu’ils ont simplement tenté de fuir face aux assauts brutaux et injustifiés des forces de l’ordre. Leur procès devait initialement se tenir ce 7 décembre, mais au jour dit, le juge a constaté que les notifications aux accusés n’avaient pas été faites et à du reporter l’audience au 22 janvier. Les onze détenus risquent jusqu’à cinq ans de prison.

Manif antifasciste à Lisbonne

Manif antifasciste à Lisbonne

Le 18 novembre, la Cour suprême du Brésil décidait de l’extradition de Cesare Battisti par cinq voix contre quatre, ajoutant qu’il revenait au président Lula de décider en dernier ressort de son application. Mais l’Italie, où il a été condamné par contumace à la prison à perpétuité, et qu’il fui, réclame son extradition de manière de plus en plus insistante. C’est ainsi qu’elle a posé il y a quelques jours une question de droit à la Cour suprême du Brésil, à laquelle cette dernière a répondu que s’il revenait bien au président de trancher la question, il devra néanmoins respecter l’accord bilatéral d’extradition signé avec l’Italie. Cette affirmation limite grandement le pouvoir décisionnaire de Lula, qui s’était jusqu’ici montré clairement défavorable au renvoi de Battisti dans son pays d’origine. Ratifiant la demande d’extradition et imposant une décision au président brésilien, la Cour suprême a rapproché un peu plus le militant d’un retour en Italie.

Hospitalisée dans la nuit de mercredi à jeudi, la militante saharaouie a pu rejoindre le Maroc ce vendredi matin. Elle avait demandé à être emmenée à la clinique pour des douleurs d’estomac et avait clairement affirmé qu’elle n’avait aucunement l’intention d’interrompre la grève de la faim qu’elle observait depuis plus d’un mois. C’est là qu’elle a appris qu’elle était autorisée à rentrer chez elle (sur la photo: à sa sortie de l’hôpital).

Aminatou Haidar avait été expulsée du Maroc à son retour d’un voyage aux Etats-Unis, pour avoir inscrit sur sa fiche d’entrée qu’elle était résidente du Sahara occidental. Les autorités marocaines, estimant que c’était un déni de nationalité, lui ont confisqué son passeport et l’ont mise dans un avion pour l’Espagne. C’était le 14 novembre dernier et depuis, la militante se trouvait, sans papiers, enfermée à l’aéroport de Lanzarote. Luttant depuis plus de vingt ans pour la liberté du peuple saharaoui, emprisonnée pour ses revendications entre 1987 et 1991 et en 2005, Aminatou Haidar a embarqué cette nuit dans un avion médicalisé en direction de Laâyoune, avant de rejoindre sa famille. A sa sortie de l’hôpital, la militante a, entre autre, affirmé que c’était un triomphe pour la cause saharaouie.

Aminatou Haidar

Aminatou Haidar

Le Forum Against War on People a organisé à Dehli la Marche contre la guerre contre le peuple (photos) afin de protester contre l’offensive militaire brutale de l’état indien sur les populations tribales de l’Inde centrale et orientale à travers l’Opération Green Hunt, menée par 100.000 militaires et paramilitaires. La marche a commencé à partir de RAM Lila Maidan à 11 h et atteint la rue du Parlement, où différents militants sociaux, intellectuels, représentants d’organisations populaires et militants des droits civils se sont adressés à l’assemblée. Des délégations du Punjab, Haryana, Uttar Pradesh, Bihar, Jharkhand, Orissa, Andhra Pradesh, Maharashtra, Tamil Nadu et du Kerala ont participé au rassemblement.

Le mouvement populaire de protestation contre les crimes de la contre-guérilla se heurte à mille difficultés dont voici un exemple. Les 12 et 13 décembre, plus d’une centaine d’activistes s’étaient rassemblés à Raipur pour participer à un meeting sur les violences sexuelles et la répression de l’Etat. A la fin du week-end, 39 d’entre eux décident de se rendre à Dantewada, afin d’étendre le soutien et la solidarité aux femmes adivasis de la région.

