Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le gouvernement belge veut faire adopter une loi autorisant des « visites domiciliaires », c’est-à-dire des intrusions policières dans les logements de personnes sans papiers ou de leurs hébergeurs, afin de procéder à des arrestations, détentions et expulsions. La police pourrait forcer l’entrée entre 5H et 21H avec une simple autorisation d’un juge d’instruction, tandis que les recours des personnes arrêtées ne seraient pas suspensifs. Le Premier ministre Bart De Wever présente la mesure comme ciblant des individus qui menaceraient l’ordre public, cependant les critères retenus touchent une grande partie des personnes sans papiers.

Chaque année, les mobilisations du 6 décembre commémorent le meurtre à Exarcheia du jeune anarchiste Alexandros Grigoropoulos et la révolte de 2008 qui s’en est suivie. Cette année, la journée a été marquée par une répression particulièrement intense. Dès le matin, Athènes était saturée de forces policières occupant les rues et harcelant habitants et manifestants, allant jusqu’à enlever et détenir des militants de Prosfygika. Une marche a ouvert la journée, suivie en soirée de la grande manifestation annuelle, qui a réuni plus de six mille personnes malgré une présence policière massive. Les forces de l’ordre ont violemment attaqué le cortège avant son entrée à Exarcheia, empêchant son arrivée au lieu du meurtre d’Alexis et arrêtant des dizaines de personnes. Des scènes similaires ont été signalées à Thessalonique et dans d’autres villes, où les manifestations ont été encerclées et des militants interpellés.

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Le programme turc des Centres d’Enseignement Professionnel (MESEM), qui oblige les jeunes de 14 ans et plus à travailler quatre jours par semaine en entreprise, est massivement critiqué par les syndicats et les défenseurs des droits pour institutionnaliser le travail des enfants et fournir une main-d’œuvre bon marché, ce qui a entraîné au moins 15 décès d’élèves ces deux dernières années scolaires. Les protestations contre ces politiques ont été violemment réprimées, notamment l’arrestation et l’incarcération de 16 étudiants membres du TİP (Parti des travailleurs de Turquie) lors d’une manifestation dénonçant les crimes du MESEM le 3 décembre 2025.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la France pour violation de l’article 3 de la Convention des droits de l’homme (interdiction des traitements inhumains ou dégradants), estimant que les autorités n’avaient pas fourni les soins médicaux adéquats à l’ancien chef militaire présumé de l’ETA, Juan Ibon Fernandez Iradi, qui souffre de sclérose en plaques depuis 2011. La Cour, qui a jugé la prise en charge tardive et défaillante, notamment concernant le suivi neurologique, a octroyé à Fernandez Iradi, aujourd’hui détenu en Espagne, 10 000 euros au titre du dommage moral.

Le Dr Barış Kaya, connu pour offrir des soins médicaux gratuits aux populations vulnérables, sera jugé le 9 décembre 2025 devant la Cour criminelle d’Istanbul. Arrêté sous des accusations jugées infondées par ses soutiens, il aurait été maltraité et privé de son droit de pratiquer la médecine. Ses partisans dénoncent une criminalisation de l’accès gratuit aux soins et appellent la population à assister au procès, à envoyer des messages aux ministères de la Santé et de la Justice, et à diffuser des vidéos de soutien, affirmant que fournir des soins gratuits à la population n’est pas un crime.

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La police tanzanienne vient d’annoncer l’interdiction de toute manifestation prévue dans le pays le 9 décembre prochain, estimant qu’aucune notification officielle n’avait été déposée par des organisateurs identifiables et que le rassemblement ne respectait pas les conditions légales. Cette décision intervient dans un contexte de répression dénoncé par l’opposition et des ONG, qui évoquent plus de 1 000 morts lors de troubles précédant la réélection de la présidente Samia Suluhu Hassan, réélue avec plus de 97 % des voix (voir notre article). Les organisateurs, qui prévoyaient de protester contre des mesures gouvernementales controversées, n’ont pas encore réagi.

Dossier(s): Afrique

La gendarmerie a suscité de vives réactions en publiant sur X une photo montrant un gendarme équipé d’un fusil d’assaut HK G36 aux côtés d’un agent SNCF lors de contrôles réalisés en Haute-Savoie dans le cadre de l’opération européenne Railpol. Présentée comme un simple dispositif de « contrôle des flux », l’image relance le débat sur la normalisation de la présence d’armes de guerre dans l’espace public, utilisées depuis 2015 pour des missions antiterroristes mais de plus en plus visibles lors d’opérations courantes ou de manifestations. Cette évolution s’inscrit dans la continuité des dispositifs Vigipirate et Sentinelle, accusés d’installer durablement un climat sécuritaire et une militarisation du maintien de l’ordre.

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À Gênes, des milliers d’ouvriers métallurgistes ont manifesté le 4 décembre contre le projet gouvernemental de fermer une aciérie du groupe ILVA, menaçant 1 000 emplois. Après plusieurs jours de blocages, les grévistes ont tenté d’atteindre la préfecture, entraînant des affrontements avec la police, l’usage de gaz lacrymogènes et l’arrachage de barrières, avant de bloquer la gare. Les travailleurs poursuivent l’occupation de l’usine depuis deux semaines et annoncent de nouvelles grèves jusqu’au retrait du plan de fermeture.

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La justice iranienne a engagé des poursuites et arrêté deux organisateurs d’un marathon tenu sur l’île de Kish après que plusieurs centaines de participantes ont couru sans voile, en violation des règles vestimentaires imposées depuis 1979. Plus de 5 000 personnes avaient pris part à cette première course nationale, relayée sur les réseaux sociaux par de nombreuses vidéos. Les autorités dénoncent une « indécence » et un manque de contrôle, tandis que l’affaire ravive les tensions autour du hijab obligatoire, dans un contexte où de plus en plus de femmes apparaissent tête nue dans l’espace public depuis les protestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini en 2022.

La Tour de Londres a été partiellement fermée le 6 décembre 2025 après qu’un nouveau groupe de désobéissance civile, Take Back Power, a aspergé la vitrine des joyaux de la Couronne impériale de crème anglaise et de crumble, entraînant l’interpellation de quatre personnes. Les protestataires, dénonçant les inégalités sociales et l’« effritement » de la démocratie, ont revendiqué une action symbolique en écho au verbe anglais to crumble. Les individus arrêtés pourraient être poursuivis pour dégradations criminelles, dans un contexte de sanctions déjà lourdes contre des actions similaires visant des œuvres ou symboles nationaux.

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