Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Les militaires colombiens ont tué « Maikol », un commandant du 57e Front, groupe dissident des FARC, lors de combats dans une zone rurale de Tuluá, dans la Valle del Cauca. L’opération s’est déroulée dans le village de La Arenosa, dans le cadre de l’opération « Ayacucho Plus », où les troupes ont affronté pendant deux jours des membres de ce groupe de guérilla. Un deuxième membre du 57e Front des FARC a été tué dans cette opération. ​​Maikol était accusé d’avoir coordonné des homicides, levé l’impôt révolutionnaire et géré les ressources illicites du groupe. Il faisait également l’objet de mandats d’arrêt pour association de malfaiteurs, homicide aggravé et port d’armes illégal, entre autres infractions. Ces décès s’ajoutent à l’arrestation par la police de Valle del Cauca dit « Juan José », 23 ans, membre présumé des réseaux de soutien urbains du 57e Front, actif à Sevilla et à Caicedonia, dans le nord de la Valle del Cauca.

Lucio García Blanco, militant du Parti Communiste d’Espagne (reconstitué), a passé près de 30 ans en prison suite à six arrestations distinctes. Il a mené 23 grèves de la faim durant son incarcération. Il a eu 75 ans en octobre et purgera sa peine jusqu’au 26 avril 2026. Il présente des séquelles de torture subies en garde à vue et souffre depuis des années de démence sénile. Son état mental se détériore et il souffre de plus en plus fréquemment d’épisodes de désorientation et de confusion mentale. Sa demande de libération conditionnelle a été rejetée à plusieurs reprises. Lucio et ses défenseurs ont refusé des libérations conditionnelles partielles, comme incapables de lui permettre de se soigner. Le 28 octobre dernier, l’avocat de Lucio a déposé une requête auprès de l’Audience nationale afin d’obtenir sa libération complète et immédiate. Or, le 12 novembre, le Tribunal central de surveillance pénitentiaire de l’Audience nationale a répondu à l’avocat que le refus d’une libération conditionnelle partielle induit le rejet de la demande de libération complète. Le 5 décembre, l’avocat de Lucio a interjeté appel.

En général, mieux vaut privilégier Signal, mais que ceux et celles qui utilisent WhatsApp soient alerté·es contre la multiplication des attaques visant les comptes de cette messagerie. Les attaques combinent ciblage sophistiqué et ingénierie sociale (de manipulation, autrement dit) pour obtenir un accès non autorisé, puis déployer d’autres logiciels malveillants susceptibles de compromettre tout le smartphone. Le mode opératoire repose sur des vecteurs classiques : liens empoisonnés, QR codes falsifiés, applications piégées ou encore clones d’apps populaires. Et malgré cette montée en puissance technique, la première menace reste d’une simplicité déconcertante : le vol du code d’authentification envoyé par WhatsApp. C’est le scénario le plus courant. Un attaquant contacte sa victime, la convainc de partager le code à usage unique reçu par SMS, puis transfère le compte sur son propre appareil. Une fois l’opération réalisée, l’utilisateur légitime se retrouve éjecté et doit entamer un processus parfois long pour récupérer son compte. Bref: ne jamais partager votre code de connexion, même avec vos proches. L’entreprise n’a d’ailleurs aucun moyen de désactiver un compte sans pouvoir prouver que le numéro appartient bien à son propriétaire.

Face à ces menaces, l’entreprise invite à vérifier trois réglages essentiels dans Paramètres > Compte. D’abord, l’activation de la vérification en deux étapes. L’utilisateur définit un code PIN permanent, demandé lors de toute tentative de connexion. C’est la barrière la plus importante. L’ajout d’une adresse e-mail de récupération servira en cas de perte du PIN ou si le compte est détourné. Enfin, l’activation d’une passkey (ou clé de passe) : ce système d’authentification renforce encore la sécurité du compte en l’associant à un identifiant cryptographique, généralement une empreinte digitale ou le scan du visage. Au-delà des protections existantes, certains experts plaident pour une transformation plus profonde : associer l’authentification de WhatsApp non pas au numéro de téléphone, mais à la carte SIM physique présente dans l’appareil. Aujourd’hui, n’importe quel attaquant peut détourner un compte simplement en interceptant un code reçu par SMS. Lier l’application à la SIM empêcherait ce transfert silencieux : l’identifiant deviendrait indissociable du téléphone réel.