Après deux heures de route, ils subissent un premier contrôle de police. Les chauffeurs sont emmenés au poste pendant que les activistes sont interrogés. Sous prétexte de les questionner, les policiers mettent en garde les conducteurs quant aux risques de transporter des militants. Au bout de deux heures, trois des quatre véhicules peuvent enfin repartir (un des chauffeurs se voit interdit de reprendre la route sous prétexte qu’il ne dispose pas des papiers adéquats). Après vingt minutes de route, ils sont à nouveau arrêtés. Sous la pression des forces de sécurité, les chauffeurs refusent d’aller plus loin. Les 39 militants embarquent dans deux bus et subissent de nouveaux contrôles d’identité sur le trajet. Au troisième d’entre eux, les policiers déclarent aux passagers et aux conducteurs qu’ils ne pourront reprendre la route que s’ils débarquent les activistes. Les 39 sont emmenés au poste de police, où après de longues heures, on leur dit qu’on les a forcé à débarquer ‘pour leur propre protection’ et que s’ils le souhaitent vraiment, ils leur fourniront des véhicules privés pour se rendre à Dantewada.

Soupçonneux, les militants décident de reprendre un autre bus, pour se rendre d’abord à Jagdalpur afin de dénoncer la situation, avant de reprendre leur voyage. Mais, prévenus par la police, les chauffeurs refusent qu’ils embarquent. Pendant ce temps, les militants ont pu contacter des membres de leurs collectifs ainsi que les médias, qui commencent à affluer. Finalement, les 39 militants déclarent forfait et rentrent à Raipur. Le trajet de retour ne sera pas de tout repos, entre les différents contrôles d’identité, un sabotage d’un pneu du bus et les slogans intimidants. Cette expédition manquée ne peut entraîner qu’un seul constat: l’état cache tous ses crimes ignobles commis dans la région, allant jusqu’à empêcher des équipes indépendantes d’aller soutenir les populations martyrisées, pour cacher l’usage de la violence, sexuelle ou autre, comme méthode de répression.

Manifestation contre l’opération Green Hunt

Manifestation contre l’opération Green Hunt

Manifestation contre l'opération Green Hunt
Manifestation contre l'opération Green Hunt

La FAU-AIT (Free Worker Union) de Berlin mène depuis plusieurs mois une campagne active dans une chaîne de cinémas de la ville. Elle a notamment travaillé à la réintégration d’une de ses militants licencié. Le conflit avec l’entreprise portait également sur les conditions de travail, l’arrêt du travail bénévole, les salaires et la régularisation des travailleurs temporaires. Face à la résistance acharnée des employés qui dure depuis presque un an, la direction a décidé d’employer les grands moyens. Soutenue dans ce conflit par le gouvernement local de Berlin ainsi que par un syndicat réformiste local, elle a carrément obtenu l’interdiction pour la section de la FAU de Berlin d’utiliser le terme ‘syndicat’. Tout individu qui s’y risquerait pourrait se voir attribuer une amende de 250.000€. De fait, l’union syndicale se trouve donc interdite. Le secrétaire de la FAU Berlin a réagi à cette décision en dénonçant la liberté d’association des travailleurs. Si cette décision devait être confirmé (la FAU a interjeté appel), elle constituerait une attaque contre toute forme indépendante d’organisation de base du peuple.

La libération de Jean-Marc Rouillan et la décision de mise en liberté conditionnelle de Georges Cipriani avait provoqué un sensible relâchement du mouvement de solidarité. Or, Jean-Marc est retourné en prison (suite à l’interprétation d’une réponse donnée à une article de presse) et, suite à un appel du procureur de la République, la libération a été refusée à Georges. Depuis, Jean-Marc est tombé gravement malade, une maladie rarissime (20 cas en France), évolutive (elle peut rester latente pendant dix ans comme foudroyer le malade en quelques mois) et qui provoque la calcification des artères.

Hier jeudi, au CICP de Paris, s’est tenu un meeting de solidarité avec les prisonniers d’Action Directe, en présence d’une délégation de notre Secours Rouge. La relance du mouvement de solidarité était à l’ordre du jour. Différentes initiatives auront lieu à Paris, Toulouse, Marseille et Strasbourg. Le 21 février une importante manifestation aura lieu à Paris. Notre Secours Rouge organisera un co-voiturage à partir de Bruxelles ce jour là.

