Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le prisonnier politique Patxi Ruiz, qui avait déjà observé en septembre 2025 une grève de la faim de 24 heures pour protester contre la « gestion déplorable » des services médicaux de la prison d’Iruñea (voir notre article), a repris une grève de la faim illimitée face à une situation qu’il estime inchangée. Dans une note adressée à la direction pénitentiaire, Patxi déclare : « Le 9 décembre, j’entamerai une grève de la faim en signe de protestation contre le manque d’attention médicale que nous subissons dans cette prison et qui, cette fois, a provoqué la mort d’une femme âgée nommée Begoña. »

Le procès de Daniela Klette, ex-membre présumée de la RAF jugée à Verden pour une série de braquages, se déroule dans un ancien manège isolé où les conditions d’accès soulèvent des critiques : presse et public sont placés derrière une vitre, doivent quitter les lieux lors des pauses et l’accès à la salle de presse est fortement limité, obligeant journalistes et spectateurs à attendre dehors sans infrastructures. Ces mesures, décidées par le juge président, alimentent les inquiétudes et les critiques quant au droit de la presse et du public.

Le militant kurde Welat Çetinkaya, poursuivi en Allemagne au titre de l’article 129b pour direction présumée d’une structure locale du PKK entre 2020 et 2021, a été condamné à 1 an et 9 mois de prison par le tribunal régional supérieur de Stuttgart, qui a refusé un sursis et ordonné le maintien en détention. Extradé d’Italie en avril 2025, Çetinkaya affirme être poursuivi pour son engagement politique.

La bourgmestre d’Anvers, Els van Doesburg, maintiendra cette année encore les assignations à résidence préventives visant une cinquantaine de jeunes considérés comme fauteurs de troubles potentiels durant la nuit du Nouvel An, une mesure déjà contestée mais validée l’an dernier par le Conseil d’État. Le nombre de jeunes concernés, souvent connus pour des faits tels que incendies volontaires, vandalisme ou vols, est en hausse, tandis que la controverse persiste : l’auditeur du Conseil d’État souligne que la ville n’a pas démontré qu’une simple interdiction de zones sensibles ne permettrait pas d’atteindre le même objectif de sécurité.

L’Australie devient le premier pays au monde à interdire l’accès à la plupart des réseaux sociaux aux moins de 16 ans, une mesure entrée en vigueur le 10 décembre 2025 et visant Facebook, Instagram, YouTube, TikTok, Snapchat, Reddit, Threads ou encore X, sous peine d’amendes pouvant atteindre 1,75 million d’euros. Malgré ces ambitions, l’Australie reconnaît les limites techniques de la vérification d’âge, estimant qu’aucune solution ne pourra totalement être fiable.

Le 8 décembre 2025, les 27 États membres de l’Union européenne ont approuvé un durcissement significatif du pacte asile et migration, visant notamment à accélérer le retour des migrants irréguliers et à permettre leur envoi vers des pays tiers jugés sûrs, même si ce ne sont pas leurs pays d’origine. Le texte prévoit aussi une répartition plus importante des migrants entre États membres pour réduire leur présence dans les pays d’entrée principaux. Une mesure clé concerne les « plateformes de retour », c’est-à-dire des centres situés dans des pays tiers où seraient accueillis les migrants dont la demande d’asile a été refusée avant leur éventuel renvoi vers l’UE. Malgré plusieurs contestations, y compris sur le terrain juridique, cette pratique pourrait s’étendre à d’autres pays. Ces mesures doivent encore être adoptées par le Parlement européen, avec une possible mise en œuvre en 2026.

BDS/Urgence Palestine Montpellier appelle à se rassembler le vendredi 12 décembre dès 8H devant la Cour d’Appel (Arc de triomphe – Tram 4 – Peyrou) pour soutenir José-Luis Moraguès, militant poursuivi en justice après des plaintes pour diffamation de différents responsables politiques locaux, malgré sa relaxe en première instance (voir notre article). Ce nouveau procès s’inscrit dans le cadre d’une intensification de la criminalisation du mouvement de la solidarité avec la Palestine depuis plusieurs années.

La situation des prisonniers engagés dans une grève de la faim collective est devenue extrêmement préoccupante. Amu Gib et Qesser Zuhrah en sont à 37 jours sans nourriture. L’état d’Amu Gib se détériore si vite qu’elle n’a plus la force de faire des déclarations, tandis que Qesser Zuhrah a dû être transférée d’urgence à l’hôpital en raison de signes vitaux dangereusement bas. La prison lui a en outre interdit tout contact avec l’extérieur.À 31 jours de grève, Jon Cink a lui aussi été hospitalisé du fait d’un taux critique de sucre et de cétone dans le sang. Kamran Ahmed, au 29ᵉ jour, a été admis pour la deuxième fois à l’hôpital, souffrant de douleurs thoraciques et de vertiges. La situation de Teuta Hoxha, au 30ᵉ jour, est tout aussi alarmante : les conditions de son traitement hospitalier étaient si déplorables qu’elle a quitté l’établissement d’elle-même afin de pouvoir enfin joindre son avocate, un droit qui lui était refusé. Heba Muraisi, au 36ᵉ jour, a été hospitalisée à plusieurs reprises. Malgré une demande de masque formulée depuis plus d’une semaine, elle a été ignorée, ce qui fait désormais craindre une infection à la COVID. Par ailleurs, Muhammed Umer Khalid, au 7ᵉ jour, a averti que la grève pourrait le conduire à devoir utiliser un fauteuil roulant, et Lewie Chiaramello, malgré son diabète, a débuté un jeûne régulier en signe de solidarité.

Malgré tout, leur détermination demeure intacte pour exiger que le Royaume-Uni rompe ses liens avec Elbit Systems, mette fin à l’interdiction de Palestine Action, garantisse la libération sous caution immédiate des 33 prisonniers britanniques pour leur engagement pro-palestinien et la fin de la censure en détention. Amu Gib et Jon Cink doivent d’ailleurs comparaître ce vendredi à l’Old Bailey pour leur audience de demande de libération sous caution.

À l’occasion de la Journée internationale des droits humains, des manifestations se tiendront le 10 décembre dans plusieurs villes du Maroc, à l’appel de Genz212, du Comité de soutien aux détenus et de nombreuses organisations, pour exiger la libération des prisonniers politiques, honorer les martyrs et réaffirmer l’espoir de liberté porté par la jeunesse marocaine. Un rassemblement est également prévu à Paris, Place de la République, à 18H30, afin de faire entendre la voix du peuple marocain en solidarité avec celles et ceux que l’on a enfermés pour leur engagement militant.

Dans un récent communiqué, le Birleşik Devrimci Parti (Parti révolutionnaire uni) dénonce les prisons de type puits, affirmant que ces établissements imposent des conditions inhumaines (absence de soleil, isolement prolongé, restrictions des communications) et ciblent particulièrement les détenus révolutionnaires. Afin de s’y opposer, deux prisonniers de l’organisation, Celal Punar et Fergil Fırat, ont entamé une grève de la faim le 5 décembre dernier pour exiger la fin de ce régime, alors que d’autres prisonniers révolutionnaires sont également en grève de la faim (voir notre article).