Dossier(s): Sécurité IT Tags:

Le collectif basque antirépressif Tinko recense dix prisonnier·es politiques basques refusant la ligne politique du collectif majoritaire EPPK (qui rassemble 105 prisonnier.e.s). L’EPPK, qui évolue dans le cadre de la Gauche patriote officielle, a récemment accepté d’étudier des démarches individuelles (aménagements de peine, rapprochements) dans le cadre légal espagnol, tout en refusant certaines conditions humiliantes (repentir, collaboration). Ceux et celles soutenu·es par Tinko critiquent cette position et inscrivent leur combat dans la recherche d’une solution politique collective, incluant une amnistie globale pour les prisonnier·es politiques basques et les réprimé·es de ce combat en général, dans la perspective de la continuité de la lutte de libération nationale et sociale du peuple basque, pour l’indépendance et le socialisme.

Le site de Tinko

Ce vendredi 12 décembre, la préfecture de l’Hérault a publié un arrêté interdisant une nouvelle fois la tenue d’un rassemblement de soutien à la Palestine sur la Place de la Comédie, prévu ce samedi 13 décembre et appelé par une dizaine d’organisations et associations. La préfecture justifie sa décision en reprochant au collectif BDS-Urgence Palestine ses opérations de boycott, ses actions symboliques réalisées lors du passage du Tour de France ou devant la Maison des relations internationales, et sa participation à des manifestations le 10 et le 18 septembre, où “les forces de l’ordre ont été prises pour cible de slogans hostiles” et où “des affrontements entre militants extrémistes n’ont pu être évités” (bien qu’on ne sache pas vraiment quel rapport BDS a avec ces deux dernières allégations). Des motifs qui conduisent à un décalage de la manifestation : le rendez-vous est donné à 14 heures en bas de la rue de la Loge, et non sur la Comédie comme précédemment indiqué.

Toujours ce vendredi 12 décembre, José-Luis Moraguès, co-animateur historique de la campagne BDS-Urgence Palestine à Montpellier, était jugé en appel pour diffamation. En première instance, le tribunal l’avait relaxé au sujet d’une pancarte sur laquelle figurait le visage de Carole Delga, Hussein Bourgui et Kleber Mesquida, élus socialistes du Département et de la Région, orné de la mention ““Israël et ses complices”. Le délibéré est attendu le 9 février. José-Luis Moraguès passera également en procès pour diffamation le 19 février, après une plainte de Perla Danan, présidente du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et de Michèle Bensoussan, présidente du Centre Culturel Juif Simone Veil, pour une vidéo publiée sur les réseaux sociaux de BDS, qualifiant les positions politiques des deux institutions de “sionistes”. Enfin, le 21 janvier, José-Luis ainsi qu’un autre militant de BDS seront jugés en appel pour dégradation de bien d’autrui après avoir versé de la gouache rouge sur un drapeau américain à la maison des relations internationales de Montpellier en juin 2024. En première instance, le jeune militant de BDS avait été relaxé, et José-Luis Moraguès avait été condamné à 150 euros d’amende avec sursis, ainsi que 30 euros à payer pour le drapeau américain.

Facundo Jones Huala, figure de proue du groupe Résistance Ancestrale Mapuche (RAM), qui avait été extradé d’Argentine (voir notre article), restera en détention pendant au moins 90 jours supplémentaires. Cette décision a été prise à l’issue d’une audience visant à déterminer la suite de la procédure, au cours de laquelle le parquet a requis un délai supplémentaire pour l’enquête, requête qui a été acceptée par le juge. Les avocats du Gremial (une association d’avocats chiliens) définissent l’affaire comme « non pas juridique, mais politique », et ont précisé : « Quoi que nous disions, le juge allait prolonger la détention.» Facundo restera emprisonné pendant encore 90 jours, et que sa détention sera ensuite probablement encore prolongée. Il est incarcéré à plus de 800 kilomètres de sa famille, de sa communauté, de son peuple, dans la pire prison du Chili. Jones Huala est détenu à Rawson depuis juin. Son équipe de défense avait initialement demandé son transfert à Esquel, mais si la requête avait d’abord été acceptée, la décision a ensuite été annulée, le gouvernement fédéral invoquant des raisons de sécurité.

Facundo Jones Huala

En mars 2024, suite à un signalement de l’Association de sauvegarde de la ceinture verte d’Avignon (ASCVA) au sujet de la destruction prochaine d’un corps de ferme, le mas de Barre, une dizaine de militant·es de plusieurs collectifs se mobilisent pour l’occuper. Les bâtiments sont la propriété de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de la région Sud. Celle-ci les a acquis dans le cadre du projet de la « Liaison Est-Ouest », dit LEO, visant à créer un contournement routier de la ville d’Avignon. Problème : le tracé passe pile-poil dans une zone agricole, que défendent de longue date des associations comme l’ASCVA au nom de la préservation des terres nourricières et de l’autonomie alimentaire.