Le 5 novembre 2008, la police allemande a effectué une vague de perquisitions dans le cadre d’une opération prétendumment antiterroriste visant la gauche radicale turque. Le siège de la Fédération anatolienne (organisation turque luttant pour les droits politiques et sociaux des immigrés en Europe), deux autres locaux qui lui sont affiliés ainsi que de nombreux domiciles privés ont ainsi été visités. Des ordinateurs, des appareils photo et l’argent des caisses des collectifs ont été saisis. La présidente de la Fédération Nurhan Erdem ainsi que deux autres militants ont été arrêtés et sont toujours en détention. Depuis 14 mois, ils sont soumis à un régime d’isolement intense, ne disposant d’un parloir d’une demi-heure que toutes les deux semaines. En outre, la plupart des membres de leur famille proche sont interdits de visite sous prétexte qu’ils pourraient servir de relais entre les prisonniers et le mouvement politique auquel ils appartiendrait. Aucune date de procès n’a encore été fixée, mais l’on sait qu’ils seront poursuivis en vertu de la loi antiterroriste allemande

Face à cette criminalisation, la section belge du Comité des Libertés appelle à un rassemblement ce vendredi 18 décembre à 14h devant l’ambassade d’Allemagne à Bruxelles, 8-14 rue de J. de Lalaing à Etterbeek.

C’est ce mercredi 16 que la 13ème Chambre de la Cour d’appel de Bruxelles aurait du rendre son verdict au procès DHKP-C. Une soixantaine de personnes (parmi lesquelles une délégation de notre Secours Rouge) était présente pour manifester leur solidarité avec les inculpés. Finalement, le prononcé du verdict a été reporté au 23 décembre.

Rassemblement au procès DHKP-C

Rassemblement au procès DHKP-C

A 9h30 ce mercredi matin, plus de 5.000 personnes s’étaient rassemblées dans le centre ville de Copenhague pour se rendre au Bella Center. Les forces de l’ordre avaient pris position sur les ponts et les routes empruntés par le cortège, stoppant autocars, bus et voitures pour contrôler leurs occupants à ‘l’allure suspecte’ et leurs bagages. La station de métro du centre de conférence a été fermée. A l’arrivée des manifestants, les policiers danois ont pris d’assaut le camion de sonorisation qui se trouvait au bout du cortège (photo).

Entre 700 et 800 personnes ont tenté de franchir par l’arrière l’enceinte clôturée par plus de six kilomètres de grillages de la zone de conférence. Elles ont butté sur un impressionnant dispositif policier et canin. Après une bousculade, des jets de gaz lacrymogènes, les militants ont été arrêtés, menottés et assis par terre. De nombreux membres d’ONG ont reçu des coups et au moins 170 personnes ont été interpellées de manière souvent musclée. 34 personnes ont également été interpellées dans un centre commercial tout proche.

En début d’après-midi, deux militants sont parvenus à déjouer la vigilance des services de sécurité et ont fait irruption dans la séance plénière de la conférence. Ils ont été vivement applaudis par une partie des représentants des pays en développement avant d’être trainés en dehors de la salle.

Charge policière à Copenhague

Charge policière à Copenhague

Le procès avait commencé le 15 mars 1982 et s’est clôturé aujourd’hui, après 29 ans de procédure. Il avait été lancé par la junte fasciste du général Kenan Evren qui aujourd’hui, passe une retraite paisible sur la riviera turque. Dans ce procès de masse intenté contre le DHKP-C qui s’appelait à l’époque Devrimci Sol (Gauche révolutionnaire, plus connu sous son diminutif Dev-Sol), 1243 inculpés dont Dursun Karatas, le fondateur du mouvement évadé de la prison de Bayrampasa en 1989 et décédé l’an dernier aux Pays-Bas, durent comparaître ensemble devant des juges militaires.

Après avoir perdu les centaines de classeurs qui constituaient le dossier pénal, les tribunaux ‘civils’ auront délibéré dans le sens de leurs prédécesseurs militaires. 39 des 1223 (!) accusés ont été condamnés à la prison à perpétuité. Vu l’ancienneté de faits, les quelques condamnés qui auront survécu au terrorisme d’Etat (nombreux sont les inculpés qui ont été assassinés durant les années 90) bénéficieront de prescription. Les peines de prison à vie ont été converties en peines de prison de huit années d’emprisonnement en vertu de la loi sur le terrorisme pour ce type de délits. La plupart des condamnés ayant déjà été emprisonné huit ans ou plus sont ressortis libres du tribunal. Un des avocats a déclaré qu’ils iraient en appel de cette décision. Il met en avant le fait que ce procès a débuté durant la période du coup d’Etat, période durant laquelle la seule méthode d’enquête était la torture. Vingt militants accusés dans ce procès ont également porté plainte devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour procès inéquitable.