À partir du 7 mars, le mas de Barre devient donc une zone à défendre. Le 17 avril 2024, à huit heures du matin, et sans qu’aucun avis d’expulsion n’ait été notifié, les personnes présentes sont nassées dans un hangar, insultées et intimidées (photo). Neuf sont envoyées en garde à vue. D’abord placé·es en garde à vue sur délit de squat, les militant·es ressortent accusé·es d’installation en réunion sur un terrain privé. Sept personnes écopent alors d’une ordonnance pénale, à laquelle trois d’entre elles décident de faire opposition. Un an plus tard, alors que les trois prévenu·es se présentent devant le tribunal correctionnel d’Avignon. Ils tiennent le délit pour nul car rien n’indique qu’ils étaient sur place avant le jour de l’évacuation des lieux. Les trois militant·es ont appris leur relaxe le 7 novembre dernier, mais iels sont désormais inscrit·es au fichier du traitement d’antécédents judiciaires (TAJ). Le projet LEO, quant à lui, est enterré.

Dossier(s): France - Autres sujets Tags: ,

L’Agence nationale d’enquête ( National Investigation Agency , NIA) a déposé jeudi un acte d’accusation contre 11 membres et sympathisants supposés du Parti communiste d’Inde (maoïste), pour la réquisition à main armée d’environ 4 000 kg d’explosifs de haute qualité dans la région de Rourkela, dans l’État d’Odisha, en début d’année. Les 11 accusés sont poursuivis en vertu des articles de la loi sur la prévention des activités illégales, de la loi sur les armes et de la loi sur les substances explosives. 200 paquets, contenant chacun 20 kg d’explosifs, initialement destinés à une carrière de pierre privée, avaient été saisis le 27 mai 2025, lorsque 10 à 15 guérilleros maoïstes avaient détourné un camion chargé d’explosifs près de la carrière de Banko. Des opérations de ratissage conjointes menées par le Groupe d’opérations spéciales (SOG) de la police d’Odisha, la Force centrale de réserve de la police (CRPF), les Jaguars du Jharkhand et la Force volontaire du district dans la chaîne de collines de Gandhamardan (à la frontière entre Balangir et Bargarh) avaient permis de récupérer la majeure partie de ces explosifs (voir notre article et la photo).

Dossier(s): Inde-Népal Tags: , ,

C’est le 3 novembre que le procès des anarchistes Aldo et Lucas Hernandez s’est achevé avec leur condamnation à respectivement 21 et 12 ans de prison, pour l’attaque contre la Direction Générale de la Gendarmerie, en décembre 2021 (voir notre article). Le 21 juillet de cette année, entre des rassemblements et de multiples actions solidaires (voir notre article), a commencé leur long procès, qui s’est déroulé au Centre de Justice de Santiago. Les plaignants, c’est-à-dire le Parquet, le Ministère de la sécurité publique et la Gendarmerie du Chili, exigeaient au début des peines allant de vingt ans de prison pour Lucas à 90 ans de prison pour Aldo. Plus tard, après la lecture du verdict, le 3 octobre, les plaignants ont sollicité une peine de 32 ans et 1 100 jours pour Aldo et une peine de 18 ans et 800 jours pour Lucas. Finalement, Aldo est condamné à 21 ans et de Lucas à 12 ans.

Après la découverte d’une vache contaminée par la dermatose nodulaire contagieuse dans une exploitation de Bordes-sur-Arize, la préfecture de l’Ariège a ordonné l’abattage des 208 bêtes du troupeau, sans que les 207 autres n’aient été testées ou vaccinées. Face à cette décision prise sans concertation avec les éleveurs, plus de 600 agriculteurs de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne se sont mobilisés pour faire barrage à une mesure qui, in fine, condamne les petites exploitations. Dans la nuit du jeudi 11 décembre, ce sont près de 300 agents de la police et de la gendarmerie qui ont réprimé les 600 agriculteurs avec tirs de grenades lacrymogènes et de dispersion, un hélicoptère, ainsi que plusieurs charges. Quatre agriculteurs ont été interpellés. Après une nuit d’affrontements, la police a brisé le barrage et les services vétérinaires de commencer l’abattage du troupeau sous la protection d’un cordon policier. Le gouvernement impose une nouvelle fois par la violence un dispositif que les syndicats dénoncent depuis plusieurs semaines. Dans le Tarn, près de 200 agriculteurs solidaires ont bloqué plusieurs axes routiers.

En savoir plus

Dossier(s): France - Autres sujets Tags: